J'essaie De Te Trouver, Moi Qui Suis Aveugle
"Parfois je tente de rechercher les traces de moi-même au fond du regard de celui que je suis devenue.
Parfois je laisse mes lèvres former ces sourires qui ne me quittaient jamais auparavant
Parfois je souhaite oublier ce qui m'entoure en imaginant un monde bien plus beau"
Baekhyun avait souvent peur, ce sentiment était même devenu le plus familier de son quotidien. Dans cette prison, l'angoisse, la honte, le stress... Toute ces émotions séjournaient sans cesse en lui. Pas un jour il ne s'était sentie en sécurité, et même la compagnie de Chanyeol, Luhan et Sehun n'y faisait rien. Ce lieu était effrayant, les regards que les humains posaient sur lui l'étaient plus encore, ainsi que les effroyables expériences dont il était régulièrement la victime. Il était encore si jeune ans et se sentait pourtant aussi épuisé que s'il avait vécu la longue existence d'un centenaire. Il n'en pouvait plus. Que ce soit physiquement ou mentalement, il était blessé intégralement. Les coups, les humiliation, ça devenait un quotidien, un quotidien qui ne se dénuait jamais d'une souffrance intégrale. Parfois il peinait à se souvenir de qui il était vraiment, n'ayant plus que le vague souvenir d'un lui d'autrefois gorgé de sourires et d'une naïveté touchante. Aujourd'hui il avait l'impression de n'être plus que l'ombre d'un personnage autrefois bien vivant.
Il se sentait mort.
Comme un fantôme errant malgré lui dans le sombre tunnel du trépas, comme un esprit dont le futur avait été arraché. C'était les douleurs qu'il ressentait sur son corps qui le ramenaient sans arrêt à la réalité. Sentir son cœur se déchirer prouvait qu'il était encore bien en vie.
Et il avait peur.
Peur du futur, peur de l'inconnu, peur des soldats, peur des scientifiques, peur de cette prison, peur des autres mutants, peur pour lui, peur pour Chanyeol... Et il était littéralement effrayé par les cinq inconnus qui le fixaient sans prononcer un seul mot.
"si vous le tuez ça ne sera pas dramatique", ainsi donc sa vie n'avait réellement aucune importance ? Un cobaye sur lequel on pouvait tranquillement s'adhérer à de multiples expériences, qu'on pouvait prêter, remplacer, voilà seulement ce qu'il était ?
"un mutant inoffensif", l'avait-on choisi parce qu'il paraissait faible ? Sans le grand costaud qui lui servait de camarade de cellule, Baekhyun était-il réellement si vulnérable ? Sûrement que oui, Chanyeol avait essayé de le protéger, comme il le faisait toujours. Mais lui, en incapable qu'il était, il avait laisser son ami se sacrifier vainement sans intervenir. Faible, oui il l'était. Inoffensif, certainement aussi. Mais il ne l'était pas avant, Du moins le Baekhyun d'il y a quelques années n'était pas comme ça. Dans un sens il avait été fort, il avait supporté longtemps, trop longtemps, avant de se briser. La prison Noire avait eut raison de lui, elle l'avait transformer en cet être répugnant pour qui les autres se voyaient mit en danger. Il ne parvenait presque plus à être positif, ni même à se doter d'espoir, cet enchaînement de situations désastreuses venait de casser les derniers sourires qu'il parvenait encore à exprimer. Chanyeol avait frappé un soldat par sa faute, il allait être tué par sa faute.
Il avait peur, si peur.
Tellement que depuis le départ des soldats et des deux scientifiques, il se retrouvait incapable de relever la tête. Chaque partie de son être tremblait si fort qu'il n'arrivait même plus à respirer correctement. Il avait froid, il était effrayé et les sanglots secouaient son corps avec un acharnement trop cruel. Baekhyun voudrait fuir, échapper aux regards curieux qui ne cessaient de parcourir sa personne. " Ne me regardez pas" avait-t-il envie de hurler, il se sentait si misérable. Il ignorait parfaitement qui étaient ces personnes, cinq hommes en tenue blanche, celle que porte les prisonniers humains de cet endroit. Mais pourquoi de simples prisonniers feraient des expériences sur lui ? Pourquoi avait-il été "offert" à des criminels ? Peut-être...pour qu'ils puissent passer leurs pulsions meurtrières sur lui ?
Sur cette sombre pensée les larmes fracassèrent la barrière invisible qu'il tentait de forger. Elles dévalèrent par centaine son visage déformé par la peur et les sanglots.
- Il pleure, fit remarquer l'un des garçons, brisant ainsi le silence pesant de la pièce
- On est censé faire quoi ?
