Chapitre 24 - Instants Suspendus
Le jour se leva et vint chatouiller les yeux de Stiles. Il les ouvrit doucement et essaya de bouger mais, il était bloqué. Deux bras imposants le maintenaient contre un corps chaud et doux.
- Hey, murmura t-il.
Mais il n'obtint pas de réponse. Derek, profondément endormi, ne desserrait pas son étreinte. Forcé de rester au lit, il se résigna et observa avec attention son amant. Ça faisait bien longtemps qu'il n'avait pas eu la chance de le voir de si près. Il semblait si paisible, ses yeux clos surplombait des cernes discrètes. Un petit sourire relevait les commissures de ses lèvres. Sa barbe était fournie et négligée. Il avait vraiment dû travailler très dur parce qu'habituellement, il mettait un point d'honneur à la voir impeccable. Ses cheveux avaient poussés aussi, ils restaient courts mais des épis incontrôlables venaient leur donner un volume inconnu. L'humain finit par lui caresser affectueusement la joue et des yeux gris s'ouvrirent lentement.
- Bonjour toi, susurra le plus jeune.
- Salut, répondit le brun.
- Désolé, je t'ai réveillé.
- C'est bon, ça me va. Tu as quoi de prévu aujourd'hui ?
- Rien, journée repos. et toi ?
- Pareil.
- Je peux rester un peu alors ?
- Mmh, je ne sais pas, j'ai dis repos pas gérer un hyperactif à la langue bien pendue.
- Au moins, je sais communiquer. Ce n'est pas le cas de tout le monde ici. Et puis, cette langue, il me semble que tu ne la boudes pas toujours.
Derek le regarda amusé avec son sourcil relevé.
- Euh, je rigolais hein.
- Trop tard !
Le loup lui sauta dessus amoureusement.
Suite aux ébats quelque peu bruyants, les deux amants affamés décidèrent de se rassasier. Puis, profitant du calme qui se faisait trop rare ces derniers temps, ils allèrent se détendre sur le canapé. Derek feuilletait un livre assis, les jambes tendues sur la table basse devant lui. Stiles regardait son téléphone, la tête posée sur ses jambes. C'était reposant. Même lui, n'avait pas envie de parler. Il se demandait si leur vie ressemblerait à ça bientôt, juste le plaisir d'être ensemble, tous les deux.
Au bout d'un certain temps, le lecteur quitta son roman des yeux et fixa l'extérieur. Son visage était impassible, il semblait chercher ses mots.
- Stiles, j'ai beaucoup réfléchi et j'aimerais te dire quelque chose. Murmura t-il sans détourner son regard de la grande vitre.
- Oui ? Euh... Ça a l'air sérieux.. Tu me fais un peu peur.
- Ça ne fait pas longtemps que notre relation a... Évolué. On commence tout juste à trouver notre équilibre tous les deux...
- Mais..?
Le cœur de Stiles s'accélèra, il était inquiet. Ce genre de conversation était rarement de bonne augure, surtout que son petit ami divaguait encore dans ses pensées, lui laissant tout le loisir d'imaginer les pires scénarios possibles.
- Mais..?! Reprit-il un peu plus fort.
- Mais.. On a passé deux longues semaines sans se voir.. J'ai pas mal réfléchi à tout ça, à nous.
- Et..?
- Je t'aime vraiment, tu sais.. Je sais que ça peut te paraître précipité.. Mais, je voulais te proposer de venir habiter ici...
-... Quoi ?
- Tu n'es pas obligé de répondre tout de suite.. Je te laisse le temps d'y réfléchir. Tu m'as dit que tu voulais quitter la maison de ton père mais pour l'instant tu n'as pas encore de revenus... Si ça te gêne trop, il y a la deuxième chambre, pour commencer.
Le loup tentait maladroitement de s'expliquer en trouvant des excuses plus ou moins pertinentes. Intérieurement, Stiles, qui sentait toute son anxiété, ne put s'empêcher de le trouver adorable.
- Tu me proposes de devenir ton coloc ou.. ?
- Ce qui te va le mieux. Du moment que je puisse te voir tous les jours, tout me va. Réfléchis-y et réponds-moi quand tu auras pris ta décision. C'est un choix difficile.
Il tourna enfin ses yeux vers son petit ami, lui fit un sourire étrangement triste et l'embrassa sur le front.
- On en a même pas parlé aux autres et tu me proposes déjà de vivre avec toi ?
- Tout ce que je sais, c'est que je suis heureux quand tu es avec moi.
- Je.. Je vais y réfléchir.
- Merci.
