Chapitre 46

Marie avait les pieds mouillés à son tour. Le groupe regardait autour d’eux cherchant une solution à leur problème. Face à eux, s’étendaient cinq rochers identiques, leur seule différence était les symboles dont ils étaient gravés. Le premier ressemblait à un algue de quatre branches ondulantes vers le ciel, le second à une pièce d’or légèrement élevée du côté droit, le troisième à des chaînes composées de cinq mailles, le quatrième d’une spirale suivit d’un trait - ressemblant à la forme du chemin emprunté pour descendre dans cette pièce - et le dernier à un crâne brisé au dessus de son œil gauche. Mais rien ne les aidait à leur recherche du trésor des abysses.

- Capitaine ! commença un des hommes qui s’était approché du rochers le plus à droite. On dirait qu’on peut les décaler, le trésor doit se trouver de l’autre côté.

Alexandre s’était tourné vers son pirate. Il était évident qu’il leur fallait déplacer ces grosses pierres. Mais qu’y avait-il de l’autre côté ? Le capitaine savait qu’une seule de ces sorties mènerait au trésor, et quant aux autres ? Ils se devaient d’en choisir une, mais laquelle ?

- Nous cherchons un trésor ! argua l’un d’eux. Alors choisissons la pièce !

Le pirate s’était rapproché du rocher en question, mais il fut rapidement arrêté dans son élan par le capitaine. Pour lui, la réponse ne devait pas être aussi évidente. Le crâne ne lui donnait guère envie, pourtant, celui-ci lui faisait penser au Princess Augusta qu’ils avaient croisé plus tôt. La spirale représentait le chemin utilisé. Les chaînes lui faisait penser à une prison, et la forteresse était la leur dorénavant, jusqu’à ce qu’ils arrivent à en sortir en tout cas. La pièce au trésor des abysses. Et l’algue à la forteresse elle-même.

Mais même si chaque symbole se référait à quelque chose dans le triangle, rien ne leur donnait la réponse à l’énigme présente. Alors que le capitaine réfléchissait à la meilleure réponse possible, il ne vit pas l’impatience monter sur le visage de son mathurin. Celui-ci était persuadé que c’était évident, qu’il fallait choisir la pièce d’or pour le trésor. Sans rien dire, accompagné par trois autres hommes, il commença à pousser le rocher pour ouvrir la voie. Mais le résultat n’en fut pas escompté. Au lieu d’être ébloui pas l’or et les diamants, l’eau pénétra de plus belle dans cette pièce.

Alexandre fut surpris par la froideur étrange qui monta au dessus de ses chevilles.

- Arrêtez !

Même s’il les avait surpris à réagir aussi rapidement, ses pirates s’arrêtèrent en revanche en même temps lors de leur découverte. Aucun d’eux ne s’attendait à cela. De son côté, Marie regardait cette scène se dérouler devant ses yeux. Son cœur frappait en elle douloureusement, elle avait peur et elle le savait.

Le lieu dans lequel elle était, possédait une beauté à en couper le souffle, des coraux sur chacun des murs qui les entouraient accompagnés par des coquillages de belles couleurs pastels. Tout, autour d’elle, brillaient d’une façon qu’elle trouvait magnifique par cette lumière bleuté qui résidait. Un décors qu’elle n’aurait pu imaginer. Mais tout cela n’était qu’un beau mensonge, où pouvait-elle dire une triste réalité ? Une illusion qui allait bientôt s’écraser contre la vérité de la vie.

À ses pieds, l’eau salée montait dangereusement, petit à petit certes, mais d’une minute à l’autre l’équipage entier finira englouti. Cette eau froide traversant ses bottes, venait coller ses habits à sa peau, lui donnant des frissons désagréables de peur. En réalité elle ne savait pourquoi est-ce qu’ils avaient fini dans cette situation, mais elle était sûre d’une chose. Ils se devaient de trouver une solution au plus vite, où ils finiraient vite comme ces autres, morts allongés au sol. Ces squelettes qu’elle avait vite fait de remarquer en entrant dans la pièce, cette même pièce qui avait gardé le souvenir de l’effroyable odeur de ces défunts.

Leur compagnons décédés avaient visiblement eux aussi tenté de le trouver, mais sans succès. La mort les avait vite rattrapé. Leurs corps, ou plutôt leur restes, résidaient ici. Assis ou allongés sur le sol qui venait s’engloutir sous l’eau salée.

Bientôt, se sera à leur tour.

- Il faut trouver la solution au plus vite ! râla Alexandre comprenant que dans seulement quelques minutes leur tête passera sous l’eau à leur tour.

Elle avait peur. Non, elle était pétrifiée. Elle ne s’attendait pas à vivre cela. Mais Marie avait choisi de venir. Elle avait choisi de mettre sa vie en jeu pour aider l’équipage à trouver ce trésor qui lui avait fait vivre des malheurs pour en arriver là. Même paniquée, elle se devait de faire de son mieux. Même perdue et déboussolée Marie se devait de faire quelque chose. Alors après une grande inspiration désagréable due à l’odeur infecte. Elle s’avança vers le capitaine pour fixer de plus près les gravures.

