Jeno observait le visage endormi de Jaemin contre son épaule, et un sourire à la tendresse sans pareille lui étira les lèvres.
Il aimait voir son ami se reposer un peu après avoir enfin accepté de manger, la crainte quand à son état lui avait pétri le cœur trop longtemps, la maigreur et les cernes apparentes se dévoilait comme une lourde sonnette d'arlame. Voilà pourquoi il avait mit de côté sa fierté pour quémander de la nourriture à leurs ennemis, la santé de Jaemin passait avant tout à ses yeux.

Quant à lui, et bien il n'avait qu'à peine besoin de se nourrir. En réalité il ne ressentait jamais la faim et ne pouvait pas s'amaigrir au point d'en mourir. Son poid il le contrôlait grâce à ses pouvoirs, sans manger il pouvait tenir des mois entier, peut-être même des années. Les scientifiques de la prison Noire avait fait tellement de test pour connaître ses limites qu'il se savait doté d'une capacité de survit hors normes.
C'était là le plus gros avantage à être un mutant.

- Ils attendent quoi pour venir nous chercher ? Renjun aurait du être là depuis longtemps, ronchonna Jaemin en ouvrant doucement les yeux.

- Je pensais que tu dormais, murmura-t-il franchement déçu.

- Je ne peux pas, c'est trop dangereux de dormir

Jeno poussa un long soupir en observant les cernes de son ami, l'inquiétude le rongeant encore trop fort. Et il était parfaitement conscient que son visage possédait lui aussi des traits de fatigues similaire, et cela ne prévoyait rien de bon.
Ils ne pourraient pas continuer à dormir d'un seul œil bien longtemps, leurs corps ne tiendraient pas le coup.

- Pour répondre à ta question, je ne sais pas non plus pourquoi il ne sont toujours pas là. Mais peut-être ont-ils eût des complications les ayant ralenti ? il ne peuvent pas nous avoir abandonner, surtout si ils savent que nous sommes avec les traîtres, lâcha-t-il le plus bas possible, pour éviter à n'importe quel habitant de cette petite maison de l'entendre.

- Renjun ne pourrait pas nous abandonner. Même s'il doit risquer sa vie, il nous cherchera, affirma Jaemin.

Jeno hocha la tête avant de poser cette dernière sur celle de son camarade.
Il restèrent par la suite complètement silencieux, attendant que le temps file plus vite ou qu'un événement aléatoire ne vienne chasser leur ennui devenu insupportable depuis quelques jours.
Cela allait faire au moins une semaine qu'ils étaient là, vivant sous le même toit que des humains et des mutants ayant trahi leur race.
Même si aucun ne l'avouait, ils se savaient tout les deux morts de peur et priaient pour que leur chef se dépêche d'envoyer des alliés les sauver.

Au sein de la Prison Noire, les deux adolescents avaient prêté allégeance à Jiyong sans même hésiter.
Cet homme était plus âgé, plus intelligent, plus doué et incroyablement fort pour rassembler des troupes. Ils savaient qu'ils avaient fait le bon choix et étaient prêt à exécuter le moindre de ses ordres, une confiance aveugle les englobait.
Aucun des deux n'avaient hésité au moment où il leur avaient ordonné de pousuivre la bande de traître durant la bataille. Ils auraient seulement aimé réussir cette mission et se sentir fier face à leur chef.
Jeno avait peur que cet échec n'ai déçu Jiyong et que, par conséquent, il ne décide de les abandonner.

Peut-être même que tout le monde les croyaient mort, mais cela serait surprenant puisque, avec ses pouvoirs, Renjun serait capable de distinguer leurs présences encore vivante.

Leur ami, leur plus fidèle allié et la pièce manquant à leur fameux trio en ce moment même, jamais il ne se laisserait croupir dans la certitude de leur mort. Ce gamin de leur âge, au mental incroyable malgré sa taille et sa carrure frêle, pourrait remuer ciel et terre pour les retrouver. C'est ainsi que leur trio fonctionnait, ils se protégeaient depuis leur plus tendre enfance au sein de cette prison qui les avait accueilli trop jeune, alors qu'ils lisaient et parlaient à peine correctement.
Les trois adolescents ne se séparaient jamais habituellement, et Jeno devinait leur petit brun actuellement mort d'inquiétude et certainement très seul, même entouré de nombreux mutants fidèle à Jiyong. Eux, ce n'était qu'à trois qu'ils se sentaient en sécurité.

