08 | 𝐖𝐄'𝐋𝐋 𝐓𝐀𝐋𝐊
𝐖𝐄'𝐋𝐋 𝐓𝐀𝐋𝐊
▷ Nous parlerons.
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Madison Beer - Homesick
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J'ai regardé plusieurs films dans lesquels les protagonistes débarquaient dans un nouveau lycée, mais je ne savais pas que c'était aussi compliqué de se fondre dans la masse. Dans ces long-métrages, ils y parvenaient tellement facilement que je m'étais dit que ça serait du gâteau de m'intégrer, mais ce n'est absolument pas le cas.
À croire que tous les élèves de ce bahut se connaissent. Lorsque je traverse les couloirs avec Nam, je le vois échanger avec pratiquement tous ceux qu'on croise. Et j'entends aussi des gens l'interroger ouvertement à mon sujet, en lui demandant qui je suis et que, je cite, « c'est évident que je suis nouveau ». Enfin, je ne me plains pas puisque je n'ai reçu jusque là que des regards confus et hésitants, bien que ça soit gênant.
Au moment où nous mettons le pied dans le réfectoire, je manque de me faire emporter par la foule qu'il y a. Nam peine à refermer les portes tellement l'on nous presse contre celle-ci.
La chaleur se fait systématiquement sentir, et ce un peu plus extrêmement dans mon cas.
Je n'aime pas la foule.
Tous ces corps qui se frottent contre le mien, ça me stresse.
Éloignez-vous.
J'ai l'impression de manquer d'air. Je ressens une sensation étrange dans ma poitrine, désagréable. Comme si mes poumons se compressaient l'un contre l'autre.
S'il vous plaît.
Ma main droite se ramène instinctivement à ma poitrine. Elle serre dans son poing ma chemise, et sur le moment je me fiche de la froisser. L'air peine à monter.
Mon esprit se déconnecte du monde autour, comme si je me retrouvais seul dans un univers parallèle. Le temps ne semble plus passer, il est figé. Et fixant un point invisible juste devant moi, j'ai l'impression que les autres personnes à mes côtés défilent avec une rapidité folle. J'en ai des sueurs froides.
Je frôle la crise d'angoisse.
La foule ne m'a jamais réussi. Tout petit déjà, j'angoissais lorsque je me trouvais pris dans une pile de monde. Souvent, même que rien d'y penser me faisait replonger. Ma mère n'a jamais compris pourquoi je ressentais ça, mais on a toujours fait en sorte d'éviter les endroits extrêmement fréquentés, sinon je tombais carrément dans les pommes.
Je n'imaginais pas que le réfectoire serait autant bondé, dans le cas contraire j'aurais catégoriquement refusé d'y mettre les pieds. Nam non plus ne pouvait pas savoir que j'avais horreur des endroits pleins à craquer de monde.
Mes jambes commencent à se faire fébriles. Elles flageolent.
Je me fais déjà à l'idée que je vais m'écrouler au sol, quand je sens subitement la chaleur d'une main entrer en contact avec la mienne. Elle m'entraîne droit devant, slalomant entre les vagues d'étudiants se débattant pour choper un plateau, et lorsque nous nous arrêtons, mes yeux constatent que nous sommes dans la cuisine.
Immédiatement, j'inspire fortement, comme si je sortais la tête de l'eau après dix minutes de plongée en apnée. La main qui m'a sorti de cet enfer n'est rien d'autre que celle de Nam.
— Merci, marmonné-je à son intention, encore essoufflé, sans être sûr qu'il m'ait entendu.
— Qu'est-ce qui t'est arrivé ? J'ai bien cru que tu allais perdre connaissance. Tu respirais tellement fort, j'avais peur que tu fasses un malaise.
— C'est rien, juste une crise d'angoisse de rien du tout. On les prend où, ces plateaux ?
— « Juste une crise d'angoisse de rien du tout » ? Tu te moques de moi, mon vieux. Tu t'étouffais littéralement. Et puis d'ailleurs, pourquoi tu as fait une crise d'angoisse ? réplique-t-il, ignorant totalement ma question.