L'humain fit semblant de reprendre son activité sur son écran mais son esprit analysait déjà leur conversation. Il avait envie de dire "oui" directement et de déposer ses cartons le plus rapidement possible. Mais il ne voulait pas précipiter les choses. Ce n'était pas rien. N'empêche qu'il ne s'attendait pas à ce que Derek Hale, le loup solitaire, lui demande, à lui Stiles Stilinski l'hyperactif un peu trop bavard, d'habiter avec lui. La chaleur lui monta aux joues. Il était heureux de se sentir autant désiré, de réaliser que l'amour qu'il lui portait était réciproque. Mais, il y avait certains obstacles à prendre en compte. Déjà, ne pas aider financièrement son potentiel futur compagnon le dérangeait un peu. C'est sûr, ce dernier n'était pas à plaindre, étant l'un des derniers survivants des Hale, sa fortune était importante. Et lui, quand il se ferait embaucher au sein du bureau du shérif, il aurait sûrement de quoi participer aux frais du foyer. Il se sentirait alors moins inutile. Ce détail réglé, il passa au prochain problème. En parler aux autres, affronter leur réaction. Après la confession qu'il avait faite à son père et le contre-coup peu sympathique qu'il avait subi, il appréhendait pas mal celle de la meute. Surtout celle de son ex petite amie. Dire à Lydia, les yeux dans les yeux qu'après leur rupture, il avait tout bonnement changé de bord, c'était délicat. Leur relation s'était éteinte depuis un petit moment déjà, mais il n'avait, tout de même, pas tardé à se réfugier dans les bras de son amant. Il s'en voulait d'avoir tourné la page aussi vite. Il savait que la belle rousse pouvait être particulièrement angoissante lorsqu'elle était énervée, un frisson lui parcourut l'échine. Il préférait ne pas y penser.
Enfin, le dernier point. Deux hommes habitants sous le même toit. Forcément, ça allait attiser le regard des curieux. Des curieux, s'ils avaient de la chance, le monde était rempli de personnes assez étroites d'esprit ne comprenant pas qu'une romance c'était d'abord deux êtres qui s'aiment avant d'être une histoire de genre. Et ça, ça le terrifiait. Bien entendu, Derek n'était pas du genre à considérer ce que les autres pouvaient penser de lui, c'était un côté de sa personnalité qu'il lui enviait. Il était vraiment impressionné par sa force de caractère. Mais le manque de confiance du futur policier en lui-même le faisait douter. Arriveraient ils à supporter ça ? Est ce que leur couple naissant y résisterait ? Trop de questions et si peu de réponses. Dans sa torture mentale, il se rappela qu'il n'était plus seul, que maintenant, il avait quelqu'un à qui confier ses interrogations. Il en fit donc part à son voisin.
- Dis, tu t'es déjà demandé ce que les autres... Je veux dire, les inconnus penseraient de notre couple ?
- Pourquoi je le ferais ?
- Oh tu sais, on risque d'avoir des regards de travers, voire pire...
- Je m'en fous.
- Ah, d'accord..
- Ils peuvent bien dire ce qu'ils veulent sur moi, j'ai l'habitude d'avoir une mauvaise réputation, par contre, qu'ils essayent de te toucher..
Tout en prononçant cette phrase, il fit ressortir ses yeux bleus et ses crocs acérés.
- C'est bien de se sentir protéger des fois.
- L'avantage de coucher avec un "Sourwolf".
- Haha, faut bien que je compense avec les douleurs que j'ai aux reins.
- J'y suis peut-être allé trop fort, c'est vrai, mais ça faisait longtemps...
Derek posa son livre, prit délicatement la main de Stiles et ses veines devinrent noires.
- Oh c'est pas la peine, je rigolais hein, c'est pas si douloureux.
- Mmh. En tout cas, n'y penses pas trop. S'ils ont du temps à perdre pour déverser leur haine, c'est que leurs vies doivent être particulièrement pathétiques. L'important c'est qu'on soit heureux, non ?
- Si.
Les mots de son amant étaient réconfortants. Il savait toujours quoi dire. Stiles se blottit contre lui et ferma les yeux. Il se remplissait de ce petit instant de bonheur qui était suspendu dans le temps.
La journée fila doucement et il fut temps de se séparer. Ils échangèrent des mots doux et le jeune homme prit la route. Pendant le trajet, son téléphone sonna. C'était Scott. Il le mit en haut parleur.
- Salut mon pote. Lança joyeusement Stiles.
- Salut... Il faut que je te parle de quelque chose, je savais pas trop à qui le raconter... Et j'ai pensé à toi.
- Pas de soucis, je t'écoute ?
