Chapitre 28.

28.

« Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères. » - Voltaire

Eli

Cela fait maintenant un mois que je suis partie de chez Nathan. Un mois que j'ai décidé de recommencer tout encore une fois. Un mois que j'ai retrouvé Maxime. Un mois que je me suis retrouvée.

Le voir chaque matin fait battre mon coeur plus vite à chaque fois, comme si je n'arrivais pas à me rendre compte que je l'avais retrouvé. Enfin. Chacun de ses gestes sont attentionnés envers moi, et ça me permet de reprendre confiance en lui, mais surtout en moi. Alors qu'avant j'étais la première partante pour toutes activités risquées, j'ai aujourd'hui peur de la moindre hauteur. Mais il est là à chaque fois, derrière moi pour me soutenir. Et je le sait autant que lui.

- Bonjour mon coeur.

Allongée bien au chaud dans le lit de son appartement, je me serre contre son ventre. Ses bras entourent mon corps et je sens son nez dans mon cou.

- Salut beau gosse, je réponds avec une voix encore endormie.

- Quoi au programme aujourd'hui ?

Il me pose innocemment cette question, comme il le fait chaque matin depuis une semaine maintenant.

- Maxime, tu penses pas que..., j'hésite avant de prononcer mon idée à haute voix.

- Quoi ?

- Je devrais peut-être retourner en cour... Et toi aussi d'ailleurs. T'es déscolarisé depuis le début septembre, tu n'as aucun diplôme mis à part ton bac, tu vis sur tes économies mises de côté par tes parents depuis ta naissance. Tu vas pas pouvoir tenir comme ça indéfiniment tu sais. Faut que tu reprennes les cours. Et moi aussi, j'ai le bac à la fin de l'année.

Je vois à son visage que mes paroles ne lui plaisent pas. Maxime n'a jamais été ce genre de personnes qui parvenaient à apprécier travailler de temps en temps, qui s'intéressaient à certains sujets étudiés en cours. Il en a toujours fait le minimum et s'en est sorti tout juste de nombreuses fois. Un dossier loin d'être en béton, une flemme plus qu'accentuée : il n'avait pas hésité à choisir la fac pour ses années postbac que ses parents lui obligeaient.

- Pourquoi t'es toujours aussi sérieuses Eli ? Pourquoi, même sur le lieu de notre histoire, le lieu où tu as disparu et où je t'ai retrouvé, même ici tu penses à travailler ? Non pas que je t'en veuille, parce que au moins un de nous deux est raisonnable, mais... J'ai envi de rester ici pour toujours avec toi, pour profiter de toi chaque instant de ma vie comme maintenant.

En prononçant ces mots, il m'attrape par la taille pour me serrer contre lui. Je ferme mes yeux et pose mes mains sur ses joues. Après un long baiser que je romps à contre coeur, je lui repose la question.

- Alors c'est oui ? On reprend tous les deux les cours ?

- Roh chut tais-toi, il m'arrête en m'empêchant de parler avec un nouveau baiser. Bon okay t'as gagné, il me répond enfin en s'apercevant que je le repousse.

La matinée se finie comme ça, entre bataille d'oreillers et chamailleries.

***

Dans certains films, le mauvais temps annonce une partie noire du film, où le personnage principal va pleurer seul dans sa chambre, le regard dans le vide vers la fenêtre. C'est aussi à cette partie là du film que le spectateur se sent proche de ce personnage, car on peut apercevoir ses faiblesses.

Peut-être que le fait que les rues de la ville soient dégoulinantes d'eau de pluie aurait pu être un indice pour que je puisse prévoir ce qui allait s'ensuivre l'après-midi.

Je fixe la fenêtre depuis maintenant une heure. Je regarde ces petite gouttes glisser le long de la vitre, s'assembler les unes aux autres pour en former des plus grosses et tomber plus vite. L'eau ruisselle sans cesse, subissant les lois de la gravité. Elles sont attirées inexorablement vers le sol, et je trouve ça magnifique. Comme à mon habitude, je ne tarde pas à attraper mon carnet de dessin pour immortaliser la scène et la faire revenir dans le temps.

