06 | 𝐒𝐂𝐇𝐎𝐎𝐋 (1)

𝐒𝐂𝐇𝐎𝐎𝐋 (1)
▷ La rentrée.

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SAM SMITH – To Die For ( Acoustic )

02:02 ⎯⎯⎯⎯⎯⎯〇⎯⎯⎯⎯ 03:35

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— Debout, Kayon !

Je pousse un grognement.

— Laisse-moi dormir, dis-je mollement en enfouissant mon visage sous la couette.

— Il n'y aura pas de plainte qui tienne aujourd'hui. Lève-toi, c'est la rentrée. Et puis, il y a ton idiot d'ami dans le salon.

Je lâche un soupir. D'habitude, je suis plutôt enthousiaste à l'idée d'aller à l'école. Non pas pour les cours, mais m'éloigner de la maison et avoir les idées occupées par autre chose me permet de changer d'air. Puis, le sentiment d'avoir accompli quelque chose d'utile à la fin de la journée n'est pas pour me déplaire. Néanmoins, aujourd'hui, c'est une autre histoire.

C'est le « comeback to school », et je ne m'y fais pas.

Ma sœur me tapote encore le pied dans l'espoir de me réveiller, sans savoir que j'ai déjà les yeux ouverts et les idées claires. Mais je ne bouge pas. J'attends que mes muscles reprennent leurs esprits, sinon je risque d'avoir des courbatures.

— Nam est là ? demandé-je.

— Oui.

Je soupire, encore. Puis lorsque j'entends la porte se refermer, je retire la couette de mon corps et m'assieds quelques minutes.

Nam est mon voisin d'en face. Propriétaire de la silhouette qui me faisait signe de la main l'autre soir et que j'ai ignorée. Difficile à croire, mais vrai.

Tout s'est passé très vite, pour tout dire.

Le jour du défi avec mon père, je suis rentré aussitôt le soleil couché. Lui, bien-sûr, y est resté travailler encore un peu. Je n'en ai d'ailleurs pas été surpris. Donc, j'ai pris le métro, ensuite le bus, et je suis rentré. À part ma rencontre avec la demoiselle, tout le reste de la journée m'a été d'un ennui total, à tel point que je me suis endormi dans le bureau.

J'étais réellement enchanté de retrouver mon lit. La fatigue s'était totalement accaparé mon corps et je rêvais déjà de dormir. Mais alors que j'arrivais au niveau du portail de chez moi, la porte de la maison d'en face s'est soudainement ouverte et j'ai entendu des cris. Évidemment, je me suis tourné pour regarder, et c'était Nam.

Une dame lui criait dessus, alors que je lui riait nerveusement et tentait de lui expliquer la situation, sans qu'elle ne veuille l'entendre. J'ai immédiatement reconnu sa carrure, et je me suis dit « c'est le con qui m'a salué samedi ». La femme lui a ensuite fermé la porte au nez. Il continuait de la supplier de ne pas le laisser dehors, et moi je riais. La situation m'amusait.

En réalité, c'est la manière avec laquelle il l'implorait qui me faisait marrer.

Je ne savais pas ce qui s'était passé, mais j'en riais. Et puis, quoi que c'était, ça ne devait pas être aussi grave que ça puisque lui riait nerveusement et la dame ne semblait pas aussi énervée que ça. Je dirais plutôt exaspérée.

Je continuais de rire dans mon coin quand il s'est retourné et m'a vu. Immédiatement, il m'a reconnu — et j'en ai d'ailleurs été surpris — puis il s'est rapproché de moi à grands pas. J'aurais voulu rentrer à toute vitesse, mais je n'en aurais jamais eu le temps. Il m'a parlé, j'ai répondu lassement. Juste par courtoisie, en fait. Mais j'ai vite aimé son aura, et il s'est avéré intéressant de discuter avec lui. Alors, je lui ai proposé de passer le temps chez moi, et il a accepté.

Ce n'est pas quelque chose que je fais d'habitude mais il faut dire que lui, il dégageait quelque chose qui m'a tout de suite rassuré et mis en confiance. Nous avons fait connaissance. Il s'appelle Nam Soriano, il est philippin et il a dix-huit ans depuis le mois dernier.

