Chapitre 57
L'homme reçu une décharge en lisant ce surnom. Elle lui manquait terriblement. Pourtant, il continua de lire cette page. Visiblement, au premier regard elle lui avait déjà fait de l'effet. Mais on pouvait y voir entre les lignes qu'il n'était pas très heureux de l'accueillir due aux expériences qu'il avait vécu face à d'autres nobles. Ces gens là étaient affreux, ne pensant qu'à leur argent et leur petite tête. Pourtant, joli cœur lui avait prouvé le contraire. Il le savait maintenant, qu'elle était différente d'eux, mais elle était tout de même partie. Ou du moins, elle l'avait laissé partir préférant rester sur le quai du port.
Alexandre fixait ces lignes où il avait inscrit pour la première fois ce qu'il pensait d'elle. Ce jour-ci, elle avait fait intrusion sans permission dans sa cabine alors qu'il était avec Rick. Elle était folle de rage. Il avait d'ailleurs trouvé drôle de voir à quelle point elle était mignonne. Mais surtout belle.
« 15 Mai 1723,
...
Nous avons rencontré le fameux Nightmare du capitaine Meyer, capitaine pitoyable qui ne mérite d'ailleurs pas le nom de pirate. Nous n'avons pas eu besoin de faire grand chose. Effrayé et sans défense, l'équipage nous a remit leur butin remplie d'or, de diamant et de bien des richesses.
À la différence des abordages que j'ai l'habitude de faire, cette fois-ci j'ai rencontré un noble. Une femme qui plus est. Elle était sûrement prisonnière du bâtiment et étant donné le sang qui était présent sur le pont, j'imagine qu'il comptait bientôt en finir. Elle aurait peut-être dû mourir. Mais je ne sais pour quelle raison particulière, j'ai cédé et ai décidé de la prendre avec moi. Au pire, je l'utiliserais pour m'amuser un peu. Ce joli cœur n'aura pas la vie facile à bord de ce bâtiment j'en fais la promesse.
...
Elle vient à peine d'arriver qu'elle a déjà fait scandale dans mon bureau. Ce joli cœur est entrée comme une furie dans ma cabine ! Un petit coup de pression ne lui a pas fait trop de mal et a même réussi à la calmer. Elle était effrayée. Et tant mieux, il ne faudrait pas qu'elle se fasse de mauvaise idée. Car elle n'est pas la bienvenue sur ce navire.
...
A l'heure où j'écris, elle s'est endormie dans mon lit. Je ne lui ai rien fait et ne compte guère la toucher. Je suis surtout perturbé par cette façon dont elle a de me faire changer d'avis aussi rapidement. J'ai beau la haïr de tout mon être, je n'arrive décemment pas à la faire souffrir comme elle le mérite.
Je ne sais pas si elle survivra au voyage sur l'océan. Mais j'espère qu'elle ne fera pas d'histoire. Mes hommes se portaient bien sans elle et il est hors de question que cela change avec sa présente.
Elle est insupportable. Pourtant, je n'arrive pas à résister à ses yeux. »
« 19 Mai 1723,
...
Nous nous sommes mit en quête du trésor des abysses, et j'espère plus que tout réussir à le trouver. Cet exploit pourrait bien faire remonter la renommé du Red Edan jusqu'au plus haut point. Devenir les pirates les plus connu du monde, les plus riches ! Il me faut réussir à trouver tous les indices possibles qui nous mettrons sur la voie de ce trésor. L'équipage est prit d'énergie comme l'Edan ne l'a jamais connu. Pourtant, nous sommes sur l'eau depuis plusieurs jours vers la recherche de la carcasse du navire de William Kidd. Là-bas, nous y trouverons un coffre qui pourra nous mener vers le trésor. En espérant évidemment que personne ne nous ai prit de court.
Le joli cœur est une femme insupportable. Elle ne sait rien faire sur le navire, blessée et fatiguée elle traîne sans arrêt sur le pont en parlant aux pirates. J'espère au moins qu'elle ne les déconcentre pas sur leur quête principale. Mais je n'ai pu m'empêcher de voir les efforts qu'elle mettait à l'œuvre. Malgré la douleur qu'elle doit ressentir dans son corps par l'effort physique, elle est toujours debout et prête à aider les hommes. Pourtant, je reste sur le fait que les nobles sont d'impitoyables personnes. Affreuses et manipulatrices. Ils utilisent les pauvres pour agrandir leur richesse.
... »
« 24 Mai 1723,
...
