18 | 𝐃𝐎𝐍'𝐓 𝐖𝐀𝐍𝐍𝐀 𝐒𝐄𝐄 𝐘𝐎𝐔

𝐃𝐎𝐍'𝐓 𝐖𝐀𝐍𝐍𝐀 𝐒𝐄𝐄 𝐘𝐎𝐔
▷ Ne veux pas te voir.

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TOMORROW X TOGETHER - Opening Sequence
02:41 ⎯⎯⎯⎯⎯〇⎯⎯⎯ 03:42

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La journée s'achève très rapidement. Je n'ai pas revu la demoiselle.

Mon moral est resté bas, très bas. À un tel point que même le cours de physique n'a pas pu me rendre joyeux. J'ai fait la tête tout l'après-midi, au grand damn de Nam. Heureusement, il n'a pas essayé de me tirer les vers du nez.

Je n'arrive toujours pas à croire qu'elle m'ait dit tout ça. Pourtant, elle a bien répondu à mon baiser. Je ne comprends pas. Les mots dont elle a usé avec moi m'ont blessé. Énormément. Alors, comme ça, que je vive ou que je meurs, ça lui est complètement égal ? Je ne la crois pas, mais ça m'a fait mal.

Je ne sais même pas pourquoi elle me repousse comme ça. Je ne lui ai rien fait. Merde.

- Arrête de faire la tête, mec, me souffle Nam.

Je relève la tête de mon bureau, lui jette un regard compris avant de me recoucher sur la table. Le cours d'anglais se termine dans dix minutes, d'ici là je continue de déprimer dans mon coin.

- Laisse-moi, je grogne.

- Je croyais que tu n'étais pas amoureux de cette fille ?

- Je n'en sais rien.

Il ne dit plus rien. J'entends la voix de monsieur Ken mais elle me semble bien lointaine. Je suis beaucoup trop maussade pour me concentrer sur ce qu'il dit.

Dix minutes plus tard, la cloche sonne. Je me relève nonchalamment, range doucement mes affaires et jette mon sac à dos sur mon épaule. Nam et moi sortons de la salle de classe après que tout le monde l'ait fait et marchons doucement vers la sortie de notre bâtiment. Kamie nous y attend déjà.

- Vous êtes là, dit-elle en nous voyant arriver.

Je soupire pour la énième fois depuis la pause déjeuner et Nam hoche la tête en réponse à ma sœur. Tout ce dont j'ai envie, c'est de dormir et passer cette journée immonde. Moi qui pensais que rien ni personne ne pourrait gâcher ma bonne humeur, j'avais tout faux.

Le pire, c'est que la personne qui m'a gâchée cette bonne humeur est la même qui me l'a donnée. Déprimant.

Nous marchons en silence vers le parking. Enfin, en silence, c'est trop dire. Il n'y a que moi qui ne dis pas un mot. Nam ne perd pas ses bonnes habitudes, autrement dit : il taquine ma sœur qui, elle, lui crie dessus. Au moins, il y en a qui ne sont pas tristes.

- Allez Kamie, entame mon ami, ne sois pas comme ça. Je serai un bon petit ami, je te le promets.

- Sans façon, lui répond-t-elle, je préfère encore sortir avec un pervers narcissique que de le faire avec toi.

- Ça tombe bien, je suis un pervers narcissique.

Ma sœur grimace tandis que je retiens un rire. Nam est con.

Nous approchons un peu plus de ma moto. Aujourd'hui, nous rentrons tous les trois ensemble. J'ai parlé avec Kamie et elle a finalement accepté qu'on prenne Nam. Je me sentais mal à l'idée de le laisser marcher tout seul alors que je peux le déposer.

Plus nous marchons, plus un léger reflet blond attire mon attention sur le bord de la route. Je reconnais immédiatement l'éclat jaune et la petite taille que je vois. Gemini. Le soleil couchant se reflète sur sa chevelure, c'est beau.