La réalité me rattrape assez vite. Ce matin, je crains le pire.

Ce sera mon premier jour dans ce lycée. Comment suis-je censé me comporter ? Aucune idée. Mais je ne compte en aucun cas porter un masque. Je suis Kayon, sous tous ses angles. Il est vrai que ça ne sera pas aussi facile et détendu que je le pense, parce que généralement, c'est plutôt stressant de se retrouver au milieu de gens inconnus. Mais honnêtement, je ne m'en fais pas plus que ça. Heureusement que Nam est dans le même lycée.

Je vois Kamie rentrer à nouveau dans ma chambre, la poitrine à peine soutenue d'un soutien-gorge et la chemise ouverte. Non boutonnée. Je lui lance un regard mauvais qu'elle ignore. C'est son habitude. Elle aime beaucoup trop se pavaner peu vêtue dans la maison, et moi ça m'irrite.

— Habille-toi, idiote.

— Où est ton déodorant ? fait-elle mine de ne pas avoir entendu ma remarque.

— T'es sourde ? Habille-toi j'ai dis.

— Oh, allez, ce n'est pas comme si tu ne m'avais jamais vue comme ça. Il est où ton déo ?

Je quitte mon lit, la mine sombre.

— Dans l'armoire.

— Merci. Et si tu veux mon avis, prends un café après ta douche. Tu devrais voir ta tête. On croirait que tu as assisté à une scène meurtre.

Je hais définitivement la foule.

En ces trois mois de vacances, j'avais complètement oublié à quel point c'était angoissant et énervant de se retrouver au cœur d'une pile de monde, bousculé de part et d'autre par des adolescents tous aussi nerveux les uns que les autres. Et le pire dans tout ça, c'est que je suis tellement énervé que je préfère me taire au risque de laisser fuser des injures à l'intention de gens que je ne connais ni d'Adam ni d'Ève. C'est la première fois que je mets les pieds ici, et cet endroit est destiné à accueillir ma dernière année de lycée. De ce fait, mieux vaut faire profil bas.

Je tiens fermement la main de ma sœur. Si jamais je fais l'erreur de la lâcher ne serait-ce que quelques minutes, je peux lui dire au-revoir jusqu'à ce que cette foule se dissipe. Et en ce jour de rentrée scolaire, ça risque de prendre des heures.

Elle et Nam se disputent dans mon dos. La raison ? Futile. Lui aussi veut lui tenir la main, mais elle refuse catégoriquement. Elle ne l'aime visiblement pas beaucoup. Ce qui est plutôt compréhensible au vu de comment a été leur premier contact. Il faut dire qu'il l'a quand même mise en rogne, ce jour-là. Kamie déteste les gens collants, et c'est exactement le genre de Nam.

Ça me fait de la peine, parce que je crois qu'il craque pour elle. Je n'en suis pas convaincu, Nam est quelqu'un d'un tempérament très posé et joueur. Il est difficile de discerner quand il s'amuse de quand il est sérieux. Mais au vu de comment il tient absolument à avoir un contact physique avec elle, mes doutes sont bien fondés.

— Vous voulez bien vous taire un instant ? les apostrophé-je.

— Kayon, mon pote, détonne le philippin, dis-le lui toi. Pourquoi elle ne veut pas que je lui tienne la main ? - en s'adressant à Kamie - Tu me trouves vraiment aussi repoussant que ça ?

— Honnêtement, oui, lui répond cette dernière.

Je soupire.

— Fermez-la, je vous en supplie.

Le ciel est couvert, je crains qu'il ne pleuve. Il fait aussi très froid.

Alors, dès que les grandes grilles du lycée s'ouvrent et que j'en ai l'occasion, je me glisse entre les vagues déferlantes d'humains enragés et m'immisce dans la cour. La châtaine et le philippin sur mes pas, je pénètre finalement dans le bâtiment de l'administration et respire un bon coup.

Enfin à l'intérieur.