Peut-être d'ailleurs que si Renjun était avec eux en ce moment, alors la peur, l'incertitude et l'épuisement mental serait moins dur à supporter.

L'absence de son ami lui pesait, et plus les jours passaient, plus de sinistres hypothèses l'envahissait. La dernière fois qu'il avait vu le brunet c'était durant la guerre, juste avant que Jaemin et lui ne doivent s'en allez poursuivre les traîtres. Renjun était resté au centre la bataille, une bataille sanglante et dangereuse, peut-être qu'il...

Non, il refusait de penser son ami autrement qu'en un seul morceau.

- Je veux allez au toilette ! S'exclama subitement Jaemin, alors qu'un garçon passait devant eux.

Ce dernier, un humain du nom de Yoongi, afficha un rictus en leur lançant un regard dédaigneux. Puis regarda autour de lui, certainement à la recherche de quelqu'un à qui refourguer cette corvée.

- Tu peux me détacher, je connais le chemin et je ne tenterais pas de fuir, mentit Jaemin, avec un sourire se voulant adorable mais qui ne masquait en rien sa moquerie.

- Mais bien sur... pourquoi il faut que ça tombe sur moi sérieux, se lamenta Yoongi qui aidait déjà l'adolescent à se lever pour le mener au toilette.

Jeno eut envie de rire de la scène mais, bien avant que ses lèvres ne viennent s'étirer, il remarqua une silhouette dans un coin de la pièce, qui le fixait d'un œil presque... calculateur.
L'humain, qu'il identifia comme Namjoon, semblait attendre un occasion comme celle-ci, ou l'un des jeune prisonniers se retrouverait seul, puisqu'il s'approcha de lui et vient s'accroupir à sa hauteur.

- Qu'est-ce que tu veux, demanda amèrement Jeno, n'ayant certainement pas oublié la manière dont son vis à vis lui avait fracassé le crâne quelques jours plus tôt.

- Je veux parler avec toi, tu sembles un peu plus ouvert à la conversation que ton camarade, affirma Namjoon avec un petit sourire se voulant très certainement sympathiques.

- Je n'ai rien à te dire.

- C'est bien dommage, dans ce cas c'est moi qui vais parler.
Je sais que vous ne nous appréciez pas vraiment et, de ce que j'ai compris avec les mutants, c'est parce que vous êtes allié à un certain Jiyong qui est "l'ennemi" de Chanyeol et qui a essayé de le tuer.

- Plutôt bien résumé, mais il y a quelques erreurs. Déjà ce n'est pas que je ne vous apprecie pas, disons plutôt que je ne vous aime pas tout court.
Et ensuite Jiyong-hyung n'a jamais essayé de tuer Chanyeol, au contraire il voulait les sauver, lui et ses amis, en les ralliant à sa noble cause.

- Noble cause qui a pour but de tuer tout les humains parce qu'il se considère supérieur à eux ?

Jeno grinça des dents. Il n'apprécieait pas les paroles de Namjoon, et encore moins le ton supérieur que cet homme employait.

- Jiyong veut seulement que les mutants soient accepté et puissent vivre en paix. Certes, cela passe par la guerre, mais c'est inévitable puisque les humains refusent de nous voir autrement que comme des sujets qu'ils peuvent exploiter !

- Si tout les humains étaient comme ça, je n'aurais pas accueilli dix mutants sous mon toit, je n'aurais pas mis en dangé mes amis pour protéger des "fugitifs".

Le jeune mutant se tut, ne sachant quoi répliquer à cela.
Son cerveau tournait à cent à l'heure pour trouver une réponse adéquate, mais cela ce révélait difficile car lui-même ne comprenait pas tout à la situation.

En observant les habitants de la maison depuis une semaine, il avait commencé à comprendre qui était qui et pourquoi les humains étaient venus sauver des mutants.
Il avait compris que tout cela n'était seulement dû qu'au fait que Jeon Jungkook, un mutant arrêté récemment, vivait dans cet endroit en compagnie des humains, qu'il considérait comme sa famille.
Cela faisait peut-être d'eux des gens un peu plus bienveillant envers la Mutation, mais il ne représentaient qu'une minorité face à tout les humains haineux les ayant enfermé et torturé toute ces années.

