Chapitre 30 - Découverte Macabre


Stiles dut attendre que sa vision s'adapte à l'obscurité de la grotte. Le sol était inégale et des piques noires ressortaient d'un peu partout. Il ne distingua aucune forme humaine, il décida donc de prendre un peu de hauteur pour avoir une vue dégagée. Il s'avança prudemment vers une petite plate-forme à quelques mètres de là. Chaque pas était réfléchi pour éviter de se tordre la cheville ou pire. Il grimaça en imaginant les conséquences d'une chute dans un endroit aussi escarpé. "Je dois le trouver quoi qu'il advienne." se recentra t-il. Il glissa plusieurs fois mais arriva à destination sans trop se blesser. Il sonda rapidement les lieux. La caverne était grande, tout en haut un trou permettait à la lumière de percer, juste assez pour pouvoir l'observer dans son ensemble. Et, il finit par les voir. Au milieu, cachés par des monts de stalagmites, deux corps inertes. Il ne voyait pas leurs visages, cependant, il reconnaissait les vêtements que portait celui du dessous. Son cœur se mit à bondir. Il avait envie de hurler sa rage et son désespoir. Mais, il se ressaisit, ce n'était pas fini, pas encore. Il devait être très attentif, la roche était humide. Il dessina mentalement le chemin à emprunter et se lança. Il joua des pieds et des mains, se coupa la paume à cause d'une pierre un peu trop pointue, manqua de chuter vers l'avant à cause d'un appuis qui n'était pas aussi assuré qu'il le pensait et s'ouvrit légèrement l'épaule à cause d'un pan de mur un peu trop aiguisé. C'est fatigué mais surtout terriblement anxieux qu'il atteignit enfin sa destination. Il n'avait pas envie de regarder devant lui, c'était le moment de vérité, il ne pouvait plus reculer.

En levant les yeux, il crut vomir devant le spectacle morbide qui s'offrait à lui. Son homme était là, le visage inexpressif, les paupières closes et son teint était d'une blancheur terrifiante. Il était couché sur le dos, le haut de son corps reposait sur la surface rocheuse, tandis que ses jambes se perdaient dans l'eau. Au-dessus de lui, gisait le corps de son ennemie. Ses yeux étaient ouverts et livides, sa bouche fermée. Sa queue de sirène avait perdu de son éclat. Du liquide rouge s'écoulait encore, se mélangeant à l'eau de mer. Il le savait, cette scène macabre resterait inscrite éternellement en lui. Stiles rassembla les dernières forces qui lui restaient et fit glisser le cadavre de la sirène sur le côté. Les vêtements de Derek étaient imprégnés d'eau et de sang, son haut portait des traces de griffures. Signe d'un combat récent. Le jeune homme se laissa tomber à côté de lui et le regarda longuement, il semblait presque endormi, comme si, d'une minute à l'autre il allait rouvrir ses beaux yeux gris. Il se rappela les matins où il s'amusait à graver son visage dans son esprit, il se rappela de son air bougon, de son sourire ravageur auquel il ne pouvait pas résister et de son regard légèrement prétentieux lorsque le loup répondait à ses provocations. Il sentit ses yeux se voiler et il pleura en silence. Il était, d'ailleurs, étonné d'avoir encore des larmes. Tout doucement, il lui caressa les cheveux avec un sourire nostalgique. Il murmura "Tu vois, je suis là près de toi, je t'ai retrouvé... Je resterai avec toi aussi longtemps que tu le voudras. Alors s'il te plaît.. Ouvres les yeux." mais ses supplications restèrent inefficaces. Il reprit avec la même douceur "J'aimerais tellement... Revenir en arrière. Même au lycée quand tu me terrorisais, peu m'importe tant que je te vois en vie... J'ai été idiot. J'aurais dû m'en apercevoir plus tôt, j'aurais dû… Si on se serait rapproché pendant ces cinq longues années, si je ne m'étais pas entêté à faire des études aussi longues, si j'avais appris à mieux te connaître avant.. Alors peut-être que tu serais toujours à mes côtés. Peut-être que ça aurait été moi à ta place… Tu ne méritais pas de partir après tout ce qu'il t'est arrivé, après tous les efforts que tu as fournis pour avancer.. Tu sais, je ne sais pas comment je vais m'en sortir sans toi. Là, tu m'aurais sûrement ris au nez en me disant que je parle trop avant de me sauter dessus.. C'est trop dur.. Reviens.. Je ne veux pas que ça s'arrête… Je veux encore t'entendre râler contre tout le monde, je veux relire tes messages distants, je veux encore me sentir en sécurité tout contre toi. J'ai passé les mois les plus merveilleux à tes côtés. Je t'aime.. Mon petit Derek." sa voix se cassa. Il l'embrassa, ses lèvres étaient froides. Il vint poser sa tête sur le torse de son ancien amant et il pleura longtemps. Dans un élan de tristesse, il lui prit la main et la déposa sur ses cheveux. Ce geste allait terriblement lui manquer.

