La sirène expliqua tout haut :

- Ce que j'ai pu lire dans tes yeux, quand ton cher et tendre était occupé à réfléchir, te laissant encore de côté. Derek Hale, pauvre âme en peine. D'abord contraint de tuer la personne que tu aimais, puis, rare rescapé d'une famille brûlée vive, tu t'es forgé un caractère pour survivre. Ton ambition a commencé à te dévorer. Tu as enfin fini par atteindre le stade d'Alpha. C'était ta plus grande fierté. Tu pouvais de nouveau te regarder dans la glace. Ta chère mère, Talia, aurait été fière de toi. Mais, tu es tombé de ton piédestal, tu es devenu un oméga, puis un simple beta. Aujourd'hui, tu es encore victime de tes prétentions. Pourquoi, toi qui étais promis à un avenir si brillant, tu te retrouves en simple loup-garou de bas étage ? Tu es un Hale. Tu devrais représenter toute la gloire de ta famille. Et au lieu de ça, tu te contentes de faire partie d'une meute... Incohérente. Pour retrouver le rang qui t'est dû, il faut te débarrasser de tes sentiments parasites. Qui t'empêche le plus d'avancer ? Qui te dévie le plus de ton chemin ? Qui te retiens dans cette vie misérable ? Lui.

Elle pointa Stiles du doigt. Derek releva la tête, il s'était transformé. Son visage était fermé, son regard doux et attentionné avait laissé place à une haine si profonde qu'elle fit frémir de peur le jeune homme. Il grognait comme un prédateur devant sa proie.

- Derek... Derek, c'est moi.

- Je vais t'expliquer quelque chose. Chacune d'entre nous a une source de pouvoir qui lui est propre. Nous la puisons des fonds marins. Malheureusement pour elle, Julia en a très peu, c'est pour ça qu'elle est appelée à faire les tâches simples comme les sacrifices. Son contrôle d'esprit est donc plutôt… Comment dire.. Basique ? Moi, je n'ai fait que lui décrire ses sentiments les plus profonds, ceux qu'il essayait de réfréner, de contrôler. C'est beaucoup plus puissant. Et, mon petit humain, l'amour qu'il te porte ne sera jamais assez fort. Il va te t.u.e.r., Ria la femme.

Le lycan fondit sur son ancien amant. Il tenta de lui asséner un coup de griffe que le châtain esquiva de justesse. Ce dernier réussit à lui prendre le poignet pour lui faire une clé de bras, de courte durée. Il se sentait grandement redevable auprès de son enseignant sans qui, il n'aurait sûrement pas pu éviter les nombreuses attaques de Derek. Elles étaient d'une violence rare. Il n'avait pas encore contre-attaqué. Il pensa brièvement à son arme, il pouvait arrêter la folie de son petit ami, mais l'idée même de le blesser, le révulsait. Alors, après un coup de poing raté de son opposant, il avait pris l'ascendant quelques secondes en l'immobilisant.

- Mon petit Derek... S'il te plaît, reviens. Murmura t-il.

Mais, il ne revint pas à lui. Il rageait de plus en plus. Il se dégagea, se retourna et le poussa avec violence. Il enchaîna rapidement avec deux ou trois parades de coups de pieds et de poings que, maintenant, Stiles réussissait facilement à prévenir. C'était des mouvements plutôt calculables. C'était étonnant d'ailleurs, il connaissait bien la force du loup, il savait qu'il n'y mettait pas toutes ses capacités physiques. Il se battait avec retenue, mais pourquoi ?
Cependant, vu de l'extérieur, on pourrait croire qu'il était à fond.

Soudainement, le loup sauta en l'air et tomba lourdement sur lui. L'humain était à terre et il vit les crocs de Derek se rapprocher. Il ne put s'empêcher de voir l'ironie de la situation, au lycée le brun le malmenait en le menaçant régulièrement mais ce n'est qu'une fois en couple qu'il allait vraiment l'égorger. Il rigola nerveusement. Avant que son assaillant ne puisse le toucher, il vit une petite ouverture. Il l'a saisit et lui frappa puissamment le torse avec son pied. Le beta bondit en arrière, genou à terre, à côté de la sirène. Il se tenait la poitrine. Encore trop simple, ce n'était définitivement pas normal, il avait eu beaucoup plus de mal face à Liam. C'était comme si ça avait été fait exprès, comme si...

