Chapitre 21
Le visage de Scott, le médecin, offrait une sensation de réconfort - ce qui représentait un point pratique pour celui-ci -. Lorsque Marie leva les yeux pour le détailler, elle y vit des cheveux bruns en batailles plutôt court donnant une impression d’avoir été mal coupé. Il possédait aussi une barbe et moustache légèrement apparentes accompagnées par de beaux yeux vert marron.
En y repensant, elle l’avait déjà aperçu sur le navire, mais n’avait jamais vraiment fait attention à lui jusqu’à présent. Marie s’apprêtait donc à répondre en se présentant à son tour en guise de politesse. Pourtant l’homme lui fit signe de ne rien dire un doigt devant ses lèvres souriantes.
- Marie-Louise White, je sais, ne dites rien, commença-t-il. Économisez vos forces pour votre guérison.
L’homme s’arrêta. Mais reprit vite ayant oublié un détail. La raison de ce pourquoi il était venue.
- Mais, je vais tout de même avoir besoin de votre aide, continua-t-il.
Elle écouta attentivement les dire du docteur et exécuta chaque mouvement qu'il lui demandait de faire. Marie se releva doucement avec l’aide de Scott, assise maintenant sur le lit. Lorsqu’elle constata son état, elle y remarqua l’absence de sa chemise blanche, seul un tissus blanc enroulé était présent. Ses affaires étaient posées près du lit pliées proprement au sol, sa chemise, son corset de cuir...
- Regardez moi, fit Scott en la sortant de ses réflexions.
Elle fit donc, planta son regard océan vers les yeux du médecin. L’homme commença à faire ses dernières vérifications puis son sourire s’agrandît de plus belle.
- Vous allez vous en remettre, la blessure n’est pas grave mais douloureuse sûrement.
Puis il regarda attentivement le visage de la jeune.
- Vous avez reprit des couleurs, c’est bien, murmura-t-il comme s'il se faisait la réflexion à lui même. Pensez à manger et continuez de vous reposer. Dans quelques semaines vous serez sur pieds et fin prête à naviguer sur ces flots comme avant.
Marie lui fit un signe de tête, gardant en mémoire ce qu’il lui avait dit auparavant : ne pas parler pour garder ses forces. Elle lui offrit donc son plus grand sourire en guise de remerciement. Ce que l’homme lui rendit avant de quitter la pièce la laissant seule avec le capitaine écarlate qui ne faisait que les fixer depuis le début.
- Ce n’est pas trop douloureux ? demanda Alexandre sans pour autant lui jeter un regard, préférant fixer la porte qu’avait emprunter Scott.
Il se sentait évidemment coupable et honteux mais aussi soulagé de la voir en bonne santé.
- Si vous étiez venu plus tôt, ça nous aurait peut-être épargné de toutes ces complications, rigola-t-elle finissant sa phrase par une douleur et un râle.
Marie voulait seulement détendre l’atmosphère. Elle sentait dans la pièce tout le poids qui s’était placé sur les épaules du pirates. Même si elle lui en voulait, il était revenu.
- Ne forcez pas, fit-il en se tournant vers elle les yeux l’un dans l’autre.
La femme pu y voir en son regard qu’il était triste, qu’il s’en voulait et qu’il n’avait fait qu’y penser.
- Mais merci de m’avoir sauvé la vie, sourit-t-elle encore assise sur le lit.
Elle avait évidemment évité de citer le fait que c’était aussi de sa faute qu’elle avait été attrapé. Mais il aurait aussi pu ne pas revenir.
Alexandre quant à lui, ne répondît rien. Il repensant à tout ce que lui avait dit Powell sur son passé. Le silence reprit la pièce, la jeune s’était allongée avec quelques râles de douleurs sous les yeux du capitaine qui aurait accouru au moindre problème. Marie s’était vite endormie, sans même qu’il ne s’en rende compte.
Après cela, les jours passèrent alors qu’ils naviguaient sur des vagues tranquilles. Le Red Edan avait reprit du service lorsque Marie fut enfin sur pieds, mais elle n’était pas totalement rétablie.
La noble s’était lentement remise de sa blessure, encore présente et visible. Elle n’était pourtant presque plus douloureuse et cela lui permettait de refaire des mouvements “normaux”. Elle avait d’ailleurs plusieurs fois remercié Scott dont les réponses se limitaient à un : "j’ai seulement fait mon travail", suivit d’un grand sourire se plaçant sur ses lèvres.
