14 | 𝐓𝐇𝐄𝐌

𝐓𝐇𝐄𝐌
▷ Eux.

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TROYE SIVAN - Angel Baby
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— Ton père m'a dit que tu avais fait le con avec un de tes camarades de l'école, me gronde ma mère au téléphone quelques heures plus tard.

Ce n'est pas mon « camarade ».

Je coince mon téléphone entre mon oreille et mon épaule, j'enlève mon maillot de bain d'une main et le laisse tomber sur le parquet de ma chambre. J'ai passé les deux dernières heures à faire des longueurs avec mon père. Évidemment, lorsque je suis rentré, il m'a fait un sermon incroyablement long, puis il a tenu à me faire promettre de ne plus jamais me battre. Après ça, je n'avais aucune envie de rester hors de ma chambre, mais comme je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Gemini depuis que je suis rentré, je me suis dit que quelques heures de natation allaient m'aider.

Eh bien, pas du tout. Gemini est décidée à ne pas quitter mon esprit. Je pense toujours autant à elle, et en plus, maintenant je suis mouillé et crevé.

— Kayon, gronde ma mère, tu m'écoutes ?

— Je t'écoute.

— Tu t'es battu avec ce garçon, oui ou non ?

— Ouais.

— Pourquoi ?

Je grimace. Je ne vais tout de même pas raconter à ma mère que j'ai tabassé ce connard parce qu'il harcelait Gemini. Primo, parce qu'elle ne connait pas Gemini et qu'elle risque de me demander qui c'est. Et deuzio, parce que si jamais elle me demande ça et qu'elle apprend à papa que je me suis battue pour défendre une certaine Gemini, il fera immédiatement le lien et il comprendra que la demoiselle se fait harceler. Chose que je ne veux pas. Et que je doute qu'elle veuille.

Et je ne peux pas utiliser Kamie comme excuse non plus. Ma mère serait capable de débarquer ici aujourd'hui même.

Alors, je lui réponds sur un ton désinvolte :

— Il m'avait cherché.

— Kayon...

— Quoi, maman ? J'ai tabassé ce mec, ça s'arrête là. Il n'est pas mort à ce que je sache. S'il était resté à sa place, jamais rien de tout ça ne serait arrivé. Et puis, ce n'est pas la première fois que je me bats. Où est le problème ?

— Oui, mais tu es en dernière année à présent.

— Et alors ?

— Alors, grandis. Ton père se fait du souci pour toi, et moi aussi. Je m'inquiète.

— Il n'y a aucune raison.

Un ange passe. Il y a trente secondes d'un long silence mortel pendant lesquelles ma mère s'efforce sans aucun doute de garder son calme et de ne pas me hurler dessus.

— Cela dit, merci d'avoir appelé, maman. C'est sympa de savoir que je peux compter sur papa pour me dénoncer à chaque fois que je fais une gaffe.

— Kayon. Il se fait du souci pour toi, tout comme moi.

— Wouah, je me sens tellement comblé d'amour !

Je roule des yeux. Ma mère soupire de l'autre côté du combiné.

Je suis peut-être salaud de me comporter comme ça, mais c'est plus fort que moi. J'aime ma mère plus que tout, mais je hais avoir l'impression d'être enfermé. Et ma mère me donne cette impression.

Elle exagère à toujours vouloir contrôler le moindre de mes faits et gestes. Certes, j'y suis pour quelque chose, mais purée, ça suffit comme ça. J'ai dix-sept ans, je suis un grand garçon. J'ai besoin d'un peu de liberté quand-même. Il faut qu'elle comprenne ça. Et maintenant qu'on vit avec lui, papa doit aussi comprendre que ça ne marchera pas s'il prend l'habitude de raconter tout ce que nous faisons à maman. À ce rythme-là, Kamie et moi allons péter un câble.

J'attrape une serviette propre dans mon armoire et l'enroule autour de ma taille. Je dois prendre une douche.

— C'est bon, maman ? Le dîner est servi et j'aimerais bien aller manger.

Nouveau soupir. Maman me parle encore deux-trois minutes à propos de cette bagarre que je dois éviter de recommencer à l'avenir, me lance un « je t'aime » accompagné d'un bisou volant et je raccroche.

Au sujet des bastons, moi je veux bien me tenir à carreau. Mais tout dépendra de ces sales mômes de l'école. Je suis un garçon au sang plutôt chaud lorsque je suis en colère, et s'ils me cherchent, ils me trouveront. J'ai déjà mis Desvignes en garde à propos de Gemini et de Kamie, et j'ose espérer qu'il passera le mot à ses salauds d'amis. Sans ça, maman pourra compter sur moi pour finir son forfait appel.