Nous nous sommes fait avoir comme des idiots. L'île qui aurait dû abriter la carte du trésor des abysses n'est en fait qu'une moquerie stupide. De plus, un peuple indigène y habite. Lors de notre fuite face à eux, bien trop nombreux pour nous qui étions que peu, ils ont réussi à prendre joli cœur en otage. Devrais-je être heureux de la voir partir sans avoir fait la moindre piraterie ? Après tout, si eux se chargent de la tuer, je n'en serais pas responsable.
Pourtant, plus j'y pense et plus je me dis que j'ai été un lâche. Elle m'a supplié du regard. Et je suis tout de même parti. Moi qui me vante d'être un grand pirate, je fuis face à un homme qui kidnappe Mon joli cœur.
Powell est venu me parler d'elle. Je pense aller la chercher. Étrangement, je me retrouve à penser à elle.
... »
« 2 Juin 1723,
...
Je deviens fou.
...
Je ne fais que penser à elle. Je n'arrive plus à contrôler cela. Je me retrouve même à veiller le soir, attendre qu'elle sorte sur le pont pour la rejoindre, car je sais qu'elle ne dort pas facilement sur les branles des pirates. Que m'a-t-elle fait ? »
« 5 Juin 1723,
...
Elle se fait de plus en plus à cette vie de pirate. Et je dois avouer aussi que j'apprécie sa présence. Lorsqu'elle n'est pas là, je me surprends à la chercher du regard jusqu'à ce que je vois sa silhouette féminine qui illumine le pont de ce bâtiment. Étant la seule femme du Red Edan, qui plus est entourée d'homme, je trouve qu'elle se débrouille plutôt bien. Peut-être qu'elle fera un jour partie de grand pirate femme de ce siècle. Qui sait ? En attendant, je n'ai toujours pas réussir à faire taire mes pensées. Son visage me hante. De plus en plus.
... »
« 6 Juin 1723,
...
Nous sommes allés sur l'île des sirènes et joli cœur nous a été d'une très grande aide, encore une fois. Même si grâce à elle nous avons enfin trouvé la carte des milles richesse, je ne cesse de penser à ce qu'il s'est produit lorsque nous sommes arrivés sur l'île.
Le chant des sirènes m'a absorbé. Complètement. Je n'étais plus maître de mon corps. Et avant même que je ne comprennent réellement ce que j'allais faire, je me suis approché d'elle et j'ai fait ce que je voulais faire depuis déjà un moment. Nous nous sommes embrassés. Même si j'ai déjà embrassé bien des femmes avant elle, ce fut une expérience complètement différente. Cette fois-ci j'ai ressenti comme une décharge électrique.
Et plus étrange encore, j'ai apprécié cela. Plus que je ne le pensais. Et je sais aussi dorénavant qu'il me sera dur de résister face à elle.
... »
« 11 Juin 1723,
...
Nous avons pénétré dans le triangle. Nous avons aussi fait face au Princess Augusta. Le Red Edan en est sorti vainqueur fort heureusement.
Joli cœur s'est beaucoup entraînée à se battre avec un sabre. Et elle a fait de gros progrès.
Quant à moi, je suis de plus en plus perdu. Elle me hante. Elle a prit possession de mes pensées, de mon corps. Et plus j'y pense plus je me rends compte d'une chose insensée.
Je l'aime.
J'aime la petite noble que j'ai sauvé sur le Nightmare. Et je ne sais malheureusement pas comment je dois agir exactement. Peut-être laisserais-je mon instinct faire pour cela ?
En tout cas, je ne m'en préoccupe pas plus, parce que la forteresse de corail deviendra de plus en plus visible.
... »
« 13 Juin 1723,
...
Joli cœur m'a été enlevée. »
Tout ce temps, elle ne faisait que hanter ses pensées sans qu'il ne puisse rien y faire. Et ce n'était qu'en relisant son carnet qu'il se rendait compte à quel point c'était le cas. Il savait qu'il l'aimait mais Alexandre n'avait pas imaginé à quel point elle avait changé sa vie. Pas jusqu'à ce qu'il la perde.
Il souffla de plus belle, son cœur était encore plus lourd qu'auparavant. Il l'avait laissé là-bas. Il aurait dû agir comme un pirate, la prendre avec elle qu'elle le veuille ou non ! Il avait fait preuve de faiblesse. Ne serait-ce qu'en écoutant ce qu'elle avait à dire et en laissant William prendre possession de l'Edan et de son joli cœur. Ne serait-ce qu'en la laissant à quai sans se retourner. Parce qu'il avait aussi vu dans ses yeux la tristesse qu'elle éprouvait à cet au revoir. La tristesse qu'il avait ressenti dans ce dernier baiser.
