Impitoyable, Stupide. Qui S'intéresse À Moi ?

Ses pieds nus ne cessaient de le faire voyager en rond sur le carrelage froid de la petite pièce, et c'était frissonnant de toute part que ses mains frottaient inlassablement ses bras peu couverts. L'inquiétude et le froid, des éléments qui tiraillaient son corps et son cerveau de morsures invisibles mais bien tenaces.
Depuis combien de temps tournait-il en rond ainsi ? Il ne saurait le dire, cela faisait bien longtemps qu'il avait perdu la notion des minutes, des heures et même des jours. Il leva ses yeux gris sur le plafond, pour la énième fois depuis plusieurs minute, et ne porta pas la moindre attention à cet aspect morne et terne que les murs lui présentaient. Que des couleurs fatigantes, des ressentis froid, et une fine larme de poussière qui coulait jusqu'à ses cheveux brun, noircis par l'humidité.

Sa vie ne se résumait qu'à cet endroit miteux, cet enfer où il avait grandi et perdu bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. Son corps, son amour propre, sa dignité et même son statut d'être humain lui avaient échappé à l'instant même où il avait pénétré ces lieux, et ce à un âge bien trop peu avancé. Un animal, un rat de laboratoire, un souffre douleur, voilà à quoi il était désormais réduit. Si on lui en donnait la chance, il mettrait sûrement fin à ses jours, souvent il se faisait la réflexion que la mort le rendrait nettement plus heureux.

Mais même ça, on le lui interdisait.

Sa vie ne lui appartenait plus, son corps n'était plus sien et les autres pouvaient désormais en faire ce qui leur chantaient. Il avait presque déjà tout expérimenté, on l'avait torturé, frappé, brûlé, humilié... il avait même servit de sujet à diverses expériences. Et sa peau conservait de solides marques, comme pour le pousser a toujours se souvenir de ce qu'il était. À savoir une vermine sans importance.

Sehun dévia de nouveau son regard, qui traînait vaguement sur chaque recoin depuis le départ de son camarade de chambre, et le porta sur l'unique fenêtre de la cellule. Dehors, le ciel était gris et la pluie ne tarderait sûrement pas à parsemer le sol de la cour intérieure. Celle-ci n'était, pour le moment, peuplé que de quelques gardiens effectuant leur ronde et prêt à intervenir en cas de tentative d'évasion. Les personnes comme Sehun sortaient rarement dans cette cour, ils ne le faisaient que dans les cas où ils passaient d'un bâtiment à l'autre pour une raison quelconque. Seul les soldats et les prisonniers humains y circulaient presque librement.

Sehun n'était pas un criminel, et pourtant cette prison l'avait recueilli comme tel. La raison de son enfermement, ces pouvoirs qui demeuraient une part importante de lui, il n'avait jamais cherché à les obtenir, il était née ainsi. Mais cela suffisait à le faire cloisonner en ce lieu, pour lui faire regretter quelque-chose qu'il n'avait pas choisi, une Mutation accroché à son corps dont il pouvait pas se débarrasser. Depuis combien d'années séjournait-il ici ? L'un de ses camarades de galère, un aîné du nom de Baekhyun, prenait toujours bien soin de compter chaque jour passé, il faudrait le lui demander. Sehun, lui, sentait le temps filer entre ses doigts sans qu'il ne parvienne à le retenir. Il n'était qu'un enfant à son arrivé, à 20 ans maintenant il se considérait comme un jeune adulte. Et en vu du traitement qu'on lui faisait subir tout les jours, il ne survivrait plus bien longtemps. Jamais il ne connaîtrait la vieillesse, la faucheuse l'aura sauvé bien avant.

