Chapitre 26 - Inconfort


- Pourquoi tu as fait ça devant les autres ?

- Parce que j'en avais envie. A chaque fois qu'on est tous ensemble je me retiens. C'est fini.

Les deux hommes avaient décidé de repérer les lieux. Derek était légèrement en avant et il se concentrait pour prévenir d'un éventuel danger.

- On aurait pu leur expliquer après, au lieu de partir directement..

- On n'a pas besoin de se justifier, c'est comme ça, c'est tout.

- Woh, toi qui n'avais pas confiance...

- Écoute. Je... Je ne veux pas avoir de regrets. On ne sait pas ce qui va se passer ce soir. Je veux juste pouvoir te serrer dans mes bras quand j'en ai envie.

- Tu es inquiet ? Je sais me défendre tu sais, et puis, j'ai quelqu'un pour qui me battre maintenant. Je veux dire, la scène de l'hôpital ne recommencera pas. Je suis désolé. Je sais que c'était dur pour toi. Mais je ne regrette pas.. Parce que ça nous a permis d'avancer et aujourd'hui, je peux être avec la personne que j'aime. 

- Stiles..

- Mmh ?

- On est dans la forêt, ça ne m'empêchera pas de te sauter dessus mais ce n'est pas forcément le bon moment.

- Sérieusement ?! Là maintenant ?! 

- Toujours. Ricana le plus vieux. 

Soudainement, le loup prit un visage sérieux et attira l'humain derrière un tronc d'arbre à terre.

- Non mais ça ne va pas ?! On va faire ça maintenant ?! 

- Shhht, regarde.

Au loin, les deux bêtas de Preston, Iris et Stacy marchaient main dans la main en discutant. 

- Elles se disent quoi ? Tu peux les entendre, toi, avec tes pouvoirs loup-garouphiques ! Dis-moi ! Allez, partage ! Ce n'est pas cool de garder ça pour toi. 

Le brun leva les yeux au ciel et embrassa son petit ami. Stiles en eut le souffle coupé mais savoura ce doux baiser. 

- Si tu veux que j'écoute, tais-toi.

L'hyperactif regardait successivement les deux femmes et son binôme. Ce dernier était très attentif, certaines mimiques de son visage trahissaient son état émotionnel. Sans trop de mal, le châtain arriva à les déchiffrer, peut-être par habitude. Il y vit de la colère, de l'inquiétude et de la compassion. Après quelques minutes, Iris et Stacy s'éloignèrent, l'humain regarda le lycan avec plein d'espoir, sa curiosité était mise à mal, il voulait tout savoir et rapidement. Derek pouffa de rire devant le visage suppliant de son homme. 

- Alors, alors ?

- Elles ont parlé de... Toi et Lydia. Comme quoi il y avait deux humains encore à "prendre" dans la meute de Scott et que Preston n'allait pas laisser passer cette chance. Qu'il s'attaquait aux familles si jamais ses bêtas étaient… Récalcitrants. Qu'elles n'avaient pas le choix de le suivre pour le moment parce que sinon, il allait... Devenir violent et qu'être un loup sans meute, c'est la mort assurée d'après lui. 

- Woah, il ne rigole pas l'alpha d'en face..

- Ouais..

- Heureusement, qu'on a Scott...

-Mmh...

- Et toi, bien sûr.

- Arrête un peu. Je suis loin d'avoir l'étoffe d'un Alpha. Une fois, ça m'a suffi. On continue ? Il ne nous reste plus beaucoup de temps.

Ils marchèrent pendant de longues minutes. Le duo était silencieux. Le plus jeune se demandait comment on pouvait infliger un aussi mauvais traitement à des gens qu'on est censé protéger. La grosse différence entre les deux alphas, c'est la manière dont ils s'occupaient de leurs proches. Scott était bienveillant et chaque personne entrant dans sa meute devenait immédiatement son ami, même Peter qui partait de loin. Preston, lui, ne considérait ses bêtas que comme des pions qu'il pouvait manipuler. Heureusement, le rouquin avait l'air de respecter le latino, pour le moment en tout cas. Son esprit divaguait encore, il essaya de se reconcentrer sur leur mission quand ils reçurent un message de Scott, les obligeant à changer de destination. 

"Rdv ici dans 30 minutes. Soyez discrets."- Reçu.

Ils arrivèrent au lieu indiqué. Lydia et Parrish étaient déjà là. Un silence gênant s'installa. Il fut rompu par Jordan.

- Donc vous deux vous...