Alors, le jeune homme se redressa, sa décision était prise. Après tout, c'était Black le Sanguinaire capitaine du grand Red Edan ! Personne n'avait le droit de lui marcher dessus. Personne. C'était décidé. Aucun noble, aucun roi, ni aucun dieu n'avait le droit de lui prendre cette femme. Une étincelle reprit vie en lui et son cerveau fonctionna à toute vitesse afin de réfléchir à un moyen de retourner au port et de la récupérer. Parce qu'il était hors de question de continuer sans elle. L'équipage même était d'accord sur cela, mais il avait prit bien trop de temps à s'en rendre compte.
Il s'était passé seulement quelques heures avant qu'il ne trouve un plan parfait pour la récupérer. Alexandre ne comptait pas faillir. Il allait récupérer cette femme à tous prix. La jeune homme sorti, revigoré et plein d'énergie, sur le pont où plusieurs hommes le regardèrent surpris. Ils n'avaient plus l'habitude de le voir de la sorte. Mais ils devaient aussi s'avouer que cela leur faisait plaisir. Le capitaine venait de revivre.
Alexandre se dirigea sans rien dire vers le gouvernail, où Brown lui laissa la place sans faire d'histoire, restant tout de même à côté de lui. Le vent lui claquait au visage, le bruit du frottement de ses vêtements virent caresser ses oreilles. Il avait la barre en main et fixait son compas. Puis d'un mouvement habile et connaisseur, il fit tourner le navire vers une direction qu'aucun de ses hommes ne comprenait vraiment.
Rick était d'autant plus surpris. Il fixa pendant un moment les hommes qui regardaient le capitaine en essayant de comprendre ce qu'il faisait. Puis il se décida bien vite à le rejoindre pour mettre ses idées au clair. Il grimpa les marches de bois menant à la barre et s'arrêta de l'autre côté d'Alexandre. Mais avant même qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, ce fut le capitaine qui prit la parole.
- Que faites-vous à travailler comme des fillettes !? commença-t-il en haussant la voix de sorte à ce que chaque homme de l'équipage puisse l'entendre. Nous avons un cap mathurins !
- Où allons-nous capitaine Henderson ? demanda Powell qui était lui aussi sur le pont dans l'incompréhension totale.
- Nous avons perdu notre précieux trésor, argua l'écarlate en continuant de tenir le gouvernail. Il s'est fait la malle. Mais ne s'en sortir pas aussi facilement.
Personne ne comprenait de quoi il parlait. Le trésor des abysses avait été récupéré par l'odieux noble Gardner. Que comptait-il faire ? Le lui reprendre ? Chacun était de plus en plus perdu mais écoutèrent tout de même les ordres que leur lançait Rick. Plusieurs tirèrent les cordages, d'autres changèrent la position des voiles... et très vite le Red Edan reprit son allure et sa force. Mais, même si le second donnait les ordres à suivre, il n'avait toujours pas totalement réussi à comprendre son ami.
- Capitaine, je doute que tu ailles vraiment chercher le trésor des abysses chez ce noble, argua l'homme à la jambe de bois.
Il le connaissait bien, l'ecarlate ne partirait jamais à la rencontre d'un noble. Il les détestait bien trop pour cela. Alors à quoi bon repartir ? Avait-il changé d'avis ? Peut-être qu'en fin de compte, Rick avait réussi à le ramener à la raison ?
- Qu'allons-nous donc chercher ? demanda tout de même le chauve en regardant le profil d'Alexandre qui fixait l'horizon.
- Cap vers joli cœur mathurins ! Et que le vent nous porte, sourit-il en continuant de faire manœuvrer le bâtiment.
Le second se forma lui aussi un sourire en entendant cela. Il était heureux de cette réponse. Heureux que Marie fasse vraiment partie de l'équipage. Et heureux qu'Alexandre n'ai pas fuit face à cet obstacle.
- Vous avez entendu ?! répéta le chauve à l'intention des matelots au travail. Nous mettons le cap !
Alexandre prit d'une grande énergie passa la barre à Brown et se dirigea vers le gaillard avant du navire. Il allait la revoir et peu importait ce qu'elle allait lui dire, faire. Il n'allait pas repartir sans elle. Elle était bien trop heureuse sur ce bâtiment pour se laisser marier à un homme tel que William. Un homme qui ne la laisserait peut-être plus jamais prendre la mer.
Lorsque le Red Edan fut enfin dans la bonne direction, le sourire du capitaine s'effaça petit à petit. Il allait la retrouver coûte que coûte. Mais visiblement, le temps n'était guère avec eux. Le vent était dans le sens contraire de leur trajectoire. Ce navire était très rapide, certes, mais il était après tout comme les autres. Le vent ne devait pas se trouver face à eux, il les ralentissait énormément. Ce qui n'était guère une bonne nouvelle pour lui.
Pourtant, il continuait d'y croire.
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