Apres une heure de travail acharné pour représenter ces simples gouttes de pluies - nature morte qui me semble vivante -, je feuillette mes dessins précédents. Maxime, le visage légèrement ridé par les quelques années que je lui ai volontairement ajoutées. Notre plage au crépuscule. Paige, adolescente, endormie sur la terrasse, ses cheveux blonds ornés de pépites d'or. Elle est magnifique. Et elle me manque tellement.

Je continue à remonter les pages une par une, faisant ainsi remonter de nombreux souvenirs des derniers mois. Ils me manquent, c'est un fait, mais je ne dois pas y penser, et résister à la tristesse.

Les mains de Maxime se posent alors dans mon dos, et il pose un léger baiser sur ma nuque. Nous nous sommes mis d'accord pour se rescolarisés la semaine suivante, et malgré ses réticences du début, il semble maintenant motivé à reprendre son futur en main.

Je fais tourner les feuilles du carnet dans le sens inverse, pour parvenir à une nouvelle page vierge. Et je recommence un nouveau dessin. Mes doigts virevoltent au dessus de la feuille, mon crayon griffonne des traits, noircis certains angles, sans que j'ai véritablement le contrôle.

Même si j'ai retrouvé la plupart de mes souvenirs, une petite partie est encore floue. Il se peut d'ailleurs que ces souvenirs restent à jamais oubliés pour moi, mais je ne peux faire autrement que d'espérer simplement qu'ils resurgissent avec le temps.

Je continue mon dessin, voulant à tout prix dessiner le visage qui s'est imprimé dans mon esprit quelques instants auparavant, avant qu'il ne m'échappe.

Je tends la main pour attraper une boite de pastels et j'ajoute de la couleur au dessin. Lorsque je m'éloigne de ma feuille, je distingue en premier lieu deux grand yeux gris cendre. Ils paraissent tristes et perdus, et semblent me fixer même à travers le papier.

Je relève la tête pour croiser le regard de Maxime. Ses sourcils sont froncés et ses doigts tapent nerveusement contre le dossier de ma chaise.

- C'est mon frère, je prononce.

Je n'ai aucun doute sur l'identité de la personne que j'ai dessiné, mais pourtant, quelque chose m'échappe. Il n'est dans presque aucun de mes souvenirs. Et surtout, je n'ai aucune image de lui avec mes parents.

Depuis que j'ai retrouvé Maxime, je ne les ai pas prévenu de mon retour. Nous étions en froid depuis de nombreux mois avant que disparaisse, et même si la cause de cette distance instaurée entre eux et moi m'échappe, je compte leur rendre visite dans les semaines qui suivent. J'ai interrogé Maxime plus d'une fois sur la raison de une probable dispute avec eux, mais il ne m'a jamais véritablement répondu une responsable claire.

La mâchoire de Maxime est tendue, et je comprends qu'il ne veut pas m'expliquer la cause. Mais je veux comprendre, j'ai besoin de comprendre !

- Maxime, qu'est-ce qu'il y a ?

- Oui, c'est ton frère... Sa voix faible vacille, et pour la première fois depuis longtemps, je perçois de la peur dans le son fluide de ses paroles. Et je ne veux pas que tu le vois de nouveau, il m'ordonne.

Pendant quelques instants, je ne sais comment réagir. Pourquoi une telle agressivité d'un seul coup ? Il ne peut pas m'interdire de me voir, il n'a aucun pouvoir sur moi, et je suis libre.

- C'est mon frère je fais ce que je veux, je me défends.

Ses yeux laissent transparaître une forte panique d'un seul coup, et il m'attrape les épaules, avant de me secouer comme un prunier.

- Mais Eli ! Pourquoi tu ne te souviens pas ! Tu étais seule avec lui le jour où tu as disparue !

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Salut ! Comment vous allez ? Cette fin de trimestre se passe bien pour vous ? Moi on va dire que je suis légèrement trop stressée haha. Racontez moi tout !

Ce chapitre vous a plu ?

Comment imaginez vous la suite ?

Comment voudriez vous que l'histoire se termine ? (Et puis, on approche doucement de la fin des aventures d'Eli et Nathan...😥)

Un énorme merci pour vos commentaires, vos messages de soutiens, votre lecture, et les 10k qu'on a dépassé ensemble ce week-end ❤️ !

Bisous !

So.

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