Sans même m'en apercevoir, je me suis arrêté pour la regarder. J'ai une folle envie de la rejoindre et de la prendre dans mes bras. J'aimerais lui demander si elle pensait réellement ce qu'elle m'a dit, ce midi. Je sais qu'elle n'était pas sincère, mais j'aimerais l'entendre de sa bouche. Mais je ne bouge pas.

Je ne l'approche pas. Peut-être parce que j'ai peur qu'elle me rejette encore une fois, je ne sais pas. Dans tous les cas, je reste planté sur place, une main sur la bretelle de mon sac et mon regard braqué sur elle.

La demoiselle ne bouge pas d'un pouce. Elle semble fixer la route bitumée, je suppose qu'elle attend son chauffeur. Et si j'allais attendre avec elle ? N'importe quoi. Quelle idée, franchement. Pourquoi je ferais ça ? Pour qu'elle me hurle dessus et me demande de partir ? Encore ? Non merci.

Nam et Kamie me rejoignent.

- Elle est fâchée contre toi ? me demande Kamie.

- On va vérifier ça.

Je sors mon téléphone portable de la poche arrière de mon jean, ouvre sa fiche de contact et lui envoie un message.

Tu m'en veux ?

Je la vois regarder l'écran de son portable. À la seconde qui suit, elle tourne la tête de gauche à droite. Est-ce qu'elle me cherche ? Lorsque nos yeux se croisent, elle fronce les sourcils et me lance un regard noir. L'air de me dire « évidemment que je t'en veux, idiot ».

Je me tourne vers mes amis qui ont suivi toute la scène.

- Ouais, elle m'en veut.

- Wouah, quel regard ! Qu'est-ce que tu as bien pu lui faire ? s'enquiert le philippin.

Je hausse les épaules. Au même moment, j'aperçois la voiture de Gemini se garer juste devant elle. Elle grimpe à l'intérieur, referme la portière puis le véhicule disparaît aussitôt.

Nous reprenons la route. Je me tiens en sandwich entre mes compagnons lorsque je réponds, l'air désinvolte :

- Je l'ai embrassé.

Il gémissent de surprise à l'unisson. S'en suivent toute sorte de commentaires.

- Et qu'est-ce qu'elle a fait ? dit ma soeur.

- Elle a répondu à mon baiser. Mais elle s'est vite retirée et m'a jeté hors des toilettes.

Cette fois-ci, ils gémissent de déception. Je fais mine de rien mais au fond, je suis aussi déçu qu'eux.

J'ai encore la sensation de ses lèvres contre les miennes. Mes poils se hérissent. Purée, c'était la meilleure expérience de ma vie. Je n'ai pas eu l'occasion d'embrasser beaucoup de filles, seulement quatre ou cinq avec qui je suis sorti au collège, mais ça s'arrête là. Ce baiser avec la demoiselle m'en a montré de toutes les couleurs. Je n'avais jamais ressenti ce que j'ai ressenti. C'était...bon. Doux. Sensationnel. Mais je doute qu'elle en pense la même chose.

- Tu es amoureux d'elle ?

Je roule des yeux sur la question de Kamie.

- Pourquoi est-ce que vous n'arrêtez pas de me poser cette question ? Je n'en sais rien du tout, merde. Je ne sais pas, d'accord ?

- T'énerves pas, je demandais juste. Mais, si tu veux mon avis, c'est oui. Tu l'aimes.

- Je ne la connais même pas. J'ai juste son numéro et son adresse, comment veux-tu que je l'aime ?

- Son numéro ? Où est-ce que tu l'as eu ?

Subitement, Nam me fait les gros yeux. Je ne comprends pas tout de suite ce qu'il veut me dire, alors je balance :

- C'est Nam qui me l'a donné.

Mon ami se frappe le front avec sa paume alors que ma sœur fronce les sourcils.

- Comment ça se fait que tu aies son numéro ? lui demande-t-elle.

- Bah...

- Nam !

- Holà ! Crie pas. On était dans la même classe, en troisième. Un professeur nous avait mis en binôme pour un projet de science et il fallait bien qu'on ait le numéro de l'autre pour s'organiser.

Oh, je comprends mieux. Kamie aussi. Il me semble même la voir soupirer de soulagement.

Holà. Stop.