- C'est fini. Je suis seul maintenant, sanglota t-il.

Cette solitude, il ne la connaissait que trop bien. Elle l'avait déjà frappée. Il savait à quel point elle pouvait être hargneuse. Elle ne le lâcherait jamais vraiment, le fantôme de son amant le suivrait partout. Son absence était un fardeau bien trop lourd à porter. Leurs souvenirs devenaient la seule chose dont il pouvait se nourrir mais, en même temps, ils le dévoraient de l'intérieur pour ne laisser la place qu'à une souffrance insupportable. 

Quand il fut trop épuisé, ses pleurs s'arrêtèrent. Et, c'est à ce moment précis qu'il entendit de faibles "Poum.. Poum.. Poum..". L'adrénaline le submergea, il se redressa et hurla aussi fort qu'il le put "Lana ! J'ai besoin d'aide ! Il y a un passage dans l'eau.". Il se releva, prit Derek dans ses bras et essaya de le bouger, en vain. La sirène arriva assez rapidement.

- Qu'est ce qu'il se passe ? Demanda t-elle précipitamment.

- Il.. Son cœur.. Je l'ai entendu, je crois. Aide moi.

-Stiles… C'est pratiquement impossible.

-Fais moi confiance...

Ses yeux implorants touchèrent la femme en plein cœur. Alors, même si c'était l'imagination débordante du jeune homme, elle l'aida à le décaler pour qu'il ne soit plus en contact avec l'eau. Elle pouvait bien faire ça, elle voulait y croire, elle aussi.

- Il faut.. Le réchauffer en urgence et, et... Bagaya le châtain.

- Je te laisse t'occuper de lui. Je vais chercher des renforts. Stiles, c'est génial !

Elle partit aussitôt. Une fois seul, il essaya de déchirer le t-shirt sans succès. "Super ta force Stiles !" se disputa t-il ironiquement. Il regarda autour de lui, trouva une pierre au bord rasant et se mit à couper le vêtement comme il le pouvait. "Il va me tuer si il s'en sort. Bon, maintenant, faut que j'arrive à le réchauffer." il revérifia les battements cardiaques en collant son oreille près de son cœur. Ils étaient bien là mais irréguliers. Il se mit à frictionner le thorax de son petit ami avec ses mains. "Allez, allez, je te laisserais pas partir. Tu as cru que j'allais abandonner hein ?!" s'impatienta t-il. Il écouta encore ce qui lui donnait de l'espoir. Hélas, les pulsations ralentissaient de plus en plus. Il changea de tactique. Il entreprit un massage cardiaque. Au point où il en était, il tentait le tout pour le tout. Il appuya plusieurs fois sur la poitrine du loup et s'assura de sa respiration. Elle était quasiment inexistante. Il recommença ses gestes de premiers secours trois ou peut-être quatre fois, il ne savait plus. Il se pencha et découvrit avec entrain que le cœur battait plus rapidement qu'avant. Il continua son massage pour éviter une nouvelle rechute. Il perdit la notion du temps, tout ce qui comptait c'était que Derek était encore en vie. 

- Stiles ! Cria une voix bien connue.

- Oui, on est là ! 

Scott apparut à l'entrée de la grotte et il avança habilement jusqu'à eux. C'était définitivement plus simple d'être un loup-garou. 

- Il...? Interrogea l'alpha du regard.

- Oui ! S'exclama l'humain.

- OK, Lana nous a expliqué. Son cœur est reparti ?

- Oui. 

- OK, laisse moi faire. 

Stiles laissa la place à son meilleur ami. Ce dernier tira une seringue de sa veste. Devant le regard médusé de son ami, il s'expliqua :

- C'est pour ça qu'on a été long… Je suis passé à la clinique en vitesse. C'est de l'adrénaline.

Il planta sans hésiter l'aiguille dans le corps du bêta. Le liquide administré, il tendit l'oreille.

- Parfait ! Son cœur a repris un rythme régulier ! Bravo Stiles, sans toi, il ne s'en serait pas sorti. 

Le visage blême de Derek reprit un peu de couleur et, ses mains de la chaleur.

- Derek, c'est moi Scott. Reviens parmi nous, mec. Allez, tu peux le faire. Si il y en a bien un qui nous enterra tous, c'est bien toi ! Tu t'en sors toujours. 

Le visage du patient s'anima légèrement. Il eut un ressaut au niveau de la lèvre supérieure et des paupières.

- C'est ça, c'est ça ! Tu sais qui est avec moi ? Stiles. Allez, tu es un Hale après tout, tu es increvable.

