Chapitre 17
Les époux Whittemore avaient vu bien des choses dans leur vie. Des choses joyeuses, choquantes, belles, tristes, surprenantes... Mais rien n'arrivait à la cheville du spectacle auquel ils assistèrent ce soir-là.
Il était de notoriété publique que les Whittemore et les Stilinski ne s'appréciaient pas, un peu comme les Malefoy et les Weasley. L'avocat n'aimait pas le shérif, et inversement. Il en était de même pour leurs fils respectifs qui, s'ils ne se détestaient pas vraiment, n'allaient pas devenir amis pour autant.
Ainsi, monsieur et madame Whittemore ne purent qu'être perplexe devant la vision qui s'offrit à eux quelques secondes seulement après qu'ils aient entendu la porte d'entrée s'ouvrir et se fermer, signe que leur fils était rentré.
Et c'était le cas.
Sauf qu'il n'était pas seul.
Que le fils Stilinski soit à ses côtés était une chose. Qu'il ait sur son visage quelques marques de violence naissantes et que Jackson le soutienne en était une autre. Que le châtain ait l'air exsangue fut la cerise sur le gâteau.
Jackson jeta un regard bref à ses parents, mais ne s'arrêta pas et emmena Stiles à l'étage sans une hésitation. Les époux Whittemore se regardèrent, sans doute dans l'espoir de comprendre ce qu'il se passait au travers des yeux de l'autre. Et alors que le père allait se lever pour aller demander des explications au fils, celui-ci débarqua à nouveau, un air plus que tendu plaqué au visage. Dans ses yeux brûlait un feu qu'on ne lui avait jamais vu. Un feu de glace.
Prêt à en découdre... A moins que cela ne soit déjà fait.
- J'ai quelque chose à vous dire, et ça ne va pas vous plaire.
Jackson parlait d'un ton sec et empreint d'un aplomb clair : il n'avait pas honte de ce qu'il avait fait, ni de ce qu'il allait leur avouer. Il assumait complètement – ce qui n'était pas toujours son genre.
- J'ai frappé le shérif et je ne suis absolument pas désolé : ni pour ce que je lui ai fait, ni pour les ennuis que ça risque de te causer, continua Jackson en fixant son père, parce que je sais très bien que tu as le bras assez long pour le faire taire.
Le père Whittemore cligna des yeux à plusieurs reprises. Jackson parlait rarement de son métier, et encore moins du pouvoir de l'influence si durement acquis à force d'affaires et de procès remportés. Whittemore était un nom connu à la barre, un nom que l'on craignait et que l'on gardait en mémoire... Jusqu'aux postes de police.
La mère de Jackson ouvrit la bouche en un « o » parfait en entendant les informations débitées par son fils. Mais elle ne dit rien. Pas qu'elle soit d'accord avec ses actes... Disons qu'elle était trop surprise, choquée pour dire quoi que ce soit de censé.
- Les ennuis que j'aurai hypothétiquement par ta faute, j'en ferai mon affaire, finit par lâcher l'avocat. Et si tu m'expliquais un peu ce que c'est que cette histoire, Jackson ?
David était un père aimant mais strict, qui ne tolérait pas un grand nombre d'exactions de la part de son fils. Il était d'avis que son métier et son statut ne devaient pas pousser Jackson à se dire qu'il avait accès à une certaine immunité, encore moins le droit de faire tout et n'importe quoi. Son père avait beau être un grand avocat, il ne serait pas capable de le sortir de toutes les situations possibles et imaginables qui existent. Ça, ça avait été mis au clair dès le départ. De son côté, Jackson était un garçon bien élevé et adorable. Intelligent de surcroît. Alors, David Whittemore ne s'énerva pas. Il n'était pas stupide et avait déjà commencé à faire le lien entre les quelques marques visibles sur le visage du fils Stilinski, son air hagard et cette manière qu'avait eu Jackson de l'aider à marcher. Avec ses paroles, il comprenait ce qui avait hypothétiquement pu se passer, sans se douter de l'ampleur de cette histoire.
A vrai dire, l'avocat ne connaissait du shérif que sa personnalité au travail. S'il ne l'aimait pas, il n'allait pas non plus répandre quelque rumeur que ce soit sur fond de complot juste pour descendre sa réputation. Beaucoup l'en croyaient capable, notamment parce qu'il en avait le pouvoir, mais ce n'était pourtant pas le cas. Il n'était pas de ce genre-là.
Jackson secoua la tête.
- Plus tard.
Actuellement, il avait d'autres priorités. Il avait tenu à prévenir son père avant de s'occuper de Stiles, ce qui, à son humble avis, était plus urgent qu'une explication qui, de toute manière, viendrait dans peu de temps.