- Même si tu te proclame être un gentil humain, tu te trompes de camp en protégeant ces personnes, finit-il par dire en relevant la tête, enclin à exprimer une fierté et une force qui déclinait en lui.

- Et pourquoi est-ce qu'ils sont si mauvais selon toi ?

- Ce sont des traîtres qui ont voulu s'opposer à Jiyong-Hyung !

- Tu les as vu s'opposer à lui ? Où est-ce ton "chef" qui t'as raconté cela et tu l'as cru sans preuve ?

Jeno ouvrit la bouche mais, cette fois, aucun son n'en sortit.
Il est vrai qu'il n'avait rien vu de tel, mais de toute manière Jiyong ne leur aurait pas menti et n'aurait pas surnommé ces personnes des "traîtres" sans raison.

- Tu sais ce que je pense ? Toi, Jaemin et peut-être bien d'autre mutant de cette "alliance", vous êtes naïf et influençable.
Je ne te blame pas, tu es jeunes et tu n'étais sûrement qu'un enfant quand tu t'es fait enfermer. Vous avez subi des choses que personne ne devrait subir à un si jeune âge... Enfin, que personne ne devrait subir tout court.
Jiyong s'est sûrement présenté à vous comme un héro, un répère, un adulte à qui vous pourrez faire confiance.
Car c'est bien connu, les enfants ont besoin d'adulte pour les guiders et les rassurer. Il était cette figure là pour vous, n'est-ce pas ? alors vous l'avez suivit les yeux fermé et c'est normal.

- Pourquoi vous pensez tous qu'il est mauvais ? Vous ne le connaissez même pas... , demanda Jeno en sentant des tremblements monter à sa gorge.

La tournure de la conversation ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout. Toute la fatigue et le stress accumulé le rendait plus faible, il ne se sentait que trop prêt de craquer.

- Je ne le connais pas certe, mais je sais des choses que toi tu ne sais pas.
Il s'en est passé beaucoup d'événements en une semaine et vous, qui restez enfermé ici, vous ne pouvez pas le savoir. Plusieurs mutants attaquent les villes, tuent des civils et Jiyong est celui qui est à l'origine de tout ça.
Bien sûr qu'il veut la "liberté des mutants" mais c'est au dépend d'innocent qui n'ont rien demandé et qui eux-même se sont fait manipuler...

- ET DONC QUOI ? T'ESSAYES DE ME DIRE QUE DANS TOUTE CETTE HISTOIRE C'EST JIYONG LE MÉCHANT ???
IL EST COMME CHAQUE MUTANT, IL S'EST FAIT ENFERMÉ, TORTURÉ, HUMILIÉ... IL EST SIMPLEMENT CELUI QUI A PRIS NOTRE SOIF DE VENGEANCE EN MAIN...
APRES.... après... Après tout ce qu'on a subie... Tu penses pas que ce soit normal...qu'on soit en colère ??

Jeno pleurait, des larmes de rage qui perlaient depuis des yeux remplis d'un orage vorace.
Il en avait marre de rester calme, marre qu'on ne cesse de lui affirmer qu'il se trompait sur l'homme qu'il adulait, marre d'attendre des secours qui ne venait pas, marre de d'imaginer tout un tas de scénario sur la raison de l'absence de Renjun ....
Il était fatigué et mort de peur.

- Ce matin, quand je suis sorti faire les courses, un mutant à tué un enfant sous mes yeux.
Cet enfant n'était en rien responsable de tout ce que vous avez vécu et pourtant il est mort à cause des erreurs d'autres.
Jiyong se trompe d'ennemi, tout le monde se trompe d'ennemi, souffla Namjoon avec un air exaspéré

- Et qu'est ce que tu veux qu'on y fasse ? Moi je veux seulement obtenir justice pour ce qu'on a vécu... tu ne peux pas me blâmer comme tu le fais...

- Je ne te blame pas, j'essaie simplement de comprendre.

- Comprendre quoi ??

L'humain demeura quelques secondes silencieux, d'une main assuré il se contenta de venir essuyer les joues trempé de Jeno.
Ce dernier renifla et tenta d'éloigner son visage de ces doigts pourtant bienveillants.