- Bah le réconforter ? Enfin, je sais pas si c'est une bonne idée.
Baekhyun entendait vaguement leurs voix, mais elles paraissaient si lointaine qu'il n'en saisit pas le sens. Il se sentait toujours trop apeuré pour réfléchir, ne souhaitait que se fondre dans le sol et y disparaître à tout jamais. Puis, soudainement, il sentit une légère pression sur ses épaules, comme si elles avaient été recouverte d'une couverture. Ou, en l'occurrence, d'un gilet.
- Pourquoi pleures-tu ?
Comprenant que la personnes s'adressait à lui, le petit mutant releva légèrement la tête. Son regard tomba sur le visage d'un beau jeune homme qui lui offrait un sourire aux résonances amicales. Sa mâchoire était parfaitement taillé et rasé de près, l'étirement de ses lèvres formait de jolies ridules et une frange noire recouvrait légèrement ses yeux, mais Baekhyun parvenait quand même à ancrer les siens dans les lumineuses pupilles de ce vis à vis qui n'avait en aucun cas l'air d'un dangereux tueur.
Lentement il ouvrit la bouche, son corps ayant l'envie presque instinctif de répondre, mais les sanglots empêchaient tout mot de s'échapper.
- Je m'appelle Wonho, continua l'homme. Le mec baraqué là-bas c'est Shownu, à coté de lui Jooheon, celui qui tient une peluche c'est IM et le dernier Kihyun
Le mutant hocha faiblement la tête en reniflant. Placer un prénom devant chaque visage ne l'aidait pas forcement à comprendre qui ils étaient, ni même leurs réelles intentions, mais au moins, si l'un d'eux le tuait, il pourrait affirmer à il ne sait quel dieu qui était coupable de sa mort. La question de pourquoi il leur avait été « prêté » pour des expériences lui brûlait les lèvres, mais la peur empêchait son corps de coopérer avec sa curiosité. Le garçon du nom de IM s'approcha soudainement de lui, un air un peu blasé marqué derrière ses imposantes lunettes blanches. Baekhyun eut un léger mouvement de recul, mais se rétracta en le voyant lui tendre la peluche qu'il serrait depuis son arrivé dans la pièce.
- Quand on pleure les câlins ça fait du bien, tu peux faire des câlins à Kihyun si tu veux.
La tête du mutant se pencha à cause de l'incompréhension. Puis il jeta un coup d'œil à celui que Wonho avait précédemment nommer "Kihyun", ne comprenant pas vraiment le rapport entre lui et le fait que IM lui propose un doudou. En croisant son regard, la jeune prisonnier soupira avant d'expliquer d'une voix lasse:
- La peluche et moi on partage le même prénom. Cherche pas de raison à cela, même moi je sais pas.
Il hocha la tête en baissant une nouvelle fois les yeux. Puis, dans un énième reniflement, accepta de câliner l'ourson et enfoui son visage dans son pelage. Le gilet que Wonho avait déposé sur son épaule bloquait le froid qui avait précédemment agressé sa peau et désormais qu'il pouvait déposer son nez sur une surface moelleuse il se sentait un peu mieux. Par recherche de réconfort, il essaya d'imaginer que la chaleur de l'habit n'était autre qu'une étreinte de Chanyeol, comme ils en faisaient si souvent ensemble. Son camarade de cellule n'était pas bien doué pour exprimer de l'affection ou même des sentiments, et le faisait souvent avec une grande maladresse qu'on interprétait à tord comme de la froideur hautaine. Mais Baekhyun connaissait Chanyeol mieux que personne, tout les deux n'avaient jamais de mal à être l'un auprès de l'autre. Entre eux il n'y avait jamais de longues réflexions pleine de doute, puisque leur proximité et leur consolation mutuelle se faisaient toujours avec le plus grand des naturels.
À ce instant il lui manquait, ce géant au cœur moue qui l'enlaçait dès que les choses n'allaient pas.
- Qu'est-ce qu'on va faire de lui ? Les scientifiques attendent de nous qu'on l'utilise pour nos expériences, demanda l'un des prisonniers, qu'il n'identifia pas à cause de ses yeux de nouveau porté sur le sol.
- Ça va nous poser problème s'ils remarquent qu'on ne fait rien, je pense que pour le coup on a pas vraiment le choix, répondit Wonho.
- Mais vous voulez qu'on fasse quoi au juste ? On va pas lui couper un bras pour faire genre on récupère des échantillons.
- Pas besoin d'arriver à cette extrémité. Il suffit de lui prélever du sang ou des morceaux de peau, intervient Kihyun.
