Chapitre 59
Cela faisait maintenant quatre jours qu’ils arpentaient les océans pour retourner au port. Quatre jours que le Red Edan se battait contre le vent pour avancer. Le continent commençait à être visible au loin, comme dans une brume bleue claire. Il comptait agir dès la nuit tombée pour ne pas être trop visible aux canonniers postés autour de la ville et du port. Le jeune homme quitta le gaillard avant pour rejoindre Brown qui tenait la barre. Il se plaça à ses côtés en croisant les bras pour fixer l’horizon mais surtout leur destination.
- Place toi loin du port, derrière les montagnes que tu vois là-bas, commença le capitaine en lui montrant du doigt les rochers près de la côte.
Le timonier acquiesça d’un mouvement de tête avant de faire tourner légèrement le gouvernail pour réorienter le navire. Après avoir attendu si longtemps, il était hors de question qu’Alexandre ne réussisse pas cette mission sauvetage de joli cœur.
Les hommes se tuaient au travail sur le pont, naviguer avec le vent face à eux n’étaient pas de tout repos. Mais chacun avait hâte de retourner sur terre et surtout hâte de reprendre Marie à bord. Le bâtiment se rapprocha doucement des rochers qui allaient le cacher de la ville. L’équipage attendit tranquillement que le soleil ne devienne qu’un songe avant de faire quoi que ce soit.
Alexandre sur le pont principal ordonna à ses mathurins de mettre les chaloupes à l’eau. Son plan était simple : plusieurs groupes de pirate allaient se débarrasser des canonniers. Le capitaine avait prit grand soin de noter leur emplacement. Plus l’Edan se rapprochait de la terre, plus les détails étaient présents sur cette ville. Il n’avait pas mit longtemps à apercevoir, avec sa longue vue, les différents gardes postés près des canons. Il ne comptait ni faillir ni fuir. Il était près à tout pour la récupérer, parce qu’il s’était rendu compte d’une chose pendant tout ce temps. Marie-Louise White était devenue Son trésor. Car pas tous les trésors n’étaient fait d’or et de diamant, en tout cas, pas le sien.
Il grimpa dans l’une des chaloupes qui ne mit pas longtemps à être lâchée dans l’eau. Chacun des groupes possédaient une lampe à huile et étaient composées d’au moins six pirates, dont quatre petites barques mises à l’eau. Le reste de l’équipage allait rester sur le navire afin d’éviter toutes invitations non désiré. Brown faisait partie de ceux qui attendraient sur le bâtiment. S’ils avaient le moindre problème, les restants pouvait intervenir avec l’Edan et ses trente deux canons.
La nuit était tombée depuis quelques minutes maintenant, les chaloupes approchaient doucement la terre. Les groupes les placèrent dans des endroits discret avant de se séparer pour attaquer les canonniers présents. Leur but était simple : détruire les canonniers placés sur chaque partie de la ville. Une fois fait, ils n’auraient aucun problème pour récupérer Marie et repartir.
Alexandre avança doucement dans la pénombre, sa lampe était éteinte tandis qu’il se frayait un chemin dans la forêt pour rejoindre le premier canonnier. Celui-ci était placé en hauteur, sur une des montagnes entourant la ville. D’ici, il pouvait tout apercevoir, il était donc le premier sur la liste qui devait disparaître. Son groupe et lui avancèrent encore jusqu’à apercevoir les quelques hommes présents.
Trois gardes en tout, ils étaient placés sur ce qui ressemblait à une construction faite de pierres grises. Légèrement éclairé, les trois hommes discutaient ensemble, dont l’un d’eux qui fixait l’horizon avec sa longue vue. Les pirates ne devaient pas utiliser leurs pistolets où le bruit allait les démasquer. Alors ils optèrent pour une entrée furtive mais efficace. Les cinq forbans se divisèrent afin d’entourer la zone sans un bruit. De son côté, Alexandre préféra faire à sa manière. Il sorti donc de l’ombre en avançant tranquillement vers les gardes.
- Excusez moi, commença l’écarlate qui ne tenait aucune arme en main. J’ai entendu dire qu’il y avait ici, un noble stupide et égoïste. J’aurais aimé le rencontrer. Savez-vous où il se trouve ?
Les gardes surpris par l’intrus, se levèrent d’un bond, tous les trois. Ils le fixaient étonnés mais ne mirent pas longtemps avant de dégainer leurs épées afin de les pointer sur le pirate.
- Qui êtes-vous ? demanda l’un d’eux prêt à se battre s’il le fallait.
- Moi ? continua Alexandre en voyant ses pirates apparaître furtivement derrière les hommes. Je suis Black le Sanguinaire, capitaine du Red Edan, sourit-il tandis que ses hommes plantèrent leurs armes dans le dos des gardes.
Ils étaient dorénavant à terre, l’un d’eux encore conscient mais dans une souffrance que son visage traduisait par des grimaces. Alexandre fixa le soldat à terre qui tentait de résister à la douleur que lui offrait sa blessure.
- Vous êtes des lâches ! argua-t-il suivit par la suite d’un râle.