- Tu sais, moi j'aurais bien voulu rester loin de toute cette histoire, observer cela de loin sans intervenir. Mais, bien malgré nous, mes amis et moi sommes désormais impliqué dans tout ça.
J'ai pris des décisions qui pourraient coûter la vie à des personnes que je ne veux surtout pas perdre, j'ai décidé de vous sauvez tout les deux et de vous ramenez chez moi. Je l'ai fait parce que vous êtes des gamins et que je ne souhaitais pas votre mort.
Mais en voyant cet enfant se faire tuer ce matin... je me suis demandé si j'avais vraiment fait le bon choix. Après tout... je ne vous connais pas, et à vos yeux nous sommes des ennemis.

- Tu te demande si... Si tu ne ferais pas mieux de nous tuer... N'est-ce pas ?

Namjoon secoua la tête de droite à gauche, n'ayant toujours pas retiré sa main du visage désormais sec de Jeno.
Ce dernier déglutit sous les effleurements qu'il sentait sur sa peau, qui lui procuraient un mélange de dégoût et de soulagement. Il ne se sentait plus capable de réfléchir correctement.

- Toi, tu es un enfant naïf, perdu, peut-être même emplie d'un affreux sentiment de solitude. Ce matin, en voyant le corps inerte de ce gamin retomber sur le sol sous l'affreux rire de son meurtrir, je me suis dit que les mutants étaient des monstres.
Puis, j'ai pensé à ceux que j'hébergeais... je ne les connais presque pas et pourtant je leur fais confiance. Mais toi et ton ami je ne vous fait pas confiance, parce que je sais que vous ne nous considérez que comme j'en nuisance.
Alors je voulais seulement savoir, toi qui réclame ta vengeance et qui crois si fort en les plans de Jiyong. Si un enfant se presentait face à toi, serais-tu capable de le tuer de sang froid ?

Jeno ne savait quoi répondre à cela, une part de lui même savait pertinemment que non et l'autre se demandait ce que Jiyong voudrait qu'il fasse.
Serait-il capable de le tuer si son chef le lui ordonnait ?
Lui qui n'avait jamais ôté la vie à qui que ce soit ?

Les larmes se remirent à couler, la fatigue le rendait bien plus sensible qu'il ne l'aurait voulut. Ses limites était atteinte, il voulait juste craquer, pleurer, déverser tout les affreux sentiment dévasté qui lui nouaient l'estomac.

- Qu'est ce que vous lui faites ?! Pourquoi vous faites pleurer Jeno ?! Clama Jaemin, qui revenait tout juste des toilettes.

Namjoon ne répondit pas à la question du rouquin, qu'il ignore d'ailleurs sans remords. Il vient simplement se pencher à l'oreille de Jeno pour lui murmurer:

- Réfléchie bien à tout ce que j'ai dit.
Je sens que ni toi, ni ton ami, n'êtes des meurtriers.
L'autre jour il n'aurait jamais eût le courage de trancher la gorge de Taehyung, et tu n'auras jamais assez de haine en toi pour tuer un innocent. Tout les deux, vous êtes juste des gamins perdu et abandonné. Crois-moi je sais ce que c'est, de se sentir seul au milieu d'un monde trop grand pour nous.

Ses paroles firent frissonner l'adolescent qui, entre ses larmes et les soubresauts de son cœur, ne distinguait plus grand chose autour de lui. Il sentit néanmoins qu'une lourde charge lui retombait dessus, et devina sans mal qu'il s'agissait de Jaemin qui, malgré la corde blocant ses actions, tentait de le réconforter en se collant à lui.

Face à eux Namjoon se redressa, passa un main dans ses cheveux et afficha une mine pleine de réflexion. Était-il satisfait ou non de la discussion ? Ça impossible de le deviner.

Néanmoins il offrit un dernier regard aux deux adolescents, qui le fixaient à travers les larmes pour l'un, de la rage pour le second. Un sourire éclaira le visage de l'humain, une expression sympathiques et rassurante qui laissa les garçon bien perplexe.

- Vous êtes pas les premiers gamins cassés à pénétrer cette maison, j'ai une drôle de tendance à m'entourer de personnage aux vies bien complexe. Quoi qu'il en soit, si jamais vous décidez un jour de nous accorder votre confiance, alors nous vous accueillerons à bras ouvert.

Sur ces mots il s'éloigna, rejoignant un Yoongi qui l'observait avec un air dépité et amusé, certainement bien conscient de la pagaille que son ami venait de causer dans l'esprit de leur deux jeunes prisonniers.