- La seringue... Marmonna le jeune homme.

Le lycan sourit, se retourna rapidement et enfonça l'aiguille dans la jambe de la jeune femme. Il déversa le produit, reprit sa forme humaine et courut vers son amant.

- Ça va, je ne t'ai pas fais mal ? Demanda t-il inquiet.

- Tu... Toi... Mais... Flippant mais ingénieux. Souffla Stiles.

- Merci ! Répondit-il fièrement, j'ai appris du meilleur.

La sirène poussa un cri de douleur qui s'étouffa. Elle s'écroula à terre, les mains autour de sa gorge. Elle bougea les lèvres mais aucun son ne sortit. Des larmes lui coulèrent le long de ses joues.

- Pour ta gouverne, oui, je suis ambitieux. Oui, j'ai mes démons. Mais non, je ne suis pas insatisfait de ma vie. Je suis très bien dans la meute de Scott, c'est un bien meilleur Alpha que moi. Et, j'aime cet homme plus que tu ne le crois.

Derek s'avança d'un pas sûr. Il la prit par le bras, la poussa nonchalamment dans le cercle que Stiles referma comme il le pouvait. 

- Tu devrais vraiment te lancer dans une carrière d'acteur, c'était bluffant. Félicita le plus jeune.

- J'ai perdu le contrôle quelques minutes tout de même…

- On est d'accord hein, plus jamais tu me refais ça. J'ai cru que j'allais y passer.

- Tu t'es bien défendu.

- Chris m'a appris des prises utiles quand tu as un corps aussi lâche que le mien.

Au loin, ils entendirent le hurlement de Scott. Ils échangèrent un regard rapide avant de se précipiter vers l'origine de ce son.

Scott n'était pas à l'endroit où il devrait être. Il était devant le lac, agenouillé, une main sur la poitrine de Liam, étendu à terre. Amalia les observait à quelques mètres de distance. À l'approche des deux hommes, elle prit une mine sombre.

- Ah, si vous êtes là, j'imagine que Maria..

- Elle n'est pas morte, termina Stiles.

- Ah, tant mieux.

Scott aida Liam à se relever puis regarda Amalia d'un air mauvais. Le jeune humain ne savait pas exactement ce qu'il s'était passé, mais au vu de la situation, il devina que le pouvoir de la sirène avait  sévi et que Scott avait encore réussis à retourner la situation.

- Bravo Alpha, j'ai voulu t'avoir dans mes petits soldats mais tu as résisté jusqu'au bout. Tu mérites bien ton titre.

- Qu'est ce que vous voulez ? grinça le latino.

- Ce qu'on veut ? Ce qu'on veut... Répondit la belle brune. Petit loup, tu connais l'état des mers ? Tu sais que l'eau se noie sous la pollution que vous créez ici ? C'est pratiquement invivable en bas..

- On essaye de faire au mieux. De réparer des erreurs qui ont déjà été commises. Ça va prendre du temps mais.. 

- Ce que tu peux être naïf… Tu crois vraiment que vos petites prises de conscience pourraient y changer grand chose ? Vous anéantissez notre monde, notre peuple et on devrait rester les bras croisés ? 

- Amalia… Ça me revient… Chris nous a parlé de toi… Tu es la première à avoir sacrifié un être humain. 

- Moi ? Ah, alors c'est ce qu'on vous raconte ? Que c'est pathétique. Non, c'est eux qui sont responsables de sa mort. Je n'ai fait que la venger...

- Qui ?