Baekhyun frissonna à l'écoute de la conversation. Ces personnes, même si elles paraissaient gentilles, ne l'étaient pas autant qu'il le désirerait. Ils travaillaient pour leurs propres intérêts et ne gagneraient rien du tout à le protéger. Il n'était qu'un mutant après tout, un faible mutant, « remplaçable ». Allait-il subir encore plus de torture qu'avant ? Son corps supportera-t-il tout ça ? Pour lui la réponse était évidente, il arrivait à bout de force. Épuisé, ça serait un miracle de survivre encore quelques misérables jours. Il allait mourir bientôt, il n'y avait plus aucun doute là-dessus. Au moins mourrait-il avec Chanyeol, à qui il avait creusé la tombe sans même le vouloir.
Les larmes se remirent à couler, et l'étreinte qu'il exerçait sur "Kihyun-la-peluche" ne pouvait rien y faire.
(...)
A une extrémité avancé de la prison Noire, dans les couloirs d'un bâtiment si peu utilisé qu'une couche de poussière affolante s'accumulait, Chanyeol vaguait dans une situation des plus misérable.
Il s'éveillait d'un long moment dans une inconscience forcé, la douleur qu'il ressentait au crâne était si intense qu'il n'osait ouvrir les yeux. Il se sentait si affaiblit, si vulnérable, et sa bouche ne s'ouvrait et se refermait que pour haleter douloureusement. Sa gorge était sèche, elle semblait hurler à la recherche maladroite de la moindre goutte d'eau qui pourrait la guérir.
Que s'était-il passé ?
Ou était-il ?
Même si le noir était toujours complet autour de lui, le garçon savait pertinemment que ce lieu n'était pas sa cellule habituelle. Il était assit sur un sol froid, le mur décrépi abîmait férocement son dos et des liens bien trop serré lui enfermaient les poignets au-dessus de la tête. Par ces constations il devina vite que sa situation sonnait catastrophique. Tout lui revenait lentement en tête, les souvenirs de comment il avait fini par en arriver là. Des types étaient venue chercher son camarade de cellule, sans en donner la moindre raison, puis un soldat lui avait sauté dessus. Chanyeol ne s'était pas battu, il n'avait fait que se défendre, du moins le temps où cet homme ne s'en prenait qu'a lui. Mais quand il avait tourné ses yeux vide sur Baekhyun, vulnérable et effrayé trop près d'eux, et qu'il avait voulu en faire sa nouvelle victime, Chanyeol s'était sentit complètement vriller. Il n'avait pas réfléchie aux conséquence, il avait frappé cet homme.
Où se trouvait son ami désormais ? Que lui voulaient ces gens ?
La situation de son protégé l'inquiétait bien plus que le danger qui pourrait le guetter. Il n'en avait que faire de mourir, l'idée d'être effrayé ne lui passait même pas par la tête, tant que ses amis étaient en sécurité. Hors, en ce moment même, il demeurait dans l'ignorance la plus totale.
Doucement, il se décida à ouvrir les yeux et releva la tête dans un gémissement de douleur.
- Enfin tu te réveilles, je commençais à croire qu'ils m'avaient enfermé avec un cadavre, plaisanta amèrement un homme installé face de lui.
C'était un grand blond avec des yeux tombant, un visage ovale et des lèvres étiré dans un demi-sourire. Il pourrait paraître menaçant, par ses épaules larges, ses membres d'apparence robuste et la grandeur de sa taille, mais le fait qu'il soit attaché et strié de nombreuses blessures en pleine cicatrisation inspirait presque la pitié. Chanyeol l'observa un instant avant d'aviser les alentours, mais la vision des murs grisâtres à l'allure sale et de la porte blindé lui fit pertinemment comprendre que le lieu n'était pas censé être chaleureux.
- On est où la ? Demanda t-il à l'inconnu.
Ce dernier ricana face à l'ignorance de son camarade, puis renifla sans se défaire de son sourire en coin. Chanyeol se sentit mal à l'aise en constatant qu'il semblait étudier chaque parcelle de sa personnes, essayant certainement de deviner qui il avait en face de lui. Il avait pour habitude de paraître intimidant aux yeux de tous, même pour les gardiens et les scientifiques, mais l'homme face à lui semblait plus effrayant encore qu'il ne l'était, et donc pas le moins du monde affecté par ce qu'il dégageait. De plus il serait prêt a parier que celui-ci le dépassait de quelques petits centimètres, et cette pensée le frustrait puisqu'il s'était acclimaté à voir les autres de haut. Après un petit moment à se juger mutuellement, non sans un petite tension que Chanyeol se trouvait en réalité le seul à installer, l'autre finit par répondre à sa question:
- Je te souhaite le bienvenu dans la cellule des mutants condamné à mort.
