13 | 𝐅𝐈𝐆𝐇𝐓 & 𝐅𝐋𝐈𝐑𝐓

𝐅𝐈𝐆𝐇𝐓 & 𝐅𝐋𝐈𝐑𝐓
▷ Bagarre & Flirt.

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BTS - Fire
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— Quelqu'un veut bien m'expliquer ce qui se passe ici ? s'égosille monsieur Hudson, le professeur de Lettres de Kamie.

Personne n'ose ouvrir la bouche. Toute une horde d'élèves s'est regroupée au centre de la salle tandis que moi et l'autre sale type avons été mis de côté. Il n'y a que nous qui avons été surpris en train de nous battre, ce qui est pour le moins interdit dans cette école.

Comme lors des trois précédentes fois où il a posé la question, aucune réponse ne lui parvient. On peut même entendre les mouches voler.

Le quarantenaire perd patience. Il passe une main négligente sur son crâne chauve en marmonnant quelque chose dans sa barbe et se met à tourner en rond dans la salle. Sa réaction me fait marrer. Je ris légèrement, mais reprends immédiatement mon air sérieux quand mon regard croise celui furieux de Nam.

Il est debout aux côtés de ma sœur et de la demoiselle, soit en face et à une dizaine de mètres de moi. Ses yeux en colère me foudroient depuis le début de l'interrogatoire que nous fait subir le professeur. Mais je m'en fiche. S'il y a quelqu'un qui doit s'énerver, entre nous deux, c'est bien moi. Lui, il n'est qu'un lâche.

Le type à qui j'ai foutu une correction, David Desvignes d'après ce que j'ai entendu, se tient à mes côtés en prenant soin de rester le plus loin possible. À chaque fois que nos épaules se frôlent, il recule brusquement et me mitraille des yeux, ce qui me fait rire. Minable.

Les souliers en cuir du professeur cessent subitement de claquer contre le sol et il se tourne de nouveau vers les élèves.

— Aucun de vous n'a vu quelque chose ? s'enquiert-il pour la énième fois.

Il sait pertinemment que personne ne dira le contraire, et c'est en effet ce qui se passe. Desvignes s'est occupé de les menacer du regard, l'un après l'autre, pour qu'ils ferment leur clapet. Ça me va.

Le prof soupire, puis cette fois, son regard se dirige vers la demoiselle. Je me raidis.

— Et vous, mademoiselle Di Luce, vous n'avez rien vu non plus ?

Je lis un certain sarcasme dans sa voix, ça ne me plaît pas.

Gemini sursaute lorsqu'elle entend son prénom. Je vois ses jambes trembler légèrement.

Discrètement, elle plante son regard dans le mien par-dessus l'épaule du professeur. Elle semble me demander quoi dire. Alors, d'un geste négatif de la tête, je lui fais comprendre de ne rien révéler.

Qu'elle suive l'exemple des autres élèves.

Elle dévie de nouveau ses yeux dans ceux de Hudson, le fixe pendant au moins dix bonnes secondes avant de les baisser vers ses chaussures et de secouer négativement la tête. Je réfrène un soupir de soulagement.

Mais ce n'est pas le cas du vieillard qui, lui, ne cache pas son mécontentement.

— Bon, reprend-il, je suppose qu'aucun de vous ne me dira ce qui s'est passé, n'est-ce pas ? Je ne vais pas m'attarder plus. Vous restez ici, personne ne sort de cette salle. ( Il se tourne vers moi et Desvignes ) Vous, venez avec moi. On va rendre une petite visite au directeur.

Quelques murmures s'élèvent lorsque nous sortons après Hudson.

« On va rendre une petite visite au directeur ». J'y repense et, subitement, mon corps se tend. Je me fais plus droit.

Et si le directeur convoquait mon père ? Que dirait-il ? Purée, je commence à stresser. Je peux déjà imaginer ce qu'il me cracherait à la figure.

Nos pas sont les seuls bruits perceptibles dans ce couloir étonnamment vide. Tout le monde est en classe, c'en est presque effrayant.

Le pauvre type à côté de moi ne semble pas plus angoissé que ça à l'idée de se rendre chez le directeur. Je me demande s'il ne lui est pas passé par la tête l'idée que, peut-être, ses parents seront convoqués. À moins qu'il n'en ait réellement rien à faire. Mais ce n'est pas mon problème. Il peut bien se faire défoncer par son père ou sa mère, ça m'est égal. Il le mériterait.

