Moi qui pensais que mon coeur avait déjà été brisé, la douleur que je ressentais en ce moment était tellement vive que j'avais l'impression qu'elle ne me quitterait jamais. Je sentais les bras d'Aleja m'entourer, mais je n'avais pas encore conscience de tout pour reprendre mon rôle de mère.

Je ne savais pas combien de temps avait duré ce moment, j'entendis seulement la porte claquer de nouveau et la voix de Joanne.

- Alexandra ma chérie, monte dans ta chambre avec Cathy, je m'occupe de maman maintenant. Ca va aller, ne t'inquiète pas, dans quelques instants elle viendra te voir.

- Je veux pas la laisser tatie Joanne...

- Tu ne vas pas la laisser et elle ne te laissera pas non plus, je te le promets.

Ma fille me lâcha et mes forces me lâchèrent au même moment. Je ne savais pas ce que faisait Joanne mais quelques secondes plus tard, je reçus de l'eau glacée sur la tête et j'ouvris vivement les yeux.

- Arrête tes conneries Ana! Tu te rends compte de ce que tu viens de faire vivre à ta fille? me lança mon amie d'une voix sourde.

Elle me lança un torchon et s'installa sur une chaise en face de moi.

- Putain Ana! C'est maintenant que tu dois être forte, peu importe ce qu'il se passe, c'est maintenant! Maintenant que ta fille à appris par la télévision tout ce que tu as pu faire dans le passé, c'est maintenant que tu dois lui montrer qu'elle représente tout pour toi peu importe ce qu'il s'est passé il y plusieurs années! C'est ta fille qui te console alors que t'es en train de chialer sur le sol? On a pas le droit Ana, on a pas le droit de montrer cette image à nos gamines de six ans!

C'était la première fois que Joanne était si violente verbalement envers moi.

- Ressaisis toi! Lève toi, sèche moi ces larmes et va voir ta fille! Va la rassurer, lui dire que tu ne la quitteras jamais, qu'elle est ce qu'il y a de plus important pour toi et que malgré ton passé elle est ta raison de vivre! Va la consoler, sois sa mère! Et si tu veux craquer, tu craques devant moi où toute seule mais pas devant Aleja! Elle n'oubliera jamais cette image de toi effondrée et ce qui t'affecte l'affecte, ça a toujours été comme ça, votre lien est unique!

Elle se leva et se posta devant moi, attendant surement que je me relève, mais malgré ses mots, je n'y arrivais pas.

- Debout Sara Parker! Ta fille est digne de toi mais là c'est à toi d'être digne d'elle, alors lève toi merde!

Elle avait hurlé ses derniers mots et je me redressai avec difficulté.

- Très bien, c'est un début.

Elle me prit par la main et m'emmena dans la salle de bain.

- Regarde toi Ana, tu veux vraiment laisser cette image de toi à Alexandra? Rafraichis toi avant d'aller la voir, dit-elle avant de sortir.

Je regardai mon reflet et effectivement je faisais peur à voir. Joanne avait raison, Aleja était surement plus choquée par ma réaction que par ce qu'elle avait entendu. Elle devait être très en colère contre Alex, elle venait de rencontrer son père et elle l'avait mis à la porte parce qu'il m'avait fait du mal. Je pris une douche rapide et me changeai avant d'aller voir ma fille, elle qui était d'habitude si bruyante lorsqu'elle était avec Cathy, cette fois le silence régnait.

J'ouvris la porte et la trouvai sur son lit, alors que Cathy dessinait, allongée par terre. Alexandra leva un regard plein d'appréhension sur moi mais ne bougea pas.

- Cathy, tu peux nous laisser un moment s'il te plait? dis-je d'une voix rauque d'avoir tant pleuré.

Elle se leva et sortit de la chambre. Je m'installai sur le lit, à côté de ma fille qui n'avait toujours pas parlé. Je ne savais même pas ce qu'elle avait appris, ni ce qu'elle avait entendu tellement j'étais effondrée, mais la peur que je lus dans ses yeux était pire que tout.