Le bêta papillonna des yeux doucement. Il était en train de reprendre connaissance. L'humain, chamboulé par toutes ses émotions, sentit ses jambes le lâcher et il tomba au sol, épuisé. Scott continuait de parler à son ami qui revenait petit à petit à la réalité, mais le froid le faisait énormément frissonner. 

- Il fait trop froid, murmura Scott. Lana est partie chercher Jordan.. On a pas d'autres solutions pour le moment.. On ne peut pas le déplacer dans son état.

Cette fois-ci, Lana et Parrish firent leur apparition par le petit passage maritime. Elle se posa sur le côté, elle avait puisé dans ses dernières ressources d'énergie. Le chien de l'enfer, quant à lui, commença à réchauffer la pièce. Il alla se poster à côté de Derek. Le loup s'arrêta de grelotter. Ses lèvres reprirent une teinte rosée, et il ouvrit les yeux.

- C'est bien, tu m'entends Derek ? Interrogea Scott.

Il n'arrivait pas encore à parler. Il se contenta de faire un léger signe de la tête.

- Génial. Tu te rappelles ce qu'il s'est passé ?

Cette fois, il fronça des sourcils en signe de réponse négative.

- Tu as été attaqué et emporté par une sirène. On te pensait mort. Finalement, Stiles t'a retrouvé. Tu nous lâchais, heureusement, il a réussi à te prodiguer les premiers soins. Jordan et moi on est là pour t'aider. Que tu te remettes. D'ailleurs, je vois que tu as les vêtements remplis de sang mais je ne vois pas de blessures qui justifieraient une telle perte...

- Ce n'est pas lui. Interrompit doucement la sirène en regardant le cadavre de sa semblable. C'est elle… Elle a un trou dans son abdomen. C'est ça qui a dû la tuer…

-Je suis désolé Lana, répondit gravement Scott.

-Mais, ce n'est pas ta faute. Elle a dû se glisser dans l'eau pendant les combats… Je ne sais pas… On récolte notre propre élan de haine. J'espère que tout ça sera terminé, mais j'en doute avec Amalia. 

Le miraculé essaya de parler mais c'est un râle étouffé qui était sorti. Il avala sa salive à trois reprises et réussit à murmurer quelques mots.

- Merci… Stiles…

-Il va bien.

L'alpha prit sa main et absorba sa douleur, cette action était limitée, vu que lui-même était assez esquinté. Mais, ça suffisait pour lui redonner assez de vigueur afin qu'il puisse bouger. Il demanda à ce qu'on l'aide à s'asseoir.

- Tu es sûr que c'est bien prudent ? Demanda l'adjoint du shérif qui avait repris sa forme humaine, arrivant au bout de ses pouvoirs, lui aussi.

- Ça ira. 

Les deux infirmiers improvisés le soutenaient. Il changea de position. Il prit sa tête entre ses mains quelques instants, la pièce autour de lui tournait rapidement. Stiles observait la scène, il avait l'impression d'être à côté de son corps. Il ne comprenait pas tout ce qu'il se passait. Son petit ami était vivant, puis mort, puis re vivant. C'était beaucoup en une seule nuit.

- Tu es perdu dans tes pensées, encore une fois, l'hyperactif ?

Ce mot raisonna au fond de lui. Il ne pensait plus entendre cette voix rauque le reprononcer un jour. Il se le répéta une dizaine de fois "l'hyperactif". Soudain, un coup d'électricité le traversa, il revint à lui et il vit un demi sourire l'éblouir.

- Je t'ai dis que je te lâcherai plus. Je n'allais pas te laisser. 

- T'as failli quand même, rétorqua Stiles cyniquement.

Aussi vite que possible, il se déplaça vers le loup et le prit dans ses bras. Il le serra très fort.

- On va essayer de sortir de là.. Se reposer à côté d'un cadavre, il y a mieux. Décida Scott. Ça va aller Lana ?

- Je suis juste un peu… Fatiguée... Je vais passer par la mer. 

- Fais attention. Nous, on va t'aider à marcher Derek, annonça avec bienveillance Parrish.

Il souleva le loup sous l'aisselle, le latino le supportait de l'autre côté. 

- C'est qu'il pèse son poids ! Ricana ce dernier.

Ils eurent tous un petit rire nerveux. Stiles ouvrait la marche et leur montrait le meilleur itinéraire possible. Le chemin était long et pénible. Les deux porteurs étaient très méticuleux. Le blessé les aidait comme il pouvait, il essayait de soutenir son corps. Au bout de plusieurs minutes, ils virent, enfin, la sortie. Le soleil déclinait au loin, laissant une ambiance chaleureuse. McCall et Parrish déposèrent Hale sur le sable et rejoignirent Lana à l'orée de l'eau. Elle semblait terriblement fatiguée. La couleur de sa queue était plus pâle qu'à l'accoutumée. Ils devaient parler du retour et avaient tous le désir de laisser les deux amoureux se retrouver.

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