L’une d’elle lui était familière. Elle l’avait déjà vu. Mais où ? La jeune femme tenta de se remémorer chaque partie de sa vie depuis qu’elle était sur le Red Edan. Chaque parcelle de ce qu’elle avait vécu avec cet affreux capitaine et son équipage mal odorant.

À ce moment, ils n’étaient qu’au début de leur grande aventure. Ils venaient à peine de commencer. Elle était trempée. Tous ses vêtements avaient subit un grand lavage lorsque ce capitaine sanguinaire avait prit la décision de la faire sauter à l’eau. Il lui avait demandé de récupérer le coffre présent dans le Adventure Galley, bâtiment de William Kidd. C’est Alexandre qui l’avait remonté. Après cela, il leur fallait trouver la serrure correspondant à celle-ci. Alors le capitaine avait décidé de les faire descendre sur l’île et de chercher un quelconque indice qui les mènerait sur la bonne voix. Marie était vexée par ce qu’il avait fait. Elle s’était donc baladée sur la plage pour se changer les idées. Et c’est à ce moment même qu’elle avait trouvé ce petit objet brillant. Un collier possédant un symbole étrange qu’elle n’avait pas compris sur le coup. Mais maintenant qu’elle y pensait sérieusement, tout était logique. Tout se suivait.

William Kidd était lui aussi à la recherche du trésor, mais il fut rapidement arrêté, abandonnant son bâtiment sur l’île. Alexandre avait commencé les recherches là-bas car il savait que ce capitaine pirate avait les indices et objets nécessaire à leur réussite. Sauf que lorsque le Adventure Galley coula, plusieurs des objets présents en son sein s’étaient dispersés que ce soit sur la plage ou bien dans l’océan.

Marie était peut-être sur la mauvaise voie. Mais elle était persuadée que ce collier n’était pas qu’un simple bijoux. Après tout, il possédait la même gravure qu’une des pierres du trésor des abysses. Ce n’était pas qu’une coïncidence. Elle en était certaine.

- Tu vas possiblement croire que je suis folle, commença t-elle à l’attention d’Alexandre qui était toujours à côté.

L’eau montait encore, maintenant au dessus de leurs genoux. L’homme s’était légèrement tourné vers elle, interrogateur.

- Je suis persuadée que la bonne voie c’est celle-ci, argua-t-elle en montrant la porte face à eux.

Le rocher possédait le symbole en spirale. Il était difficile pour lui de croire que celui-ci était le bon choix. Mais il lui était encore plus difficile de ne pas la croire. Cette ancienne noble avait réussi à les sortir de bien des misères. Il avait finit par apprendre à lui faire entièrement confiance.

- Tu es sûre de toi ? demanda-t-il tout de même.

- Certaine, ça peut paraître étrange mais j’ai vu un collier sur la plage près du Adventure Galley, celui-ci avait le même symbole. Ça ne peut pas être qu’une simple coïncidence.

Elle s’était tournée vers lui. L’homme croisa le regard bleuté et profond de son joli cœur. Même s’il voyait les yeux certains de cette femme, il arrivait tout de même à y apercevoir la panique présente en elle. Pourtant, elle réussissait à garder son calme, ce qu’elle n’aurait guère fait la première fois qu’ils s’étaient vu. Elle avait changé. Elle était plus forte, plus sûre d’elle. Avec de l’entraînement et du temps, elle deviendra un pirate à part entière, un pirate faisant trembler ses attaquants et ennemis. Son joli cœur allait devenir la meilleure. Il le savait.

- Vous avez entendu ? demanda-t-il en haussant la voix pour que chacun l’entende. Ouvrons cette foutue porte et gagnons notre trésor mes chers mathurins !

Chacun avait reprit du poil de la bête et très vite, ils furent plusieurs à pousser ce rocher. À leur grande surprise, il n’y avait pas la moindre goute d’eau de l’autre côté. Ce fut d’ailleurs l’inverse. Le liquide présent dans leur pièce fut emporté de l’autre côté. Ils firent vite tomber le rocher au sol laissant un énorme couloir devant eux. Aucun ne savait si c’était la bonne voie, mais ce qui était sûr, c’est que ce choix venait de retirer l’eau qui montait. Alors sans rien se dire, ils avancèrent un à un dans ce passage.

Le chemin ne fut pas très long et rapidement, une autre lumière que le bleu vint frapper leurs pupilles. Tout était orangé, jaune… la couleur de l’or. La richesse. Lorsqu’Alexandre pénétra à son tour dans cette autre pièce, il fut plus qu’éblouie. Il n’avait jamais vu autant d’or qu’ici. Même le butin du Ganj-i-Sawaï n’avait pas la moitié de ce qui était présent.

