Stiles entendit un "j'arrive". Son souffle était court et rapide. Il eut l'impression que son cœur allait s'arrêter tellement il battait fort. Il essaya tant bien que mal de se calmer, sans grand succès. La panique le submergea. Intérieurement, il se disait "n'écoute pas mon cœur, n'écoute pas mon cœur s'il te plaît". Il ferma les yeux très fort. Soudain, le bruit métallique de la porte se fit entendre. Son cœur rata un battement.

- Salut l'hyperactif.

Celui-ci ouvrit les yeux et tomba face à Derek. Il était habillé avec un t-shirt noir, à manches courtes, qui venait accentuer le contraste entre sa peau et sa barbe.

- Sa.. Salut Derek, bredouilla t-il.

- Tu as perdu ta langue ? C'est rare. Le loup haussa le sourcil comme il savait si bien le faire. Entre.

- Ah oui, mer.. Merci. Euh, ah, je n'ai rien pu ramener, je suis désolé, j'étais occupé toute la journée.

- C'est pas grave, je ne comptais pas trop sur toi de toute façon.

- Ah, ça y est les politesses sont finies, on s'envoie les mots doux ?

- Les habitudes ont la vie dure. Assieds-toi, dit-il en lui indiquant une chaise devant le bar. Tu veux boire quelque chose ?

L'humain réfléchit quelques secondes et se dit qu'il aurait bien besoin de courage.

- Tu as une petite bière ?

- Oui. Blonde, brune ?

- Blonde s'il te plaît.

- OK.

En silence, le propriétaire décapsula la bouteille et lui versa, dans un grand verre, l'intégralité de la boisson. Lui se servit une brune.

- Ça a beaucoup changé ici, mais ça reste sobre... murmura Stiles en regardant autour de lui.

- Je suis revenu il y a un peu de temps maintenant et je n'ai pas besoin de grand chose.

- Ça fait combien de temps ?

- 1 an et demi.

- D'accord, d'accord..

Un long silence s'installa. Le plus jeune se cassait la tête à chercher un sujet de conversation pour éviter de montrer sa gêne.

- On mange quoi ?

- J'ai cuisiné..

- Tu sais cuisiner ? s'étonna l'invité.

- Ne me coupe pas pendant que je parle. Grogna l'associable. Très drôle, au passage. Tu sais que je suis assez grand pour m'occuper de moi même.

- Me tue pas s'il te plaît ! J'ai une enquête en cours.. Oui, je sais bien, Derek Hale l'éternel solitaire.

- Une enquête ?

- Ouais... Tu te rappelles le cauchemar que vous a raconté Scott ? Et ben après mon Jogging..

- Toi du sport ? C'est la meilleure celle ci..

- Rappelle-moi qui ne doit pas couper qui ?

- Toi, vu que je suis plus fort.

-... Je me suis entraîné monsieur, tu as beau être bien foutu, avoir des crocs et des griffes de loup, je peux me défendre maintenant.

- On parie ? Se leva le loup-garou et laissant apparaître ses yeux bleus et ses canines acérées.

- Oh la tout doux, je suis venu pour manger, pas pour ÊTRE manger. Je dois d'abord résoudre le meurtre avant de décéder moi même, sinon je n'aurais pas l'esprit tranquille.

- Le meurtre ?

- Et voilà... A force de me couper, j'ai perdu le fil. DONC après mon jogging, rigole pas, j'ai eu un appel de mon père. Ils ont retrouvé un cadavre, semblable à mon cauchemar, dans les bois ce matin. Je participe à l'enquête en tant que consultant.

- Ah, c'est ça, tu as l'odeur du flic sur toi.

- Jordan.

- Ouais, voilà.

- Tu fais toujours autant attention aux autres, c'est cool.

- Du coup ? Vous avez trouvé des trucs ?

- Non... Pas pour le moment... J'en parlerai à Scott demain de toute façon.

- OK.. P'tit génie, pouffa le loup.

-... Derek. C'est pas sympa ça.

- Quoi ? Ton surnom ridicule ?

- Non, de te servir de Stan.

- En même temps... Tout le monde sait que tu sors avec Lydia, tu le montres tellement qu'il faut être débile pour passer à côté de ça.

- Puisque tu en parles.. Jordan et elle ont l'air de s'être bien rapprochés.

- J'm'en fou.

L'amoureux baissa la tête, but le restant de sa bière et se perdit dans ses pensées. L'hôte souffla et ajouta :

- Écoute, je ne me mêle pas des affaires des autres. Je sais juste que Lydia a connu une passe difficile.

