1, 2, 3 À TOI DE JOUER SARA.
Alexander Grayson...
Je ne lui avais pas dit ni fait comprendre, mais je savais que c'était notre dernière nuit ensemble, du moins la dernière nuit où j'étais sincère, amoureuse et où je m'étais offerte à lui, entièrement. Il était parti le lendemain, en m'embrassant passionnément, et je lui avais rendu son baiser.
C'était la dernière ligne droite, je devais aller jusqu'à El Paso et parler à Callie Vasquez pour la sortir du bourbier dans lequel je l'avais jeté sans ménagement, orgueilleusement et jalousement, mais maintenant, j'avais besoin d'elle pour le clap de fin, égoïstement.
J'avais pris un vol dès le départ d'Alex, prétextant aller voir une amie, et j'avais sonné chez Callie Vasquez sachant que c'était elle qui allait m'ouvrir, son mari étant à son bureau le samedi. La porte s'ouvrit et je ne pus réprimer un frisson lorsque je vis l'état dans lequel elle était.
— Cassie ? Qu'est-ce que tu fiches ici ? !
Elle avait le teint livide malgré le fond de teint qui essayait de camoufler les marques sur son visage, elle était fine à la base, mais là, elle était d'une maigreur effrayante et sa chevelure rousse avait été teinte en un châtain banal.
— Je suis venue t'aider, dis-je après quelques secondes de silence.
Elle regarda rapidement autour d'elle et me fit entrer.
— Qu'est-ce que tu me veux ? Comment tu as trouvé mon adresse ? Est-ce que Alex est là ? enchaîna-t-elle.
— Non, Alex ne sait pas que je suis là, Matthew m'a parlé de ta situation et j'ai la solution pour toi.
— Arrête Cassandra ! Tu me détestes, pourquoi tu ferais ça ?
— Parce que même si je ne t'aime pas, je déteste encore plus les types comme ton mari ! Alors, laisse-moi t'aider et tu pourras revenir à Austin et refaire ta vie librement Callie ! Regarde-toi, où est passée la fille que j'ai rencontrée ? ajoutai-je.
Je voulais surtout qu'elle soit là où j'avais besoin d'elle, et aussi j'avais quelques remords à être responsable de sa situation. Elle semblait éluder la question, mais elle était très méfiante, ce qui était compréhensible.
— Callie, ton mari est un sale type ! Alors, laisse-moi t'aider, laisse-moi faire en sorte que tout le monde sache qui il est, qu'il soit puni pour ce qu'il te fait, tu ne seras plus jamais sous son emprise !
Elle baissa la tête, mais je pus voir les larmes apparaître dans ses yeux et j'eus de la peine pour elle.
— Qu'est-ce que tu veux faire ? demanda-t-elle.
— On peut installer des caméras ici et des micros et laisser sa nature faire le reste. Une fois qu'on aura ce qu'on voudra, tu décideras de ce qu'on fait.
— Pourquoi tu fais ça, Cassie ?
— Lorsque Matthew m'a parlé de ton mari, je me suis retrouvée plusieurs années en arrière lorsque mon père battait ma mère. Callie, personne ne doit subir ce que tu subis, et rassure-toi, ce n'est pas de la pitié. Si tu veux, personne n'en saura rien, ça restera entre nous, mais tu pourras être libre. Alex tient à toi, je ne pouvais plus garder ça sans rien faire, peu importe nos désaccords et notre passif.
Elle me regarda durant de longues secondes puis son regard changea, j'avais gagné, elle allait accepter.
— Comment on fait ? Il va rentrer dans une heure...
— J'ai apporté ce qu'il fallait, laisse-moi tout installer, je vais mettre une caméra dans la cuisine, le salon et votre chambre. Viens, dépêchons-nous !
Elle me guida à travers la maison et j'installai le matériel de surveillance en vérifiant que tout fonctionnait sur ma tablette.
— C'est bon, Callie, tout est en place, je suis dans un hôtel en ville, essaye de rester naturelle. Ne t'inquiètes pas, il ne verra rien, je te laisse mon numéro au moindre problème, tu m'appelles ?
Elle hocha la tête en silence.
— Je vais y aller, je verrai tout et entendrai tout, ça va aller ?
— Merci Cassie, il faut que tu partes maintenant.
— J'y vais.
J'étais partie en la laissant perplexe, mais s'il y avait une chose dont elle pouvait être sûre, c'était que j'allais la sortir de cette merde. J'étais passée chercher quelque chose à manger et j'avais allumé mon ordinateur pour suivre en direct Callie, mais je reçus un appel de Matthew et j'avais passé une heure à discuter avec lui avant de me pencher sur ma surveillance. Il n'aura fallu que peu de temps pour que Jonathan Hill nous donne ce que nous attendions, et je dus me faire violence pour ne pas intervenir et aller la chercher.
