Chapitre 9 : Le lien du sang
Ellena
Aujourd'hui j'étais arrivée au lycée avec Isa et Raphaël. Nous étions tous rentrés à la même heure. Puis j'avais laissé Raphaël à l'accueil, et j'étais partie en cours.
Hier nous avions lu la traduction que Madame Vincent nous avait faite de la lettre. Elle était assez incomplète, mais nous avions pu distinguer les mots de la grotte, ce que nous avions vu dans notre soi-disant rêve. Il n'y avait plus aucun doute, c'était le gardien de l'esprit, qui, après avoir reçu ces prédictions de Nostradamus, les avait gravés dans la grotte.
Soudain, la porte de la salle de Français s'ouvrit, ce qui me tirait de mes pensées.
Un surveillant entra, suivi de...
- Bonjour ! Je vous présente Raphaël Mariani, un nouvel élève.
Raphaël ! Il ne m'avait pas dit qu'il était dans ma classe ! Mon visage s'illumina, et un grand sourire s'afficha sur mon visage, tandis que notre professeure de Français indiquait sa nouvelle place à Raphaël.
Il passa devant moi et me fit un clin d'œil.
- - -
La cloche sonna la fin du cours d'histoire, mais surtout le début de la pause midi. Avec Isa et Raph, nous nous étions donnés rendez-vous à l'extérieur du lycée pour aller manger à la boulangerie d'en face.
- Alors, cette première journée, Raphaël ? demanda Isa en nous voyant arriver.
- La classe d'Ellena est vraiment trop sympa ! Et le lycée est super grand !
Tout en marchand, Isa continua :
- Vous avez quoi, cette aprem', vous ?
- Philo, Spé Maths, Enseignement scientifique, énumérai-je.
- Ça a l'air ennuyeux, dites donc ! fit Isa en riant.
Elle commanda un sandwich au ton, la spécialité de la boulangerie, et au dessert, elle fut la seule qui préféra manger la pomme qu'elle avait prise plutôt que le délicieux cookie aux pépites de chocolat du magasin.
Puis, après avoir mangé le repas, nous retournâmes au lycée. Je m'assis avec les autres sur un murée, et relis la traduction de la lettre.
- Pourquoi Manon et moi n'avons pas eu la vision, comme vous ? demanda Raphaël, brisant ainsi le silence. Si Manon n'avait pas été dans mon cas, j'aurais pensé que c'était parce que je n'étais pas vraiment de la famille, d'un point de vue biologique... Mais là...
Tout en prononçant ces mots, Raphaël avait cherché une bouteille d'eau dans son sac.
- Mince ! S'exclama-t-il. Ce n'est pas mon sac, c'est celui de Chris !
Un bout de papier au fond attira son attention. Il le sortit.
- C'est à Chris, fit-il. Je ne devrais peut-être pas le lire...
Mais il déplia tout de même la feuille. Il lit le titre, inscrit en gras.
"Adoption de deux enfants rescapés d'un très grave accident, septembre et octobre 2007"
Raphaël
"Adoption de deux enfants rescapés d'un très grave accident, septembre et octobre 2007"
Mes parents ne m'avaient jamais raconté mon adoption. Je leur avais toujours réclamé, Chris le savait. Et il détenais ce papier qui allait peut-être me donner des réponses à mes questions. J'osais espérer qu'il n'avait découvert ce papier que très récemment, et qu'il comptais me le donner...
Les filles s'approchèrent de moi, ce qui me décida à entamer la lecture.
"23 septembre 2007 : Deux enfants sont recueillis dans l'orphelinat après avoir été hospitalisés à la suite d'un accident de voiture. Leurs parents sont morts sur le coup. La plus jeune doit avoir quelques semaines, pas plus, et le grand, environ 5 ans. Ils ne se souviennent de rien, même pas de leur prénom. Le grand ne semble pas reconnaître sa petite sœur"
En lisant ces mots, des larmes coulèrent sur mes joues. La seule chose qui m'importait à présent, c'était de savoir si c'était de mes vrais parents dont parlait la lettre. C'est une chose de savoir que l'on a été adopté. S'en est une autre de savoir pourquoi on s'est retrouvé dans un orphelinat.
