Chapitre 14

Marie regaedait l’homme avec attention.

- Votre arme, elle n’est pas chargée ? demanda-t-elle la voix tremblante malgré elle. 

Il se mit à rire, un regard légèrement plus doux sur le visage.

- Mon pistolet n’est jamais chargé joli cœur. Et comme vous avez pu le constater, même s'il ne représente aucun danger, les ignorants en ont peur. 

- Donc vous vous êtes joué de moi ? argua-t-elle.

- N’échangez pas les rôles. Vous avez cru qu’il était chargé. Même si j’avais tiré, vous seriez toujours en vie. 

Échanger les rôles ? C’était le forban sans cœur qui lui disait cela ? Alors que lui-même ne faisait que jouer avec elle ? L’utiliser pour assouvir ses propres soifs ?

Et elle qui pensait qu’il était bon…! 

En réalité, elle essayait de se convaincre elle-même de cela. Marie avait pourtant vu dans son regard du bon, une étincelle. Elle y avait cru en tout cas. Mais ce n’était qu’un pur mensonge de celui-ci. 

Elle ne le connaissait guère. Pourtant à cet instant, la jeune se senti plus que blessée. Son cœur se serrant dans sa poitrine, tout son corps lui offrait une sensation désagréable. Était-ce car elle était déçue de le découvrir ? Et elle qui avait pour but d’en apprendre plus sur lui. Il en était maintenant hors de question, elle n’en avait plus besoin en tout cas. 

- Je n’ai peut-être pas besoin de savoir qui est réellement Black le Sanguinaire.

- Ah oui ? Que suis-je alors ? fit-il de façon énigmatique comme s'il jouait de celà. Sue savez-vous ?

Alexandre était intéressé par ce qu’elle allait dire. Son joli cœur avait l'air sûre d'elle. Son regard avait changé.

Elle posa ses mains sur le bureau avançant son visage vers l’homme, celui-ci ne bougea pas.

- Vous n’êtes qu’un forban sans cœur et sans âme. Vous utilisez les autres pour assouvir à vos fins. Vous n’êtes peut-être pas si différent de ceux dont on m’a parlé… continua Marie un air presque frustré venant se dessiner sur son doux visage. 

Après tout ce qu'il lui avait dit, elle avait finit par croire qu’il était peut-être différent. Un homme bon, à l’inverse des histoires que sa famille lui comptait. Mais même si elle comprenait les raisons des pirates, il était pour elle toujours aussi mauvais. 

- Oui, j’utilise les gens pour servir mes propres intérêts. Quel est donc le problème à cela ? Vous n’allez tout de même pas me dire que c’est non courtois ? Ou alors incorrect ? Vous avez vu la misère qui entoure les personnes comme moi. La pauvreté les ronge jusqu’au os, la famine les dévore. Ont-ils vraiment d’autres choix que de se battre ? Nous avons tous une façon différente de survivre à cette injustice. 

Alexandre avait bien pour but de lui expliquer don point de vue. Peu importait de qu'elle manière, mais il voulait étrangement quelle comprenne... qu'elle Le comprenne. Il reprit donc son arme, vide de balle, et s’approcha de la jeune en contournant son bureau. 

- Voyez cela comme un pistolet sur la tempe. Le monde tente d’actionner la gâchette, nous nous battons tous pour retenir cela le plus longtemps possible. Mais un jour, chacun finira par lâcher prise. Et alors, continua l’homme en appuyant sur son pistolet vers joli cœur. La vie leur sera enlevée sans aucune hésitation. 

Marie fixait Alexandre dans les yeux, il n’avait rien de méchant dans son regard. Et elle trouvait étrange à quel point ses sentiments pour lui pouvait changer en quelques secondes seulement.

- Devenez alors maître, ne soyez pas la cible, mais le tireur. 

L’homme se mit à rire. Lorsqu’elle le disait, cela semblait si simple. 

- Cela parait si facile lorsque vous le dites, fit-il encore plus adoucit. 

Bizarrement, il était apaisé de la savoir sur son bâtiment et il détestait ça. Il aimait se plonger dans son profond regard bleu océan. Même sur la terre ferme, ces yeux lui rappelaient sa maison, sa liberté. Pire dans tout ça, l’odeur de la femme s’était encrée sur son coussin, venant empiéter ses pensées le soir. Alexandre la détestait pour cela. Elle avait réussi à prendre possession de lui sans qu’il ne puisse se défendre ou même en avoir le choix. Il la détestait plus que tout et pourtant… il n’arrivait pas à se conduire en vrai pirate face à elle. Il ne pouvait lui faire subir les sentences que les forbans sans cœur offraient à leur ennemi. 

Marie, voulant détruire ce silence pesant qui avait prit la pièce depuis quelques minutes, se tourna vers le bureau de l’homme. Elle fixait la clef brillante au soleil du jour. 

