14. SOUS LA COUVERTURE


Alan

Le raisonnement logique. Cette faculté intellectuelle qui nous permet de deviner, de percevoir certaines choses avec une lucidité déconcertante. Nous avons des certitudes, sans réellement savoir d'où nous proviennent-elles. J'observe cette couleur caramel et je sais parfaitement qu'elle est variable. C'est une de ces connaissances acquises qu'on appelle une évidence dont on ne s'interroge plus.

Lorsque j'agite mon bras pour faire tournoyer ce liquide dans ma main, je sais avec exactitude que ce bourbon peut varier de tonalités. Caramel, jaune, brun, rouge... Pourtant ce soir, la diversité des couleurs de ce scotch me fascine. Est-ce que ce scintillement est présent habituellement ou est-il uniquement amplifié par ce verre en cristal ?

Sans doute un peu des deux. Les jeux de lumière rendent ses teintes captivantes. Le rouille devient bronze et le jaune se change en or... À cette pensée, je ne peux m'empêcher de jeter un dernier coup d'œil vers mon lit et d'une traite, finis mon verre.

Voilà que je déraille à mon tour ! Je le dépose avec délicatesse sur la table d'appoint qui jouxte le fauteuil sur lequel je suis assis. Ensuite, je me lève pour me diriger vers elle, « la belle au bois dormant ». Je m'accroupis à hauteur de son visage pour mieux la contempler. Nora tu es belle mais ce soir tu es d'une beauté effarante, presque surréaliste. Tu es comme le meilleur des whiskys.

Nora

Tic, tac, tic, tac... À travers mes yeux clos, je perçois une lumière éblouissante. Tic, tac, tic, tac. Je prends mon cousin et le met sur ma tête. Je veux dormir, rester dans mon lit toute la journée, un plan tentant.

Ma tête est enfermée dans un étau, mon corps est lourd et ma bouche est pâteuse, complètement sèche. J'ai soif mais l'idée de boire ne serait-ce que de l'eau me donne immédiatement la nausée. Heureusement que le tournis sans fin de la veille a cessé ! La veille ? Oh mon Dieu ! Misère !

Comment suis-je rentrée à la maison dans cet état ? Oh ! Mais ce bruit de montre est insupportable ! Même avec ma tête enfouie sous l'oreiller, j'entends encore ce mécanisme incessant. Argh ! Agacée, je me bouche les oreilles de mes deux mains.

Tiens, mais je n'ai ni de montre, ni d'horloge dans ma chambre... Subitement submergée par la panique, mon mal de tête disparaît et mon corps reprend de la rigourosité ! Prudemment, j'abaisse mes bras et me concentre sur mes perceptions.

Rapidement, un autre bruit me parvient, celui d'une respiration régulière... Toujours sous le coussin, je tourne la tête vers cette direction et frôle de ma jambe un corps chaud et dénudé. Ça ne peut qu'être Alan car c'est le dernier visage dont je me souvienne. D'ailleurs, maintenant que j'y prête plus attention son odeur est très manifeste, y compris sur ce tissu qui me sert de bouclier.

Oh mon Dieu ! C'est Alan et il dort à côté de moi ! Je regarde vers le bas, soulève légèrement la couverture pour y jeter un coup d'œil et cligne plusieurs fois des yeux, troublée par cette vision. Quelle injustice ! Son corps est beau, il donne une folle envie de s'y blottir.

Quelques secondes passent avant que je ne réalise tout ce que cette situation implique réellement. Ces draps anthracites ne m'appartiennent pas et je ne suis pas chez moi. La honte s'incruste en moi. Vêtue simplement de sous-vêtements, je me fais l'effet d'une pauvre fille à ses côtés.

Hier, je me suis donnée en spectacle. Quelle humiliation ! D'un bond, je m'assieds car la panique me gagne. Ici, c'est l'antre d'Alan. Cet endroit est beaucoup trop intime et beaucoup trop privé. Immédiatement, je me fais toute discrète pour sortir du lit.

Mes pieds butent contre quelque chose de froid. Une bassine ! Elle est vide mais misère, quel embarras tout de même ! Je regarde Alan, il n'a pas bronché, visiblement il dort d'un sommeil profond. Je me détourne pour chercher mes habits et les remarque  posés sur un banc qui git au pied du lit.