-.. Pour tout te dire, j'ai l'impression que depuis qu'elle est revenue, il y a une sorte de distance entre nous.

-... Stiles. Hale s'arrêta et essaya d'être plus chaleureux. Tu veux en parler ?

L'intéressé releva la tête.

- Quoi ?! C'est vrai, je peux ?

- On est coincé ici une soirée. Raconte-moi.

- Ben, je la sens distante, comme si on était revenu 6 ans avant. Peut-être qu'elle s'est rendu compte que je n'étais pas assez bien pour elle..

- Tu es tombé amoureux d'elle à l'école primaire. Me regarde pas comme ça, tout le monde le sait. Et tu es resté fidèle à cet amour depuis le début. Faut être sacrément nulle pour penser que tu n'es pas assez bien. Et Lydia ne l'est pas.

- Woah. Tu es bavard. C'est nouveau ça.

- Débrouille toi tout seul.

- Non, non, je suis désolé.

- OK.

La bière commença à faire son effet et l'humain prit du courage.

- Non mais toi, tu es beau et fort. Même ta cicatrice te donne un côté Badboy sexy. C'est dégueulasse. Les mecs comme moi tout frêle, on a galéré toute notre vie. Et toi, tu as l'embarras du choix.

- Tellement que deux de mes ex étaient des psychopathes. Depuis ma dernière relation, j'ai décidé de stopper net tout ça.

- Ah mais tu ne sais pas les choisir aussi.. Non, range tes griffes, gentil. Si seulement j'avais un 10eme de ton physique..

- A table.

Derek se retourna et prit une casserole qu'il déposa sur une table dans le salon. La vaisselle était déjà mise. Stiles choisit une chaise et félicita le cuisinier pour l'odeur que dégageait le plat, ainsi que pour la décoration de table.

- En plus, il a bon goût et il cuisine bien.. Injuste, s'amusa t-il.

- Tu n'as pas encore goûté.

- Dis moi alors, pourquoi ça s'est fini entre Braeden et toi ?

- Donne-moi ton assiette.

- Tu comptes esquiver la question ?

- Ton assiette ! Je ne le répéterai pas une 3ème fois.

- OK ok..

Derek remplit copieusement les deux assiettes de pâtes Carbonara.

- Merci. Tu as appris à faire ça où ?

- Je suis allé voir Chris en France. Je suis tombé sur des gens qui m'ont appris à cuisiner ce plat. Je me suis dis que tu aimerais.

- Woah quel honneur.

-Mmh. Je voulais te proposer du vin mais je crois que tu as déjà bien bu avec ta bière. Pour conduire, il va falloir freiner la consommation.

- Oh, je t'ai pas dit ?! Jordan m'a déposé. Sinon j'allais arriver en retard et je n'avais pas envie de finir en charpie. Du coup, en sortant de chez toi, le plan c'est de prendre un chauffeur. Bon j'aurais du chercher ma Jeep au poste. Mais je peux y aller demain. Donc je veux bien goûter le vin.

- Mmh.

À ces mots, il se leva pour chercher une bouteille et l'ouvrit. Il versa le liquide rouge à la moitié du verre et s'asseya en face de Stiles.

- Du coup, Derek. Raconte moi, ta vie pendant ces 5 longues dernières années. Je veux tout savoir. Dit l'invité en goûtant le plat.

- Y'a rien à dire.

- Woaaaah c'est trop bon tu m'apprendras ?

- Non.

- Tu redeviens froid. Alors, ta vie ?

- Pourquoi ça t'intéresse autant ?

- Tu fais partie de la meute. Je m'intéresse à chacun d'entre vous.

- Va manger chez Liam la prochaine fois.

- Derek..

- Rien, j'ai vagabondé. Avant la rupture, on voyageait beaucoup. Et puis, un jour, on s'est fait surprendre par des chasseurs. C'est de là que vient ma cicatrice "Badboy sexy". On a réussi à s'en sortir, mais elle.. Elle a été aveuglé par son désir d'argent. Elle a repris son boulot de mercenaire. Elle a rejoint le groupe de chasseurs. Je me suis retrouvé seul. J'ai rejoint Chris en France. J'ai vu Isaac. On a vécu beaucoup de choses. Mais j'ai eu le mal du pays et je suis rentré. Voilà. Passionnant hein ?

Stiles l'écoutait attentivement, la tête posée sur ses mains. Il but du vin, réfléchit et répondit :

- C'est dommage pour vous. Tu es triste ?

- C'est comme ça.

- Au moins, grâce à ça, tu es de retour ! L'enthousiasme du jeune homme était un peu trop prononcé.

- Ouais.

