Chapitre 34 - Enterrements


Un homme habillé en noir se posta devant la foule. Il parla d'une voix grave et profonde. Il expliqua avec compassion la raison qui les réunissait ici. Toutes les personnes présentes gardaient le silence. On entendait quelques mouchages et sanglots par-ci, par-là. Stiles n'écoutait que vaguement l'employé des pompes funèbres. Il se concentrait pour soutenir moralement son ami et sa mère. Au bout de plusieurs minutes, Melissa McCall fut appelée pour prononcer le premier discours.

- Bonjour à tous. Je suis énormément peinée d'avoir à parler aujourd'hui. Chris Argent était un homme profondément bon. Il avait dévié quelquefois de ses convictions mais qui ne l'a pas déjà fait ?... Il a toujours réussi à se remettre sur le droit chemin. Il a été un conseiller, un professeur, un confident, un compagnon, un exemple paternel d'une grande sagesse. Il laissait toujours une chance aux autres de s'améliorer. En tout cas, il m'a amené beaucoup de lumière dans les moments difficiles. Je pense que c'est... C'était un homme extraordinaire. Chris, je t'aime et j'espère que de là où tu es, tu vas pouvoir te reposer et revoir les proches que tu as perdu. En tout cas, tu nous manqueras. Tu me manques déjà.

Elle n'arriva pas à garder son calme jusqu'au bout. Elle finit par verser quelques larmes et retourna à sa place. C'était maintenant à l'alpha de s'avancer.

- Hum, hum. Bonjour à ceux que je n'ai pas encore vu. Merci d'être venu. Il nous a expliqué vouloir une cérémonie simple, j'espère qu'on aura réussi à réaliser ce qu'il souhaitait. Par où commencer ? La première fois que tu m'as rencontré, j'étais tombé amoureux de ta fille, Allison. Tu n'appréciais pas trop ça, certains peuvent en être témoin. Et puis, petit à petit, on s'est apprivoisé. On a appris à se faire confiance. Toutes les aventures qu'on a vécues ensemble resteront gravées dans ma mémoire. Il y a eu des moments difficiles, des décès, et aussi des joies intenses. Ces derniers temps, on vivait une espèce de rêve éveillé, on était heureux. J'avais trouvé en toi un guide, un père. Et à cause de... Ce qui est arrivé, on a pas pu aller jusqu'au bout du projet qu'on avait en commun. Je le regrette amèrement. J'ai perdu beaucoup trop de temps à douter. Alors que toi, tu étais sûr, tu étais comme ça et je pouvais me reposer sur ton assurance à toute épreuve. Aujourd'hui, je suis persuadé que tu m'aurais pris dans tes bras, fais ton sourire réconfortant et tu aurais prononcé quelques mots comme "Aie, tu sais, c'est pas si mal, je vais pouvoir revoir ma fille et je serais là pour t'accueillir quand tu viendras me voir.". Tu m'as demandé dans ta lettre de ne pas être triste trop longtemps, de continuer à voir la vie du bon côté, que c'était en sorte un don naturel chez moi. Mais, la peine que je ressens actuellement... Est très pesante... Trop. Je.. J'avais encore besoin de toi, j'ai besoin de toi. Tu savais toujours quels mots employer. C'est injuste ce qu'il t'est arrivé. Toi, qui avait fini par trouver cet équilibre que tu espérais tant depuis des années. Nous t'enterrons aux côtés d'Allison, retrouve la enfin. Chris, je t'aime comme un père. Tu resteras à jamais contre nos cœurs.

Son discours était déchirant. Sa voix tremblait et ressemblait à un appel à l'aide. Kira le raccompagna jusqu'à sa chaise. Il posa son visage entre ses mains pendant de longues minutes. Stiles l'enlaçait par derrière. Il aurait voulu lui enlever cette sensation d'étouffement, cette sensation de cœur serré mais, c'était impossible. Et dans un sens, ce n'était pas si mal, la peine suite au décès d'un être cher était le dernier hommage qu'on pouvait lui rendre.