- Oui, dit Stiles embarrassé.

- Mais depuis quand tu es.. Attiré par les hommes ? Demanda la jolie rousse.

- Je m'en suis rendu compte il y a peu..

-Ça, pour une surprise…

- Mais ça ne change pas que je t'ai énormément aimé Lydia. Ça n'a rien à voir avec toi.

- D'accord.. Décidément, je suis un passage obligé pour les coming out ou..? Interrogea cyniquement la banshee.

- T'inquiète pas, pas de soucis avec moi. Répondit fièrement le chien de l'enfer.

- Enfin bon. J'imagine que ça a dû être difficile pour toi.. Dans le fond, je suis contente pour vous. Et ça explique bien des choses. J'aurais dû m'en rendre compte plus tôt ! 

- Merci, je suis rassuré que tu le prennes aussi bien. Souffla le jeune homme ému, une main chaude vint au contact de la sienne et son petit ami le regarda avec un tendre sourire.

Les autres arrivèrent dans la foulée. Il eut un moment de flottement à la vue du nouveau couple mais Derek y coupa court en expliquant ce qu'il avait entendu plus tôt.

- Mmh.. Il prépare quelque chose. Il va falloir rester sur nos gardes. Pensa tout haut l'alpha. Peter, c'est toi qui le connaît..

- Hum.. Disons que nous avons des intérêts communs tous les deux. Mais oui, il est connu pour être, comment dire…? Colérique et ambitieux. 

- Et c'est maintenant que tu nous le dis ?

- On a besoin de lui, Scott et tu le sais bien. Rétorqua le plus vieux.

- Je n'aime pas ça. Faites attention à vous. Bon.. Je vous ai fait venir ici parce que Deaton a travaillé sur un "poison". Ça ne les tuera pas, par contre, elles ne pourront plus jamais parler. Et couper la voix d'une sirène c'est comme si on nous arrachait nos griffes et nos crocs. 

- Ta bonté d'âme te perdra Scott... Murmura Peter.

Deaton distribua des espèces de seringues avec un liquide noir à l'intérieur. Chaque binôme en reçut une, sauf Scott et Liam qui en eurent six. Stiles la cacha dans la poche interne de sa veste.

- Il est temps de se mettre en route. Soyez attentifs.. Conclue l'alpha.

La nuit était en train de tomber, un silence morne s'installa dans la forêt. Le froid venait les envelopper. Chacun d'entre eux était sur le qui vive. Le cerveau de Stiles ne s'arrêtait plus de fonctionner. Encore cette sensation d'inconfort, encore cette chose qui le dérangeait. Il pensa à leur plan, à la meute adverse, au combat qui les opposerait, à la sirène qui s'était échappée, à son père. Mais il dût mettre fin à ses songeries, ils étaient arrivés, Preston et ses acolytes. Scott leur lança les quatre fioles de poison avant d'expliquer tout bas ce à quoi elles servaient. L'avantage de l'ouïe des loup-garous c'est qu'ils pouvaient se comprendre à distance. Preston sourit gentiment et bougea ses lèvres, des paroles inaudibles pour l'humain, mais qui firent blêmir Scott.

Tout était noir autour d'eux. Sauf la pleine lune en haut qui rendait l'atmosphère étrange, presque mystique. Tout était tranquille.

- C'est peut-être pas pour ce soir, finalement. On va boire un coup ? Plaisanta Liam. Aie, calme toi Malia, faut bien détendre l'atmosphère..

Puis, devant eux, ils entendirent des clapotis à la surface du lac. Chris pointa immédiatement sa lampe de poche vers les bruits.

- Ça pue l'eau de mer, grogna Derek entre ses dents.

Neuf silhouettes se dessinerent, cinq de femmes et quatre d'hommes. La meute reconnut l'ancienne prisonnière qui arborait un visage de satisfaction.

- C'est donc ça, le petit problème dont tu nous parlais, Julia. Dit la femme au centre, d'une voix claire. 

- Oui.

- Bien. Enchantée, je suis Amalia.