" 3 octobre 2007 : Une famille se propose pour l'adoption des deux enfants. Famille Mariani. Mais le médecin recommande une rupture avec le passé, ce qui nécessiterait la séparation des deux frères et sœurs. Famille Mariani adopte donc le plus grand, qu'ils nomment Raphaël."
Je sentis mon cœur battre à vive allure. Mes parents, mes vrais parents, étaient morts.
Et si c'était à cause de moi.
Ce furent les premiers mots qui me vinrent à l'esprit, même si c'était insensé et absurde. Ce devait sûrement être les premiers mots qui venait à l'esprit de toute personne à ma place.
La deuxième chose fut :
J'ai une sœur.
La curiosité me força à continuer ma lecture malgré la nausée que je ressentais.
"5 octobre 2007 : Une seconde famille se propose pour l'adoption de la plus jeune. La mère est une cousine éloignée de celle qui a adoptée Raphaël. L'adoption peut donc se faire, à condition de pas révéler aux enfants qu'ils sont frères et sœurs."
Ce fut au tour d'Ellena de se sentir mal. Isa la regarda un instant sans comprendre, puis d'un coup, elle parut avoir enfin comprit, puisque son visage se tinta d'horreur.
Quand à moi, je ne voulais pas comprendre. Mais Ellena m'y força inconsciemment. Elle m'arracha le papier des mains, et relut à voix haute. La sonnerie retentit. Nous devions retourner en cours. Mais je m'en fichais. À présent, rien ne m'importait plus que la lettre que je venais de lire. Ellena se releva brusquement, à la fois bouleversée et folle de rage.
- Manon ! fit-elle entre ses dents.
Et elle partit en courant.
Chris
Ma journée commençait... Mon sac sur le dos, je franchit la grille de l'université. Comme Samedi, je me sentais tout petit comparé à l'immensité de l'établissement. Je ne savais pas vraiment comment me repérer ici, mais j'avais le temps car j'étais venu à l'avance. Tandis que je continuais à marcher, je pensais à cette personne dont je ne daignais pas me souvenir du nom. Celle qui m'avait jeté la pierre dessus samedi, comme un enfant de maternel qui n'avait jamais grandi. Tout le mal qu'il avait fait à mon frère s'était retourné contre lui à ce moment là. Un sourire m'échappa à cette pensée. Si je pouvais seulement recommencer...
Absorbé dans mes pensées, je ne remarquais pas tout de suite que quelqu'un me suivait. Pourtant je sentais des yeux dans mon dos... Brusquement, je tournai le tête, pour surprendre l'individu. Je n'en cru pas mes yeux. Il y avait bien quelqu'un qui me suivait. Mais, tant mes espoirs étaient au dessous de celui de la revoir, je mis quelques secondes avant de réaliser.
- Julie ? C'est... C'est toi ?
Celle ci approcha. Elle n'avait pas changé. Ses yeux pétillaient toujours de malice, et un grand sourire était affiché sur son visage... Comme avant. Comme quand nous étions ensemble, il y a 5 ans.
Elle me sourit.
- Je ne pensais pas te revoir... murmura-t-elle. Tu m'as manqué, tu sais.
Quand elle prononça ces mots, je me rendit compte que moi non plus, je ne l'avais jamais oubliée. Nous étions ensemble depuis près d'un an, quand, au milieu de ma classe de seconde, j'avais dû partir. J'aurais pu en vouloir à mon frère, mais ce n'était pas de sa faute. Mes parents avaient un ami à Paris qui leurs avaient proposé de leur louer à bon prix un appartement, ils avaient acceptés. Ce n'était pas à cause de mon frère, et même si ça l'avait été, il n'avait pas choisit de se faire adopté, d'avoir une sœur dont il ne connaissait pas l'existence...
- Tu... Tu vas bien ? lui demandai-je.
Je n'arrivais décidément pas à reprendre mes esprits. Je devais avoir l'air idiot, comme ça. Mais il n'y avait personne autour de nous, nous étions seuls. Julie s'approcha un peu plus de moi.
- Je vais mieux maintenant que tu es là. Je n'ai cesser de penser à toi quand tu étais à Paris. Je n'ai cessé d'espérer que tu reviennes. Mes parents ont divorcé il y a deux ans. J'avais besoin de toi, que tu sois à mes côtés pour m'aider...