Rapidement, je me rince à l'eau froide histoire de décoller le chlore de la piscine de ma peau, j'attrape une paire de jeans dans le tiroir de ma commode et je l'enfile en manquant de tomber. Je ramasse un t-shirt sur le dossier de ma chaise de bureau et l'enfile, lui aussi, avant de sortir de ma chambre.

Une odeur de lasagnes me chatouille les fosses nasales lorsque j'entame le couloir et je me surprends à presser le pas vers la salle à manger. Papa est déjà installé à table, il tient son couteau et sa fourchette dans ses deux mains comme un gamin. Kamie, quant à elle, effectue d'incessants aller-retours depuis la cuisine en mettant la table. Je l'aurais bien aidé, mais vu comme je suis crevé.

Je m'affale sur ma chaise en poussant un long soupir.

— On mange des lasagnes ? je demande.

— Oui, répond mon père. Ta sœur a eu la bienveillance de nous faire manger autre chose que des pizzas, ce soir.

Il a l'air tout content. Kamie se plaint depuis la cuisine :

— Ce n'est pas de ma faute non plus. J'ai des cours à assurer, je ne peux pas avoir le temps de faire la cuisine. Tu devrais engager une femme de ménage, papa.

— On en reparlera plus tard. Pour l'instant, mangeons plutôt.

Ma sœur nous rejoint et nous entamons le repas. C'est une chance que maman lui ai appris à faire la cuisine. Autrement, nous serions contraints de manger des pizzas jusqu'à ce que nous en soyons dégoûtés, ce que je n'ose même pas imaginer.

À chaque fois que je prends une bouchée de mon plat, je sens ma lèvre me brûler et je ne renfrogne pas une grimace. C'est plus fort que moi. Desvignes ne m'a pas loupé non plus.

— Ne te bats plus, détonne ma jumelle.

Je remonte mon regard vers elle. Elle me fixe déjà.

— Qu'est-ce que tu as dit ?

— Ne te bats plus.

— Elle a raison, fiston. Tu es tout amoché.

J'aimerais crier à papa de me dire ce qu'il ferait s'il voyait sa fille se faire martyriser par ces connards, mais je me retiens. À la place, je baisse de nouveau la tête sur mon assiette et continue de manger comme s'ils n'avaient rien dit.

Ils ne peuvent pas comprendre. J'arrêterai de me battre seulement quand Desvignes et ses amis arrêteront de s'en prendre à mes amis. Fin de la discussion.

Après mon dessert, je jette un œil aux assiettes des deux membres de ma famille. Ils en sont encore à la moitié, et moi j'ai déjà fini. Génial. Je vais pouvoir m'éclipser sans avoir à débarrasser quoi que ce soit.

— Je vais dans ma chambre.

Mon père hoche la tête.

— Oui, tu ferais mieux de te reposer.

Sans attendre plus, je me lève de ma chaise. Kamie bougonne qu'elle va être en retard pour le live Instagram de Justin Bieber, mais je n'éprouve aucun regret. Elle, au moins, elle a des plans pour sa soirée au lieu de rester cloîtrée à son lit en regardant le plafond.

Une fois dans ma chambre, je m'engouffre sous mes draps et j'allume mon téléphone. Je passe une bonne dizaine de minutes à faire défiler des vidéos YouTube lorsque mes pensées devient sur la demoiselle.

Immédiatement, un sourire prend place sur mes lèvres. C'est la première fois que je parle avec elle de manière aussi détendue. Pour la première fois, nous ne nous sommes pas hurlé dessus comme des enfants gâtés. Et je suis content.

Je quitte YouTube et entre dans mon répertoire. Je fais défiler mes contacts jusqu'à trouver celui que je cherchais et je lance l'appel.

—  Kayon ? répond la voix rauque de Nam.

— Salut, mec. J'ai besoin que tu m'aides.

Cinq secondes de silence passent. Je le sens hésitant, confus. Il doit sûrement se demander si je suis encore en colère contre lui ou non.

— Vas-y, répond-t-il enfin, dis-moi ce dont tu as besoin.

— Tu pourrais me trouver des informations sur Gemini ? J'ai besoin de tout ce que tu sais et que tu pourrais savoir. Comme son adresse, son numéro de téléphone, si elle a des frères et sœur, ce genre de trucs.

— Mais, mec, pour ça il y a Google. Tu n'en as jamais entendu parler ?

Je ris.

— Sauf qu'on y parle plus de son père que d'elle, espèce de con.

— Bon. Attends cinq minutes, je t'envoie tout ça.

