J'ai Besoin De Toi...










"à l'aide"































- Hyung, tu as entendu ?

- Entendu quoi Taehyung ?

- Quelqu'un appelait à l'aide.

Il regarda son ami tendre l'oreille, mais seul le bruit du vent emplissait les lieux vides. Pourtant Taehyung n'avait pas rêvé, il avait très bien entendu cette voix implorante qui criait, qui hurlait pour qu'on la sauve. Mais elle semblait envolé, comme si elle n'avait été qu'un écho lointain qui était miraculeusement parvenu à lui.

- Ça doit être ton imagination.

Satisfait par sa propre hypothèse, Namjoon repris son activité, celle qui consistait seulement à remplir un mur de peinture.
"Ça ne sont pas des tags, seulement un moyen de me détendre", aimait-il dire alors que sa bombe se déversait lentement sur les murs autrefois immaculés. Il en avait déjà taché beaucoup, des façades vierges dans cette ville, mais comme il ne déposait jamais de signatures et que ses dessins ne possédaient pas le moindre signe particulier, alors il restait difficile à identifier. Taehyung se plaisait à accompagner son ainé quand celui-ci partait déambuler avec sa bombe de peinture. Parfois il salissait les murs lui aussi, mais aujourd'hui il n'avait pas réellement la tête à cela. Observer Namjoon suffisait à offrir un vide évasif à son esprit retourné de sentiments.

Toutes ses pensées, depuis plusieurs jours maintenant, ne tournaient que vers une seule personne, un jeune garçon actuellement enfermé dans une chambre d'hôpital et dont la jambe reposait au centre d'un imposant plâtre. Celui-ci s'était prit une voiture de plein fouet alors qu'il traversait une rue sans réellement faire attention, et il avait eut la chance inouïe de ne pas se faire tuer sur le coup. Taehyung aimait ce garçon comme l'un de ses meilleurs amis, même comme un membre de sa famille, ou plus encore. Au même titre que Namjoon d'ailleurs, dont l'attention se tournait toujours vers son dessin. Il se remit à fixer pensivement son aîné, souriait alors que les éclats de la lune venaient illuminé la peinture rouge encore humide, la faisant briller. Puis il se fit la réflexion que cela ressemblait à une giclé de sang, et cette idée le fit tellement frissonner qu'il détourna le regard. Ses pensées divaguèrent donc de nouveau vers son ami cloîtré à l'hôpital.

L'accident du plus jeune de la bande, Jungkook, avait évidement touché chaque membre de leur petit groupe d'ami, mais c'est sans exagérer que Taehyung s'auto-proclamait le plus inquiet.

Il avait cru le perdre et, si cela était arrivé, Taehyung en serait mort lui aussi.

Jamais il n'aurait pu continuer à vivre en le sachant loin de lui.
En réalité, il ne supporterait pas de perde n'importe lequel de ses amis, ce serait trop dur à supporter. Il était maladivement dépendant d'eux, ça il en avait conscience. Mais ils étaient ses amis, sa « bande », sa famille...

"à l'aide, je vous en supplie..."

Taehyung se redressa et son regard tenta de trouver l'origine de cette voix. Cette fois plus aucun doute, il ne pouvait pas avoir rêvé. On ne peut pas avoir deux fois la même hallucination auditive, n'est-ce-pas ?

Ses yeux vinrent se planter sur l'immense bâtiment sombre qui se trouvait non loin d'eux. La personne qui l'appelait semblait si proche, presque dans sa tête, et pourtant il était persuadé qu'elle venait de cet endroit.

La prison Noire, voilà comment on nommait ce lieu. Personne n'aimait se trouver près d'elle, comme si de sinistres ondes en ressortaient pour entraîner quiconque à l'intérieur. Et pourtant, cette prison n'existait que pour les protéger.

À l'intérieur on y enfermait peu de criminel, seulement ceux considéré comme réellement dangereux. Et ces derniers devaient cohabiter avec les personnes ayant contracté la Mutation.

Cette dernière était apparu il y a plusieurs années et n'avait touché qu'une petite partie de la population. Pendant une période, certain enfant naissaient avec des capacités surnaturelles, allant d'une simple modification physique, au contrôle d'un élément, où encore à des choses plus effrayantes. Quand on lui avait parlé de cela étant enfant, Taehyung trouvait ça vraiment cool. Mais on avait vite brisé ses rêves en lui apprenant que ces personnes devenaient dangereuse, car leurs pouvoirs prendraient le contrôle de leur corps et qu'elles en souffriraient atrocement, comme un affreux parasite. Le seul moyen que le gouvernement avait trouvé pour ne pas courir à la catastrophe était de toute les enfermer dans une lieu amplement sécurisé, d'où il sera fait en sorte que la Mutation leur soit retiré.

Ça allait maintenant faire au moins une dizaine d'années que tout les Mutants résidaient en ce lieu, et depuis aucun autre cas n'avait jamais été révélé. La Mutation n'a touché qu'une génération, la sienne.