Tout est drôlement propre ici. Il est écrit, en très grands caractères, le mot « ADMINISTRATION » sur la façade du bâtiment, et la décoration intérieure fait très professionnel. Toutes les portes sont en bois massif verni, le sol semble avoir été lavé plus de cinq fois à l'eau de javel et il y règne une odeur très agréable. De là où nous sommes, nous pouvons entendre tourner des moteurs de climatiseurs. Il n'y a que ça qui rompt le silence.

Nam se dirige vers le tableau d'affichage, nous le suivons.

— C'est dit que nous devons voir le directeur avant toute chose. Il se chargera de nous informer de nos classes et du règlement intérieur.

Comme il le dit, nous longeons le couloir en direction du bureau de ce fameux directeur. Nam semble connaître les lieux comme sa poche, ce qui est tout à fait normal pour quelqu'un qui a passé toute sa scolarité entre ces murs.

Tout est très spacieux ici, j'aime bien.

La marche ne fut pas longue, il ne nous a fallu que cinq minutes pour arriver devant la pièce. Nam toque, puis une voix tonitruante nous donne l'autorisation d'entrer.

À peine avons-nous ouvert la porte qu'une brise glacée se cogne à mon corps déjà frileux. Avec tout le froid qu'il fait dehors il a encore le cran de mettre la climatisation et, en plus, à cette puissance-là ? Décidément.

Nous nous engouffrons tous les trois dans le bureau et refermons la porte derrière nous.

Une odeur familière de roses m'enivre systématiquement. Ça sent comme...comme le « parfum » que se trimballe ma sœur à tout bout de champ. Je redirige mon regard vers elle. Elle semble avoir reconnu l'odeur puisqu'elle s'empourpre. J'en ris intérieurement.

Devant nous se tient un homme, de la quarantaine à peu près. Assis de l'autre côté de cette immense table, il a le nez plongé dans un registre et remonte sans cesse ses lunettes sur son nez d'un coup de la main. Sa chevelure aux racines d'un noir intense est presque entièrement recouverte de blanc. Et pourtant, il n'est pas aussi vieux que ça au premier regard. Sans doute le stress du travail.

La décoration s'accorde parfaitement à l'image qu'il renvoie, c'est-à-dire celle d'un quarantenaire philosophe et très curieux de ce que cache la vie. Il me semble être quelqu'un d'extrêmement cultivé et très attentif.
Il en va de même pour son sens de l'esthétique, ce bureau est sublime.

Les murs sont recouverts de mosaïques aux nuances couleur chocolat, excepté celui auquel il donne dos et qui regorge d'œuvres d'art et de diplômes encadrés. Cela crée une parfaite harmonie entre le parquet terne et le bureau verni de la même couleur que toutes les portes que j'ai pu voir jusque là.

La table est ensevelie sous plusieurs piles de papier et des registres desquels le monsieur ne semble pas avoir envie de détourner les yeux.
Il y a des stylos. Beaucoup de stylos.
Et une photo de famille sur laquelle on peut le voir, lui, ainsi qu'une femme et trois enfants : un grand garçon et deux petites filles qui se ressemblent atrocement. Tiens, des jumelles.

— Que puis-je faire pour vous ? s'enquiert le directeur.

Sa voix exagérément retentissante me sort de mon moment d'admiration, elle résonne ensuite au moins trois autres fois avant de se dissiper. C'est Nam qui répond.

— Bonjour, monsieur. Vous vous souvenez de moi ?

Le quarantenaire le regarde intensément, puis s'adosse dans son siège avant de joindre ses mains sous son menton.

— Nam Soriano, l'élève le plus turbulent de cette école, détonne-t-il.

Mon ami émet un rire nerveux en se grattant la nuque.

— Euh...ouais, si vous voulez. J'ai vu qu'il fallait venir vous voir pour prendre les informations, cette année. Alors je suis là. Avec mes amis.

Il lève un sourcil, soupire et replonge son nez dans un cahier. Il le feuillette quelques secondes puis lève à nouveau la tête.

— Vos noms, jeunes gens ?

— Kayon et Kamie Durand, je réponds aussitôt.

— Hum... Kayon Durand et Nam, Terminale C2, salle treize du bâtiment F. Quant à la fille, c'est la Terminale A2, salle neuf du bâtiment B.