Voilà ce qui lui permettait de tenir, il se consolait dans le désespoir de mourir rapidement, et de préférence avant que le gouvernement ne parvienne à trouver ce qu'il recherche en lui. Bien sûr il n'était pas le seul mutant, le seul sujet d'expérimentation. Des êtres aux capacités surhumaine, on en trouve un grand nombre dans cet endroit, et il y en aura toujours après lui. Mais seul son sort, et celui des quelques personnes, lui importent.
Car en ces lieux sombres et tristes, il avait quand même réussi à faire quelques rencontres. D'autres garçons, trois jeunes hommes légèrement plus vieux que lui, qui l'avaient gentiment recouvert de leurs protection alors qu'il était si jeune et déboussolé. Depuis, ils se soutiennent tout en grandissant ensemble, en souffrant ensemble.

Si il le pouvait, il les assassinerait et se suiciderait ensuite. Personne ne lui en voudrait, et surtout pas eux.
Car ils seraient enfin libre. Et plus personne ne pourrait les torturer.

Qu'est-ce qu'on leur avait dit déjà ?
Ah oui, que si ils venaient ici ils seraient sauvé de cette mutation nuisible étrangement survenu à leurs naissance. Que si on la leur laissait, ils souffriraient et se feraient dévorer par une force parasite qui grandissait chaque jour en eux, désireuse de faire d'eux des monstres assoiffé de sang et de destruction.

Sehun était loin d'être stupide, il savait que le gouvernement leur avait mentit et mentait à la population quant à ce qu'il se passait réellement dans cette prison. Sinon ils ne serraient pas déshumanisé à ce point. On ne voulait pas leur bien, les intérêts étaient tout autres et ça il le savait. Il avait également pleinement conscience que la plupart de ses camarades étaient du même avis que lui. Peu de mutant enfermé ici n'était naïf au point de se laisser duper, après ce qui lui semblait une bonne dizaine d'années d'enfermement il y avait de grandes raisons de douter.

C'est sur cette pensée qu'il vit la pluie éclater. Du haut de sa cellule il apercevait des gardiens qui se mirent à courir à la recherche d'un abri à peu près convenable. Mais son attention fut attiré par deux petites silhouettes, faiblement vêtu, qui traversaient la cour avec des traits crispés de désagrément. Il s'agissait de deux jeunes hommes, qui portaient la même combinaison que lui. Mais alors que la sienne se présentait sous un noir profond, les leurs se teintaient de blanc.
Cette petite différence permettait de distinguer le statut de chacun.
Lui était un innocent enfermé ici à cause de facultés qu'il n'avait pas choisi de posséder. Tandis que ces deux-là étaient simplement des criminels, dénué de toute mutation, qu'on avait arrêté et jugé à cause de leurs actes. Mais, ironiquement, ils semblaient bien mieux traité que lui. Malgré leurs crimes, ils avaient sans doute conservé leur statut d'être humain.

L'un des jeunes hommes releva brusquement la tête tout en stoppant sa course, comme s'il se sentait soudainement observé. Leurs regards se croisèrent.
Sehun ne réagit pas, se contentait de fixer ce prisonnier avec l'air le plus neutre possible, il ne voulait pas paraître effrayé ou intimidé face à un inconnu.
Ce garçon était beau, ça serait mentir que d'affirmer le contraire. Son corps se bâtissait agréablement et son visage semblait avoir été formé par les plus performants outils. Ses cheveux couleurs corbeaux collaient son front, dissimulant presque un regard perçant. Etrangement Sehun ne décelait aucune haine ni aucun dégoût dégagé par cet homme. Simplement de la curiosité, de la surprise et une certaine forme de regret. Il avait pleinement conscience de faire peine à voir. Il était amaigrie, sale, couvert de blessures et de marques indélébiles, mais jamais les soldats ou scientifiques ne l'avaient regardé ainsi. Jamais il n'avait perçu d'autre sentiments dans leurs yeux que du dégoût ou du dédain... Et ça le perturbait de constater un regard nouveau sur sa personne, même si ce regard était celui d'un criminel ayant sûrement orchestré les pires des actes.

