16 | 𝐖𝐎𝐋𝐅

𝐖𝐎𝐋𝐅
▷ Loups.

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𝐀𝐋𝐄𝐒𝐒𝐈𝐀 𝐂𝐀𝐑𝐀 - 𝐒𝐜𝐚𝐫𝐬 𝐭𝐨 𝐲𝐨𝐮𝐫 𝐛𝐞𝐚𝐮𝐭𝐢𝐟𝐮𝐥.
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— Tu as l'air de bonne humeur, me lance Nam le lendemain matin alors que je sors de notre salle de classe.

C'est bientôt la pause déjeuner. Nous devrions être en cours actuellement mais mademoiselle Laplaine a dû partir d'urgence trente minutes avant la fin de son heure. De ce fait, nous avons trente minutes de libre avant que la sonnerie ne retentisse et n'annonce la pause déjeuner.

Je le rejoins sur la pelouse.

— Je n'ai pas à me plaindre. Tu veux un jus d'orange ? ( Il acquiesce et je lui lance la bouteille de trop que j'avais. )

J'essaie, mais je n'arrive pas à retenir mon sourire. Et à la façon dont mon ami lève les yeux au ciel, je suis certain qu'il comprend la satisfaction qui perle sur mon visage. Mais je m'en tamponne, parce qu'entre ces connards de l'école et les reproches de ma mère, hier, j'étais vraiment en pétard. Mais ce moment passé avec la demoiselle par la suite m'a remis sur les rails. Je me sens plus heureux que jamais et, aujourd'hui, rien ni personne ne pourra gâcher ma bonne humeur.

— Il est chouette, ton tee-shirt, dis-je à Nam. Dans quelle poubelle l'as-tu déniché ?

Du bout des doigts, il soulève le truc immonde qui lui moule la poitrine.

— C'est dégueu, ça ?

— Totalement, je ris, on aurait dit un assemblage de bouteilles recyclées.

Il me suit dans mon rire tout en décapsulant la bouteille de jus d'orange.

— Tu es passé voir Gemini, hier ? me demande-t-il.

— Ouaip.

— Comment c'était ?

Je m'allonge dans la pelouse et pousse un long soupir satisfait.

— Quelle question, Nam, quelle question.

— Je suppose que ce stupide sourire niais que tu arbores en dit long.

— Exactement.

— Tu l'aimes ?

J'ai un mouvement de recul. Si j'aime la demoiselle ?

— Non, je suis attiré. C'est différent.

— Tu espères l'aimer plus tard ?

Holà. Pause.
Nouveau mouvement de recul. J'ai vraiment l'impression que Nam veut bousiller mon humeur avec ses questions.

Je me redresse en réfléchissant. Mon regard se perd dans l'herbe verte.

Est-ce que j'espère l'aimer ? Je n'en sais rien. Peut-être bien. Oui ? Merde. Je ne sais pas. Je suis paumé.

Ce n'est pas un peu tordu d'envisager la possibilité de pouvoir aimer une fille dont je connais juste le nom, le numéro de téléphone et l'adresse ? Je viens de la rencontrer, qui plus est. Et elle, elle ne veut même pas respirer le même air que moi. Ma simple  présence semble l'étouffer. Ai-je là l'opportunité d'envisager de quelconques sentiments ? Ça ne serait pas réciproque, de toute façon.

Mais bien que j'affirme n'être qu'attiré par elle, je dois bien avouer que quelque chose chez la demoiselle me fascine. Je peux la qualifier de crush. Oui, c'est ça, je crush sur Gemini.

Devant mon air incrédule, Nam frappe un coup dans ses mains et se relève sur ses deux jambes.

— Bon, ce n'est pas tout, mais je dois aller à l'administration. Mahyer veut que je vienne à la pause déjeuner.

Mahyer, c'est le directeur.

— Tu ne déjeunes pas avec moi, alors ?

Il me fait un signe de main sans se retourner.

— Non, bon appétit.

Bon. Je vais manger tout seul, alors. Carrément déprimant.

Dix minutes plus tard, j'entends la sonnerie, ce qui signifie que le réfectoire est enfin ouvert. Je ne me fais pas prier et m'y dirige, j'ai une faim de loup. Je n'ai pas pris de petit déjeuner, ce matin. Juste une bouteille de jus d'orange et je doute que ça ait contenté mon estomac.

Les couloirs se remplissent peu à peu de monde. Lorsque j'arrive dans le self-service, je m'arme d'un plateau et m'immisce dans la queue. Habituellement, lorsque je suis avec Nam, nous la grillons parce que le serveur est un de ses amis. Sauf que Nam n'est pas avec moi, et je n'ai aucun contact avec cet « ami ». Résultat, je suis obligé de faire la queue. J'essaie d'avoir le moins de contact physique possible avec les autres élèves mais ce n'est pas joué. J'ai horreur de ça.

