04 | 𝐋𝐎𝐍𝐄𝐋𝐘
𝐋𝐎𝐍𝐄𝐋𝐘
▷ Seul.
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AVICII - The Nights ( cover by Angie N. )
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- Enfin à la maison ! hurle Kamie alors que nous passons à peine le seuil de la porte d'entrée.
Elle s'est réveillée pendant le trajet, juste après que mon père m'ait adressé ces quelques mots qui m'ont tant surpris. De sa voix endormie, elle m'avait interrompu dans mon élan alors que je m'apprêtais à lui répondre et depuis, elle ne fait que gueuler sans même prendre le temps de respirer. Son enthousiasme me choque. On ne dirait pas quelqu'un qui était endormi il y a encore un quart d'heure.
Comme je m'en doutais, à son réveil, elle a complètement oublié cette soirée immonde qu'elle a passée par la faute de son père et lui a sauté dans les bras comme s'il ne s'était rien passé. Et lui, de son éternel air innocent, il a souri et l'a serré à son tour, manquant de perdre le contrôle de la voiture.
Je les observais sans rien dire. Après tout, qu'aurais-je pu avancer ? C'est la famille, dirait ma mère. Et puis, je connais ma sœur. J'avais prévu cette réaction de sa part. Elle est beaucoup trop compréhensive.
Nous traversons rapidement le jardin avant d'arriver à la maison. Mon père se charge d'allumer les lumières et, bientôt, nous voilà dans le salon.
La décoration a changé.
Les fauteuils, qui autrefois étaient d'un marron à rayures noires et mauves, sont maintenant d'un bleu marin unique et très foncé. Comme le fond de la mer. Les motifs muraux ont eux aussi été changés, tout comme la table basse dont le design a été modifié par l'ajout d'une vitre.
Il y a même un aquarium à l'angle de la pièce.
Des reflets colorés ornent l'eau claire. Les coraux dans le fond du bocal ont l'air de bouger, on pourrait les croire réels. Et puis, il y a ce petit poisson rouge trop mignon qui a l'air de s'éclater à l'intérieur.
Il faut croire que derrière cette image de gros dur, mon père a un faible pour la décoration. Je ne le dirai pas, mais j'aime bien cet air nouveau qu'il a apporté à la maison.
Ma sœur s'enthousiasme à côté du poisson. Elle pousse un petit cri à chaque fois qu'il fait un tour, c'est beaucoup trop niais.
- Je vais dans ma chambre, annoncé-je.
Je n'attends aucune réponse de leur part pour récupérer ma valise et m'éclipser dans le couloir menant aux autres pièces. Non pas que leur compagnie me gêne, mais je suis fatigué. Après une si longue journée j'ai bien le droit de me reposer.
D'autant plus qu'il ne reste qu'une semaine avant la rentrée.
Lorsque j'arrive devant la porte de ma chambre, j'y marque un arrêt et observe la pancarte accrochée. Elle indique mon prénom. Kayon.
Je me souviens qu'avec mon père et Kamie, on en avait fabriqué deux comme ça à l'été de notre dernière année de primaire. Il venait d'emménager dans cette maison, et nous arrivions pour la première fois ici pour passer les vacances avec lui. Ma jumelle n'arrêtait pas d'entrer dans ma chambre accidentellement, elle avait du mal à reconnaître sa porte vu que les deux pièces se faisaient face. Alors, on a eu l'idée de fabriquer ces bouts de bois.
Je souris à la vue des étoiles que j'avais collées dessus. Mon côté niais de l'époque me gêne, bien que ce soit passé. On connaît tous ça je crois : se sentir mal à l'aise par rapport à une scène déroulée antérieurement. Ça fait combien d'années ? Huit ans ? Neuf ? J'en rirais presque.
Rien n'a changé dans cette chambre depuis la dernière fois que j'y ai mis les pieds. Elle est exactement comme je l'avais laissée. Le tapis est toujours le même, les livres sur l'étagère sont rangés de la même manière et les affaires dans l'armoire n'ont pas bougé d'un pouce. Il n'y a que le ménage qui a été fait et les draps du lit changés.
Néanmoins, je prends la peine d'ouvrir les volets de la fenêtre afin de faire dégager cette odeur de « fermé » qui a envahi la pièce. Elle est étouffante.
Je pose ma valise dans un coin de la pièce, prends une douche et m'installe sur mon lit après m'être changé. Je déplierai mes affaires demain. Pour l'instant, je veux juste dormir. Mon corps hurle au sommeil de l'emporter, mais en vain. Je n'arrive pas à fermer l'œil.
Mes pensées se bousculent. J'ai la tête en pagaille.
Je perds mes repères à peine mes paupières closes. Comme si je n'arrivais plus à distinguer la pièce dans laquelle je suis. Je visualise les murs de ma maison à Lyon au lieu de ceux-ci. J'arrive à imaginer la structure de mon ancienne chambre, mais pas de celle-ci.