Plus je l'observe, plus je constate que je l'ai bien amoché. J'en viens même à regretter un tout petit peu d'y être allé aussi fort.

Sa pommette droite est enflée, son arcade sourcilière est en sang tout comme sa lèvre inférieure qui s'est fendue. Un léger filet de sang à séché depuis le coin de sa bouche jusqu'à son menton, sûrement dû au coup qu'il a reçu à la mâchoire. Je grimace en y repensant. Peut-être aurais-je dû essayer de me contrôler.

Mais lui non plus ne m'a pas loupé. Je suis certain d'avoir un œil au beurre noir demain, ainsi que plusieurs marques de griffures sur les bras. Parce que, oui, cette femmelette m'a griffé. Pathétique.

Nous arrivons bientôt devant le bureau du directeur. Ce même bureau où Nam, Kamie et moi sommes venus prendre des informations à la rentrée.

Hudson toque à deux reprises avant qu'une voix tonitruante que je reconnais aussitôt ne lui indique d'entrer. Il nous jette un regard sévère puis ouvre la porte. Immédiatement, la fraîcheur me saisit.

Je me souviens que ce directeur a un sérieux problème de température corporelle.

Nous nous engouffrons dans le bureau à la suite du vieillard et Desvignes referme la porte. Le directeur ne nous prête pas grande attention. Il garde les yeux fixés sur sa table, écrivant je ne sais quoi sur une feuille.

Je ne bouge pas. Je reste debout, comme mes deux accompagnateurs. Plusieurs secondes s'écoulent, le visage de Hudson vire au rose et je me marre. C'est à ce moment-là qu'il se décide à signaler sa présence en se raclant la gorge.

Le directeur stoppe ses mouvements. Puis il nous jette un regard exaspéré par-dessus ses lunettes avant de complètement s'intéresser à notre cas.

— Que puis-je faire pour vous, professeur Hudson ? demande-t-il.

— Bonsoir, monsieur le directeur. Je vous emmène ces deux élèves, je les ai surpris en train de se battre dans ma salle de classe. Et aucun d'eux ne veut me dire la raison de cette bagarre.

Celui qui est censé être le juge de cette affaire nous détaille des yeux, Desvignes et moi, l'un après l'autre.

Lorsque son regard se pose sur moi, je le soutiens. Il semble me reconnaître.

— Monsieur Durand, c'est ça ? Je suis contraint de réaliser que monsieur Soriano vous a transmis son indiscipline.

Je ne cille pas. Au contraire, j'écoute attentivement ce qu'il me dit en continuant de le regarder droit dans les yeux.

J'étudie ses gestes. Il fait de même avec moi.

Notre petit jeu dure jusqu'à ce qu'il soupire et s'adosse dans son siège.

— Pourquoi vous battiez-vous, jeunes gens ? sa voix résonne à nouveau.

Desvignes ne semble pas vouloir parler, moi non plus. Voilà qui va de pair.

Un ange passe.

— Très bien, soupire encore le directeur. Je ne vais pas m'attarder sur votre cas, mais sachez que ce genre de comportement est interdit dans l'enceinte de l'école. Vous ne serez pas punis pour cette fois, mais si cela se produit à nouveau, vous pouvez être sûrs que je me chargerai personnellement de vous en faire voir de toutes les couleurs. Aucune punition aujourd'hui, mais vos parents en seront tout de même tenus au courant. Vous pouvez y aller.

Il se reconcentre sur sa feuille comme si nous étions déjà partis, et je grimace.

C'est déjà bien de ne pas être puni, mais mon père sera mis au courant. Et je suis pratiquement certain qu'il en informera ma mère. Elle lui a fait promettre de la tenir au courant de tout ce qui se passerait, à l'école comme à la maison, et il le fera. Je dois m'attendre à recevoir un coup de fil de sa part ce soir.

Un coup d'œil à Desvignes et je remarque qu'il a blêmit. Tiens, on dirait bien qu'il en a quelque chose à faire de ses parents, finalement.

Hudson nous pousse en dehors du bureau. Une fois dans le couloir, il nous fait un énième sermon avant de nous laisser plantés là et de partir dans la direction opposée. Bon.

Je me retrouve tout seul avec ce minable.

— Tu es mort, me glisse-t-il entre ses dents, à peine le professeur a-t-il disparu.

Je me tourne vers lui.

— Ah oui ?