Le fossoyeur continua son discours sans vraiment trouver d'oreilles attentives. Tous étaient bien trop concentrés sur leur peine. Il leur demanda de bien vouloir se réunir devant la pierre tombale et on y installa le cercueil. Ceux qui le désiraient pouvaient faire un dernier geste, en lançant un peu de terre, une fleur ou quelque chose de symbolique. Scott s'approcha en premier et y jeta une chaîne où s'y attachait une plaque, ses lèvres bougeaient silencieusement. Melissa le suivit et déposa une fleur. Stiles s'avança, il se retrouva face à un trou profond, un léger vertige le prit. Il avait eu le temps, les jours passés, de forger une autre balle dans l'atelier du mort. Il la lâcha au-dessus du cercueil et fit demi tour. Isaac y laissa tomber un petit peu de terre. Les prochaines minutes étaient consacrées à respecter un silence honorifique. Puis, vint le moment de fermer la pierre tombale. Scott pleurait dans les bras de sa petite amie, elle-même avait le visage humide. C'était fini. Chris Argent s'en était allé, il fallait l'accepter. Sur sa pierre tombale, un petit écriteau de marbre laissait apparaître "À un père et un compagnon dévoué".
Le rituel voulait qu'on vienne saluer la famille, c'est donc naturellement que la masse s'attroupa vers l'infirmière et son fils. Ils étaient las de répondre aux attentes sociétales mais s'y attelaient tout de même. Stiles et son père les serrèrent puissamment contre eux. Derek, toujours dans la retenue, se contenta d'une petite accolade chaleureuse. Raphaël se fraya un chemin jusqu'à eux. Scott le dévisagea avec un léger mépris.

- Qu'est ce que tu fais là ?

- Je viens soutenir mon fils.

- Tu te rappelles en avoir un ? Miracle.

- Scott…

- Tu peux partir maintenant ? J'ai plus important à faire que de te supporter.

- Je… 

- Raphaël, il est temps que tu partes je crois, s'exprima Mélissa d'une voix cassante.

Le père s'avoua momentanément vaincu et s'éloigna. En tout cas, pour le moment, il n'était pas du genre à abandonner aussi facilement.

À la fin de la cérémonie, l'alpha convoqua sa meute.

-.. Vous savez, un des membres de la meute de Preston est décédé la même nuit...

- Oui ? Demanda Stiles. 

- Personne n'est venu récupérer le corps. Personne n'a voulu s'occuper de son décès.

- Et ? Souffla Peter.

- Je ne pouvais pas le laisser comme ça... C'est un pauvre gosse qui a voulu nous aider et qui était sous l'influence de l'autre.. J'ai donc proposé de m'occuper de son enterrement aussi.. Ça sera plus rapide.. Je suis désolé. Ses parents ne voulaient pas entendre parler de leur enfant "anormal" et sa meute l'a laissé derrière.. Je vous demande juste quelques instants, histoire qu'il ne parte dans l'indifférence la plus totale.

- Tu es vraiment trop sentimental, grinça le plus vieux des Hale.

- Je te signale que c'est grâce à ça que tu as pu intégrer sa meute, lui rétorqua son neveu.

- Il est vrai...

- Moi, je te suis Scott, déclara Isaac convaincu.

Tout le groupe se dirigea vers une tombe à l'écart, Rudy y avait déjà été déposé. Un autre croque-mort fit un discours plutôt rapide en rappelant que c'était une mort très violente et triste vu l'âge de la victime. Un adolescent qui avait toute la vie devant lui. Malheureusement, aucune personne devant le caveau ne le connaissait. La tristesse était donc moins palpable, bien qu'un sentiment de compassion émergeait. Stiles était toujours aux côtés de son amant qui ne lui lâchait pas la main. Le jeune homme sentait que ces différents enterrements le contrariaient plus qu'il ne le montrait. Puis, le loup tourna très légèrement la tête vers la droite, un mouvement quasiment imperceptible si on ne le regardait pas intensément. Par chance, c'était exactement ce que l'humain faisait depuis plusieurs secondes. Il regarda donc par-dessus son épaule et vit quelques personnes au loin. Il reconnut les anciens amis de Rudy. Presque tous étaient là, sauf Preston. Pour éviter un scandale, il garda le silence. Mais, les sourcils froncés, il lança un regard interrogateur à son voisin qui lui fit signe de se concentrer pour la fin du discours se déroulant devant eux. En balayant ses amis des yeux, il comprit que les autres n'avaient certainement pas été assez attentifs pour les repérer.

Le discours prit fin. On posa une plaque marquée "Rudy Williams, repose en paix". Et les amis se donnèrent rendez-vous chez les McCall pour passer un moment ensemble avant de se disperser. Peter avait décliné l'invitation.

Le couple d'hommes fut de nouveau réuni dans la même voiture.