Ce jour là, après avoir aidé les matelots à nettoyer la cale en faisant tout de même attention à ne pas blesser plus, Marie remonta sur le pont du navire. Ses yeux se posèrent instinctivement sur cet homme habillé de rouge qui venait de sortir de sa cabine accompagné de son timonier qui se dirigea par la suite vers la barre. La noble s’avança vers Black qui était encore devant la porte de sa cabine, croisant le regard bleuté de la femme.
Son avis sur cet homme avait pour la énième fois changé. Il représentait pour elle toujours ce forban sans cœur et sans âme qui pille les riches sans vergogne. Mais, elle savait qu’il avait bon cœur malgré tout ce qu’il essayait de montrer. Pendant les jours qui s’étaient écoulés depuis leur aventure sur l’île, la femme avait séjourné quelques temps dans les quartiers du capitaine. Celui-ci avait le lit le plus agréable et cela lui permettait d'avoir un repos sans faille. Donc sous les conseils de Scott, Alexandre laissa sa cabine à la noble où lui se reposait avec l’équipage.
Tous les jours, il venait lui rendre visite pour prendre de ses nouvelles, même s'il ne voulait guère le montrer. Il prétextait s’arrêter à son bureau pour de la “paperasse”. Mais à chaque fois, elle était prit par un interrogatoire : Comment vous sentez-vous ? Qu’à dit Scott sur votre état ? Et bien d’autres…
Depuis, Alexandre s’était adoucit face à elle, il se montrait moins froid. La femme fit donc de même envers lui.
- Bonjour capitaine, commença Marie en s’arrêtant à côté de l’homme.
Le pirate écarlate se mit à sourire instinctivement.
- Joli cœur, fit-il comme pour la saluer.
Marie regarda un instant le timonier qui avait reprit sa place, celui-ci possédait un compas en main.
- Quel est notre cap ? demanda-t-elle en reposant ses pupilles bleues vers le capitaine.
L’homme savait pertinemment qu’elle n’aimerait pas forcément la réponse. Mais après tout, elle faisait maintenant partie de l’équipage et se devait de savoir exactement où ils allaient accoster.
- L’île que vous devez sûrement adorer depuis, répondît Alexandre en replaçant son chapeau sur sa tête.
- L’île des pirates ? Mais pourquoi ? Et notre destination principale ? s’inquiéta-t-elle.
En réalité elle aurait aimé apprendre qu’ils continuaient leur route vers le trésor Introuvable. Mais pourquoi aller sur l’île dans ce cas ? Marie espérait qu’il n’abandonnerait pas aussi vite.
- Oubliez, nous avons été envoyé sur une mauvaise piste.
Étrangement, la femme fut déçue de cette nouvelle. Non pas qu’aller sur l’île la dérangeait, même si elle ne l’aimait guère, mais la noble préférait plutôt continuer leur aventure.
- Je suis sûre que si nous cherchons encore… fit-elle un brin d’espoir dans la voix.
- Les recherches vont être faites, la rassura-t-il. En attendant nous retournons sur terre. L’équipage a besoin de prendre un jour de repos et de s’amuser dans des caboulots. Il leurs faut une pause.
Alexandre voyait bien, dans le regard océan de la noble, qu’elle avait vite prit goût à cette aventure. Mais il se devait aussi de prendre soin de chacun de ses pirates. Ces hommes qui depuis des jours travaillaient sans relâche. Ils avaient tous besoin de lâcher prise, le temps d’une soirée. Quelques verres de rhum et une nuit mouvementée pour ceux qui le désiraient. Et ce n’était qu’après qu’il cherchera peut-être une autre solution à leur problème.
Marie comprenait ce qu’il disait. Pourtant, elle ne voulait pas abandonner aussi vite. La noble avait été embarquée dans leur aventure sans y avoir le choix. Elle avait même plongé dans l’eau gelée, ayant frôlé la noyade, pour récupérer la clef. Tout cela pour finir sur... rien ? Il en était hors de question. En tout cas, pas tant qu’ils n’étaient pas sûr et certain de leur échec.
- Vous n’allez tout de même pas abandonner ? s’inquiéta-t-elle.
- Je ne dirais pas qu’abandonner est le mot exact, mais n’en parlons plus, continua l’homme.
Il voyait bien dans les yeux de son joli cœur qu’elle était déçue. Mais comment faire ? Il se devait d’être le grand capitaine qu’il était. Entre le fait de trouver le plus gros des butins et de prendre aussi en compte la santé de son équipage. Malgré les apparences, être capitaine était bien plus compliqué que ce que l’on pouvait penser…
L’homme laissa la jeune, faisant donc son rôle et joignit le timonier Brown à la barre. Il jeta un dernier coup d’œil à joli cœur avant de monter les marches de bois. Puis il prit son compas des mains de Brown, qui tenait le gouvernail.