Pourquoi est-ce qu'elle soupire de soulagement ? Et pourquoi s'est-elle emballée ainsi ? Serait-elle...

- Dis-donc, tu ne serais pas jalouse ? la taquine Nam.

Pile la question que j'avais sur le bout de la langue. Ma sœur lève les yeux au ciel.

- Jalouse de quoi ? Je te rappelle que je ne t'aime pas.

- Alors pourquoi est-ce que tu t'es emballée de la sorte ?

Elle lui tape l'épaule.

- Ne te fais pas d'idées, idiot. Je me demandais juste si tu lui faisais la cour à elle aussi. La pauvre, je n'aimerais pas qu'elle se coltine un con comme toi.

Pour simple réponse, le philippin rit. Et moi j'esquisse un sourire en coin. J'aimerais une relation semblable à la leur, avec la demoiselle. Ça ne me dérangerait pas qu'elle m'insulte comme le fait Kamie avec Nam, parce que je saurais qu'elle n'est pas sérieuse. Je saurais qu'elle le fait juste pour me taquiner, pour me charrier. Mais la demoiselle ne veut pas de moi, de près ou de loin. Ça me rend malade.

Nous retrouvons bientôt ma moto à l'autre bout du parking. Quinze minutes plus tard, Nam est chez lui et ma sœur et moi atteignons notre portail à nous. La moto garée dans le garage, j'emboîte le pas à Kamie et m'engouffre dans le salon.

Je me dirige immédiatement vers ma chambre. Je ne suis pas d'humeur à rester avec les autres, ce soir. Ni demain, d'ailleurs. Je crois que je vais m'isoler tout le reste de la semaine.

Au moment où j'arrive devant la porte de ma chambre, une voix attire cependant mon attention. Elle vient de la chambre de mon père. On dirait qu'il est au téléphone. J'ignore sa discussion et tourne la poignée, quand j'entends soudain le mot « chérie ». Je me fige.

Chérie ? Il parle avec une femme ? Est-ce que ce serait maman ?

Non, impossible. Ça ne peut tout bonnement pas être possible. Parce que maman voit déjà quelqu'un. C'est Yoann, son collègue. Il est aussi médecin dans l'hôpital où elle travaille. Il est sympathique, je l'aime bien. Lors de notre première rencontre, Kamie était un peu réticente. Que dis-je, elle a clairement refusé de passer du temps avec lui. Et, étrangement, il n'a pas paru blessé. Au contraire, on dirait même qu'il s'y attendait. Il a géré la situation à merveille et, résultat, lui et ma sœur sont meilleurs amis. Enfin, pas autant que lui et moi, mais ils s'entendent bien. Yoann est un chic type, maman n'aurait pas pu trouver mieux.

En soit, ce n'est pas ma mère qui discute en ce moment avec papa. Mais qui ça peut bien être ?

Lentement, j'avance vers sa porte. Je marche pratiquement sur la pointe des pieds, il ne faudrait pas qu'il me répère. Pourquoi ? Je ne sais pas. J'ai regardé beaucoup de films, je suppose.

Lorsque mon oreille se colle contre sa porte, je me concentre sur la voix de mon père.

- Tu trouves qu'il me ressemble ? Je m'en vois ravi.

- Je te remercie ( il rit ). Et encore, tu n'as pas vu sa sœur !

- Je suis sûr que vous vous entendrez bien. J'ai hâte de te les présenter.

- On se voit demain, dors bien.

Et puis plus rien. J'entends quelques bruits à l'intérieur, puis la porte de sa salle de bain qui s'ouvre et se referme.

Papa voit quelqu'un ? Ouah. Je ne m'en suis pas douté un seul instant avant aujourd'hui. Il faut dire que, contrairement à maman, il cache bien son jeu. Tout en me laissant tomber sur mon lit, j'y réfléchis.

Il compte nous la présenter. Et très bientôt, d'après ce que j'ai cru comprendre. Je me demande si je la connais. Enfin, c'est peu probable. Ça ne fait même pas encore deux mois que je suis arrivé dans cette ville, bon sang. Ce doit être une femme de l'entreprise où il travaille. J'espère qu'elle est gentille. Et, surtout, j'espère que Kamie prendra bien cette nouvelle.