Taehyung y songeait souvent, il se demandait ce qu'il se serait passé si lui aussi avait fait partie de cette minorité mutante. Il était née en plein milieu de la vague, bien qu'avec la « chance » de ne pas être touché. L'idée d'avoir des pouvoirs lui semblait beaucoup moins excitante qu'avant. Mais il restait tout de même fasciné par cela.

Namjoon lui tapota doucement l'épaule, la sortant de ses divagations.

- On doit rentrer, il se fait tard, l'informa-t-il avec un petit sourire.

Il acquiesça en jetant un dernier regard à la Prison. Bizarrement, bien qu'elle soit incontestablement flippante, Taehyung lui trouvait quelque-chose d'attirant. Il avait le profond sentiment qu'une personne à l'intérieur cherchait du secours, et qu'il était le seul à le savoir. Cette idée faisait de lui une sorte de super-héros, mais il vient rapidement à se dire que cette réflexion était un peu immature.

- Hyung, tu crois qu'ils arriveront un jour à supprimer la Mutation ? Demanda-t-il en emboîtant le pas à son ami.

- Tu sais déjà ce que je pense de cela. Pour moi ils n'y parviendront pas, à moins de tuer les personnes touchées.

Il acquiesça une nouvelle fois. Namjoon était la seule personne avec qui il pouvait discuter paisiblement de ce sujet. La plupart des gens s'en effrayait et préféraient faire comme si les mutants n'existaient pas.
Ils rejoignirent rapidement leur véhicule et s'y engouffrèrent en frissonnant un peu. Le froid commençait à tomber sur la ville, et les soirées se faisaient de plus en plus glaciale. Taehyung observa distraitement le paysage qui se mit à défiler devant ses yeux. La vielle voiture de Namjoon roulait bien trop vite par rapport à la limitation, mais aucun des deux ne sembla s'en alerter. Au contraire, la vitesse les excitait, c'était dans ce genre de moment qu'ils avaient le sentiment d'être réellement libre. Il passèrent sans s'arrêter devant une vieille station service, dont le petit supermarché semblait encore ouvert, et s'enfoncèrent dans la forêt pour atteindre leur repère. Une veille maison, un peu délabré, mais juste assez grande pour les accueillir tout les sept.

Cela faisait en effet un moment que Taehyung vivait avec six amis à lui. Ils étaient comme une famille et, malgré leurs écarts d'âges, ils avaient le sentiments de tous se comprendre. Un petit groupe de sept garçons, qui refusaient d'entrer dans les rangs de la société, la vie les ayant déjà bien trop défiguré pour qu'ils ne puissent complètement s'y intégrer. Ils travaillaient et allaient à l'école, car ça leur était indispensable pour survivre, mais aucun d'eux n'avaient le sentiment d'y être réellement à sa place. Quand ils se retrouvaient tout les sept réuni dans cette maison aux allures abandonnées, en plein milieu d'une immense forêt, à rigoler comme des idiots, là ils avaient le sentiment d'être au bon endroit.

L'aîné du groupe se nommait Seokjin, simplement surnommé Jin, il était le fils d'un riche banquier et avait abandonné un avenir fructueux pour leurs pauvres existence dans une forêt. Ensuite on trouvait Yoongi, puis Namjoon et Hoseok, tout trois des amis d'enfance ayant passé plus d'année à sécher qu'a suivre des cours. Taehyung était le voisin de Yoongi quand ils étaient enfant, c'est ainsi qu'ils avaient fait connaissance. Toujours à la recherche d'ami, il suivait très régulièrement ses trois ainés pour jouer avec eux et ils avaient fini par se faire à sa présence. Puis il y avait Jimin, qui avait intégré leur groupe plus tard à la suite d'un tragique accident qui, aujourd'hui, ressortait parfois comme la mauvaise blague d'un humour assez noir. Et pour finir Jungkook, résidant avec eux depuis seulement un an, mais qui n'en était pas moins bien intégré. Le plus jeune du lot, ce qui faisait de lui le petit chouchou de tout le monde. Surtout celui de Taehyung, qui ne cachait pas sa grande affection envers le jeune homme.

Enfin ils arrivèrent à destination. Namjoon prit soin de bien cacher ses bombes de peintures dans un vieux pot à fleur inutilisé, avant que tout deux s'approchent de la petite maison faiblement éclairé. Quand ils passèrent le pat de la porte, ils tombèrent nez à nez avec le « doyen » de la bande qui les attendait les bras croisé sur le torse. Il semblait tout juste sortie de la douche, puisque ses cheveux dégoulinaient tandis qu'il frissonnait dans son pyjama.

- Vous étiez encore sorti taguer les murs ? Demanda-t-il sans masquer son autorité d'ainé.

- Non, on est seulement allez se promener Jin je t'assure, se défendit Namjoon.

- C'est ça prend moi pour un con.

Taehyung laissa ses deux amis se disputer et alla rejoindre le canapé en soupirant. Là se trouvait déjà Jimin, son meilleur ami depuis qu'ils vivaient ensemble dans ce lieu. Ils fréquentaient la même école depuis longtemps et, bien que Taehyung ait toujours trouvé ce garçon au visage tout bouffi adorable, jamais ils ne s'étaient adressé la parole. Ce n'est que quand Jimin avait emménagé ici, il y a de cela trois ans, qu'ils avaient forgé de solides liens d'amitiés.
Sans un mot, le blondinet lui tendit une manette pour qu'il puisse le rejoindre dans sa partie de Mario cart.