Je suis perdu.
Je me sens angoissé sans en connaître la raison. Je stresse. Je ne me sens pas à l'aise, si bien que j'en ai des bouffées de chaleur. Ma chambre est plongée dans le noir, et emmitouflé dans mes draps, je n'arrête pas de tourner en rond. J'entends ma sœur dire bonne nuit à mon père, puis sa porte qui claque. Elle est sûrement allée se coucher.
Je ne sais pas ce qui se passe, ni pourquoi je me sens autant mal dans ma peau ce soir, mais j'ai une boule au fond de la gorge qui ne veut pas me laisser dormir tranquillement. Et lorsque je fixe le plafond, je crois comprendre.
Je pense que je ne me suis pas encore fait à l'idée que désormais, il n'y aura plus maman pour me réveiller les matins, pour m'ouvrir les rideaux, pour me faire le petit déjeuner ou même pour me hurler d'aller me doucher lorsque je reste trop longtemps au lit. Désormais, il n'y a plus que moi, papa et Kamie.
Une bousculade dans cette routine à laquelle j'étais tant abonné.
L'idée de vivre désormais avec mon père m'ôte de cette toile de vie que je m'étais tissée. Ma mère a toujours fait partie de mon quotidien. Je n'aurais jamais cru devoir la quitter un jour, et surtout pour m'en aller auprès de mon père. Ça me fait peur.
Je ne sais pas si je vais réussir à m'habituer à tout ça. Certes, j'ai déjà passé beaucoup de temps avec mon géniteur. Mais ce n'est pas pareil. On parle de l'histoire d'une vie, et c'est très différent de « vacances d'été. » Tout ce que j'espère, c'est de pouvoir me créer une routine ici et m'y faire une fois pour toute.
Alors que tout se cogne dans mon esprit, j'en viens à me demander ce que fait ma mère en ce moment.
Elle avait promis de me rappeler mais ne l'a pas fait. La soirée à l'hôpital doit être agitée.
Je récupère mon téléphone portable au chevet du lit, ouvre la boîte de messagerie et consulte les quelques notifications qui me sont parvenues. Je ne sais pas si je suis le seul à faire ça, mais il m'est primordial de répondre à tous les messages que je reçois avant de m'endormir. Sinon, je n'y arrive pas.
Il n'y en a pas beaucoup, juste trois. Un message d'un ami de l'école à Lyon, un autre d'Instagram et le dernier est une notification de Youtube. J'en fais abstraction, réponds rapidement à mon ami et mets l'écran en veille.
Je suis quelque peu déçu de n'avoir reçu aucun message de ma mère, mais ce n'est pas grave. Elle doit être occupée. Et puis, ce n'est pas comme si j'en pleurerais. C'est du déjà vu. Mes parents sont les rois des occupations.
J'ai peut-être tort de penser de la sorte. Certains diront qu'ils travaillent autant afin de subvenir à nos besoins et que je fais preuve d'ingratitude en agissant comme je le fais. Mais ce sentiment de solitude que l'on ressent lorsque nos parents ne sont jamais auprès de nous, c'est quelque chose que seuls les personnes dans mon cas comprendront.
Plusieurs fois j'ai dû me passer de parents aux réunions organisées par l'école. Plusieurs fois j'ai dû, moi-même, signer des papiers qui devaient être vus par mes géniteurs. Et plusieurs fois j'ai été obligé d'aller récupérer mes dossiers scolaires moi-même ainsi que ceux de ma sœur alors que c'était eux qui auraient dû le faire.
À mon âge, c'est plutôt normal. Sauf lorsque l'on prend en compte le fait que je n'avais que treize ans à l'époque.
Le travail, c'est bien. Je ne dirai pas que je manque de quelque chose, parce que ce serait complètement faux. Mes parents ont toujours su couvrir tous nos besoins. Mes cours sont payés, j'ai un smartphone et un ordinateur dernier cri, je vis dans des conditions aisées. Néanmoins, est-ce trop demandé d'avoir au moins un parent pour m'écouter lorsque j'ai besoin de parler ou de demander conseils ? Je n'ai pas l'occasion de parler de tout ce qui se passe dans ma tête, et jamais personne ne me demande comment ça se passe dans ma vie.
Mon père ne m'a jamais demandé si je me portais bien, si ça allait au niveau scolaire ou même si j'avais des problèmes. Ma mère ? Elle s'est toujours dit que ça allait.
C'est peut-être ce qui m'a poussé à sombrer.
Depuis l'incident de la dernière fois, je me dégoûte. Je culpabilise. Sans cesse. Jour et nuit. Je hais ma personne. Et lorsque je me sens on ne peut plus mieux et que je commence à reprendre confiance en moi, il y a toujours cette petite voix dans ma tête qui me rappelle le monstre que je suis et qui me hurle que je suis la cause de tout ça.