- Chris m'a fait une demande... Particulière et je suis un peu perdu.
- Ah ?
- Il veut m'adopter.
- Mmh, tu en penses quoi ?
- Je ne sais pas.. J'ai déjà un père, enfin, qui ressemble plus à un fantôme, c'est vrai.. Et lui, il est présent depuis bien longtemps. Il a toujours été là pour Kira et moi. Même quand il est reparti après les cavaliers..
- Il est ce qu'il se rapproche plus d'un père pour toi.
- Oui. Mais j'ai peur de faire souffrir beaucoup de monde..
- Tu en as parlé avec ta mère ?
- Oui. Elle, elle comprend la démarche de Chris. Je garderai mon nom de Mccall, j'y tiens.
- Écoute, je peux juste te conseiller de suivre ton cœur. Tu te fais toujours passer après les autres quitte à oublier ce que toi, tu veux vraiment. Pour une fois, pense à toi et sois un peu égoïste. Les autres s'y accomoderont. Et tu n'es pas obligé d'en parler à ton père. Pas tout de suite.
- Merci Stiles.. Ça m'a fait du bien de parler avec toi.
- On m'a fait aussi une demande...
- Derek et toi vous allez vous marier ?
- Haha t'es con, non.. Il m'a demandé de vivre avec lui.
- Décidément, il m'étonne de plus en plus ! Et alors...?
- Bah je ne sais pas, j'ai rien répondu encore.
- Tu hésites ?
- J'ai envie de dire oui, mais j'ai un peu peur. Tu connais nos caractères opposés..
- Je pense que si il te l'a proposé c'est qu'il y a beaucoup réfléchi.. Il n'est pas du genre à agir sur un coup de tête.. Surtout quand on parle d'envahir son espace vital.
- Ouais... J'ai pas envie qu'il regrette.
- Il le fera sûrement, hehe. Mais il y aura aussi pleins de bons moments. On apprend à découvrir vraiment l'autre quand on vit 24h sur 24 avec lui. Au début, vous allez vous chercher un peu et après, tu n'imaginerais pas pouvoir te réveiller sans lui à tes côtés. C'est ce qu'il s'est passé entre Kira et moi. Toi, tu voudrais quoi ?
- Ah si ça tenait qu'à moi, je m'installerai directement !
- Alors, dis le lui.
- Merci du conseil. Je vais pas me mettre trop la pression pour l'instant, il me laisse le temps de réfléchir.
- Tu fais bien.. Bon aller, faut que je te laisse. À plus.
- Salut et passe le bonjour à Kira pour moi.
- Elle t'embrasse.
Stiles raccrocha, il était arrivé devant chez lui. Il pensa soudain, que cette maison devant lui, ne serait peut-être bientôt plus son foyer et une vague de nostalgie l'emporta. Il resta un moment dans sa voiture, avant de rentrer. Son père dormait déjà. Il ne lui avait pas parlé depuis plusieurs jours. Demain, il essayerait de rester plus de temps avec lui. Il monta directement dans sa chambre qui lui parut bien vide. Il s'affala dans le lit et pour combler l'absence de son amant, il se concentra à visualiser la scène de la mâtiné. "Ça serait bien que j'ai cette vision tous les jours... Ça me plairait." se réconforta t-il. Puis, il chercha son smartphone.
"Je suis rentré."- Envoyé à Derek.
"Ça marche. Merci pour le message."- Reçu.
"Tu sais que je t'aime ?"- Envoyé.
"Moi aussi."- Reçu.
"C'est vide sans toi."- Envoyé.
"Ici aussi."- Reçu.
Il glissa tout doucement vers le sommeil quand son téléphone sonna :
-.. Allo...
- Stiles, c'est Chris.
- Mmh?
- Ils l'ont attrapé.
- Qui ça ?
- Liam, Malia et Deaton, ils l'ont attrapé.
- Sérieux ?!
- Oui. Je préviens tout le monde là. Rendez-vous à la clinique.
- OK, j'arrive.
"C'est reparti" pensa Stiles. Il avait eu une journée de répis, une journée à penser à autre chose. Mais c'était fini. Il se rhabilla, passa devant le miroir pour ajuster sa coupe de cheveux. Derek allait sûrement se déplacer, il voulait être le plus séduisant pour lui. Avant de partir, il laissa un mot à son père au cas où la réunion improvisée prendrait toute la nuit.
"Salut papa ! Ils ont attrapé la sirène, on a rendez-vous à la clinique vétérinaire. Je t'appelle plus tard, bisous"
Et il prit la route en direction du lieu de travail de son meilleur ami.
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