Non loin de là, j'aperçois également mes escarpins. L'image est quelque peu surprenante... Sur une petite table, il y a une bouteille de scotch, un verre et mes chaussures. L'ensemble est semblable à une couverture de livre érotique. Je me lève doucement et ramasse mes affaires avant de sortir de la pièce avec pour seul objectif, quitter les lieux.

Je ne prête aucun intérêt à l'environnement qui m'entoure. J'avance tout en enfilant prestement ma robe. S'ensuit la bandoulière de mon sac que je jette négligemment autour de mon cou. Lorsque je complète ma tenue de mon perfecto, j'en profite pour regarder rapidement autour de moi à la recherche de la sortie.

Une porte attire immédiatement mon attention, elle se démarque par son aspect imposant. L'échappatoire. Tenant mes talons hauts dans ma main gauche, j'appuie de ma main droite sur la poignée et là... Rien ne se produit. La porte ne s'ouvre pas bordel ! J'appuie à nouveau et réitère la manœuvre encore une fois. En vain.

Misère ! Il n'y a pas de clef sur cette putain de porte ! Je fais un tour sur moi-même en me disant qu'il y a peut-être une autre porte ou une clef quelque part... Lorsque bim, bam, boum, mon cœur cesse de battre. Je vois une chemise sur le dossier d'une chaise haute et elle est tachée de sang.

Instantanément, je suis prise de remords. Mon envie de fuir m'a aveuglé. En état de choc, je m'approche de ce tissu blanc. Je saisis immédiatement qu'Alan s'est battu avec ce sportif par ma faute. Manifestement, je n'ai pas bue assez, en tout cas pas suffisamment pour oublier tout ceci.

Finalement, je reviens sur mes pas, traverse cet immense espace aux larges couloirs. Cet appartement est le reflet d'Alan, grandiose. Il m'a ramené chez lui, moi, le fardeau que j'étais hier, que je suis.

Il a même songé à mettre un récipient au bord du lit, au cas où je me sentirais mal. Je me repère facilement dans ce couloir, il me suffit de suivre l'odeur de l'alcool qui provient de la chambre. Alan dort toujours paisiblement et dans son abandon, il ne se doute pas à quel point je ne suis qu'une lâche.

Doucement, je pose mon sac et ma veste sur le fauteuil qui fait face au lit puis je m'approche de cet homme énigmatique. Maintenant que je l'observe, je constate que son œil droit est sacrément amoché. Son arcade est fendue et bien gonflée. Ma culpabilité est à son comble lorsque j'aperçois la présence de sang séché sur son coussin.

Brusquement, la nausée réapparait. Il doit certainement y avoir des toilettes quelque part. Je vois une porte coulissante dans cette pièce, vraisemblablement une salle d'eau. Effectivement, c'est une grande salle de bain avec une douche italienne.

Je me place au-dessus du lavabo et me rince le visage pour enlever le reste du maquillage visible sous mes yeux. Dans un contenant en marbre, j'aperçois une seule et unique brosse à dent. J'ouvre le miroir et trouve un emballage ouvert contenant une autre brosse neuve ! Youpiii! Enfin une haleine fraîche qui ne sent plus l'alcool !

Ensuite, j'enlève tous mes habits y compris mes sous-vêtements et finis par me rafraîchir. Je pars dans sa chambre, jette en boule mes affaires sur ce fauteuil et sors mon portable de mon sac à main. Plusieurs messages de Vanessa, alors je m'empresse de lui faire un texto pour la rassurer.

Une fois tout ceci fait, je soulève la couverture et me pelotonne contre lui. Ce qui me traverse l'esprit, c'est que j'ai toujours détesté les sauveurs, ils m'agacent. Ensuite, je niche mon visage dans son cou et souris lorsque je le sens spontanément se rapprocher de moi.

—  Tu n'es pas partie ?

—  Comment aurais-je pu ? Tu as fermé la porte à clef !

Sa poitrine se soulève au rythme de son rire étouffé. Il prend mon menton et lève mon visage vers le siens. Avec ses yeux rieurs il me dit :

—  Je n'ai pas fermé à double tour. Je pose toujours la clef sur la commode qui se trouve à côté de la porte.

