Chapitre 15

Je me garai sur le parking vide, après avoir déposé le document stipulant que Jessica Grayson m'avait cédé ses parts du groupe à titre gratuit en lieu sur. William devait déjà être présent, je lui avais donné rendez-vous dans un café, un lieu public était propice à plus de tenu. J'aurai cru qu'il ne céderait pas aussi facilement, même si j'avais sa mère, il aurait pu se dire que Mario avait autant de valeur pour moi que sa mère en avait pour lui, ce qui me laissait penser qu'il avait un plan b.

J'entrai dans le café, ils étaient présents tous les deux et Mario semblait absent, presque stone et Will avait ce sourire malsain aux lèvres.

- Bonjour Sara, dit-il. Comme tu peux le constater, j'ai respecté ta demande, je suis venue avec ton ami bien que tu sois seule.

Je regardai Mario plusieurs secondes, mais son regard n'accrocha pas le mien, il était drogué.

- Qu'est-ce que tu lui as fais? demandai-je d'une voix sourde.

- Rien de bien grave, tu es une femme pleine de ressources alors tu sauras gérer la situation. Maintenant dis-moi où est ma mère!

Je ne lui répondis pas et pris la main de Mario:

- Mario? Est-ce que tu m'entends?

- Il t'entend, mais je pense que j'ai été un peu trop généreux avec lui...

- Qu'est-ce que tu lui as donné William?

- Est-ce que tu savais qu'on pouvait devenir accro à l'héroïne en à peine quarante huit heures?

Mon cœur s'arrêta et je lâchai la main de Mario instantanément. Il lui avait donné de l'héroïne? Pendant tout le temps où ils étaient ensemble? Mes mains se mirent à trembler de rage, il ne pouvait pas connaître le passé de Mario et son ancienne addiction à la drogue, c'était impossible...Je devais me contenir, j'avais une longueur d'avance sur lui et il ne le savait pas.

- Où est ma mère?

- Je t'ai demandé de venir avec Mario en bonne santé, ce n'est pas le cas William, dis-je.

- Tu m'as demandé de venir avec lui et c'est ce que j'ai fais! Si tu veux connaître toute l'histoire, je n'avais pas prévu que les choses aillent aussi loin, tout ce qui m'intéresse c'est mon avenir. Mais lorsqu'on m'a contacté pour me faire une proposition aussi alléchante, je n'ai pas pu dire non!

- Qui t'a contacté?

- Je ne sais pas, personne ne sait d'ailleurs, c'est un mystère.

- Tu sais que ta mère est au courant de tout ton plan? Elle était vraiment déçue, elle pense que ta jalousie envers ton frère est due à son absence lorsque tu étais plus jeune... Mais elle est très heureuse de savoir qu'elle a une petite fille, ma fille, celle que tu as menacé et fais suivre pendant des mois et des mois!

Il me regarda étrangement et se remit à sourire.

- Elle est saine et sauve Sara Parker et tu sais, tu devras dans tous les cas, faire ce que je demande. Ma mère acceptera mon explication, j'avais prévu que tu lui dises, donc ne t'en fais pas pour ça. Et puis, ton ami Asim a été d'une grande aide.

Il m'avait touché, mais je ne pouvais pas le montrer.

- Qui est derrière tout ça William? C'est dans ton intérêt de me le dire...

- Dis-moi où est ma mère?

- Dis-moi qui est derrière tout ça? Tu sais que je n'hésiterai pas à te faire souffrir juste pour ce que tu as infligé à Mario, te faire souffrir d'une façon que tu n'imagines même pas.

- Je sais que tu ne blesseras pas ma mère, tu aimes beaucoup trop Alexander pour ça...

- Ta mère sera chez elle ce soir, tu es certain de ne pas vouloir me donner plus d'informations?

- Je ne sais rien d'autre.

Je pris la main de Mario et l'aidai à se lever. Je savais qu'il m'en voudrait, énormément, il avait mis des années à se sortir de cette addiction horrible, et cette nuit allait être difficile. Je ne savais pas comment j'allais pouvoir l'aider, les jours qui l'attendaient allaient être horrible et malgré ce que je disais, il n'était pas ma priorité pour le moment.

J'allais faire payer Will et je ne savais pas si ce qu'il m'avait dit était vrai, si cet homme l'avait vraiment contacté et qui était-il? Que lui avais-je fais? De toute les façons, j'allais avoir les réponses que je voulais lorsqu'il saurait ce que sa mère avait fait.

- Ana...

- Je suis là, tout va bien, je suis désolée mais je vais tout arranger.

- Emmène-moi chez Gino, il saura quoi faire, dit-il.

Il semblait déjà présenter les premiers symptômes du manque, et je me sentais impuissante. Gino était un ami de son père, il vivait toujours à Dallas, et j'en avais pour trois heures de route. Je savais que je l'abandonnais mais je n'avais pas le choix, je devais aussi aller chercher ma fille.

- Je suis désolée Mario...

Il ne répondit pas, serrant ses poings pour se contenir et je pris la route directement. Jessica Grayson pouvait attendre un peu plus longtemps, je roulai plus vite que la moyenne et arrivai chez Gino trois heures plus tard. Mario sortit de la voiture rapidement et tambourina à la porte en sueur.

- Mario? Qu'est-ce que...

Gino était un vieil homme de soixante dix ans, il était comme un père pour Mario et ils avaient toujours été très proches. Il l'avait aidé à se sortir de l'héroïne il y a plus de quinze ans et il était venu à la maison plusieurs fois.

- Viens, entre, lui dit-il comprenant rapidement son état.

- C'est ma faute Gino, avouai-je. Il n'est pas responsable de son état, il...