— Ne fais pas l'arrogant. Tu ne sais pas à qui tu t'es attaqué.

— Toi non plus, tu ne sais pas. Et laisse-moi te dire que tes petites menaces à la con ne marcheront pas avec moi. Tu ferais mieux de rester à ta place, bouffon.

Il se crispe.

— Pourquoi est-ce tu as pris sa défense, à l'autre clocharde ? C'est ta pute, hein ? Tu te la tapes ?

Je le fixe. Intensément. À tel point que je peux voir sa pomme d'Adam remuer lorsqu'il ravale sa salive.

— Écoute-moi bien, Desvignes. L'autre clocharde comme tu dis, c'est aussi un être humain. Et c'est mon amie ( j'appuie sur le dernier mot ). Mais la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est ce que tu as fait à ma sœur. Ou plutôt, ce que ta pétasse lui a fait.

Je me mets à avancer dans sa direction. La menace est perceptible sur mon visage, et aussi dans ma voix. Il recule au fur et à mesure que j'approche.

— Alors, tu ferais mieux de te tenir à carreau. Aussi bien de Gemini Di Luce que de Kamie Durand. Demande à ta pétasse de rester à sa place, elle aussi. Sinon je me ferais un malin plaisir de vous dégommer la mâchoire à tous les deux. Allez, salut.

Sur ce, je pivote sur moi-même et prends la direction par laquelle nous sommes arrivés. Je ne me retourne pas un seul instant.

Si ce connard croit qu'il peut me faire peur avec ses menaces de petit caneton apeuré, il se met profondément le doigt dans le cul. Je suis Kayon Durand, et ce n'est sûrement pas une petite mégère comme lui qui m'effraiera. N'importe quoi.

Alors que je suis à mi-chemin du couloir, je l'entends me hurler de toutes ses forces :

— Tu me le paieras, fils de pute !

*
*     *

La sonnerie retentit et annonce, par la même occasion, la fin de mon dernier cours de la journée.

Les élèves se mettent à ranger bruyamment leurs affaires. Le professeur fait de même.

Certains se mettent à papoter entre eux à propos de ce qui s'est passé plus tôt dans la journée tandis que d'autres ne se gênent même pas pour me critiquer. J'entends tout, mais je préfère rester à ma place.

Ça a été ainsi de tout l'après-midi. J'ai été jusqu'à me faire accoster par quelques élèves qui me félicitaient pour avoir tabassé ce type. Quelle énorme connerie. J'ai l'impression qu'ils ne vivent que de violence dans ce lycée. Ça les amuse tant que ça d'assister à ce genre de scène ?

Quand le professeur met les voiles et que la moitié de la salle se vide, je décide de ranger mes affaires, moi aussi. Je prends mon temps.

Une paire de sneakers rouges entre toutefois dans mon champ de vision et je lève la tête pour tomber sur Nam, son sac à dos accroché à une épaule. Je ne réfrène pas un soupir d'exaspération.

— Qu'est-ce que tu veux ? je lui demande en continuant de ranger mes affaires.

— Tu es sérieux ? Tu vas réellement faire comme si rien ne s'était passé ?

— Parce qu'il s'est passé quelque chose ? feins-je l'ignorance.

— Arrête ! Tu ne vas pas me dire que tu as oublié ce que ce type a fait à Gemini et à ta sœur !

— Tu veux parler du moment où tu as refusé de m'aider à arrêter ce connard ?

Ma voix est pleine de sarcasme, et il le sait. Il déglutit.

— Écoute, mec, je suis désolé. Mais je m'inquiétais juste pour toi. Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur, et je suis bien placé pour connaître le fonctionnement de ce bahut.

Je me relève en accrochant mon sac à mon épaule. Nos torses se frôlent presque, mais du haut de mon mètre quatre-vingt, je le surplombe largement.

— Je ne t'en veux pas, Nam, sois tranquille. Mais rentre chez toi, tu veux ? Je n'ai pas franchement décoléré et je ne veux pas m'en prendre à toi. On se voit demain.

Et c'est vrai, je ne lui en veux pas. Du moins plus. Mais je ne désire pas pour autant être avec lui pour le moment.

Je suis encore énervé et dans ces moments-là, je n'hésite pas à m'en prendre à tout et n'importe quoi. Je préfère donc qu'il ne soit pas dans mes pattes.

Je déambule dans le couloir, esquivant par-ci par-là des élèves turbulents. Mes pieds me mènent vers la sortie, mais je remarque, à ma droite, une cage d'escaliers menant à l'étage supérieur.