Il raccroche. Je tue le temps en cherchant le casque audio de la demoiselle. Je l'ai repéré quand je suis remonté dans la bibliothèque après qu'elle soit partie, elle l'avait oublié sur le bureau qu'elle occupait. Bingo.

Il est noir à strasses dorées. Carrément canon. Il va me servir d'excuses pour aller chez elle, ce soir.

Cinq minutes plus tard, comme il l'avait mentionné, mon téléphone vibre. Je souris en voyant le message de Nam, puis je lui réponds qu'il est génial. Il m'appelle.

— De rien, mon pote. Juste, je commence réellement à croire que tu es obsédé par cette fille.

Sa réplique me fait éclater de rire. Mais je suis pratiquement certain que ce sont les informations obtenues sur la demoiselle qui accentuent ma gaieté.

— Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas ce que tu crois.

Quoique...

— Bonne nuit, Nam, on se voit demain.

— Ne fais pas de bêtises.

Sur ce, je raccroche en souriant comme un débile.

Je troque mon t-shirt usé contre un propre, enfile mes Boots et sors de la chambre. Le couloir et le salon sont vides, chacun doit s'être isolé dans sa chambre.

Je me sers un verre d'eau dans la cuisine, le bois et m'aventure hors de la maison en refermant la porte le plus doucement possible. Il ne faudrait pas que papa me repère.

— Où est-ce que tu vas ?

Kamie m'intercepte dans le jardin. Je la surprends assise sur la balançoire, son téléphone en main. Il me semble y voir s'afficher le visage de Justin Bieber. Les yeux marrons de ma sœur sont inquisiteurs et sa voix pleine de suspicion.

— Je vais rendre quelque chose à une amie.

Je lui secoue le casque audio de la demoiselle sous les yeux.

— À neuf heures du soir ?

— Qu'il est tard !

Ma petite sœur réfrène un sourire et se reconcentre sur son téléphone.

— Ok, mais ne tarde pas trop. Papa veut qu'on soit couchés avant minuit. En plus, il y a école demain.

Je lève les yeux au ciel, vais dans le garage et en ressort en chevauchant ma moto.

Le trajet vers chez les Di Luce n'est pas excessivement long. Ils habitent dans le septième arrondissement, et c'est à environ vingt minutes de chez moi. Je suis à cent mètres de l'allée qui mène à leur maison, mais j'ai déjà le souffle coupé. Une maison ? Non, c'est un hôtel. Ils vivent dans un hôtel, bon Dieu.

Je me gare devant la bâtisse. Pour une raison que j'ignore, j'ai les mains moites. Je les essuie sur mon jean. Purée, est-ce que je suis complètement fou de m'être aventuré ici ? Oui, tout à fait. Je peux déjà imaginer ce qu'elle me dira en me voyant.

Après de longues minutes passées à admirer la façade extérieure de leur château, je commence à me demander si je ferais mieux de frapper à la porte ou de l'appeler. De toute façon, j'ai son numéro maintenant. Et puis, qu'est-ce que je ferais si je tombais sur son père ? Ou sa mère ? D'après ce que j'ai pu constater, son père est quelque peu, que dis-je, très effrayant. Il suffirait qu'il me regarde et je pourrai dire adieu à mon assurance.

Alors, tout naturellement, je sors mon téléphone de ma poche arrière et lance l'appel. Mon cœur bat un peu plus à chaque sonnerie qui passe, jusqu'à ce que je l'entende s'arrêter complètement lorsqu'elle décroche.

— Allô ? résonne sa douce voix.

Je me racle la gorge avec une soudaine impression de sueur sur le front.

— Gemini ? Salut, c'est Kayon.

— Kayon ?

— Mini-Durand, si tu veux.

Cinq secondes de silence.

— Comment est-ce que tu as eu mon numéro ?

Ouille. Le ton froid dont elle use avec moi me rend un peu triste mais je décide de l'ignorer.

— Pas d'importance. Je me demandais si ça t'intéressait de récupérer ton casque audio ? Non, parce qu'il est avec moi et je suis tout juste devant ta maison.

Elle gémit de surprise et je rigole.

— Quoi ? Mais qu'est-ce que tu fous chez moi ?

— Comme je l'ai dit, j'ai ton casque. Alors, tu viens ou je frappe à la porte ? Je te préviens, je n'hésiterais pas.

Mensonge. J'ai peur de son père comme du monstre sous le lit, à mes cinq ans.

Un ange passe.

— Ne bouge pas, j'arrive.

Elle raccroche et j'éclate de rire. J'aime bien lorsqu'elle sort de ses gonds.