Maman aurait voulu que nous soyons avec elle. Mais par ma faute, nous en sommes là. Papa aussi aurait peut-être voulu continuer à ne nous recevoir qu'en vacances. C'est à cause de moi. Tout à cause de moi.
- Merde, marmoné-je en enfonçant mon visage dans l'oreiller.
Il n'y a rien de pire que de se savoir coupable.
Les quelques faisceaux lumineux qui s'immiscent dans ma chambre par le biais de la fenêtre ouverte me dérangent. Je mérite d'être plongé dans le noir, la lumière n'a pas sa place auprès de moi.
Alors, nonchalamment, je quitte mes draps, marche lentement vers la fenêtre et ramène les volets à moi. Sauf que, au moment de tirer les rideaux, une silhouette dans la maison en face de moi attire mon attention.
Ma chambre donne sur le jardin, et donc directement sur la rue. Il m'est possible, en ce sens, d'apercevoir les maisons nous faisant face.
Je distingue un garçon. Debout devant sa fenêtre, il semble être en train de faire la même chose que moi : la fermer. Sauf qu'il me remarque. Et à ma grande surprise, il me fait signe de la main.
Un genre de salut.
Je reste stoïque devant ce geste, l'observant juste se tortiller dans tous les sens pensant sûrement que je ne le vois pas. Et c'est en quelque sorte le cas.
Il fait nuit. Je n'arrive pas à discerner son visage ou même son teint, seule sa silhouette me donne un indice sur son genre. Mais ce n'est pas assez pour que je sois rassuré. De plus, je viens d'arriver, je ne sais même pas qui il est ni s'il existe vraiment. J'ai regardé assez de films d'horreur pour reconnaître cette scène parmi certains d'eux.
Alors, d'un geste sec, je tire les rideaux d'un coup sans même prendre la peine de répondre à son signe de main. On ne sait jamais.
Mais je n'ai pas envie de retourner au lit. Le sommeil n'a visiblement pas envie de venir à moi, donc je sors silencieusement de la chambre et traverse le couloir. Les lumières sont éteintes. Sauf que, lorsque je mets pied dans le salon, qu'elle n'est pas ma surprise quand je vois mon père assis devant la télé, une manette de jeu à la main. L'écran de la télévision est en marche, et j'y remarque branchée sa console de jeu.
Alors là.
- Tu joues drôlement tard, dis-je en dirigeant mes pas vers la cuisine.
Il sursaute.
- Tu m'as fait peur, rit-il.
Il ne s'attendait sûrement pas à me voir là.
Je me sers de l'eau dans un verre et l'engloutis sans attendre plus longtemps. J'ai un petit creux, alors je pars à la recherche de quoi manger dans le réfrigérateur. C'est vrai que je n'ai rien avalé lorsque nous sommes arrivés.
- Ta sœur t'a gardé quelques parts de pizza, elles sont dans le micro-ondes.
- OK.
Les bienfaits d'avoir une sœur attentionnée.
Je récupère l'assiette de là où il m'a indiqué et vais m'asseoir dans le canapé, à côté de lui. Il galère vraiment dans ce jeu. FIFA, ce n'est pas aussi compliqué que ça.
- Tu joues vraiment mal tu sais, je te battrais à plate couture.
- Mais c'est que tu es drôlement sûr de toi, fiston.
Il me défie du regard, je soutiens cette bataille visuelle dans laquelle il me lance.
- Il y a une manette sur la table basse. Si tu perds, lundi tu m'accompagnes au bureau et tu seras mon assistant.
- Par contre, si TU perds, tu me devras cent cinquante euros.
- Marché conclu.
▷ 𝑵𝑫𝑨 ◁
Hey tout le monde ! J'espère que vous allez bien ?
C'est la journée internationnale des droits de la femme. Ayez confiance en vous, ne vous laissez pas marcher sur les pieds, préservez votre dignité et surtout, valorisez vous. La femme, elle donne la vie. La femme, elle a le droit de vivre comme elle veut. La femme, elle a le droit d'avoir le même salaire et le même traitement que l'homme. La femme, elle mérite cette journée, et elle l'a. Nous sommes toutes exceptionnelles.
Voilà, j'ai beaucoup parlé mais cette journée c'est vraiment quelque chose qui me tient à cœur. C'est l'occasion de lutter contre le sexisme, de revandiquer de nouvelles lois en faveur des droits de la femme et tout ce qui va avec.
Enfin bref ! Revenons à nos moutons.
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre, sincèrement ? Mille et une corretions et je suis toujours dans le doute ><
▷ On rentre un peu plus dans la tête de Kayon. On en sait davantages sur ces pensées, sur lui-même. Que pensez-vous de ces sentiments ? Est-il ingrat de penser comme il le fait ?
▷ Il a parlé d'un incident dont il était coupable, qu'est-ce que cela peut bien être ?
▷ Des suggestions pour la suite ?
J'ai bien ri en écrivant la scène du voisin qui lui faisait signe mais qu'il a ignoré mdrr
Allez, kiss ❤️
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