- Tu sais pourquoi ils étaient là ? Demanda l'humain.

- Mmh... J'imagine qu'ils voulaient aussi lui dire au revoir..

- Preston n'était pas là.

- J'ai vu.

- Les pauvres.. J'aimerai bien les aider.

- Je ne pense pas que Scott voudra faire quoi que ce soit pour l'instant. Surtout pour Conor.

- Je ne sais pas… Conor c'est différent, il a tué Chris..

- Et j'ai déjà tué Paige, Peter, Boyd et Maria. Malia sa mère et sa sœur. Peter Laura…

- C'était des contextes totalement différents !

- Pas tellement, Preston n'est pas le genre d'Alpha contre lequel on peut s'opposer.

- C'est… Oui, tu as raison…

- J'ai quoi ? Tu peux répéter s'il te plaît, j'ai pas bien entendu. 

-Haha, tu aimes qu'on te le dise hein !

- Pour une fois que tu l'admets… En fait, ce n'était pas les seuls à être venu sans se faire remarquer.

- Ah ?

- Oui. Lana était là. J'ai senti son odeur.

- Ah... Tu sais, je ne pense pas qu'elle soit si mauvaise que ça.

-Je ne peux pas te contredire, grâce à elle, je suis toujours en vie. 

-Oh, en parlant de ça, mon père et moi, on a discuté avant l'enterrement.

- Mmh ?

- Il m'a questionné sur le déménagement. Il m'a limite foutu à la porte ! T'imagine ? Moi, son propre fils.

- Tu lui as répondu quoi ?

La voix de Derek possédait un léger ton anxieux. 

- Rien de précis...

- D'accord.

- Tu voudrais que j'emménage quand, toi ?

- Honnêtement ? J'aimerais t'avoir à mes côtés tout de suite mais je patiente. Ton père a besoin de toi.

- Tu es devenu vachement sentimental, faut que je m'y habitue.

- A qui la faute ?

- Je me suis dis.. Que je pourrais habiter avec toi dans les prochains jours.. Je vais déposer mon CV demain au bureau du shérif. Je pourrais t'aider pour les factures dès que je serai embauché. 

- Vraiment ? Tu es sur de toi ? 

- Oui.

Derek afficha un grand sourire qui laissait entrevoir ses canines. Stiles eut un frisson de désir qu'il ravala, cette expression lui faisait toujours autant d'effet. Mais, ce n'était pas le moment de s'adonner à leur pulsion.

- C'est entendu. Je viendrais vivre avec vous, Mr Hale, après-demain. Je continue à vous mettre en garde, je n'accepterai pas de retour en arrière.

- Au pire j'ai une deuxième chambre. Si jamais tu parles trop, j'irais m'exiler là bas...

- Personne n'échappe à mon débit de parole.

- On verra bien. Au pire, je connais une méthode pour te faire taire.

- Je vois que tu as tout prévu. 

- Il faut bien, l'ouragan Stiles Stilinski est en chemin vers mon appartement.

- Ta voix te trahit, tu es heureux.

- Peut-être.

Ils étaient tellement perdus dans leur conversation qu'ils ne se rendirent compte qu'ils étaient arrivés à destination que quelques minutes après. 

Descendus, ils rejoignirent les autres. Ils se séparèrent. Derek alla parler à Scott et Stiles rejoignit son père. Melissa avait préparé un buffet bien garni. Il eut beaucoup de succès. L'après-midi filait doucement. Les discussions essayaient d'être légères et bienveillantes, des rires forcés et des sanglots étouffés se faisaient entendre. Le loup reçut des compliments inattendus "Tu as changé, j'ai moins de mal à te parler" ou "Tu es plus ouvert, on a plus l'impression que tu vas nous tuer en nous regardant... Ou peut-être que si… Désolé, je me tais." que le jeune homme s'amusait à intercepter. La nuit tombait et la soirée s'essoufflait. L'alpha avait besoin de calme, il préféra rentrer avec sa compagne. Sa mère resta en compagnie du shérif, elle l'avait soutenu sans relâche pendant plusieurs années et il essayait de lui rendre la pareille. Leur amitié était très forte. Certains pensaient se changer les idées dans un bar, ce n'était pas au goût du futur policier qui rêvait de fuir le monde. Il déclina donc les invitations assez insistantes de Malia, il accepta, par contre, avec joie celle de son petit ami. Ils saluèrent tout le monde et rentrèrent au loft.

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