D'ailleurs, est-ce que je devrais lui en parler ? Non, non, je ne crois pas. Ce n'est pas comme si papa me l'avait dit de lui-même, je l'ai appris par hasard. Il n'aimerait sûrement pas nous savoir au courant de cette histoire sans qu'il ne nous l'annonce de vive voix. Je préfère attendre qu'il nous mette au courant.

*
* *

Les jours suivants, Gemini ne vient pas en cours. Son banc sur la pelouse reste vide, personne ne s'y assied. J'y jette souvent des coups d'œil lorsque je mange avec Nam juste derrière, et je la revois me donner dos en vidant le fond de son plateau. Malheureusement, elle n'y est pas.

Lorsque je rentre à la maison, le vendredi soir, Kamie n'est pas là. Tout comme papa. Ils ne sont pas encore rentrés.

Ma sœur n'est pas allée en cours aujourd'hui, parce que la plupart de ses professeurs ont prévenu de leur absence. Elle n'aurait eu que deux heures de cours, en musique, alors elle a préféré aller au bureau avec papa. Ils y ont donc passé la journée.

Je me déchausse et me laisse tomber dans le fauteuil. Télécommande en mains, je zappe plusieurs fois avant de tomber sur un combat de boxe. Bon, au moins ça va me distraire. Le reste de la semaine a été étonnamment éprouvant.

En même temps, Gemini n'était pas là.

Mon père ne tarde pas à rentrer. Je leur remarque une drôle de bonne humeur. Lorsqu'ils me voient affalé sur le canapé de la sorte, mon géniteur grimace.

- On aurait dit un soulard, raille-t-il.

Je grogne mais ne relève pas. À la place, je les ignore en me reconcentrant sur la télévision.

- Tu ne devineras jamais ! s'enthousiasme ma jumelle.

- Quoi encore ?

- Gemini va venir passer le week-end ici, à la maison !

Je sursaute et me relève d'un bond. Pardon ?

- Qu'est-ce que tu dis ?

- Eh oui, répond mon paternel. Son père doit effectuer un voyage d'affaire, alors j'ai proposé qu'elle vienne passer le week-end ici. Avec nous.

- Mais pourquoi ? Elle a des employés chez elle, à ce que je sache. Elle ne serait pas seule.

Il arque un sourcil.

- Comment est-ce que tu sais qu'elle a des employés chez elle ?

Merde.

- Je ne le sais pas. Je, euh, j'ai juste supposé.

- Eh bien, oui, elle en a. Mais il faut qu'elle sorte un peu, qu'elle change d'air. Sans son père à la maison, elle se serait peut-être sentie seule. En plus, il y a Kamie. Elles pourraient devenir amies, même si je ne doute pas qu'elle en ait plusieurs au lycée.

J'échange un regard avec ma sœur et déglutis. Ah, papa. Si tu savais.

Je me demande comment il réagirait s'il apprenait ce que les connards du lycée font vivre à son petit ange. Je serais prêt à jurer qu'il les battrait tous jusqu'au sang.

Mon sang chaud et mon penchant colérique, je les tiens de mon père. Tout comme ma démarche. Je ressemble beaucoup à mon père, et je ne m'en plains pas. Papa est un homme très charismatique.

Mon attention se reporte sur ma sœur.

- Quand est-ce qu'elle vient ? je demande.

Elle se racle la gorge mais ne cache pas sa joie. Je sens mon cerveau péter silencieusement un câble lorsqu'elle m'annonce :

- Ce soir.

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Yeayy!! Comment ça va ?

New chapter yeah! Qu'en avez-vous pensé ?

Peut-être un peu trop cliché ? Haha, mais j'avais prévenu que cette histoire contiendrait BEAUCOUP de clichés. De toute façon, la vie elle-même est cliché. Il s'agit juste de savoir les modeler pour obtenir de l'original :)

Enfin, bref !!

Vos avis ? Des suggestions, hypothèses pour la suite ?

Kisses 💋

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