Je répère la tête châtaine de ma jumelle plus loin dans la file. Je mangerais bien avec elle, mais elle est accompagnée d'une dizaine de filles et je n'ai aucune envie d'être le seul mec parmi cette secte. Et puis, de quoi pourront-elles bien parler si ce n'est des garçons ? Et j'en suis un. Ce serait trop gênant.

La queue avance, je fais de même. Jusqu'à cogner un petit corps que je n'avais même pas remarqué devant moi.

— Fais attention, Mini-Durand.

Je souris instinctivement sans même avoir encore aperçu le visage de ma victime. C'est la demoiselle. Il n'y a qu'elle qui m'appelle comme ça.

Punaise, que je suis niais. Quel sourire débile. Elle ne m'a adressé que trois mots et me voilà heureux comme si je sortais de prison après dix ans d'incarcération. Bon, en même temps, tout ce qu'elle me dit me fait sourire. Depuis que la connais, j'ai mal aux zygomatiques.

— Désolé, je lui réponds.

J'ajuste mon bonnet sur ma tête alors qu'on avance dans la file.

Lorsque vient son tour, son petit derrière s'expose devant moi pendant qu'elle tente d'attraper une pomme du haut de la caisse. Elle se tortille dans tous les sens et mes yeux suivent le moindre de ses mouvements sans ciller ne serait-ce qu'une seconde. Ce qu'elle est sexy.

Elle se retourne cependant, indignée, et je me rends compte que je l'ai dit à haute voix. Elle finit par rougir. Je ne vais pourtant pas m'excuser. Je suis Kayon Durand, je dis des conneries à tout bout de champ. Ça fait partie de moi.

Je la rassure :

— Quoi ? Tu devrais être flattée.

Gemini se pince les lèvres. J'imagine déjà la quantité de réponses furieuses qui fusent dans sa tête, mais elle est intelligente. Elle a compris que discuter avec moi ne mène à rien sauf à me faire plaisir.

À la place, elle se retourne et continue de remplir son plateau. Je traîne dernière elle en faisant la même chose. Dans ce lycée, le choix de nourriture n'est pas conséquent. C'est bien la seule chose regrettable. Aujourd'hui, il n'y a que des lasagnes, des pommes de terre sautées et de la soupe.

Alors qu'elle entasse une montagne de pommes de terre dans son assiette, mon regard s'arrête sur son plateau et je me rends compte qu'elle a pris une quantité monstrueuse de nourriture. Pourtant, à la voir, on dirait plutôt qu'elle mange une fois par jour.

Bien-sûr, elle a peut-être un gros appétit, mais elle est tellement minuscule que j'en viens à me demander où elle stocke toute cette nourriture. Ou bien elle est adepte de sport, ou bien elle s'empiffre avant de se faire vomir.

— Tu manges drôlement beaucoup, je lui lance en la suivant hors du réfectoire.

Elle hausse les épaules.

— J'ai faim.

— C'est drôle. Parce que j'ai entendu dire que les filles mangaient peu.

— Alors je suis un mec.

Elle rit légèrement.

— Non, plus sérieusement, reprend-t-elle, ce n'est rien d'autre qu'un mythe.

— Peut-être. J'ai connu des filles qui mangeaient comme des dinosaures pour ensuite se faire vomir.

C'est dommage, parce que je déteste que les filles aient honte de leurs formes. Les courbes, c'est ce qui fait tourner le monde. Les courbes, c'est magnifique. Merde, les hommes sont dingues des courbes. Les courbes...bon. Bref. Parfois, je perds un peu le nord. Pas seulement dans ma tête mais aussi à voix haute.

Elle hausse de nouveau les épaules.

— J'ai lu quelque part sur c'était une maladie. Un trouble à la fois psychique et physique. Je crois que ça s'appelle l'anorexie. C'est quand on se trouve trop gros.

— C'est dommage. Moi j'aime bien les formes.

— Je vois. Tu es de ceux qui aiment s'agripper à quelque chose quand ils font l'amour, c'est ça ?

Sa phrase sonne comme tout sauf comme une question. Un sourire prend place sur mes lèvres tandis que nous rejoignons son banc personnel. C'est elle qui a ouvert le sujet sexe, pas moi.

— On va dire ça, dis-je en m'asseyant. Mais toi, des formes, tu en as. Ça devrait aller.

Je lui fais un clin d'œil et elle se crispe. Doucement, elle relève la tête vers moi et plante ses yeux dans les miens.

— Qu'est-ce qui te fait croire que je vais coucher avec toi ? s'enquiert-elle d'une voix étonnamment calme.