- Je vais te répondre, pour te féliciter de t'intéresser à nos idéaux. De toute façon, tu mourras ce soir. Donc ce n'est pas si important. Tu vois, je suis gentille, je respecte ta dernière volonté. 
Il y a plusieurs années, quand je vivais encore en bas, je fuyais l'agonie de nos océans quand j'ai rencontré quelqu'un. Une personne qui se baladait tous les soirs sur la plage pour s'échapper de sa triste vie. Avec du recul, je peux l'affirmer, je l'ai aimée dès ce moment-là. On a commencé à discuter. Elle avait un rire si clair, si mélodieux.
Après plusieurs semaines, j'ai appris qu'elle avait été vendue durant son enfance, à des êtres humains aussi perfides que malfaisants. Elle était insultée, frappée... Violée régulièrement. Avant qu'on ne se rencontre, elle voulait mettre fin à ses jours. Elle, qui était là bonté incarnée. La savoir triste à leurs côtés, sans moi, c'était mon plus grand drame. Un jour, elle m'a avouée ressentir la même chose à mon égard. J'étais la plus heureuse du monde des mers. Mais, on nous a surpris ce soir là..
Elle a été traitée d'impure, de monstre et de sorcière contre nature. Ils l'ont roué de coups, torturé.. Ils l'ont abandonné pour morte sur la plage. Mais, elle ne l'était pas, pas encore. Elle m'a suppliée... Elle voulait voir mon monde.. Je l'ai prise dans mes bras.. Je l'ai amenée dans l'eau glaciale, on a échangé notre seul et unique baiser. Et.. Elle est décédée... Le sourire aux lèvres.
Le lendemain, ma queue avait laissé place à deux jambes. Je me suis dit que c'était un cadeau de sa part. Alors, pour la venger, je les ai fait s'entretuer. C'était un sentiment tellement fort, je n'arrive toujours pas à enlever mon sourire quand je repense à ce jour. Les voir souffrir ainsi.. Comme ce qu'ils lui avaient fait.. C'était horriblement merveilleux. 
Et, le plus drôle dans tout ça, tu sais ce que c'est ? C'est que suite à cet événement, mes jambes n'ont jamais disparu.. Peut-être la haine ? Je ne sais pas. Mais, aujourd'hui, je vous tue parce que c'est la seule chose qui apaise mon cœur. Parce qu'en prenant votre place ici, on sauvera ce à quoi nous tenons. Parce que vous n'apportez que le chaos. Vous détruisez votre propre planète avec le sourire. Je vous anéantirai avant que cela n'arrive. 

- Mais...

Avant qu'il n'ait pu finir sa phrase, Chris et Isaac arrivèrent en courant.

- C'est terminé Amalia. Annonça Argent.

- Mmh ? Non je ne crois pas.. Ne me sous estimez-pas. Cher shérif, rejoignez-nous. 

Noah débarqua, l'air absent et se plaça à côté de la sirène.

- Papa, couina Stiles.

Celui-ci releva la tête et lui sourit tristement.

- Qu'est ce qu'il se passe ? Interrogea Isaac. 

- Il est contrôlé, expliqua son fils. Ça m'a trotté dans la tête.. Mais c'était sous nos yeux depuis le début ! Qui a libéré celle qu'on avait attrapée ? Et comment ? Aucune trace, rien. Et ce chiffre. Neuf, elles n'étaient que neuf.. Où est la dernière...? Mon père était le sujet idéal... Son ancienne femme décédée, un fils plus ou moins absent, une culpabilité grandissante.. Alors... J'imagine que tu n'as pas eu trop de mal à le séduire, Lana.

La blonde sortit de l'ombre. Elle s'avança aux côtés de sa victime, la tête baissée.

- Je... Murmura t-elle. 

- Elle est douée hein ?! C'est moi qui lui ai tout appris, jubila la cheffe ennemi. Ça fait un petit moment qu'on y travaille. On pourrait lui demander de tuer son fils qu'il le ferait… On essaye ? Ça peut-être intéressant, non ? 

Elle se tourna vers Lana. Cette dernière acquiesça et ordonna au shérif de braquer mon arme vers l'humain. Il s'exécuta immédiatement, mais son visage implorait qu'on lui vienne en aide.

- Voilà qui est drôle. Que faire ? Sacrifier le père ou le fils ? On vous laisse un peu de temps pour réfléchir. Ça fait longtemps que je ne m'étais pas autant amusée.

Amalia affichait un sourire sadique.

- On peut tout aussi bien tuer l'origine du problème, grimaça Argent en pointant son arbalète sur Lana.

- Essayez, mais sachez qu'au point où il en est, il n'aura qu'une chose en tête. Effectuer les dernières volontés de Lana et ensuite, il se donnera la mort par désespoir. Donc le résultat serait pire. Bien que plutôt satisfaisant à voir, je l'avoue. Une belle tragédie. La seule solution c'est qu'elle le libère de son emprise. Et ça n'arrivera pas.