Il était rentré débraillé, il avait surement passé une mauvaise journée et Callie était dans la cuisine en train de préparer le repas et comme ça, sans raison, il lui claqua la tête contre le plan de travail avant de la rouer de coups d'une violence extrême. Je ne pouvais pas agir, ça mettrait tout en péril, demain elle serait libre, je devais attendre pour elle et pour moi surtout.
Le lendemain, je ne reçus ni appel ni message de sa part et malgré ce que je voulais croire, j'étais inquiète. J'avais donc roulé jusque chez elle et sonné à sa porte en patientant. Rien, personne n'ouvrit et il ne semblait n'y avoir personne chez elle. J'avais un mauvais pressentiment, il y avait des voisins qui regardaient furtivement dans ma direction, je tentai d'ouvrir la porte et elle était déverrouillée.
— Callie ? appelai-je.
Rien, pas un bruit. J'allai dans la cuisine et la trouvai gisante sur le sol.
— Callie !
Elle était salement amochée et sa respiration était faible.
— Callie ? Tu m'entends ?
J'appelai une ambulance en panique, qu'est-ce qu'il s'était passé ? Après avoir vu ce qu'il s'était passé hier soir, je n'avais pas pris la peine de regarder la suite, il s'était passé autre chose.
— Oh, mon Dieu ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? ! s'écria une voix derrière moi.
C'était une des voisines qui m'avait lancé un regard tout à l'heure.
— Vous voyez bien ce qu'il se passe ! Vous avez assisté à ces horreurs pendant tout ce temps sans bouger, alors ne jouez pas à la voisine surprise et horrifiée ! m'énervai-je.
Callie bougea légèrement et ouvrit les yeux.
— Cassie, dit-elle d'une voix faible. Je lui ai dit qu'il était piégé, je lui ai dit qu'il y avait des caméras et que sa carrière était terminée, il a m'a tabassée avant de partir, ajouta-t-elle en riant doucement avant de grimacer de douleur. Je suis libre...
Elle ferma de nouveau les yeux et j'entendis les sirènes de l'ambulance.
Callie avait été hospitalisée dix jours et j'avais attendu qu'elle sorte avant de poursuivre mon plan. J'étais agacée, ça me retardait, mais en même temps j'avais eu le temps d'apprendre de nouvelles choses. Elle avait décidé de déposer plainte et son mari avait été mis en examen avec la vidéo et le passif médical de Callie, elle serait tranquille pendant un moment. La réputation de Jonathan Hill était ruinée et je ne devais plus rien à Callie Vasquez.
Ma mère dans sa paranoïa avait raison sur un point : les Johnson, les Pender et les Grayson avaient effectivement des comptes offshores, mais ce qui était intéressant, c'était que Sharon Johnson avait créé des sociétés-écrans, dont une au nom de sa fille Skyler, qui étaient embauchées par le groupe Grayson. Elle en profitait pour blanchir l'argent que gagnait Carl Pender, mais aussi celui de Alan Grayson en vendant plusieurs des immeubles, ici et de l'autre côté de la frontière, qu'il avait acquis de manière illégale.
J'avais aussi appris qu'à la période où ma mère avait retiré l'argent de l'assurance vie de mon père, une somme du même montant avait été versée sur un des comptes de Carl Pender. Elle avait donc pris part à cette affaire et elle devait avoir eu sa part du gâteau aussi, ce qui confirmait que mon instinct ne me trompait pas : ma mère avait sa part de responsabilité dans la mort de mon père et elle voulait que je croie l'inverse. Je devais savoir, je devais savoir si elle en savait plus sur les circonstances de la mort de mon père, si elle avait quelque chose à voir avec l'accident. Mon père avait surement découvert qu'elle avait une relation avec Carl Pender, j'allais faire en sorte qu'elle me donne les réponses que j'avais, mais j'allais devoir la jouer fine.
Depuis que j'avais lâché la bombe Pender, je n'avais eu aucune nouvelle d'Eric, les journaux ne lâchaient pas l'affaire, plusieurs plaintes avaient été déposées contre Carl, et malgré la horde d'avocats qu'il avait, il n'allait pas s'en sortir comme ça. La question qui ressortait le plus souvent était qui était derrière tout ça ? Est-ce que c'était le début ? Est-ce qu'on allait apprendre d'autres choses ? S'ils savaient...
En attendant, il fallait que je parle à Alan, j'avais réussi à l'esquiver pendant tout ce temps, mais il fallait que je lui dise. Oui, j'avais décidé de lui dire la vérité sur notre lien de parenté, j'allais lui dire que nos parents avaient eu une relation depuis leur plus jeune âge, je savais au fond de moi qu'il ne me trahirait pas, j'en étais sûre.