Tiens. Je n'y ai jamais mis les pieds.

Kamie ne finit qu'à dix-huit heures, soit dans encore une heure. Et moi, je n'ai rien à faire. Pourquoi pas visiter cet étage, tant que j'y suis ?

J'entame les escaliers et arrive à l'étage supérieur. Mes yeux balaient les lieux en quête d'une quelconque présence humaine, mais rien. Tant pis.

J'entre dans la première salle que je vois, et quelle est ma surprise lorsque je pénètre dans une bibliothèque. Une énorme bibliothèque.

— Wouah... je murmure.

C'est bien plus grand que ce à quoi nous avions droit, à Lyon. Et bien plus beau. Purée, je n'en reviens pas.

On aurait dit une librairie.

La salle est immense, divisée en deux pièces. À gauche, il y a plusieurs bureaux dispersés de part et d'autre afin d'envahir l'espace sans pour autant être les uns sur les autres. Des sièges les accompagnent, et je comprends que c'est l'espace dédié à la lecture. À droite, il y a d'énormes étagères qui caressent le plafond, toutes remplies de livres. Et très bien rangées. Une échelle est appuyée sur l'une d'elles, sûrement pour donner accès aux livres placés en hauteur.

Je me surprends à caresser les livres du bout des doigts, l'un après l'autre tout en m'enfonçant dans la salle. Je n'ai jamais rien vu de si beau.

Je ne suis pas un grand fan des livres, mais je ne déteste pas non plus. À Lyon, j'avais une petite étagère bourrée de bouquins dans ma chambre. J'aime bien plonger dans des univers imaginaires lorsque je m'ennuie, ça me permet de me changer les idées.

Soudain, l'un d'eux attire mon attention. La couverture, pour être plus précis. Mes doigts s'y attardent et je perçois enfin nettement le titre.

Les fleurs du mal. Un classique de Baudelaire. Je souris et récupère le livre.

J'ai eu la chance de le lire quand j'avais quinze ans. Maman me l'avait offert quand je lui ai dit que j'aimerais avoir plus de livres. Elle en était ravie.

Cette œuvre contient les meilleurs poèmes qu'il ne m'ait jamais été donné de lire. Baudelaire est né avec une plume à la main, c'est un auteur dans l'âme. Je l'admire.

Principalement parce que je me retrouve dans la plupart de ses textes. J'y retrouve mes sentiments. Mes doutes. Mais tourments. Mes peurs. Il était comme moi : un être perdu et troublé par son existence. Et, même après avoir perdu la vie, il le reste. Ses mots définissent parfaitement ce que je ressens. J'ose espérer qu'il a trouvé le repos. Si c'est le cas, alors je suis certain que moi aussi je le trouverais.

— Les fleurs du mal, murmure une petite voix à côté de moi.

Je fais un bond d'au moins cinq mètres dans les airs et laisse tomber le livre au sol. Ce n'est que lorsque je remarque la demoiselle à ma droite, que mon cœur se calme. Une main sur la poitrine, je m'écris :

— Jésus, Marie, Joseph ! Tu ne pourrais pas faire un minimum de bruit en te déplaçant ?

Gemini me sourit.

— J'étais là avant toi, dit-elle en me pointant du doigt une table.

En effet, ses affaires sont affalées sur le bureau du fond. J'y vois un livre ouvert et un casque audio.

Elle me sourit timidement et se baisse pour récupérer le livre. Son pouce le caresse doucement.

— Tu l'as lu ? me demande-t-elle.

— Oui.

— Qu'est-ce que tu en as pensé ?

— Honnêtement, c'est le meilleur recueil de poèmes que je n'ai jamais lu. C'est un livre qui a évolué avec le temps tout en gardant son fond. Sa base. C'est un chef-d'œuvre, un journal. Le journal intime de Baudelaire.

Elle hoche la tête.

— Tu as une citation préférée ? Un passage que tu aimes particulièrement ?

Je réfléchis. Sa question est dure.

J'ai aimé ce que j'ai lu, du début jusqu'à la fin. Chaque mot est lourd de sens. Chaque vers, chaque phrase, chaque strophe est bourré de vérité et d'intensité. Mais si je devais choisir la phrase qui m'a le plus marqué, ce serait sans aucun doute...

— « Cette beauté, sombre comme le fer, est...