Le garçon échangea quelques mots avec son camarade, lâchant brièvement leur contact visuel avant d'y revenir. C'est Sehun qui le brisa en premier, quand il entendit enfin la porte de sa cellule s'ouvrir. 

Lorsqu'il se retourna, il tomba nez à nez avec un soldat grassouillet qui balança un corps frêle et tremblant dans la petite pièce. Sur son visage un sourire malsain s'installait, avant qu'il ne s'en aille en riant d'une voix forte et rocailleuse, le faisant grimacer de dégoût.

Sehun ne perdit pas une seconde et accouru vers son camarade de cellule, dont les sanglots avaient déjà envahie le lieu auparavant silencieux. Bien vite il remarqua les multiples blessures qui parcouraient les partis visibles de la peau du jeune homme.

- Luhan ! Que s'est-il passé ? Ils t'ont fait quoi ?

Son ami ne répondit pas et lâcha de plus en plus sanglots étouffé, tout en s'accrochant à lui comme à une bouée de sauvetage.

- Tu peux te lever ?

Luhan émit un faible "non" perdu au milieu de bruyant reniflement. Avec délicatesse, Sehun tenta de le porter jusqu'à son lit, passant outre les plaintes douloureuses du blessé. Alors qu'il le déposait enfin, son attention se porta sur une blessure encore fraîche, plus profonde que les autres, salissant le haut du visage de Gabriel et tachant ses boucles brunes de sang. Lentement, les pièces d'un horrible puzzle se mirent en place dans sa tête, et des images de torture qu'il refusait d'imaginer l'assaillirent de toute part.
Ses larmes semblaient elles aussi vouloir s'échapper pour rejoindre celles de cet être à l'apparence si faible qui se recroquevillait sur lui-même. Doucement, il vient se coucher avec lui et le pris le plus délicatement possible dans ses bras.

- Je suis tellement désolé... si tu savais comme j'aurais voulu te venir en aide, sanglota-t-il.

Luhan sembla vouloir répondre, mais ses mots se fanèrent dans sa gorge. Seul un gémissement plaintif s'en échappa. Sehun n'eut pourtant pas besoin de l'entendre parler pour savoir exactement ce qu'il s'apprêtait à dire.

"Ne t'inquiète pas", "Ce n'est pas de ta faute"

Voilà le genre de phrase que son ami pourrait exprimer, le genre qu'il exprimait toujours.
Son âge surplombait celui de Sehun, de seulement 4 ans, et ainsi il continuait à le traiter comme l'enfant qu'il était à leur rencontre. Mais aujourd'hui le plus jeune savait que c'était à lui de réconforter et protéger son aîné, comme ce dernier l'avait tant de fois  fait pour lui.

C'est dans ce genre de moment que Sehun prenait réellement conscience de ce qu'ils étaient devenu.
Ils ne semblaient plus rien, des jouets dont l'enveloppe charnelle appartenait à d'autre. Ils avaient perdu leur statut d'homme et ne s'accordaient pas celui des animaux. Ils n'était même pas considéré comme des êtres méritant de vivre. Du moins c'est ce qu'on leur faisait comprendre.

La dépression, la désespérance, la souffrance, celle menant au suicide.
Voilà où ils étaient tous rendu.
Ils n'avaient pas droit à leurs propres choix, la mort viendra quand ceux au-dessus l'auront décidé.

Mais le jeune homme avait aussi conscience qu'en lui perdurait tout de même une petite part d'humanité. Celle que personne n'était encore parvenu à lui arracher. On les traitait de mutant, soit, c'est vrai qu'ils possédaient des capacité qui les rendaient différent des humains. Mais ils avaient des émotions, des sentiments, des ressentis, de l'empathie, et tout cela les rendait plus humains que quiconque.
Sehun le savait car, si ce n'était pas le cas, il ne serait pas en train de serrer Luhan dans ses bras.

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