— Je n'ai pas « fait » une crise d'angoisse, j'ai frôlé une crise d'angoisse. Et pour te répondre, c'est à cause du monde qu'il y avait. Maintenant que c'est dit, on peut aller manger s'il te plaît ? Je croyais que tu mourrais de faim ?
Il soupire, mais cède.
— Viens, m'indique-t-il, le serveur est un de mes amis. Je vais lui demander de nous remplir ces plateaux.
— Rassure-moi, on ne va pas manger dans cette salle, si ?
— Où d'autre veux-tu manger ?
Je lui fais les gros yeux. Il ne m'a pas entendu tout à l'heure ou quoi ?
— Mais non je blague, bien-sûr qu'on ne va pas manger ici, bêta.
On-ne-peut-plus soulagé, je le regarde passer sous mon nez avec deux plateaux, et les tendre plus loin au serveur qu'il disait être son ami. Il lui adresse quelques mots, et il n'en faut pas plus pour que ce dernier s'exécute. Quelques élèves qui faisaient la queue se plaignent du traitement de faveur que reçoit Nam, mais le philippin ainsi que l'employé les ignorent royalement.
Pour un vent, c'en est un.
Je récupère mon plateau-repas des mains de mon ami et marche sur ses pas jusqu'à une porte au fond de la cuisine. Bientôt, nous posons les pieds sur l'herbe extrêmement verte de la cour.
L'air frais fait un bien fou.
On s'assied côte à côte sur l'herbe encore un peu humide et nous commençons à manger.
En ce mois de septembre, le froid a rapidement pris ses marques. Je suis prêt à parier que si je n'avais pas pris cette écharpe ainsi que mon pull, ce matin, je n'aurais pas été capable de supporter ce vent glacial. Le brouillard s'est même installé, et il perdure depuis que nous avons quitté la maison. L'automne est sans doute la saison que je préfère. Il n'y a rien de mieux que le temps humide, le froid qui s'installe peu à peu annonçant l'hiver. C'est un climat que j'affectionne particulièrement pour le sentiment de nostalgie qu'il éveille en moi.
Avec Nam, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu la merveilleuse idée de manger dehors. En effet, plusieurs autres élèves occupent l'herbe. Des trios, des duos, même plus que ça. Ils mangent tous en groupe. Je peux voir sur leurs visages des sourires tout aussi radieux les uns que les autres.
Cependant, un outfit totalement sombre attire mon attention depuis le banc en bois juste devant moi. Un pull, une écharpe, un pantalon et des baskets, tous noirs, que je reconnais immédiatement. La demoiselle.
De sa capuche s'échappent quelques mèches rebelles qu'elle ne cesse d'essayer de ramener en arrière, sans toutefois qu'elles ne lui obéissent. La grosse écharpe qui lui entoure le cou lui monte jusqu'au nez, entrant ainsi en contact avec ses lunettes aux verres arrondis.
La demoiselle se trouve là, assise sur ce banc, des écouteurs vissés dans ses oreilles et un énorme bouquin entre ses mains. Inondée par le brouillard perdurant, elle semble s'être noyée dans les lignes de ce livre qu'elle tient. Elle en est comme happée. Depuis ma position, son titre m'échappe. En revanche, je suis absorbé par son attitude à elle. Elle paraît tellement sereine et apaisée en cet instant que le monde semble s'être effacé de son subconscient.
Ses petits doigts blancs débordant de son large pull s'aventurent vers le livre et en tournent la page. Depuis ce matin, après ce qui s'est passé, je suis tombé sur elle plus d'une fois. Notamment parce que son casier se trouve juste en face de celui que j'ai choisi d'occuper, ce qui est complètement ironique puisqu'elle m'a quasiment fui plus tôt. Mais je n'ai cependant pas pris l'initiative de l'approcher. Je me suis contenté de l'observer de loin, sans qu'elle ne semble me remarquer.