J'étais donc passée chez lui avant d'aller voir ma mère qui n'avait pas donné signe de vie depuis sa visite.
— Cassie, je ne m'attendais pas à te voir, avait-il dit en me lançant un regard particulier.
Il n'était pas seul, et ce n'était pas le moment apparemment, mais je ne pensais pas voir papa Pender en personne.
— Mlle Morgan... Je ne savais pas que vous et mon fils aîné vous connaissiez, me dit-il.
— Je te tiendrai au courant papa, je t'appellerai demain pour te donner ma réponse.
— Il me faut une réponse ce soir, Alan !
Il s'en alla en claquant la porte et Alan soupira longuement.
— Tout va bien ? demandai-je.
— Comme si ça t'intéressait ! lâcha-t-il d'un ton accusateur. Toute cette situation est de ta faute !
— Ce n'est pas ma faute Alan si Eric et ton père sont des pourritures ! Je suis désolée, je ne voulais pas que tu sois impliquée, j'ai fait le maximum pour t'épargner, mentis-je. Malheureusement, tu portes le mauvais nom de famille...
— C'est pas le moment ! Je suis fatigué et mon père me demande de l'aider illégalement...
Il semblait dépassé et je crus reconnaître en lui, un peu de ma mère...
— Alan, je sais qui est ta mère biologique, lâchai-je doucement.
Il se redressa et me regarda les yeux remplis d'espoir. Je ne savais pas si ma réponse allait lui convenir, j'espérai qu'il ne serait pas déçu.
— La bonne nouvelle c'est que tu as une demi-sœur...
— C'est vrai ?
— Oui...
— Comment s'appellent ma mère et ma sœur ? Où vit-elle ? Est-ce qu'elle sait où je suis, où je vis ? enchaîna-t-il.
Maintenant, je ne savais plus, toutes les certitudes que j'avais s'étaient envolées, mais je n'avais plus le choix.
— Ta mère s'appelle Victoria, Victoria Parker et ta demi-sœur Sara Parker.
Il me regarda d'abord surpris, puis suspicieux et il sembla finalement commencer à réaliser.
— Tu...
Il me prit la main et m'emmena dans la salle de bain en nous plaçant devant le miroir.
— Tu es ma sœur, murmura-t-il. Tu es ma sœur...
— Oui Alan, je suis ta sœur.
Il regardait nos visages, cherchant une ressemblance, un trait. Le sien changea en quelques secondes, il devint rouge de colère au point de faire ressortir une veine frontale.
— Eric a violé ma sœur...
Je ne m'attendais pas à ça, je m'attendais à plein de questions sur comment j'avais trouvé la réponse, depuis quand je le savais, qu'est-ce qu'il s'était passé... mais je ne m'attendais pas à ce qu'il dise ça.
— Ta mère sait qui je suis ? demanda-t-il.
— Oui, elle le sait, nos parents se connaissent depuis le lycée, ils ont eu une longue relation, j'ai trouvé des lettres que ton père a envoyées à ma mère et j'ai fais le test ADN, j'ai les résultats si tu veux les voir...
— Je te crois.
— Tu veux que je te laisse seul ?
— Oui s'il te plait, je... on discutera demain.
Je ne savais pas ce qu'il me prenait, mais je l'embrassai sur la joue avant de sortir. Je n'étais pas fière de moi, j'avais attendu le moment qui m'arrangeait le plus pour lui dire la vérité, alors qu'il avait surement cherché toute sa vie, moi qui pensais ne plus avoir de famille, j'avais un frère et, même lui, je l'utilisais.
Le lendemain, j'avais mis de côté mes états d'âme et j'avais lancé la deuxième partie et dernière partie de l'exposition publique des petits secrets de mes cibles, épargnant Callie qui avait déjà assez morflé. Alex c'est autre chose, mais malheureusement pour lui, c'était un Grayson.
Cette fois, j'avais lancé un raz de marée. La relation d'Annie Clarke et Alan Grayson avec mails, photos, etc. L'accès aux données que Clara Rossi avait donné aux concurrents de sa boîte, les comptes offshores, trafics, ventes illégales, détournements de fonds, impliquant tout le monde, parents et enfants, sachant qu'il fallait que je les réunisse vite avant que certains d'entre eux se fassent poursuivre. J'avais quand même plusieurs semaines devant moi, mais en attendant, j'allais devoir consoler une dernière fois Alexander avant qu'il ne se rende compte que depuis que j'étais entrée dans sa vie, tout allait de travers.
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