Amalia était une femme d'une trentaine d'années, sa peau, légèrement hâlée lui faisait ressortir des yeux bleus profonds. Ses cheveux, noirs ébènes, lui entouraient le visage. Ce dernier était fin et allongé. Des yeux en amandes surplomblaient un nez pointu et des lèvres fines. A son contact, on avait envie de plonger dans son regard transperçant et de s'y noyer. Une flèche fut tirée en l'air et on entendit "Attention ! ". À ce signal, tous les loups, humains et Banshee fermerent les yeux, la tête vers le bas. Un flash puissant se fit voir à travers les paupières fermées. L'effet fut immédiat, des cris de la part des créatures marines qui, aveuglées marchaient de biais. Le plan pouvait commencer. Chaque binôme prit en chasse une ou deux sirènes. Sentant un danger considérable et voulant protéger sa meute, Scott s'occupa d'Amalia. Stiles et Derek poursuivaient une sirène aux cheveux courts auburns. Ils coururent dans les bois, chacun à son allure. L'humain était derrière, il remerciait intérieurement son entraînement rigoureux. Le loup, sur le côté, faisait en sorte de donner la direction à la jeune femme chassée. Le jeune homme avait failli se prendre plusieurs obstacles sur le chemin. Avec la pénombre, ses yeux ne lui laissaient qu'une petite fenêtre pour tout analyser. Il regretta amèrement d'être un simple humain mais, il arriva à tenir la distance. 

Tout se passa plutôt bien, ils réussirent à l'amener au point stratégique et Stiles parvint à l'entourer avec le mélange de poudre. Celui-ci était éreinté, il reprenait son souffle accoudé à son amant.

- Bon, c'était pas si compliqué, rigola Derek.

- On fait... Une bonne équipe... Ou peut-être que... C'est un peu trop... simple... justement, hoquetait le jeune homme.

- Comment ça ?

- Je la trouve... un peu calme... non ?

En effet, elle s'était assise en tailleur et les regardait avec une sérénité déconcertante. Son visage ne reflétait aucune expression. Il n'y avait que ses yeux jaunes qui luisaient au clair de lune. Une impression de malaise s'empara encore du futur policier, quelque chose n'allait pas. Il y avait encore cette sensation d'inconfort dont il n'arrivait pas à se débarrasser. Pourtant, c'était là, il en était sûr. Il savait que son esprit de déduction était une arme assez puissante, il se reposait, généralement, dessus. Encore une fois, il se répétait les événements des derniers mois.

- Neuf.. Il n'y en avait que neuf..

- Quoi ?

- Neuf.. "Julia" nous a dit qu'elles seraient dix.

- C'était peut être une façon de parler...

- Peut être.. Mais je ne pense pas.

- Tu sais, elle était sous la contrainte..

- Comment aurait-elle pu s'enfuir ?

- Ah ça..

Stiles se perdit dans ses pensées pendant de longues minutes. Une voix étrangement familière lui fit reprendre conscience.

- Fiston, Derek ! 

- Papa ?

- Oui. J'étais inquiet, tout va bien ?

- Ouais, super !

Le shérif les rejoignit, arme à la main.

- Comment savais-tu qu'on serait là ?

- Jordan m'a tout raconté. Je ne pouvais pas rester les bras croisés après ce qu'il s'est passé à l'hôpital...

- Je t'ai dis que ça allait avec celui là comme garde du corps !

- Hey ! Gronda le loup.

- Bon, qu'est ce que vous allez faire d'elle ? Dit le policier en pointant son pistolet vers la sirène. 

- Scott nous a donné des indications.

- D'accord... Si je m'approche, je ne risque rien ?

- Non, tant que tu ne brises pas le cercle.

- D'accord.

Le père de Stiles s'approcha doucement. Il regarda un moment silencieusement la prisonnière puis, se retourna vers son fils.

- Je suis désolé.

- Pourquoi ?

D'un coup de pied, il fit une large ouverture dans le cercle, libérant la captive. La belle auburn se releva, lui sourit et passa à côté de lui.

Les deux amants, choqués, se regardèrent la bouche ouverte.

- Mais papa, pourquoi...? Commença Stiles en s'avançant vers son père.

Mais, celui-ci, dans un état second, s'enfonça dans les bois. L'humain resta un moment immobile. Il essayait de comprendre. Pourquoi son père était venu libérer la sirène ? Quel était son but ? Était-ce vraiment son père ou une illusion créée par ses ennemis ? Est-ce qu'il devait essayer de le rattraper pour comprendre ? Qu'est ce qu'il.... Il fit les yeux ronds, il avait compris, tout s'était parfaitement emboîté. La gêne connue auparavant avait disparu. Il se retourna pour en faire part à son petit ami mais, il le vit debout, la tête baissée, le regard planté dans le sol. La sirène était derrière lui, la main sur son torse. La peur s'empara de Stiles. Encore un de ses proches qui rejoignait le rang de l'équipe adverse.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top