Et toi ? finit-elle par dire. Ton frère, il... Il a appris ?
- Non, soupirais-je, il ne le sais pas encore. Je ne sais pas comment lui dire. Mes parents me déconseillent de le faire, mais il finira par apprendre la vérité par ses propres moyens si je ne lui dis rien... Et je ne veux pas que cela se passe mal !
- Tu sais, peut-être qu'il vaudrait mieux que ça se passe comme ça, qu'il l'apprenne tout seul. Comme ça... tu ne t'en voudras pas s'il le prend mal.
Julie regarda sa montre.
- Je dois y aller, j'ai un cours dans quelques minutes...
Elle m'embrassa rapidement, et partit. Moi, je restais planté là, ne pensant plus à rien, seulement à elle... Pas même à l'heure qui tournais, au fait que j'allais arrivé en retard, moi aussi...
- - -
Je m'assis in extremis au premier bureau que je vis, reprenant mes esprits. Le professeur entra dans la pièce, et je sortis rapidement mes affaires. Mon cœur manqua un battement. J'avais échangé mon sac avec celui de mon frère.
Je mis quelques secondes à réaliser que j'avais laissé la lettre dans mon sac.
Tom
- Salut maman !
Je posai mon cartable sur le paillasson de l'entrée.
- Tu es déjà rentré ?
- Oui, notre professeur de maths était absent.
J'entrai dans la cuisine, où ma mère se trouvait, puis saluai ma tante. Tout les lundis et jeudis après-midis, quand celle ci ne travaillait pas, elle venait à la maison voir maman, et lui donner un coup de main pour le ménage et la vaisselle de notre grande villa.
J'allais monter dans ma chambre pour travailler, quand j'entendis un bruit qui venait de la porte d'entrée. La poignée bougea, et le porte s'ouvrit en un grand bruit. Ellena surgit dans le maison. Elle avait l'air bouleversée. Elle était rouge de colère, et en même temps on aurait dit qu'elle n'arrivait pas à reprendre son souffle. Ellena devait chercher sa mère, elle savait comme moi qu'elle se trouvait ici le lundi après-midi.
- Maman ! cria-t-elle.
Sa mère sortit à la hâte de la cuisine, inquiète pour sa fille.
- Elli, tout va bien ? s'enquit-t-elle.
Sans prendre la peine de parler, Ellena plaqua sur le visage de sa mère une lettre.
- Qu... Qu'est ce qui se passe ma chérie ?...
Ma tante saisit la lettre, et blanchit.
- Comment as-tu pu lui faire ça ? Comment avez vous pu LEUR faire ça ! hurla ma cousine.
Je ne l'avais jamais vu dans cette état. Je ne savais absolument pas de quoi elle parlait, et cela m'intriguait. J'espérais seulement que je n'étais pas inclut dans le LEUR... Oui, c'est vrai, j'aurais pu commencer par m'inquiéter pour ma cousine, mais vu comme Ell' avait l'air bouleversée, ma priorité numéro une à ce moment c'était de savoir si j'étais concerné.
- Elli, assieds toi, ma chérie.
Malgré la colère qui l'envahissait, Ellena obéit. Elle voulait savoir.
Voyant que sa mère et la mienne me regardaient d'un air méfiant, je fis mine de partir, et montait les escaliers en vitesse. J'attendis qu'elles se soient complétement désintéressées de moi pour redescendre sans bruit et me cacher derrière un mur.
- Je suis désolée, entendis-je dire ma tante, mais tu ne peux rien dire. Cela fait maintenant 12 ans que l'on cache ce secret à Raphaël et sa sœur...
Sa SŒUR !?
- Mais... Pourquoi ? la coupa Ellena.
- Tu as lu la lettre, n'est-ce pas ? C'est simplement parce qu'après un traumatisme comme celui-ci, il vaut mieux rompre avec son passé. Manon et Raphaël ne doivent pas savoir qu'ils sont frères et sœurs.
Quoi ? Manon avait été adoptée ?
- Chris... Il le savait depuis longtemps, n'est-ce pas ? demanda Ell', qui s'était un peu calmée.
Ma tante acquiesça.
Alors c'était pour cela... C'était pour cette raison que les pendentifs de Manon et Raphaël ne s'étaient pas activés...
À cause du lien du sang.
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