- Avez-vous trouvé où elle allait ?
 
- Vous changez de sujet ? intervient-il avançant encore plus vers elle.

Le joli cœur face à lui avait maintenant le dos contre le mur, Alexandre à seulement un mètre d’elle, voire moins. Il ne saurait le dire. 

Elle replongea son regard dans les yeux bruns de l’homme. 

- J’ai plongé pour aller chercher cette clef, lui fit-elle remarquer de sorte à ce qu’il n’oublie pas le malheur qu’elle avait vécu par sa faute. 

- Rectification, j’ai plongé pour vous sauver de la noyade et pour récupérer le coffre. Vous n’avez servi à rien. 

- J’avais un pistolet pointé sur le front, je n’avais pas le choix.

- Il n’était pas chargé.

- Parce qu’il est évident que les pistolets ne sont point chargés lorsqu’on vise une personne, ironisa-t-elle.

- Le mien ne l’est pas en tout cas, vous le saviez pourtant.
 
- Vous êtes vraiment le pire des forbans ! cria-t-elle en essayant de pousser l’homme dans le but qu’il se recule.

Elle en avait marre de sentir l’odeur hypnotique de celui-ci. Il lui fallait de l’air, de l’espace. Mais malheureusement pour elle, son geste n’eut pas grand succès. Car Alexandre n’avait pas guère bougé, pire encore, il s’approcha plus d’elle. Sa main gauche vint se poser contre le mur. Son visage plus près de Marie qui s’était raidit sous ce geste. 

- Ne m’approchez pas, fit-elle alors que le souffle du pirate venait s’écraser sur ses joues. 

Jamais elle n’avait été aussi proche d’un homme, qui que ce soit. Son cœur battait fort et vite dans sa poitrine, tellement qu’elle aurait cru qu’il en sortirait pour de bon. La chaleur de l’homme venait presque se mélanger à la sienne. Pourtant un espace était encore bien présent entre eux. Un espace qu’elle voyait comme un espoir. Ce seul espace qui lui permettait d’avoir encore toute sa conscience et son libre arbitre. 

Pourquoi son corps réagissait-il de la sorte ? Elle détestait l’homme qui était face à elle, elle devrait plutôt être prise d’une rage sans nom. Pourtant rien. Seulement cet espace vint emplir ses pensées. Marie avait peur. Elle le savait. Elle le sentait. Mais un autre sentiment cacha cette peur. 

- Pourquoi ? Qu’allez-vous faire ? fit-il toujours plus proche d’elle un regard presque trop enflammant. 

- Ne me touchez pas, argua-t-elle un regard tranchant sur lui.

Il était hors de question que ce forban pose une main sur elle. Si son cœur réagissait déjà à ce manque d’espace, que ferait-il une fois disparu ? Il ne survivrait pas.

- Et si je fais cela ? continua l’homme en rapprochant ses lèvres vers celles de la femme sans pour autant les toucher.
 
- Vous n’avez pas intérêt à le faire, fit-elle en essayant d’user ses cordes vocales au mieux, les son ne sortant presque pas tellement ils étaient proches.

Marie ne bougeait plus, un simple mouvement de sa part et son visage percuterait involontairement celui du pirate écarlate.

- Je trouve pourtant l’envie tentante.

Il voulait jouer. Savoir comment elle réagirait si par malheur elle le touchait. Savoir comment son joli cœur réagirait, elle qui n’avait apprit que les bonnes manières. Et donc l’interdiction de toucher à un autre homme que son mari. 

- Cela fait tellement longtemps que je n’ai pas touché à une femme, fit-il en recherche de réaction de la part de son interlocutrice. 

- Qu’avez-vous dit ? l'interrompt-elle.

- Que l’envie était plus que tentante ? répondît-il sourire sur les lèvres sachant pertinemment ce qu’elle demandait. 

- Vous me répugnez ! haussa-t-elle la voix en le poussant pour la seconde fois.

Il recula de seulement un pas, la regardant un sourcil levé. Marie avait évidemment compris ce qu’il insinuait par là et elle en était totalement dégoutée. Les pirates étaient connus pour aimer les femmes après tout. Ces forbans profitant des femmes de joies pour ensuite s’en lasser et partir sur une autre qui leur permettraient de s’amuser autant qu’ils en avaient l’envie. 

Alexandre en revanche, venait de comprendre quelque chose qui l’intéressait encore plus. Cette réaction. Cela voulait dire deux choses : joli cœur était bien trop fidèle à son mari ou, au contraire, elle ne l’était pas encore. 

- Oh, ne me dites pas que vous êtes… commença l’homme vite coupé par joli cœur.

- Cela ne vous regarde pas !

- Quel âge avez-vous joli cœur ? continua-t-il un sourire sur les lèvres. 