Il m'embrasse le front et sors du lit. Je le regarde s'étirer puis rouler des épaules avant de se toucher le paquet. Misère ! Il se dirige vers la salle de bain et me lance :

—  Reste sage ! N'en profite pas pour déguerpir, je reviens tout de suite.

J'entends le bruissements de l'eau et le frottement qui indique qu'il se lave les dents. Pendant ce temps, gagnée par une soudaine pudeur, j'envisage de me rhabiller. Avant que je ne me décide à le faire, il réapparait avec un large sourire aux lèvres et le regard pétillant.

Muni de la couverture, je me cache la tête de peur que mon intérêt soit beaucoup trop lisible sur mon visage, aussi visible que sous son boxer. Mon Dieu ! Je l'entends glousser avant de venir me rejoindre. Lorsqu'il soulève la couverture, un courant d'air frais s'y faufile et mes mamelons réagissent instantanément.

—  Baisse ce drap, j'ai froid ! dis-je tout en couvrant ma poitrine de mon bras et mon intimité de l'autre.

Le matelas s'affaisse sous son poids et sa bouche vient se poser sur mon épaule. Oulala !

—  Si je comprends bien, tu voulais partir puis quoi ? Tu es revenu toute nue dans mon lit ?

Pendant que ses baisers longent mon bras qui cache toujours mes seins, je pose mon autre main sur sa tempe.

—  Je suis désolée pour ceci et je m'excuse pour ce qu'il s'est passé hier, je ne pensais pas que...

Il relève sa tête, sonde intensément mes yeux de son regard émeraude.

—  Ce n'est pas grave, ne t'en fais pas pour ça.

Visiblement, il ne désire pas poursuivre la conversation sur ce sujet. Comme si de rien n'était, il reprend là où il s'est arrêté en me parsemant de baisers. Lorsque sa bouche termine sa course et finie sur main, je plonge mon autre paume dans ses cheveux. Il me mord un doigt et délicatement j'ôte cette main protectrice.

Son souffle chaud me titille le téton avant que sa langue s'y pose. Je bascule la tête en arrière sous l'effet intense que me produit cette caresse, cette succion. Il se positionne au-dessus de moi et sa barbe vient agréablement me picoter la peau. Mon ventre se soulève au fur et à mesure de sa descente, je me tends vers lui.

Il me lèche le nombril et avec une lenteur extrême poursuit son chemin. Ma respiration s'accélère puis se bloque en attente de cette suite.

—  Hum, Nora, Nora. Dit-il avant de coller sa bouche contre mon sexe.

Je ne suis pas étonnée de constater que sa langue exerce la pression parfaite, d'une lenteur totalement exagérée. S'il poursuit comme cela, je ne vais pas pouvoir attendre longtemps. Il sait y faire, il n'y a pas de doute. Le premier gémissement m'échappe, incapable de le contenir.

Rapidement, succédé par d'autres. Surtout au moment où il happe mon clitoris pour mieux le sucer. De petits tremblements commencent à m'envahir seulement voilà, il arrête son art pour y introduire son doigt. Oh mon dieu, oh mon dieu ! Mon plaisir est tellement extraordinaire que mon corps ne répond plus de moi.

Ma respiration devient saccadée et je prononce son prénom qui prend des airs de psalmodies, d'incantation. Sa langue accélère la cadence alors qu'il exerce une pression lente et exquise en moi. Je m'agrippe à ses cheveux, pensant devenir folle, secouée par des soubresauts incontrôlables. Puis ses lèvres ralentissent le rythme alors que sa main accélère le va-et-vient et que son autre bras se pose sur mon ventre pour me maintenir clouée au lit.

Je me sens partir vers la jouissance. Là où une fois que nous y sommes, nous attendons que d'y parvenir à nouveau. Tandis que je quitte l'extase pour revenir sur terre, je le vois au-dessus de moi.

Il est à genou, jambes écartées en train d'enfiler un préservatif sur sa virilité tendue à l'extrême et me sourit d'un air vainqueur. Il se place entre mes cuisses et je me mets à penser que je ne l'imaginais pas du tout faire l'amour dans une position aussi banale que le missionnaire.

—  Nora as-tu déjà entendu parler de l'alignement coïtal ? me souffle-t-il d'une voix suave et sexy.

***

Publié, le 05 juin 2018

1. Devinette : qui est Vanessa ?

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