- Je.. Papa, c'est moi, Stiles, ton fils. On a vécu plein de moments difficiles mais on s'en est toujours sorti..

- Oh c'est mignon, ça me donnerait presque la larme à l'œil. Mais essaye encore. Il n'écoute qu'elle.

- Papa, je t'aime. S'il te plaît, écoute moi. 

Hélas, Noah Stilinski ne baissa pas sa garde. Des larmes se formèrent au coin de ses yeux, il regarda Chris. Ses yeux le suppliaient. Étant père aussi, le chasseur avait compris le message. Le shérif était près à se sacrifier pour laisser son fils en vie. Saisissant à son tour l'entièreté de la situation, le jeune homme se posta entre les deux hommes.

-Stiles, écarte toi ! Cria Chris. 

- Non, hors de question ! C'est la seule famille qu'il me reste, je ne bougerai pas !

- Derek, Scott, aidez-moi. Arriva à articuler le pantin de chair, sa voix était déchirante. 

Le beta, attristé, s'approcha de son petit ami.

- Si tu me fais bouger, je t'assure, je te tues de mes propres mains ! S'égosilla Stiles.

- Stiles…

- Non! Je te préviens, toi et moi, c'est terminé. Ose bouger d'un petit doigt…

La voix de Stiles se cassa sans qu'il ne puisse la contrôler. Il n'allait pas laisser son père mourir devant ses yeux. Il était prêt à se battre.

- Je préfère te savoir vivant... Déclara doucement Derek.

- Stiles, il a raison. Reprit Scott.

- Non, on arrive toujours à sauver les innocents.

- Presque... Nota l'alpha.

- Ça suffit, j'en ai assez vu, Lana tu sais ce qu'il te reste à faire. Termina Amalia.

L'humain ferma les yeux, c'était la fin. Au moins, son père vivrait. Il préférait y rester plutôt que de se retrouver dans le même état de souffrance qu'auparavant. Il aurait aimé pouvoir lui dire que ce n'était pas de sa faute, qu'il lui pardonnait mais il n'en avait pas le temps. Alors il murmura doucement un "je t'aime", il savait que le message avait atteint son destinataire et il attendit, résigné. 

Mais, aucune détonation ne se fit entendre.

- Lana ! Qu'est ce que tu fais ?! Aboya la cheftaine.

- Je ne peux pas... Je suis désolée. Mais non. Tu peux baisser ton arme Noah.. Je... Je te libère. Je suis désolée Stiles, Noah.

- Tu.. Mais qu'est ce qu'il t'arrive ? Ne me dis pas que tu as.. Développé des sentiments ? Laisse moi rire. Après ça, ils ne te pardonneront jamais. Tu es si faible. Et dire que j'avais basé tous mes espoirs en toi.. Je suis déçue. 

- Peu importe... Mais, tu te trompes à leur sujet.. Ils peuvent être d'une infinie tendresse. Je n'ai jamais rencontré plus belles personnes. Peut être... Peut-être qu'au final... Les monstres, c'est nous.. Amalia, je t'en prie.. Regarde moi, ce qu'on fait, c'est mal. Toi aussi, tu es tombée amoureuse.. Ils sont capables du pire certes, mais aussi du meilleur.

Amalia laissa exploser sa colère, son visage se transforma, ses yeux bleus profonds devinrent brillants, toutes ses dents mutèrent en crocs pointus prêts à déchiqueter toute chair se présentant à eux. Elle ouvrit la bouche et il y sortit un son excessivement aiguë provoquant une douleur vive chez toutes les personnes présentes autour d'elle. Les loups s'étaient affaissés, écrasés par sa puissance. C'était un cri de ralliement. Bientôt, quatre des neufs créatures marines se présentèrent devant eux. En plus de la belle brune, il y a avait celles ayant été prises en chasse par Chris et Isaac, Derek et Stiles, Rudy et Benedict. Elles arboraient les mêmes traits physiques que leur cheffe mais étaient aphones.

- C'est.. Moi qui les ai libérés... souffla le shérif.

Le combat s'annonçait plus dur que prévu.