— Qu'est-ce qui te fait croire que tu ne le feras pas ?

Elle garde son air sérieux. Elle ne cille même pas. Quant à moi, je soutiens son regard. J'ai toujours été fasciné par la couleur claire de ses iris, et puisqu'elle me donne l'opportunité de les observer, je ne me plains pas.

— Écoute, Kayon, reprend-t-elle toujours calmement, je ne sais pas pourquoi tu me tournes autour comme ça, mais je ne sais pas intéressée. Lâche-moi.

Je m'apprête à répondre lorsque mon prénom résonne subitement. Un coup d'œil vers la droite et je remarque Nam venir en courant vers nous. La demoiselle soulève son plateau, me jette un regard froid avant de pivoter sur ses talons. J'ai à peine le temps de me relever qu'elle a déjà disparu à l'intérieur du réfectoire en courant. Purée.

Nam arrive à mon niveau.

— Et ben, vous êtes devenus meilleurs amis ou quoi ? Je vais être jaloux.

Je me rassieds.

— Meilleurs amis ? Je n'ai même pas encore dépassé le stade de « connaissance de l'école ».

— N'empêche, elle t'a quand-même prêté son banc fétiche, raille-t-il.

Il s'assied à côté de moi et entame son repas.

— Qu'est-ce que tu étais allé faire chez Mahyer ?

— Oh, rien d'important. Je devais juste signer des papiers. Tu veux bien m'expliquer ce qui se passe avec cette fille ?

Je hausse les épaules.

— Je n'en sais rien. Lorsque je suis arrivé à Paris, mon père n'avait pas pu venir nous chercher à la gare, Kamie et moi. Alors il a nous a demandé de le rejoindre à son bureau, sauf que quand nous sommes arrivés, il était en réunion et l'hôtesse d'accueil nous a empêchés de l'attendre à l'intérieur du bâtiment. Selon elle, notre arrivée n'avait pas été signalée. Hors, dehors, il allait bientôt pleuvoir.

— Aïe.

— Et elle est apparue d'un coup en demandant à la même hôtesse de lui donner des documents. C'est là qu'elle nous a vu. Étrangement, ce jour-là, elle était drôlement joyeuse. Elle nous a menés à un hall où nous avons pu attendre au sec, elle a même fait la conversation. Et puis j'arrive au lycée, je découvre une toute autre facette d'elle. Elle ne veut même pas me voir. À chaque fois que j'essaie de me rapprocher d'elle, elle me repousse.

— Et bien, peut-être que tu devrais la laisser tranquille.

Je lui lance un regard meurtrier, il lève les deux mains en l'air.

— Hé, attends, ne me regarde pas comme ça. Si elle ne veut pas te sentir, qu'est-ce que tu peux bien faire ?

— Je suis certain qu'elle veut me garder à l'écart parce qu'elle a peur que mon père apprenne qu'elle se fait harceler. Pour information, mon paternel et le sien sont amis. Mais si je voulais mettre mon père au courant, je l'aurais déjà fait depuis bien longtemps. Non. Je suis sûr qu'elle me tient à l'écart pour une toute autre raison. Peut-être parce qu'elle m'aime bien et qu'elle a peur que ça aille plus loin ? Figure-toi que l'autre jour, elle m'a dit que j'étais charmant et que c'était bien ça, le problème.

— Mec, tu es sûr que tu n'es pas amoureux de cette fille ?

Je me tais. Est-ce que j'en suis sûr ? Non. Je n'en sais absolument rien. En revanche, s'il y a bien une chose dont je suis sûr, c'est que je ne veux pas garder mes distances avec elle. En aucun cas.

Alors j'entreprends de lui dire cela. J'entreprends de dire à mon ami qu'il peut bien dire tout ce qu'il veut, que j'ai beau être paumé sur ce que je ressens, je m'en tamponne totalement. Tout ce qui compte pour le moment, c'est de me créer une amitié avec la demoiselle.

Sauf qu'au moment où j'entrouve les lèvres, un vacarme assourdissant retentit depuis le réfectoire. J'entends des assiettes tomber au sol et des cris. Et puis, soudainement, je me souviens que Gemini vient d'y entrer. Toute seule. Au beau milieu de cette meute de loups prêts à la dévorer.

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Hi guys ! J'espère que vous allez bien ?

Je reprends enfin ce livre en mains après des mois de silenceeee. J'ai passé beaucoup de temps à changer des passages entiers, parce que des lecteurs m'avaient fait comprendre en privé qu'ils ressemblaient à d'autres livres. Je ne veux pas être accusée de plagiat alors j'ai préféré tout changer immédiatement.

Enfin ! J'espère que vous allez aimer toujours autant.

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

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