- Comment tu te sens? demandai-je.

- Est-ce que je vais devoir partir? Je veux pas partir maman, je veux pas aller avec Alexander, je le déteste!

Je lui pris la main, sans vraiment la regarder. J'avais peur aussi, mais Joanne avait raison, je ne pouvais pas montrer à ma fille que j'avais peur de la perdre.

- Aleja, tu n'iras nul part, je ne laisserai personne me prendre mon bébé!

- Pourquoi il a fait ça maman? T'as dis que c'était lui qui avait dit toutes ces mauvaises choses sur toi... Il a dit qu'il ne te ferait plus jamais de mal, il a menti...

Si seulement j'avais la réponse à sa question... Alex était un imbécile s'il pensait pouvoir récupérer sa fille de cette façon, il paraissait si confus pourtant... Il m'avait dit que ce n'était pas lui, mais il m'avait demandé de le pardonner. Ce n'était pas le moment de penser à lui, il fallait que je me concentre sur ma fille.

- Je ne sais pas Aleja, mais je te promets, je ne laisserai personne nous séparer, je vais me battre contre tout ceux qui se mettront entre nous. Tu as des questions à me poser?

Elle se redressa complètement pour se blottir contre moi.

- C'est vrai tout ce qu'ils ont dit à la télévision?

- Je ne suis pas une meurtrière Aleja, je n'ai jamais tué personne.

- Mais t'es devenue quelqu'un d'autre pour te venger de tout ceux qui t'ont fait du mal, c'est vrai?

Est-ce que je devais être totalement honnête avec ma fille? Je savais qu'elle comprenait beaucoup de choses malgré son âge et qu'elle était en avance sur les autres enfants de six ans. Mais je me devais de la préserver et malgré tout ce qu'Alex avait fait, il n'en demeurait pas moins son père et il serait celui qui prendrait soin d'elle si jamais il m'arrivait quelque chose.

- J'ai été en colère tellement longtemps Aleja, trop longtemps. Je ne vivais plus, mes nuits étaient remplies de cauchemars et j'étais persuadée que tant que je n'aurais pas blessé ceux qui m'avaient blessé, je n'aurais jamais la paix. Mais j'ai eu tort, la seule chose positive qui est ressortie de toute cette histoire c'est toi, et Dieu sait que si je devais refaire la même chose pour t'avoir dans ma vie, je le referai Aleja. Même si j'aurais voulu que les choses se passent autrement, j'ai beaucoup plus souffert que j'ai fais souffrir, ça n'apporte rien de bon.

- Pourquoi il a fait ça? me demanda t-elle de nouveau.

Si seulement j'avais la réponse... S'il m'avait menacé de le faire, seulement menacé, j'aurais cédé, malgré la colère que j'aurais ressenti. Il m'avait manipulé et j'étais tombée dans son piège malgré ma méfiance et surtout, je me sentais trahie, ce qui était complètement hypocrite de ma part étant donné ce que j'avais fais. Si son but était de me rendre la monnaie de ma pièce, il avait réussi haut la main.

- Je ne connais pas toute l'histoire, mais je l'ai beaucoup fais souffrir aussi.

Elle ne dit rien et se blottit un peu plus dans mes bras.

- Je t'aime maman, je t'aimerai toujours.

- Je t'aime aussi Alexandra.

Je ne savais pas combien de temps nous étions restées l'une contre l'autre, mais lorsque j'ouvris de nouveau les yeux, elle dormait encore contre moi. Je l'allongeai sur son lit et l'embrassai avant de descendre. J'entendis Joanne parler et me dirigeai vers la cuisine, pensant qu'elle était au téléphone.

- Mario?

Il se retourna et mon regard se remplit de larmes, je me précipitai vers lui mais m'arrêtai à mi chemin, repensant à la manière dont nous nous étions quittés.

- Tu es revenu...