Marie leva la tête vers le capitaine. Il montrait quelque chose au loin ayant l’air de parler avec son timonier. Elle ne savait que penser de ce qu’il lui avait dit. Mais quelque chose, une force inconnue, la poussait en avant. Elle voulait se faire entendre et l’empêcher d’abandonner leur quête. Quelque chose lui disait, lui criait même, qu’ils n’étaient peut-être pas si loin de la solution.
La femme, après avoir pris une grande respiration, se lança vers Alexandre qui ne portait d’attention que vers cet horizon bleuté. Elle avait pour but de le faire changer d’avis. La noble avait prit goût à cette vie faite d’aventure. À cette vie de pirate, à cet océan.
Elle s’arrêta donc à côté de l’homme écarlate, fixant son visage concentré sur l’océan et son compas.
- Vous ne pouvez pas abandonner, rétorqua-t-elle près de lui.
Alexandre fronça les sourcils, trop concentré sur son timonier qu’il n’avait pas vu joli cœur arriver.
- Je n’abandonne pas, souffla-t-il.
- Nous étions si près du but.
- Mais c’était une mauvaise piste, argua-t-il en restant calme face à elle.
- Vous n’en savez rien, fit-elle avec cette force qui commençait à s’amenuiser.
- Et vous non plus, continua Alexandre en se tournant vers elle un doux regard sur les yeux.
Les deux l’avaient remarqué, ils ne s’attaquaient plus comme auparavant. Même s'ils n’étaient pas d’accord sur tout, ils s'écoutaient l’un l’autre,
- Navire à bâbord ! cria la vigie attirant l’attention du capitaine qui détourna vite le regard de Marie vers l’horizon.
Alexandre contempla donc le navire qui s’approchait du Red Edan. Un sentiment pirate s’installa en lui. De l’excitation. C’était le moment.
- Un navire marchant, murmura l’homme les yeux toujours pointés vers le bâtiment.
Marie-Louise était plus que surprise par cette information, comment pouvait-il savoir aussi vite que ce navire était marchand ? La femme s’avança vers la rambarde, toujours à côté de la barre, regardant plus près ce bâtiment. La seule chose qu’elle arrivait à voir était ces grandes voiles blanches s’étendant vers le ciel, tel des nuages flottant dans le vent. Il possédait une coque brune claire et avait visiblement quelques caisses sur son pont.
- Comment pouvez-vous être sûr… ? commença-t-elle vite coupé par la réponse de celui-ci.
Alexandre se mit à sourire, l’homme se rapprocha d’elle. Mais plus près que prévue car Marie senti sa chaleur frôler son bras alors qu’il s’était placé à sa gauche. Elle cru presque que son souffle allait se couper tellement se rapprochement lui fut direct et imprévu. Son corps se reprit vite, ses poumons continuant leur travail, alors que celle-ci se concentrait au mieux sur l’horizon pour oublier l’effet qu’il lui faisait.
- Regardez, ils sont décorés d’un pavillon blanc, les caisses présentent et la légère gravure sur la coque. Tout prouve que ces hommes sont des riches marchands.
La noble fut plus que surprise en apprenant qu’il y avait une gravure. Elle avait beau avoir regardé le navire du mieux, Marie venait à peine de s’en rendre compte. Elle força donc sur ses yeux pour y voir plus clair.
Il y avait effectivement un cercle, celui-ci était rempli de petites formes. Sûrement un globe terrestre.
- La gravure… répéta-t-elle en la détaillant.
Marie-Louise était plus qu’attentive à ce que lui racontait Alexandre. L’homme qui était heureux de cela, continua donc son explication.
- Oui, elle représente un globe, ils fond donc parti de l’alliance des marchands. Ils ne sont pas d’ici.
Elle était plus que passionnée par ce qu’il disait. En seulement quelques secondes, il avait réussi à voir tout cela. Il était épatant.
Un sentiment agréable vint s’installer en lui, il ne le rejeta pas. Mais s’écarta tout de même de son joli cœur qui contemplait encore l’horizon, pour faire face à son équipage.
- Mes chers mathurins ! cria le capitaine pour avoir leur attention ce qui fut un grand succès. Mréparez vous pour l’abordage, ajouta l’homme d’un sourire triomphant sur les lèvres.
Il était temps de montrer ce que valait le Red Edan.
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