Le capitaine écarlate se baissa à sa hauteur, empoignant son arme, ses yeux étaient encore plantés dans ceux de la victime.
- Non, nous sommes des pirates, continua Henderson en plantant sans aucune pitié son sabre dans le cœur du soldat qui perdit la vie. Et je ne laisserais personne entraver mon chemin.
Une fois fait, il se leva après avoir frotté son épée sur l’herbe pour la remettre dans son fourreau. Les quelques hommes qui l’accompagnaient ne disaient rien. Alexandre s’approcha donc de la lampe à huile et l’éteignit comme convenu les plongeant dans le noir. Puis il se tourna vers la ville, qu’il voyait en hauteur et fixait chaque point où étaient normalement positionné les canonniers. Chaque lumière disparaissaient les unes après les autres, jusqu’à ce que plus aucune menace ne soit visible. Ses pirates avaient donc tous réussi à les mettre à terre.
Son sourire s’agrandît sur son visage alors qu’il replongeait lui et son groupe dans la forêt afin de rejoindre cette horrible demeure. Marchant dans le noir où seule la lumière de la lune était visible, ils arrivèrent après plusieurs minutes en ville. Même s’il faisait nuit, les quelques fanaux présent par-ci et là les aidaient à voir face à eux. Alexandre avait vite fait de remarquer la maison au loin. C’était la plus grande, la plus belle et très sûrement celle de Gardner.
Seuls leurs pas étaient audibles dans cette nuit paisible. Le ciel était découvert et le temps calme. Chacun des groupes avaient finis par se rejoindre et ils se dirigèrent tous vers leur trésor. Le portail de la maison était grand ouvert mais ils ne s’en préoccupèrent guère continuant leur route vers la porte. Alexandre ne toqua pas et entra dans la maison entièrement éclairée de l’intérieur. Il se fichait de la beauté du lieux, et d’un simple mouvement de main, chaque pirate parti de son côté afin de mettre la main sur joli cœur.
Le capitaine marchait tranquillement dans les couloirs et entra dans la première pièce qu’il vit. Un beau bureau, certes, mais ce qui attira son œil ne faisait pas parti de ce décors de livres et bibliothèques. Non, car dans la pièce il y vit un sabre qu’il connaissait que trop bien. Il marcha pour le récupérer, le portant dans sa main droite il détailla la belle arme rouge dont il avait fait cadeau à joli cœur. Étrangement, cette trouvaille attisa encore plus le feu qui brûlait en lui dangereusement. Il ne savait ce qu’avait fait William à son joli cœur mais il comptait bien lui en faire payer le prix.
Rangeant donc ce sabre à sa ceinture, à côté d’un sien, il quitta le bureau vide d’intérêt. Il fit demi tour lorsqu’il entendit plus de chahut qu’à leur arrivée.
- Il n’y a plus aucune trace du trésor des abysses, commença l’un de ses hommes qui était venu à sa rencontre.
Il ne répondit rien, les sourcils froncés il s’approchait de plus en plus du hall où la plus part de ses hommes l’attendaient. Quelle surprise ce fut lorsqu’il vit un invité qu’il attendait plus que jamais. Le pirate écarlate s’approcha de l’homme pétrifié. Celui-ci était entouré de plusieurs forbans armés et n’avait en aucun cas l’envie de fuir et d’en perdre la vie. Il resta donc bien gentiment près d’eux.
- Mais qu’avons-nous là ? commença Alexandre en fixant le noble vêtu seulement de quelques tissus, bien moins habillé que leur dernière rencontre.
- Nous n’avons trouvé personne à l’étage, sauf des domestiques, intervient Rick.
- Vous avez fouillé la maison entièrement ?
- De fond en comble, certaines pièces étaient déjà reversées lorsque nous sommes arrivés. Aucune trace d’or, ni d’elle.
Alexandre était plus qu’en colère en apprenant cela. Les points serrés, ses ongles venant s’enfoncer douloureusement dans sa paume, il essayait tant bien que mal de se clamer. Prenant alors une grande inspiration, il posa son regard sur le noble voulant surtout comprendre pourquoi il n’y avait plus rien ici.
Après tout ce qu’il avait fait pour revenir. Il fallait que joli cœur soit là, il le fallait. Peut-être avait-elle été enfermée dans une des pièces ? Il voulait en avoir le cœur net, alors il parti sans rien dire de plus vers l’étage où lui même fouilla chaque salle. En regardant de plus près, Rick avait raison, certaines de ces pièces avaient été entièrement retournées sans la moindre hésitation. Les meubles brisés, les verres et les livres au sol. Tout avait été déplacé comme si une tempête s’était introduit dans cette demeure. Il ne fit guère plus attention à cela, arrivant vite vers la chambre de la jeune femme.
Il poussa la porte déjà entrouverte et fixa chaque recoins de la jolie chambre. Celle-ci aussi avait été fouillée. Des vêtements au sol, des accessoires et même du maquillage. Il reconnu vite les petites chaussures rouges que son joli cœur avait porté le jour de leur au revoir. Mais encore une fois, la pièce était entièrement vide. Il n’y avait personne et plus aucune trace de Marie. Alors il quitta à son tour cette chambre pour retourner dans le hall et se retrouver face à face avec le noble tremblant de peur.