Joanne s'en alla et je restai là où j'étais. Il ne dit rien, son regard m'évitait et même si sa présence me rassurait, son rejet m'achèverait. Je lui préparai un café, ne sachant pas quoi dire ni quoi faire.

- Aleja dort toujours, elle sera contente de te voir.

Rien, il resta silencieux.

- Je suis désolée de t'avoir impliqué dans toute cette histoire...

- Tu n'es pas désolée Ana, tu regrettes de t'être faite prendre, c'est différent. Je suis revenu pour Aleja, tu m'as demandé de partir quelques jours avec elle et là c'est le moment, elle a besoin d'être à l'écart de tout ça, dit-il enfin. Tu auras tout le loisir de régler cette histoire comme tu l'as souvent dit, il est temps que tu le fasses, pour elle. Tu sais que tu risques de la perdre si son père décide de demander sa garde?

Je m'apprêtai à répondre mais il m'arrêta.

- Ne dis rien, s'il te plait ne dis rien Ana... Je vais aller là où on avait dit qu'on irait en cas d'urgence et quand elle reviendra, tu auras tout arrangé et elle sera en sécurité, on est d'accord?

Il me détestait, il ne me faisait pas confiance, il disait que j'étais une mauvaise mère, mais malgré tout ça, j'étais prête à laisser ma fille partir avec lui parce qu'il avait raison.

- D'accord Mario...

Il but son café et me fit face, plongeant son regard dans le mien.

- Ven a mis brazos...

Je me jetai presque dans ses bras et laissai couler mes larmes.

- C'est la dernière fois que tu pleures Ana, ensuite tu fais ce qu'il faut pour que ta fille soit en sécurité. Je veillerai sur elle pendant ce temps là, sí?

Je hochai la tête en silence, et pleurai encore une fois, une dernière fois, celle qui enterrait pour de bon Ana Braxton. Après ce moment, nous expliquâmes à Alexandra qu'elle devait partir quelques temps et elle refusa au début, je dus lui faire la promesse que je viendrai la chercher en personne et que je ne l'abandonnerai jamais. Tout ça sans pleurer, je n'avais plus le droit de pleurer devant elle, par après l'état dans lequel elle m'avait vu plus tôt dans la journée.

La séparation fut douloureuse, mais je ne le montrai pas, je lui répétai que je l'aimais plus que tout et une fois qu'ils furent partis, j'allai sur la plage et j'hurlai, aussi fort que je le pouvais, je pouvais sentir partir cette partie de moi, la plus faible, partir.

Je rentrai à la maison et préparai mes affaires, un dernier coup d'oeil à mon reflet et je me souris, satisfaite. J'avais de nouveau teins mes cheveux en noirs et je portais à nouveau des lentilles vertes, j'étais de nouveau Cassandra Morgan.

Je savais qu'Alex était à l'hôtel Grant alors je l'appelai.

- Sara...

- Où es-tu?

- Je suis à l'hôtel, je...

- Prépare toi j'arrive! le coupai-je avant de raccrocher.

Je l'attendis quelques minutes et il arriva un sac à la main. Il eut un mouvement de recul lorsqu'il me vit mais resta silencieux un long moment.

- Quoi, ça te fait bizarre de me revoir Alex?

Il me regarda longuement puis soupira.

- Sara... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, ce n'était pas du tout ce que j'avais...

- Tu as dis que tu étais prêt à tout pour la sécurité d'Alexandra, dis-je ne le laissant pas terminer.

- Oui, je...

- Très bien, alors on y va.

J'allumai la radio et ne l'écoutai pas.

- Elle me déteste n'est-ce pas?

Je ne répondis pas, je n'avais plus le temps pour les sentiments, j'avais pleuré une dernière fois dans les bras de Mario, j'avais hurlé une dernière fois et surtout, j'avais fais une promesse à ma fille.

- Où est-ce qu'on va?

- On va voir ta chère Callie...

- Elle n'a rien...

- Malheureusement si...

J'augmentai le volume et roulai en silence. Si la presse pourrie d'Austin pensait que j'étais folle, j'allais leur montrer à quel point.