Comme un bon chien à son maître, je l'attends devant sa maison, encore assis sur ma moto. J'ai accroché son casque à mon guidon et je joue avec les strasses. Quelques minutes plus tard, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer, puis elle apparaît bientôt devant moi. Ses cheveux blonds sont relâchés en cascade sur des épaules et elle porte une sorte de robe de nuit et des pantoufles en forme de lapin. Je ris en les voyant.

— Qu'est-ce que tu fais chez moi ? me demande-t-elle en baissant considérablement la voix.

— Tu possèdes une étonnante capacité à hurler en chuchotant, tu le sais ?

— Et toi, tu possèdes une étonnante capacité à me foutre en pétard.

Je tends mes jambes devant moi.

— Je m'entraîne depuis ma naissance. Ma mère m'a dit que j'étais né en filant des coups de poings. Je te laisse donc imaginer comme mon sens de la provocation est développé.

Elle soupire, croise ses bras sur sa poitrine. Immédiatement, mes yeux s'y dirigent. Purée, son croisement de bras lui bombe les seins. Elle doit remarquer mon regard insistant puisqu'elle les décroise et les laisse tomber le long de son corps. Je déglutis.

— Qu'est-ce que tu veux ? me demande-t-elle à nouveau.

Je décroche son casque de mon guidon et le lui tends.

— Ton casque. Au passage, ils sont sympas, tes chaussons.

Elle s'empourpre et m'arrache son bien des mains pour l'accrocher à son cou.

— Tu as fait le trajet de chez toi jusqu'ici, juste pour me remettre mon casque ?

— Oui, m'dame.

— Tu aurais pu le faire demain. Tu sais, l'école.

Elle mime des guillemets sur son dernier mot.

— Mm..je risquais d'oublier alors j'ai préféré te le donner ce soir.

— Tu n'es pas crédible.

Je soupire.

— Bon. Tu m'as démasqué. En vérité, j'espérais qu'on puisse faire un tour.

Il me semble qu'elle vient tout juste de remarquer ma moto, puisqu'elle sursaute et me regarde comme si j'étais fou.

— Se balader ? À moto ? Tu veux dire, toi et moi ? Sur ce truc ?

Je ris devant son air affolé.

— En effet. Toi et moi. Sur ce truc.

— Excuse-moi, je ne veux pas t'offenser. C'est juste que... Non, je ne monte pas sur cette chose.

Mon rire s'accentue.

— Allez, tu ne vas pas mourir. Tu n'auras qu'à t'accrocher à moi.

— Encore pire !

Je feins d'être blessé en posant une main sur ma poitrine.

— Vous me vexez, chère demoiselle.

— Et ne comptez pas sur moi pour m'excuser.

Elle lève le menton et bombe le torse d'un air solennel, ce qui m'arrache un autre rire. Puis ses émeraudes croisent de nouveau mes yeux.

— Alors ? je demande.

— Alors quoi ?

— Cette balade ?

— Pourquoi est-ce que je voudrais me balader avec toi ?

— Parce que tu t'ennuies, que tu m'aimes bien, et que je te le propose (je lui offre mon plus grand sourire).

Ses yeux me scrutent longtemps avant que je ne l'entende se râcler la gorge.

— Bon ( elle jette un dernier regard à sa maison ). Je veux bien qu'on la fasse, cette balade. Mais ramène-moi avant onze heures, s'il te plaît. Je ne veux pas que mon père rentre pendant que je suis encore dehors. Il risque de me faire une crise de nerfs.

— Oui, chef.

Je lui passe un casque qu'elle enfile, puis elle grimpe sur la moto et ses petits bras frêles m'entourent. Je frémis, je sais qu'elle l'a senti.

J'ai du mal à respirer tellement son contact m'affole. J'essaie de me contrôler mais c'est plus fort que moi. Cette fille me rend dingue. Et, le pire, c'est qu'elle n'a rien fait de plus que de me toucher.

À ce rythme-là, la nuit s'annonce extrêmement longue.

▷ 𝑵𝑫𝑨 ◁

Hello ! Comment allez-vous ?

Je n'ai pas eu l'occasion de faire une note d'auteur à la fin du chapitre précédent haha, j'avais peur de le rendre plus long qu'il ne l'est déjà xD

Quoi qu'il en soit, nouveau chapitre aujourd'hui encore. Qu'en avez-vous pensé ?

Que dites-vous de la conversation entre Kayon et sa mère ?
Kayon a-t-il bien fait d'aller voir la demoiselle ce soir ?
Comment visualisez-vous ce tour en moto?

N'hésitez pas à me faire part de vos avis! Kiss❤️

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