Marie regardait maintenant ses pieds. Elle savait qu’il était autrefois un noble. Il avait donc eu le droit à toutes ces leçons de manière, toutes ces règles ignobles et surtout ces phrases interminables sur le mariage. En réalité, la noble savait pertinemment qu’elle aurait dû être mariée depuis longtemps déjà. 

Ses parents avaient d’ailleurs eu pour but de la marier à un jeune âge. Mais comment faire lorsque votre enfant se rebelle face à cela ? Marie-Louise n’avait jamais accepté, du haut de son jeune âge, d’être mariée à un homme qu’elle ne connaissait guère. Durant plusieurs années elle avait été prise pour élève dans le but de lui montrer le droit chemin. Une fois adulte, elle comprit qu’elle n’avait d’autre choix que d’accepter ce sort. Depuis ce jour, Marie-Louise se comportait comme une enfant modèle face à ses parents, quitte à ne pas être elle-même. 

- Vingt et un ans, répondît-elle sans le regarder, les yeux vers le sol.

- Vous êtes mariée alors, continua Alexandre.

- Non, enfin pas encore. 

- Oh, vous auriez dû l’être.
 
- Oui et si vous aviez accepté de me ramener au port je l’aurais été depuis un moment.

- Vous ne m’en voyez pas désolé. Après tout, les mariages arrangés ne sont qu’une perte de temps. Remerciez moi plutôt de vous avoir sauvé de cette calamité que celui-ci représente. 

- Calamité ? Sauvé ? Mais pour qui vous prenez-vous ? fit la femme en replongeant son regard dans les yeux de son interlocuteur. 

- Je ne dit que la stricte vérité. 

Alexandre n’avait jamais cru à ce mensonge. Le mariage même était devenu un mythe pour lui. Ce n’était en réalité qu’une triste façon de gagner de l’argent sur le dos des deux personnes. Et puis, il avait apprit à connaître les nobles et leurs intentions aussi mauvaises qu’elles étaient. 

- La vie est bien dure ici joli cœur, il va falloir vous y faire si vous voulez survivre. 

- Je vous le rappelle une dernière fois, je ne me nomme pas joli cœur mais Marie-Louise, lui fit-elle remarquer.

Elle se décala de l’homme pour quitter la cabine. Sans faire attention, elle claqua la porte derrière elle. Alexandre se mit à sourire de plus belle, il était enfin tranquille, enfin libre de ses pensées seul dans cette pièce. Ses muscles se détendirent lorsqu’il se remit sur sa chaise  un énorme souffle vont quitter ses poumons. 

Il sentait pertinemment qu’elle le détestait. Alors pourquoi n’arrivait-il pas en faire autant ? Le pirate avait beau se convaincre lui-même, rien n’y faisait, il restait bloqué. Ses pensées perdues, s’entremêlant les unes avec les autres. Elle le brouillaient. Plus rien n’était clair lorsqu’elle faisait son apparition. 

Malgré cela, il se reprit vite, détournant son attention sur ce petit objet fait d’or. Son but principal était bien plus important. Il devait donc se concentrer dessus au lieu de vaquer à d’autres pensées inutiles. 

L’homme la prit dans ses mains, la faisant tourner dans tous les sens comme si ça allait lui donner la réponse qu’il cherchait. Seul l’or se mettait à briller sous ses yeux. Elle n’avait rien de particulier. Ce n’était qu’une simple clef décorée d’un diamant. 

Le capitaine avait entendu dire qu’elle menait à la carte. Il en était persuadé. Mais fallait-il encore trouver sa serrure ? Dans les histoires qu’il connaissait sur celle-ci, William Kidd serait venu sur l’île dans un but bien précis mais personne ne savait pour quelles raisons. Malheureusement, le pirate fut ensuite capturé par des gardes anglais, dont mort s’en était suivit. “L’une des pires mort” pensa Alexandre tout en continuant sa contemplation. 

Le seul indice qu’il possédait était cette île. Mais chercher une serrure dans un tel endroit relevait de l’impossible. Pourtant, il n’allait pas abandonner. Il voulait trouver ce trésor. Il allait le trouver et il le savait. 

L’homme se leva donc et remit sa belle veste rouge suivit ensuite de son grand chapeau. Puis il sorti à son tour de sa cabine pour monter près du gouvernail. Alexandre allait mettre tout son équipage au travail et ils trouveraient cette carte. 

- Mes chers camarades, commença l’homme tandis que chacun de ses matelots le regardaient interrogateurs. Cette clef est une des portes qui nous mènera vers le trésor des milles richesses. Mais, avant cela nous devons trouver ce qu’elle ouvre ! 

Il s’arrêta quelques secondes. Le pirate regardait ses hommes dont les éclats des yeux se faisaient de plus en plus intenses. Ils sortiront vainqueur de cette quête. Il en était persuadé.

- Aux chaloupes mathurins !

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