Le trésor des abysses était face à eux, trônant les lieux de sa lueur plus brillante que le soleil même. Coffre, pièce, bijoux, diamant, rubis… il y avait de tout. Des montagnes s’étendaient sous leurs yeux. Il leur serait même difficile de réussir à tout récupérer. Mais ils l’avaient enfin trouvé. L’équipage du Red Edan venait de trouver le butin le plus recherché des océans. Ils étaient riches. Ils avaient de quoi survivre pour quatre générations, si ce n’était plus.

- Joli cœur, murmura Alexandre encore submergé d’émotion.

- Nous l’avons trouvé, finit-elle avec un énorme sourire sur le visage.

Elle connaissait maintenant ce sentiment que chaque pirate vivait en trouvant leur butin tant recherché depuis des semaines voire des mois. Elle était heureuse et avait hâte de tout mettre dans la cale de l’Edan. Même elle, qui vivait dans une famille plutôt aisé, n’avait jamais vu autant d’argent dans un même endroit. Il était même fort probable qu’une banque ne soit pas aussi remplie qu’ici.

L’équipage n’avait pas attendu longtemps avant de se précipiter sur les pièces au sol. Certains commençaient déjà à remplir leur poche de tout ce qu’ils pouvaient mettre. D’autre enfilaient les parures brillantes. Et les derniers s’étaient allongés dans l’or ayant presque peur à un rêve qui prendrait fin d’une minute à l’autre. Marie de son côté, ne faisait que contempler la pièce et ce qu’elle contenait. Étant toujours dans la forteresse, les murs en étaient encore remplis de coquillages et coraux colorés incrustés dans la roche. Le trésor se trouvait au milieu de celle-ci, il était entouré d’un fossé qui avait accueilli l’eau présente dans la salle précédente et qui continuait doucement de ruisseler sous leurs pieds.

- Bien ! intervient Alexandre qui s’était avancé vers son équipage. Il est temps de rejoindre l’Edan mathurins.

Ils se levèrent tous puis commencèrent à récupérer les coffres remplis. Il leur faudrait visiblement plusieurs allez-retour avant de vider cet endroit. Marie qui avait pris l’un des coffres présents, qui reposait maintenant dans ses bras de tout son poids, suivit le groupe dans cet autre couloir au fond de la salle. De là, ils utilisèrent un chemin plus escarpé que celui qu’ils avaient déjà emprunté. Alors que ses jambes lui brûlaient par l’exercice que lui offrait la côte et le poids en plus, sa respiration devint vite saccadée. Malgré les quelques entraînements qu’elle avait eu voire ce qu’elle avait vécu, ce trajet fut l’un des plus compliqué pour elle. Mais sa libération arriva vite. Rapidement, la sortie apparue au loin, ce qui lui donna de dernières forces pour terminé son voyage afin d’atteindre le navire. Elle marcha plus vite pour que ce supplice prenne fin.

Une fois arrivée en haut, elle respira un grand bol d’air frais bientôt frappée par l’air marin et les quelques gouttes d’eau qui tombaient du ciel. Son visage se rafraîchi vite, ses joues devaient être rouges car elle les sentaient qui chauffaient. Après quelques secondes à reprendre son souffle, elle ne perdit pas plus de temps suivant le groupe pour rejoindre une chaloupe. De tous les hommes, ils n’étaient que trois à être resté dans la barque. Le reste était redescendu pour terminer de vider la pièce.

La chaloupe remplie de coffre, d’or, de bijoux… Marie profitait encore du frais tandis que les deux marins, qui l’accompagnaient, pagayaient pour rejoindre l’Edan qui n’était plus très loin. Elle était heureuse de revoir ces voiles rouges, même si celles-ci étaient en ce moment pliées sur elle-même. L’équipage resté sur le navire les aida à remonter à bord et très vite, la chaloupe fut vidée et repartie sur l’eau afin de récupérer la fin du trésor des abysses. Quant à Marie, elle aida à mettre l’or dans la cale.

Ils firent plusieurs allez-retour, les chaloupes firent de même jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien dans la forteresse. Alexandre grimpa à son tour sur son battement aidant à remonter les petits bateau pour les accrocher à l’Edan et préparer leur départ.

Le trésor était à eux, maintenant en leur possession. Ce fameux butin qui était le plus recherché des sept mers. La richesse et la renommé. Ils l’avaient enfin atteinte.

Marie eut ce même sentiment qui lui brûlaient l’estomac d’une énergie qu’elle ne connaissait guère. Si elle ne savait pas se contrôler, elle serait probablement en pleine folie au milieu du navire pour fêter leur victoire. Alors qu’elle s’était assise sur un tonneau présent sur le pont principal, elle regardait les matelots le sourire aux lèvres. Tous étaient plus qu’heureux, plus encore que lorsqu’ils étaient allés boire du rhum.

Mais pourtant, une petite goutte de mélancolie vint se mélanger à ses veines, détruisant ces si beaux moments. C’était terminé. Leur quête venait de se finir. Qu’allait-elle devenir ? Elle comptait rester et espérait au plus profond d’elle qu’Alexandre et l’équipage l’accepte encore. Alors pourquoi ce sentiment était-il présent ?

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