— ... celle que forge et polit l'Enfer. » termine-t-elle.

Et, à la vue du regard timide qu'elle me lance par la suite, je comprends qu'elle aussi l'a lu.

— C'est aussi ta préférée ? je lui demande.

Elle hoche doucement la tête, puis rit en ramenant une mèche de cheveux derrière son oreille. Mais elle retrouve aussitôt un air timide ; elle fuit mon regard pour finir par me demander :

— Est-ce que...tu as pu régler le problème avec le directeur ?

Je hausse les épaules.

— Oh, tu sais, il n'a pas fait grand-chose. Juste un petit sermon et un coup de fil à mon père.

Elle fait les gros yeux.

— Tout va bien, je la rassure.

Pendant qu'elle tient fermement le livre contre sa poitrine, je la détaille silencieusement. C'est une toute petite chose, elle fait sans doute une bonne trentaine de centimètres de moins que moi. Aujourd'hui, elle a mis une jupe couleur jaune citron, assortie d'un débardeur blanc épais. Et en-dessous, une petite paire de Nike blanches. C'est la première fois depuis la rentrée que je la vois vêtue de vêtements colorés. D'habitude, c'est plutôt du noir ou du gris.

Je dois avouer qu'elle est bien plus resplendissante lorsqu'elle met des couleurs. Ça lui donne une certaine fraîcheur que j'adore.

Ses cheveux longs et ondulés sont ébouriffés, puis je me souviens subitement que ce connard les lui tirait plus tôt. Il mérite amplement la raclée que je lui ai foutue. Si je regrettais, ce n'est plus le cas, maintenant.

— Arrête de me regarder comme ça.

Je reprends mes esprits. Son visage teinté de rose m'ôte un sourire amusé.

— Comment est-ce que je te regarde ?

— Comme si...comme si j'étais une proie...

— Ah oui ? je ris.

— Oui.

— Et tu n'en es pas une ?

Elle lève les yeux au ciel et pointe un index accusateur sur moi.

— Décidément, mini-Durand, tu es cinglant. Tu peux être sûre qu'aucune fille ne pourra te supporter.

— Tu ne peux pas savoir tant que tu n'as pas essayé.

Ses yeux s'écarquillent et je dois lutter pour retenir mon éclat de rire.

— Dis-donc, tu ne serais pas en train de flirter avec moi, là ? s'étrangle-t-elle.

— Pourquoi pas ?

Elle s'empourpre de plus belle. Sa respiration se fait plus lente, et mes yeux s'aventurent sur sa poitrine. J'essaie de me faire discret, mais ce n'est pas joué.

Elle range le livre sur l'étagère, fait subitement volte-face et se dirige vers son bureau. Je l'observe ranger ses affaires dans son sac à dos jusqu'à ce qu'elle ait fini.

— Bon. Quoi qu'il en soit, nous n'avons plus rien à nous dire. C'était sympa de bavarder avec toi.

Je me hâte de la suivre dans les escaliers.

— Oh, allez, ne sois pas comme ça. On commençait à peine à faire connaissance.

Son rire résonne entre les murs de la cage.

— Ne rêve pas trop, nous n'étions pas du tout en train de faire connaissance. Nous ne nous lierons jamais l'un à l'autre.

Elle presse le pas. Je peux l'entendre dévaler les escaliers de plus en plus vite. Elle les saute trois à trois et semble vouloir s'éloigner de moi le plus vite possible.

— Jamais ? Pourquoi est-ce que tu es aussi sévère ? Tu devrais apprendre à me connaître. Je suis un garçon charmant.

Elle s'arrête soudain, une main sur la rampe. Son regard fixe un point invisible devant elle et je l'entends marmonner :

— Tu es charmant, c'est bien ça le problème.

Là-dessus, elle galope jusqu'en bas des escaliers.

— Merci pour le compliment, mais si tu veux que je me tienne à carreau de toi, ce n'est pas franchement le mieux à me dire, je lui lance alors qu'elle approche dangereusement de la sortie du bâtiment.

Ce n'est que lorsqu'elle se retrouve dehors qu'elle s'arrête pour me lancer un regard amusé.

Avec un petit signe de main, elle me lance un « à bientôt, mini-Durand » et disparaît de mon champ de vision. Mon regard reste scotché à la direction qu'elle a prise et je me retrouve à sourire comme un enfant à qui on aurait offert une sucette.

Ouais...
Je crois que je suis attiré par cette fille.

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