Ainsi, Jackson repartit à l'étage, laissant ses parents dans le flou le plus total. Aucun des deux Whittemore ne chercha à le retenir. A la place, ils le regardèrent, perplexes au possible. Jamais Jackson n'avait eu l'air aussi sérieux et tendu.
De son côté, le kanima était passé par la case salle de bain avant de retrouver Stiles, qu'il avait instinctivement amené dans sa chambre. L'hyperactif n'avait pas bougé : il était toujours assis, au bord de son lit. L'air exsangue, complètement ailleurs. C'est à peine s'il leva les yeux vers lui, à peine s'il eut l'air de l'avoir remarqué. Jackson ne perdit pas de temps et sortit de la trousse qu'il avait apporté tout ce dont il avait besoin pour le soigner. Stiles se laissa complètement faire et frissonna chaque fois que la peau de Jackson entrait en contact avec la sienne. Jackson, qui lui demandait régulièrement si ça allait, s'il avait mal, où... Sans être agréable d'aucune manière à cause de cette colère sourde qui continuait de l'animer. Là, c'était définitif : qu'importe ce que dirait Stiles, qu'importe le fait qu'ils ne soient pas vraiment amis... Il ne le laisserait plus retourner chez son père. Plus jamais il ne laisserait Noah Stilinski s'approcher de Stiles. Leur relation avait beau être ce qu'elle était, Jackson n'était pas du genre à fermer les yeux lorsqu'il savait ou était témoin de quelque chose d'affreux. Noah était dangereux pour Stiles sur bien des plans : trop pour qu'il le laisse retourner là-bas.
Et c'était malheureux mais Jackson espérait qu'avec ça, Stiles... Ouvrirait complètement les yeux. De toute manière, il ne voyait pas comment il pourrait en être autrement. Son père l'avait... Le kanima n'avait même pas de mot pour décrire ce qu'il avait commencé à lui faire et ce qu'il... Aurait fait s'il n'était pas intervenu à temps. Stiles ne pouvait plus rester aveugle à tout cela. Ce n'était pas possible.
En tout cas, il gardait le silence, et Jackson n'aimait pas ça. Car ce silence, il était morbide, presque funeste. Un frisson le parcourut et il sut dès cet instant qu'il ne pouvait pas le laisser seul. Pas une seconde. Parce que si Stiles ne pleurait pas, Jackson sentait son odeur.
Elle n'avait jamais été aussi nauséabonde. Difficile à supporter.
Une fois qu'il eut terminé ses soins et pris sa douleur physique de temps à autres, Jackson lui demanda s'il voulait manger ou boire quelque chose, ce à quoi Stiles répondit par le silence. Il ne voulait rien, n'avait envie de rien. Juste dormir. Mais ça, il ne le dit pas. Il n'avait plus l'énergie de rien. Pas même de réfléchir et de regarder les choses en face. Il avait juste... Une pensée en tête, une seule.
- Où est ma Jeep ? Murmura-t-il en le regardant soudainement. Où est Roscoe ?
Jackson haussa un sourcil perplexe qui brisa un instant la froideur de son visage. Néanmoins, il se reprit rapidement et lui dit qu'elle n'était pas ici, mais chez lui. A ces mots, Stiles baissa les yeux. Esquissa un sourire qui n'avait rien de chaleureux. Le genre de sourires qui faisait froid dans le dos tant il était empli d'un désespoir sans nom.
- Tu penses qu'il va la brûler ?
- La brûler ? Répéta bêtement Jackson.
- Mes vêtements puaient l'alcool... C'est pour les brûler qu'il a fait ça, non ? Tu penses qu'il va faire pareil avec ma Jeep ? Tu penses... Qu'il me hait à ce point-là ?
Jackson ressentit le besoin soudain de fuir, mais il n'en fit rien. Il n'était pas doué pour consoler ou rassurer les gens, il... Ce n'était pas son truc. D'ailleurs, il n'avait pas fait attention à cette odeur dont il parlait tant la situation... L'avait fait bondir sans réfléchir. Stiles avait été sur le point d'être... Jackson refusa de mettre un mot sur ça. Alors sur le coup, il n'avait pas fait attention au reste. Pas même à la façon dont la chambre avait été transformée en... Cellule, quelque chose de bien hostile.
Et il se retrouva sans voix, dépourvu de mots. Que dire, de toute façon ? Jackson ne savait pas ce que comptait faire Noah, ne savait pas non plus s'il aurait le temps de faire quoi que ce soit. A cette heure-ci, Parrish devrait déjà avoir débarqué au domicile Stilinski. Il avait dû trouver le shérif, avoir découvert son état et celui de cette chambre, que le kanima commençait vaguement à visualiser après coup. Jackson se mordit la lèvre. Et ne dit rien.
Rien du tout.
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