Kamie soupire dans mon dos. Elle se retrouve dans une classe différente de la mienne à cause de sa série, et je me doute bien que cela ne la met pas en confiance. Elle ne connaît personne et ça l'effraie.

— Nam, vous êtes déjà au courant du règlement intérieur de cet établissement, mais vous, jeunes gens, je pense bien que vous êtes nouveaux ?

— C'est exact.

— Ce qu'il faut savoir avant tout, c'est que nous privilégions le respect, ici. En ce sens, tout acte offensant envers un autre élève ou un professeur est puni de renvoi temporaire. L'élève est prié d'être présentable, bien habillé et coiffé, et surtout, de savoir se tenir. À chaque fin de trimestres, vous aurez des partiels, autrement dit, des examens. Les notes que vous en ressortirez seront prises en compte lors du calcul de vos moyennes. En cas de retard, vous êtes dans l'obligation de venir me voir, me présenter un motif valable justifiant votre retard et moi, à mon tour, je vous remettrai un billet d'entrée que vous passerez au professeur. Si, néanmoins, je juge le motif non valable, vous devrez attendre que le cours soit terminé afin de pouvoir entrer en classe. La propreté fait partie intégrante de nos valeurs, donc il n'est en aucun cas permis de jeter des ordures dans la cour de l'école ou dans les couloirs des bâtiments. Si jamais vous êtes surpris en plein délit, vous serez puni. Les téléphones portables sont autorisés, à condition d'être laissés dans une caisse gardée par le professeur avant chaque cours. Ne vous inquiétez pas, vous pourrez le récupérer juste après. Une bibliothèque, une salle informatique, une salle de musique et une piscine sont mis à votre disposition si jamais vous en avez besoin. À l'arrière du bâtiment G, il y a une salle dédiée aux cérémonies de l'école. Maintenant qu'on en parle, sachez qu'après tous les partiels, l'établissement organise une compétition entre les classes. Chacune se verra attribuer une histoire qu'elle devra interpréter en pièce de théâtre. Il revient aux délégués d'élire les élèves qu'ils jugent aptes à avoir les rôles. Les gagnants sont désignés par le comité administratif, et ils bénéficieront de plusieurs lots, à savoir des smartphones, des ordinateurs portables ou même des sorties scolaires. Il y a d'autres choses à savoir, mais cela devrait suffire pour l'instant. Votre ami se chargera de vous instruire sur le reste du règlement. Allez, ce sera tout.

Il a laissé glisser ces mots sur sa langue comme s'il les avait appris par cœur. J'en suis ébahi.
Son regard noisette nous ordonne presque de quitter son bureau alors que ma sœur et moi essayons de nous remettre de son monologue. Je ne crois pas avoir compris grand-chose, mais je le remercie et suis les deux autres en dehors de la pièce.

— C'est une machine à parole, annonce Kamie.

Elle semble amusée de la scène de tout à l'heure, mais je vois encore une lueur de crainte dans ses yeux. Je veux néanmoins qu'elle sache que je suis là pour elle, peu importe qu'on soit dans la même classe, la même école ou la même ville. Je suis son grand frère après tout, si je ne le fais pas, qui le fera ?

Je passe le bras autour de ses épaules et la serre contre moi alors que nous retraçons le couloir pour sortir de ce bâtiment. Son petit corps se laisse secouer et elle rit avant de me rendre mon étreinte.
Je vois mon ami faire la moue à mes côtés et ça m'arrache un sourire. Il meurt d'envie de la toucher ne serait-ce que le petit doigt, mais elle ne veut pas.
C'est hilarant.

▷ 𝑵𝑫𝑨 ◁

Hi Guys, vous allez bien ?
Je n'ai pas grand chose à dire dans cette note haha, à part peut-être que ce chapitre est divisé en deux parties parce que bien trop long.
La deuxième sera postée dans trois jours à peu près, ça dépendra de mon emploi du temps :p

BREF !

▷ Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

▷ C'est la rentrée pour nos ados, comment ça va se dérouler d'après vous ?

Kiss kiss ❤️

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