(...)
Au milieu des nombreuses cellules qui bordaient les couloirs de la prison, loin de la frayeur ou des tensions, se tenait une petite bulle de chaleur au centre de toute la froideur du bâtiment. Deux jeune mutants, Kai et Kyungsoo, se plongeaient dans une atmosphère pleine de douceur et de rêve qui leur était bien commune. Tout deux étaient bien loin d'imaginer l'horreur que vivaient actuellement des êtres qu'ils croisaient pourtant chaque jours, mais dont les identités et destins ne leur importaient pas. Il avait bien assisté, il n'y a pas plus de quelques-heures, à une bagarre et l'arrestation de deux mutants. Deux garçons dont les visages leurs disaient vaguement quelque-chose, mais dont le sort n'était qu'un futile questionnement qu'ils ne se posaient même pas. À quoi bon, il ne connaissait pas ces types, et ne les connaîtraient sûrement jamais, alors ils ne s'attristeraient pas pour leur possible mort future. Sûrement même avaient-ils rapidement oublié cet important évènement, à l'instant même qu'ils avaient de nouveau pénétré leur bulle de bonheur.
Leur déni était bien grand, mais sûrement valait-il mieux cela qu'une perception horrifié de toute les atrocités qu'on trouvait dans cette prison.
-Tu sais ce dont j'ai rêvé cette nuit ? Demanda Kyungsoo en se tournant vers son camarade.
Ce dernier secoua la tête en se redressant lentement. Il fixa son ami pendant un long moment, dans l'attente que celui-ci n'enchaîne sur un agréable récit.
- J'ai rêvé de moi enfant. Je n'était pas très beau, mais pas non plus atrocement moche. En fait j'étais simplement un gamin normal, si on ne prend pas en compte la Mutation. J'ai revu un moment particulier, un jour que mon esprit avait oublié tellement il paraît si peu intéressant.
- Tu vas me le raconter ? Demanda Kai dans un sourire grandissant.
- Tu veux que je te le raconte ?
- Oui.
Kyungsoo prit une longue inspiration, comme s'il s'apprêtait à partagé un longue et palpitante épopée, bien que son histoire n'avait rien de bien héroïque.
- J'étais petit, vraiment tout petit. Et gros aussi, mais ça ce n'était pas ma faute, mais celle de ces nombreux pulls dans lesquels j'étais emmitouflé. Il faisait froid, et ma mère ne semblait effrayé à l'idée que je puisse mourir d'hypothermie. Je marchais le long d'un grand chemin et à chaque pas mes jambes se faisaient ensevelir de neige jusqu'aux genoux. Je ne sais pas vraiment ce que je faisais là, j'étais peut-être perdu mais je ne semblait pas m'en inquiéter plus que ça.
Il marqua une courte pause, le temps d'humidifier ses lèvres. Sa voix semblait presque chantonnante par la façon dont il s'exprimait, bien qu'elle demeure sombre et légèrement cassante. Kai le fixait toujours avec un regard lumineux, comme un bambin assoiffé d'histoire.
- Je devais être un peu stupide, puisque je m'amusais innocemment à attraper quelques flocons à l'aide de mes mains potelées. Mais je n'y arrivais pas, n'étant pas très habile et ne comprenant pas que les petits morceaux de glaces fondaient instantanément au contact des mes gants en laine. J'étais frustré et j'ai jeté mes gants sur le sol avant de frappé très fort sur un arbre, à mon contact l'écorce s'est fissuré, une fissure qui n'a cessé de s'agrandir avant la brisure complète de ce pauvre arbre.
En terminant son histoire, Kyungsoo entendit le rire de Kai résonner sur les murs grisâtres de leur cellule.
- J'aurai aimé rencontrer le toi de cette époque, moi aussi j'étais idiot donc on se serait bien entendu tout les deux. On se serait perdu ensemble dans la neige.
- Je ne sais même pas comment j'ai retrouvé mon chemin. Au final, je me dis seulement que ce pauvre arbre n'avait rien demandé.
- C'est vrai.
Il y eu un instant de silence. Puis celui qui s'était fait spectateur de l'histoire se leva pour rejoindre son ami dans son lit. Il s'y allongea et posa sa tête sur les jambes de Kyungsoo, assit contre le mur.
- Quand on sortira d'ici, on ira tout les deux se perdre dans la neige. Et tu t'excuseras auprès des arbres pour avoir tué leur ami, murmura Kai en fermant les yeux.
- T'es con.
- Toi aussi....Mais je t'aime bien quand même.
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