Après avoir été attaqué par George Morton, celui-ci croyait que c’était le dernier pirate qu’il allait voir. Mais non, car ce forban rouge était revenu et William était persuadé que c’était pour le trésor qu’il avait perdu. Petit à petit, il se reprit en main, laissant derrière lui les tremblements pour regarder le monstre marin face à lui. Qu’avait-il à craindre de ce pirate ? Ce qu’il cherchait n’était plus ici.
- Le trésor ne se trouve plus ici, pirate, argua William en se redressant toujours surveillé par les hommes autour de lui.
Alexandre sourcilla face à cette phrase. Il était prit d’une colère qu’il n’avait pas vu depuis bien longtemps. Et le noble n’avait pas été autorisé à parler. Pourtant, il contrôla sa soif de le tuer ici et maintenant. Après tout, si joli cœur n’était plus dans la demeure, celui-ci devait être au courant de quelque chose. Il leur était donc encore utile.
- Ou est-elle ? demanda Alexandre encore calme.
- Qui donc ? continua William qui ne voyait pas de qui il parlait.
Après tout, personne dans sa maison ne valait vraiment la peine d’être secourue ou même kidnappé par des pirates. Il ne possédait plus que des domestiques dont leur vie lui importait peu.
- Ou se trouve Marie-Louise, argua le capitaine qui perdait patience.
- Je ne sais pas où elle est, sûrement partie de peur en vous voyant arriver.
Alexandre avait la main qui le démangeait plus qu’à son habitude. Il se laissa donc plonger dans l’impatience. Après tout, pourquoi se montrer courtois avec un noble de ce genre ? Le capitaine pirate dégaina son pistolet pour le pointer vers la tête du noble qui s’arrêta de bouger en voyant l’arme à feu.
- Je-je vous l’ai déjà dit, je ne sais pas où elle est, ajouta William qui ne faisait que fixer le visage d’Alexandre espérant que celui-ci n’appuie guère sur la détente.
- Bien sûr que si tu sais où elle est. Et tu vas gentiment me le dire ou tu perdras ta tête et ta vie par la même occasion.
William avait peur. Ses yeux écarquillés vers ce forban il décida de tout lui dire pour épargner sa vie.
- D’accord d’accord, je sais ce qu’il s’est passé, intervient-il en mettant les mains en l’air et en agitant sa tête positivement. Je l’ai échangé à des pirates contre ma vie ! Après tout je n’allais tout de même pas me laisser faire pour cette gueuse, avouez que vous auriez fait la même chose. Les femmes ne servent à rien sauf à enfanter la progéniture des hommes, se défendit-il idiotement.
La mâchoire du capitaine se serra de plus belle laissant entrevoir la forme de ses os sur ses joues. Que venait-il de dire ? Qu’il l’avait « échangé » contre sa vie ? Qu’elle était une « gueuse » qu’il ne valait pas la peine de mourir ? Ses yeux s’emplir d’un brouillard rouge que William senti en le regardant. Il ne fallait visiblement pas énerver le capitaine Black le Sanguinaire.
- Qu’as-tu dit ? Tu oses la traiter de gueuse ? s’énerva-t-il de plus belle gardant son pistolet vers le visage du noble effrayé. Où est-elle maintenant ?!
Sa voix portait dans toute la demeure. William vacilla à l’entente de cela. Peut-être n’avait-il pas choisi la meilleure excuse pour échapper aux supplices de ce pirate ?
- Je n’en sais rien ! argua le noble en baissant la tête. Vraiment je ne sais où ils l’ont emmené ! Et puis à l’heure qu’il est, elle a déjà sûrement était mal traitée ou utilisée par ce pirate ! Qui sais, peut-être a-t-elle déjà perdu la vie ?
Alexandre se redressa, le visage haut surplombant ce noble de pacotille. Comment osait-il dire cela en sa présence ? N’avait-il donc pas peur de la mort ? En tout cas, Alexandre n’avait aucune pitié pour lui. Qu’il était faible ou même désarmé lui était dorénavant égal. Il n’allait pas jouer sur un combat équitable avec une vermine dans son genre.
- Je suis Black le Sanguinaire capitaine du Red Edan et sache, noble, qu’on ne touche pas à mes trésors.
Alexandre tira droit dans la tête de l’homme. Celui-ci tomba comme une pierre au sol, les yeux ouverts, il jaillissait dans une flaque foncée le corps inerte. Le capitaine n’allait tout de même pas laisser cet homme insulter son joli cœur. Prit d’une rage démesurée pour lui, il n’avait pas hésité une seconde avant d’enclencher la gâchette et de le tuer sans aucune hésitation. Parce que cette fois-ci, son pistolet était chargé d’une balle et il n’avait pas pour but de laisser ce William Gardner en vie.
Il lui fallait dorénavant retrouver Marie-Louise coûte que coûte, même s’il devait retourner les océans entièrement et fouiller chaque parcelle de terre de fond en comble.
Parce qu’on enlève pas un trésor à un pirate.
A suivre...
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