- Super, ça fait plaisir de savoir à quel point tu tiens à nous, c'est cool. Un jour je vais te donner des cours de sociabilisation. Ça ne sera pas du luxe.

- Peu importe. Je vais débarrasser. Tu as encore faim ? demanda t-il.

- Non, ça va. Mais tu ne peux pas me chasser, je n'ai pas encore fini mon verre.

Un large sourire narquois se dessina sur le visage de l'invité.

- Dommage.

- Tu vas devoir me supporter encore un peu. J'ai toujours voulu savoir, mais quand tu es seul, tu fais quoi, tu t'ennuies pas trop ?

- J'ai pas besoin d'être entouré de gens pour m'occuper. Je fais du sport, je regarde des films, je lis..

- Tu menaces les gens de les tuer en les égorgeant sauvagement.

- Ça c'est un traitement spécial pour les hyperactifs de Beacon Hills.

- Chouette.

- Tu veux regarder un film ?

-... Le grand Derek Hale laisse tomber le masque de froideur. Aurait-il un cœur derrière cette incapacité à dialoguer ?

- Stiles.. Si tu continues, je vais vraiment finir par te mordre.

- Des menaces, des menaces. Faut changer de disque. Tu as quoi comme film ?

- Ne me cherche pas trop. Grogna le loup. Un peu de tout.

Le jeune homme finit son verre et demanda à son hôte s'il pouvait le resservir. Ce dernier accepta et lança un film policier. Ils se posèrent chacun à une extrémité du canapé. Ils discutèrent en buvant du vin jusqu'aux 3/4 du film. La faim revint et ils mangèrent de la glace.
Les effets de l'alcool se firent sentir. La tête du châtain tournait légèrement. Il regarda son voisin et commença à détailler son visage qui fixait l'écran. Au bout d'un moment, Derek tourna la tête vers lui et le questionna sèchement :

- Tu veux quoi ?

- Ta ci.. Cicatrice, elle te fait mal ?

- Celle ci ? Demanda t-il en touchant son sourcil.

- O.U.E.P

- Que lorsque je la touche.

- Je peux la toucher ?

- Oh la... Le petit génie a trop bu.

- Même pas vrai.

- T'es bourré Stiles, et rappelle toi ce qui arrive quand les gens ont trop bu...

- Aller, on est entre nous, je dirais rien. Et puis, tu me dois bien ça.

- Ah oui ? Et depuis quand ?

- Toi, là bas, tu.. Tu as passé.. Toutes mes années de lycée à me tr-traumatiser donc, tu p-peux au moins me lai-laisser toucher ta cicatrice.

- C'est de ta faute, tu es horripilant au possible.

- En attendant, t-tu as laissé le mec horripilant man-manger avec toi, et on a même passé une bonne soirée.

- Parle pour toi.

- Pourquoi tu es comme... Toi?

- Hein ?!

- T-t'es chiant.

- Au moins, j'arrive à parler normalement.

- B-ben ouais, autre effet loup-garouphique, L-l'alcool n'a pas d'ef-effet sur toi. Je suis t-trop jaloux.

- Stiles... Loup-garouphique n'existe pas comme mot. Et tu es très bien comme tu es.

- Donc, j-je peux toucher ta cicatrice ?

- Non.

- Je vais pas te lâcher, hehe.

Le Sourwolf souffla exaspéré.

- OK. Si ça peut te faire plaisir.

L'hyperactif, heureux comme tout, se rapprocha difficilement de son hôte. Il tendit la main et toucha le sourcil tant convoité.

- Woah... Q-qui a osé b-blesser le grand Derek Hale..

- Allez, ça suffit. Rétorqua t-il en tournant la tête à l'opposé puis, il se leva.

- M-merciiii.

Derek posa sa main sur les cheveux de Stiles et les ébouriffa.

- Je crois que ton verre est fini.

- O-ouais, je vais appeler un chauff..

- Pas la peine. Dors ici. Il y a une chambre d'ami en haut. Je vais t'aider à y accéder.

-N-non je ne veux pas te déranger.

- C'est bon, puisque je te le propose.

- P-pourquoi ?

- L'offre va bientôt expirer.

- En fait, t-t'es gentil.

- Non.

Le loup prit l'humain sur son dos et monta les marches.

- T'es tout chaud, t-ton dos est large. Elle a de la-ch-chance Braeden.

- Ferme la.

Il déposa doucement l'alcoolique dans son lit et referma la porte.
Stiles fixa le plafond et murmura "finalement, c-c'était une bonne s-soirée. J-j'espère qu'on en refera." avant de plonger dans un sommeil profond.