DEUXIÈME PARTIE -1.

DEUXIÈME PARTIE : LA VÉRITÉ.  

deux ans après.

—1.

-Papa, aujourd'hui, c'est mon tour de venir voir Lena avec toi ! s'exclama Elsa en arrivant en bas des escaliers.

-Est-ce que tu viens de courir dans les escaliers ? il l'interrogea, et elle se mordit la lèvre. Elsa, je veux la vérité, pas que tu me mentes parce que tu as peur d'être punie.

-Oui, elle répondit finalement. Mais j'avais peur que tu partes sans moi.

-Je ne vais pas partir sans toi. Je sais que c'est ton tour, aujourd'hui. Prends une veste et monte dans la voiture.

La petite hocha la tête avant d'attraper le premier vêtement à elle qui traînait et de filer dehors. Fernando entra dans la cuisine, ou Nora et Léo étaient en pleine partie de Monopoly.

-On y va, il leur lança, et Nora releva la tête.

-D'accord papa, à tout à l'heure !

Il leur embrassa la tête à tous les deux avant de sortir. Elsa était déjà installée à l'arrière, toujours aussi souriante. Du haut de ses quatre ans, elle comprenait très bien ce qui se passait, probablement parce qu'à chaque fois que c'était son tour d'accompagner Fernando pour voir Lena, il le lui rappelait où ils allaient, et pourquoi. À tel point que, depuis maintenant deux mois, Elsa avait pris l'habitude d'expliquer la situation d'elle-même à son père.

Nora et Léo aussi aimaient venir rendre visite à Lena, mais Elsa était celle qui était la plus dévouée, Fernando ne savait pas vraiment pourquoi.

-Papa ?

-Mmh ?

-Lena, elle est dans un hôpital, elle déclara, et Fernando hocha la tête. Parce qu'elle a eu un problème et maintenant, elle se sent pas très bien alors les docteurs l'aident à aller mieux.

-Exactement.

-Moi je trouve qu'elle va bien quand on va la voir. Mais je sais, elle se reprit en voyant que son père allait la corriger, que tu as dit que parfois, elle est très triste. Mais pas quand on est là.

-C'est pour ça que tu aimes bien venir la voir ? Parce que quand on est là, elle n'est pas triste ?

-Bah, oui, papa. On devrait aller la voir plus souvent, moi je trouve. Je pourrais arrêter d'aller à l'école pour rester avec elle tout le temps, comme ça elle sera jamais triste.

-C'est gentil, ma puce, mais tu sais très bien que tu ne peux pas faire ça.

Elsa hocha la tête, comme si la réponse de son père ne l'étonnait pas.

Ils restèrent silencieux durant le reste du trajet, ce n'est qu'une fois devant l'hôpital que Fernando ouvrit la bouche en voyant Irène, une des infirmières qui s'occupaient de Lena, avec laquelle il avait eu l'occasion de parler de l'amélioration de son état durant les deux dernières années.

-Bonjour, monsieur Torres ! elle lança avant d'écraser le bout de sa cigarette du bout du pied. Je suis content de vous voir, peut-être que vous allez réussir à faire comprendre à Lena qu'elle prend de mauvaises décisions.

-De mauvaises décisions ? il répéta, fronçant les sourcils. Il s'est passé quelque chose ?

-Le médecin a autorisé Lena à sortir. Mais elle a refusé.

-Quoi ? Mais pourquoi ?

-Elle vous répondra peut-être, à vous, elle haussa les épaules, et Fernando la remercia avant d'entrer, Elsa toujours dans ses bras. Comme d'habitude, il dût passer par l'accueil, puis il fut enfin autorisé à entrer dans la grande salle ou Lena les attendait toujours. En général, elle avait un livre dans les mains, et aujourd'hui ne délogeait pas à la règle : elle était plongée dans 1984, de George Orwell.

-Coucou Lena, lança Elsa en arrivant près d'elle, lui faisant un signe de la main : elle savait que même si elle en pourrait d'envie parfois, elle n'avait pas le droit de toucher Lena.

-Bonjour, tous les deux, Lena sourit en les voyant, et même si Fernando était un peu fâché à cause de ce qu'il venait d'entendre, il ne put s'empêcher de lui rendre son sourire.

Il y a deux ans, elle se faisait admettre dans cet hôpital, sans aucun espoir. Elle l'avait dit plusieurs fois à Fernando : elle avait tué et sa sœur, et d'après elle, elle ne pourrait jamais s'en remettre. Mais heureusement pour elle, Fernando, lui, avait de l'espoir pour deux. C'est lui qui l'avait convaincu qu'ici, ils allaient l'aider, c'est lui qui avait exigé de la retrouver tous les samedis. C'était difficile, au début, de se retrouver face à elle, elle qui ne faisait que pleurer. Alors un samedi, quand Nora lui avait demandé où il était allé, il lui avait dit la vérité. Il lui avait dit qu'une de ses amies était dans un hôpital un peu spécial, et qu'il allait lui rendre visite. C'est comme ça qu'une routine s'était installée : chaque samedi, un de ses enfants l'accompagnait. Et si au début, il avait peur de la réaction de Lena—est-ce que Nora et Elsa n'allaient pas sans cesse lui rappeler Valentina ?—, celle-ci avait été ravi de rencontrer les petits Torres. Peut-être parce qu'ils avaient ce pouvoir, étant enfant, de parler de tout et de n'importe quoi, sauf du problème qu'avait Lena. Parce qu'ils s'en fichaient, ils voulaient juste la voir sourire avec eux.

-J'ai croisé Irène en arrivant, il lâcha finalement la bombe, et Lena se replia sur elle-même. Pourquoi tu ne veux pas sortir, Len ?

Len. C'était sorti tout seul. Il n'avait pas utilisé ce surnom depuis quelques minutes avant l'accident. Et voilà qu'il s'y remettait.

-Parce que je ne veux pas retourner à ma vie d'avant et retomber.

-Lena...

-Je sais. C'était un accident. Et ça s'appelle un accident parce que c'est accidentel. Je le sais. Je le sais maintenant. Mais qui dit que je ne vais pas me convaincre du contraire une fois de retour dans mon appartement ?

C'est le moment que choisit la bouche de Fernando pour parler sans le consulter avant, puisqu'il lâcha :

-Viens vivre chez moi.

Lena le dévisagea tandis qu'Elsa mettait ses mains sur sa bouche, tout aussi choquée que les deux adultes. Oui, parce que même Fernando était surpris par ce qu'il venait de dire. Mais après réflexion, c'était loin d'être une mauvaise idée. Au moins, chez lui, elle ne serait pas seule, il y aurait toujours quelqu'un pour l'occuper et lui rappeler qu'un accident était un accident.

-Je suis sérieux, il ajouta en voyant qu'elle ne comptait pas répondre. Viens vivre avec nous. Qu'est-ce que tu en penses, Elsa ?

-Pour de vrai ? elle demanda, comme si elle voulait s'assurer qu'elle avait le droit d'exprimer sa joie avant de le faire. Moi je veux trop qu'elle vienne habiter avec nous ! elle s'exclama, et Lena sourit.

-Je ne peux pas faire ça.

-Je ne vois pas pourquoi. Tu sais très bien que Leo et Nora seront aussi heureux qu'elle, il dit en pointant Elsa du menton. Promets-moi d'au moins y réfléchir.

-Je vais y réfléchir.

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