Cette fille m'intrigue d'une façon que je ne saurais décrire. Et ce, depuis le premier jour où je l'ai vu. Elle est si, attrayante. Et puis, j'aimerais trouver des réponses à ces questions qui me trottent dans la tête depuis que j'ai posé les yeux sur elle. Et aussi à celles qui s'y sont ajoutées ce matin. Tout à son sujet est beaucoup trop mystérieux.
— Tu la baises littéralement du regard, mon pote.
Nam m'assène d'une tape amicale à l'épaule, le visage rieur, et suit attentivement l'objet de ma contemplation. Je détourne mon regard vers lui avant de le voir me sourire d'une manière sournoise, le menton soutenu par sa paume.
— Elle te plaît ? ajoute-t-il.
— Qui est-elle ?
C'est tout ce que je veux savoir. Bientôt deux semaines qu'elle occupe mes pensées, et je ne connais toujours pas son identité.
Il plisse le front.
— Tu ne m'avais pas dit que ton père travaillait à l'entreprise Di Luce ?
— Si, mais c'est quoi le rapport ?
— Ton paternel bosse dans cette société et tu ne connais pas cette fille ? s'écrit-il, étrangement surpris.
— Je l'ai vu plusieurs fois dans les locaux, mais j'ai toujours pensé qu'il s'agissait d'une employée.
Il émet un rire nerveux en se passant la main sur le visage, ce qui intensifie ma curiosité.
— Nam, qui est cette fille ? m'impatienté-je.
— Gemini Di Luce.
Di Luce...
Et lorsque je fais le lien entre tous les éléments que j'ai à ma disposition, la courbe de mes lèvres s'étire en un sourire à la nature indéterminable, puis je ramène mes cheveux en arrière d'un mouvement de la main.
Je me disais bien que les airs italiens que j'avais remarqué chez le patron de mon père m'étaient familiers, et c'est justement parce que j'avais pu relever les mêmes chez la demoiselle. Quelle ironie.
Mon regard se redirige vers ce petit corps plus loin devant moi.
Elle ressemble à un ange comme ça. Les traits de son visage sont si détendus qu'on aurait dit qu'elle n'a jamais été triste de toute sa vie, et pourtant, au vu de la scène de ce matin, je suis certain qu'elle n'est pas aussi heureuse que ce qu'elle laisse paraître.
Mais putain, non. Il y a quelque chose d'étrange.
Cette fille m'intrigue pour une raison qui m'est inconnue. J'ai envie de la connaître, de lui parler. Juste la regarder dans les yeux, pas de loin comme je le fais maintenant.
Alors que je tente de me dégager de cette obsession croissante, je détecte du coin des yeux un mouvement à ma droite. Mon ami vient de quitter la pelouse et se tient maintenant debout, me surplombant désormais de son mètre quatre-vingt.
— Je vais chercher à boire, quelque chose de sucré. Tu en veux ?
— Oui, s'il te plaît.
Il ne répond rien, mais hoche simplement la tête avant de me tourner le dos. Je l'observe s'éloigner jusqu'à ce qu'il quitte mon champ de vision.
Et ma tête se tourne à nouveau vers la demoiselle.
Cependant, elle tourne subitement la tête dans ma direction et nos regards s'accrochent aussitôt. La terreur que je peux y lire lorsqu'elle me reconnaît me fait frissonner, et lorsque je la vois s'empresser de refermer son livre, je me précipite en sa direction.
J'ignore ce que cela signifie. Ses deux petites billes vertes apeurées dans les miennes m'ont déchargé comme une sorte de douleur psychique. Et contrairement à ce matin, je suis déterminé à lui parler.
Elle ne va pas filer comme elle a réussi à le faire plus tôt dans la journée.
▷ 𝑵𝑫𝑨 ◁
Hi guys, j'espère que ça va ?
Je n'ai pas grand chose à dire aujourd'hui, c'est un miracle mdr
⇢ Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
⇢ Que se passera-t-il dans le prochain chapitre, selon vous ?
⇢ Quelles sont vos actuelles impressions sur Kayon ? La demoiselle, ou Gemini de son vrai nom ?
kisses, mira <3
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