- Tu me raconteras plus tard Ana, il faut que je m'occupe de lui, depuis combien de temps il en a pris?

- Ça fait deux jours, je ne sais pas combien de grammes ont été injecté, je... Je dois partir, j'ai...je dois régler certaines choses.

Il ne dit rien et me lança un regard.

- Je suis désolée Gino, je vais tout arranger...

- Je ne suis pas certain qu'il réussisse à te pardonner Ana, même s'il t'aime beaucoup.

Je ne répondis pas, je déposai un baiser sur la joue de Mario et m'en allai. Si je me dépêchais, je pouvais avoir un vol pour Austin et gagner deux heures de route. J'avais pris un véhicule de location jusque l'appartement où se trouvait Jessica et fus presque surprise de la trouver encore là.

- Est-ce que tout s'est bien passé? demanda t-elle.

Je me dirigeai vers l'autre pièce et fermai la porte avant de fondre en larmes. Moi qui pensait que ma vie était de nouveau stable, même si j'avais cette douleur sourde permanente, j'allais bien, j'avais Mario, des amis, le restaurant et surtout ma fille, et aujourd'hui c'était pire qu'il y a sept ans, c'était pire que tout.

Le plan B de Will avait été pervers, je n'aurai pas eu l'idée de le faire, et même si l'envie était forte, je ne pouvais infliger le même sort à Jessica, elle m'avait cédé soixante trois pour cent des part du groupe Grayson, ce qui faisait de moi l'actionnaire majoritaire, et ça il ne le savait pas.

- Sara?

Je séchai mes larmes et retournai dans la pièce où se trouvait Jessica avant de la détacher.

- Je vous ramène chez vous.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé?

- Je sais que Will est votre fils, mais je vais être obligée de le blesser Jessica.

- Qu'est-ce qu'il a fait?

- Il a été trop loin...

J'ouvris la porte et elle me suivit sans un mot jusque la voiture de location. Jessica n'avait pas dit un mot de tout le trajet, elle semblait mal à l'aise, comme si elle était responsable des actes de son fils.

- Je vais vous laisser ici, vous êtes à dix minutes à pieds de chez vous.

- Sara, je... Je sais que le moment n'est pas approprié, mais j'aimerai beaucoup rencontrer ta fille, William n'est pas Alexander, ne le punis pas plus que ça n'a été le cas, s'il te plait.

- Rentrez chez vous Jessica, je vous rendrai vos parts lorsque toute cette histoire sera terminée et je ne voulais pas vous impliquer mais je n'avais pas le choix.

Elle descendit de la voiture et voulut me dire quelque chose mais je démarrai, laissant la portière ouverte et m'arrêtai plus loin pour la fermer. J'appelai Alex qui m'avait harcelé depuis que sa mère était avec moi:

- Alexander! le coupai-je alors qu'il hurlait déjà. Ta mère est chez elle, elle va bien alors cesse de m'appeler maintenant.

- Qu'est-ce que tu as demandé à Will pour la laisser partir?

- Il n'a pas respecté notre arrangement alors je vais devoir lui faire payer, et je sais déjà comment. Je dois l'appeler alors va retrouver ta mère, elle est au courant de tout, mais aura surement des questions à te poser.

Je raccrochai sans écouter sa réponse et appelai William qui décrocha presque instantanément.

- Sara... Comment va ton ami?

- William... J'ai une chose à t'annoncer, quelque chose qui va te faire sortir de tes gongs alors tu devrais t'asseoir.

- La sensation de manque n'est toujours pas arrivée? Mario est plus résistant que je ne le pensais... Dés que son regard s'est posé sur le produit, j'ai tout de suite su qu'il avait un passif d'héroïnomane, tu aurais du voir l'avidité dans ses yeux, c'était fou.

- Ta mère est chez elle, dis-je en riant. Et nous avons trouvé un accord très intéressant elle et moi, ajoutai-je en riant, est-ce que tu veux savoir?

- Je sais que tu ne l'as pas blessé alors je ne vois pas ce que tu aurais pu faire d'autre..., mais vas-y ton mensonge m'intéresse.

- Tu savais surement que ta mère détenait soixante trois pour cent des parts du groupe?

Il resta silencieux et je me doutai qu'il venait de comprendre ce qu'il se passait.

- Figure toi que la revente des parts n'est peut être pas possible, mais les céder à titre gratuit, oui... Alors devine qui est la nouvelle actionnaire majoritaire de groupe Grayson? C'est moi! Ta mère a gentiment proposé de me les céder, alors je n'ai pas pu refuser, tu comprends?

- Tu mens...

- Oh non, je ne mens pas, d'ailleurs sache que tu n'auras jamais, jamais une seule part du groupe, j'y veillerai personnellement... Maintenant, je pense que nous pouvons avoir une réelle discussion toi et moi, je te contacterai, reste joignable mon cher William.

J'attendis sa réponse, mais elle ne vint pas et je ressentis une telle satisfaction que je me mis à rire.

- Tu ne t'y attendais pas n'est-ce pas? Tu m'as sous estimé, toi et les personnes avec qui tu travailles! Oh, et bien entendu, j'ai pris mes précautions, si jamais il arrivait quelque chose à mes proches ou moi même, tu n'aurais quand même rien du tout, en plus tu n'es même pas un vrai Grayson, rien ne te reviens... Mais si nous trouvons un accord, je pourrai y réfléchir.

Je raccrochai satisfaite, il fallait maintenant que j'aille chercher ma fille, pour la mettre en sécurité, avant de savoir à qui j'avais réellement affaire. Je savais que Will allait parler, c'était un opportuniste, et je saurai enfin qui était derrière tout ça, car Asim, bien qu'impliqué, ne semblait pas être instigateur de tout cet acharnement...

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