- Jimin et Taehyung ! Il serait temps que vous alliez dormir, il est tard et vous avez cours demain, ordonna Yoongi en passant derrière eux.

Le jeune homme ne les regarda même pas, ses yeux restant porté sur Jin et Namjoon qui se disputaient toujours sur le pat de la porte. Il soupirait en sortant une cigarette de son paquet, puis la porta à ses lèvres et passa une main dans ses cheveux récemment teint en un gris un peu argenté.

- Je sèche, demain je passe la journée avec Jungkook, Clama Taehyung, alors qu'à ses cotés Jimin éteignait tristement la vieille console de jeu.

Les trois plus vieux se tournèrent vers lui dans un geste frôlant la synchronisation parfaite. Namjoon afficha un sourire amusé, Yoongi leva les yeux au ciel tandis que Jin, qui était déjà d'une humeur exécrable, fronça les sourcils avant de secouer la tête de gauche à droite.

- Non tu vas en cours, déclara-t-il sur un ton strict.

- Mais il va s'ennuyer tout seul à l'hôpital...

- J'irai lui rendre visite, je bosse pas demain, proposa Hoseok depuis la cuisine, d'où ils se préparait un bol de nouilles instantanées.

Taehyung voulu répliquer, mais d'un seul regard Jin lui fit bien comprendre que la discutions était close.

C'est donc en ronchonnant ouvertement qu'il suivit Jimin vers la chambre qu'ils partageaient. Et alors qu'il se couchait dans les draps en souhaitant une bonne nuit à son ami, il cru de nouveau entendre un écho qui l'implorait.














(...)
















Il était couché depuis une bonne heure au moins, mais impossible de trouver le moindre accès à un assoupissement. Le sommeil ne venait pas. Il avait beau se tourner de tout les côtés, rien à faire. À chaque fois qu'il fermait les yeux, il avait l'impression d'entendre cette voix. Plus le temps passait plus elle criait dans sa tête, elle l'implorait de l'aider en pleurant.

Taehyung se sentait déchiré, le sentiment d'impuissance émergeait et il ne souhaitait que courir vers cette personne pour la sauver de la torture qu'elle subissait. Bientôt des larmes perlèrent à ses yeux. Ce n'était pas les siennes, mais celles de l'homme qui hurlait.

Il ressentait sa souffrance, sa tristesse, sa honte... Il ignorait son identité, où il se trouvait, qu'est-ce qu'on pouvait bien lui faire. Mais il l'entendait crier toute sa douleur, et il sentait presque le poids d'un douloureux fracas qu'on portait à son front. Était-il en train de se faire frapper ? Ça il en avait la certitude.

Perdu entre rêve et réalité, entre émotions déclenché dans son corps et d'autres venu d'ailleurs, entre ses pensées et les hurlements qu'il percevait de plus en plus déchirant, Taehyung se leva en furie. Ses jambes n'étant plus sienne, il ne les contrôlait pas. Il sortie de la maison et se mit à courir, le plus vite possible, le plus loin possible. Son unique but était de le rejoindre, il devait le sortir de là.

Qui ? Ça il n'en avait pas la moindre idée, il ignorait l'identité de la personne qui hurlait. Elle semblait lointaine, comme irréel. Et pourtant il était prêt à parier que, ce qui lui paraissait être un homme, avait actuellement besoin de lui.

"Où es-tu ? Où es-tu ? Où es-tu ?"

« Qui es-tu ? »

La voix ne répondit pas, elle continuait de hurler à s'en déchirer la gorge. Taehyung se savait intact, mais il ressentait les blessures qu'on infligeait à son «interlocuteur» en une douleur insupportable. il ressentait tout, il savait ce que subissait l'homme qui communiquait avec lui. Mais Taehyung était impuissant, ne pouvant même pas le rejoindre.

La pluie éclata, le jeune homme ne s'arrêta pas pour autant. Il courait désormais sur la route bétonné déserte. Ses pieds nues, écorchés, le faisait souffrir presque autant que le froid, mais ce n'était rien comparé aux souffrances qu'il ressentait à l'intérieur de son être.

Puis tout se stoppa.

D'un seul coup la personne cessa de crier, seulement quelques pleurs silencieux demeurèrent. Taehyung resta debout, immobile, avec le bruit des gouttes de pluie sur la route comme seule compagnie. Il ne ressentait plus que les perles d'eau couler sur son visage, la douleur dans ses pieds et sa gorge suffoquant à cause de l'effort. Pourtant, malgré le froid, une étrange chaleur vint envahir son corps. Comme si quelqu'un l'encerclait de bras chaud et rassurant. Un sourire se forma sur son visage glacé.

L'homme qui lui parlait ne souffrait plus, une personne l'avait prise dans ses bras pour l'apaiser et le protéger.

"il est en sécurité"

C'est sur cette pensée qu'il s'effondra dans un fossé boueux.

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