Chapitre 13

Alexandre s’était mis à sourire de plus belle. L’équipage était impatient de voir la suite. Le pirate écarlate, à la question de joli coeur, continua.

- On raconte que le capitaine William Kidd aurait en son bâtiment un coffre noir décoré de belles dorures. Il le gardait auparavant dans sa cabine. 

Le coffre était donc quelque part dans la cabine du capitaine. Enfin... "de ce qu’on racontait". Marie enleva ses chaussures, belles bottes de cuir, tout en fixant Alexandre qui la pointait encore de son arme. Après cela, elle passa la tête par delà le bastingage oour regarder l’eau où s’échappait le haut du grand mât. 

La jeune respira pendant quelques secondes, son cœur battait rapidement. Elle était effrayée. Puis sans même réfléchir plus longtemps - car ça l’aurait sûrement empêché de le faire - elle sauta au grand plaisir du capitaine écarlate. Son visage remonta à la surface : l’eau était gelée. Tout son corps avait été prit d’un frison désagréable en contact du liquide translucide. Mais heureusement pour elle, la température extérieure offrait à l’océan un léger effet rafraîchissant. 

Les regards étaient tous fixés sur elle. Marie prit donc une grande respiration, gonflant au mieux ses poumons pour ensuite plonger vers la carcasse de bois qui se trouvait au dessous d’elle. La noble avait eu la chance d’apprendre à nager avec ses grands-parents qui habitaient près d’un lac. Elle n’était certes pas une professionnelle mais connaissait les bases lui permettant de ne pas se noyer. Encore fallait-il qu’elle maîtrise l’apnée ?

Après quelques battements de bras, elle arriva sur le Adventure Galley fixant tout ce qui l’entourait, que ce soit le navire ou son environnement. L’eau était magnifique, des coraux de toutes les couleurs, des poissons et des beaux coquillages trônaient les lieux. Elle n’avait jamais vu cela. Le bâtiment même était fondu dans le paysage. Le bois moisi accueillait végétaux marins et animaux, ceux-ci en avaient fait leur endroit de loisir. 

Mais elle ne s’en préoccupa pas plus. Cherchant des yeux, alors que le sel lui brûlait les rétines comme des couteaux tranchants, la cabine du capitaine. Une fois trouvé, la jeune femme remonta à la surface en manque d’air. Ses poumons étaient brûlant, sa gorge douloureuse et ses yeux piquants.

- Oh c’était bien rapide, l’avez-vous ? demanda le capitaine les bras croisés sur le pont du Red Edan.  

Elle ne répondît rien. Reprenant encore son souffle, elle replongea pour la seconde fois dans cette eau froide. Nageant plus vite, elle atteignit le but bien plus rapidement que prévu. La porte étant complètement détruite par le temps et l’eau, Marie passa donc facilement et entra dans ce qui était une ruine de la cabine. Les planches qui l’entouraient, possédaient quelques trous où les poissons passaient. Les meubles étaient verdâtres et mous. Les affaires restantes quant à elles se décomposaient à petit feu. 

Elle fouilla dans les tiroirs ramollis du grand bureau au milieu de la pièce et trouva étrangement vite le coffre. Elle trouvait cela bien plus facile que prévu. La noble ne remarqua qu’à peine son manque d’air qui vint la déranger. Ses poumons réclamaient de l’oxygène. Elle commençait à paniquer. Il lui fallait sortir au plus vite. Elle se décala donc dans le but de sortir mais, dans la précipitation, son pieds se coinça dans une des planches abîmée par le temps. 

Marie était bloquée. Elle avait beau remuer de toutes ses forces sa jambe pour se débloquer, rien n’y faisait. Sa cheville restait tout de même coincée dans le vieux parquet. Les mouvements qu’elle faisait ne l’aidaient pas et vinrent vite trancher sa peau. Une trace rouge s’échappa de son pied, son cœur battait bien trop rapidement. Un mélange de peur et d’effroi lui avait prit le corps. Ses poumons brûlaient d’un feu trop vif et douloureux. Qu’allait-il lui arriver ? Elle ne le sera peut-être jamais. 

Sa vue se troubla de plus en plus. Son corps perdait de l’énergie à une vitesse fulgurante. D’ici quelques minutes, Marie ne sera plus. Elle senti l’une des pires sensations la prendre : ses poumons se remplissaient petit à petit d’eau. C’était odieux. Sûrement que des larmes chaudes s’échappaient de ses yeux. Mais elle n’en savait rien car elles se mélangeaient à l’océan une fois en contact avec celui-ci. Marie perdait petit à petit conscience dans cette carcasse de navire.

Alexandre commençait s’impatienter. Il ne la voyait pas remonter, ni trace de joli cœur, ni trace du coffre. Depuis plusieurs minutes quelque chose le démangeait, mais quoi ? 

- Capitaine, penses-tu qu’elle a eu des problèmes ? demanda Rick en se plaçant à côté de son ami et supérieur. 

L'ecarlate ne répondît rien marchant maintenant sur le pont comme si son esprit était en constant conflit. Durant ces quelques jours il s’était meurtri de pensées qui vagabondaient entre son but précis, le trésor Introuvable, et cette femme qui n’arrêtait pas d’apparaître. Peu importait l’heure, elle était constamment présente et celà le dérangeait plus que tout. 

Il savait pertinemment qu’il avait était odieux avec elle. Alexandre, sous le coup de la fatigue, s’était persuadé que s'il réagissait comme un pirate à son égard, serait peut-être enfin tranquille. Mais rien n’y faisait, pire encore, tout son corps était prit d’une sensation désagréable de la savoir en danger. 

Et l’homme n’était que plus agacé en entendant son second parler, il ne pouvait seulement plus attendre. Savoir son joli cœur au fond des eaux, dans un navire abandonné par sa faute, lui était inconcevable. Il retira au plus vite tous ses effets : son grand chapeau, sa veste suivit de ses armes et ceintures. Et plongea la tête la première dans l’eau froide. 

Ses bras forçaient autant qu’ils le pouvaient dans le liquide translucide pour avancer. Il arriva vite sur le navire submergé. Alexandre vit joli coeur perdre conscience, un sentiment de peur lui prit les veines mais il garda son sang froid, s’approchant du corps flottant tenant le coffre. L’homme donna un coup puissant sur les planches moisies, libérant la jeune. Il la prit de son bras fort par la taille, espérant plus que tout de ne pas être arrivé trop tard. Puis ils remontèrent vers la surface, le pirate commençait à manquer d’air.

Marie senti tout autour d’elle un sensation chaude et agréable. Elle ne savait ce que c’était mais son corps se réchauffait légèrement par cette présence. Elle n'avait plus d'énergie et se laissait porter par la personne. Mais qui était-ce ? Elle n'en savait rien et s'en fichait du moment qu'elle ne meurt pas noyée. Pourtant, elle ouvrit tout de même les yeux, sa vue floue, et distingua de beaux cheveux noirs flottant dans l'eau tel des algues. Elle aurait presque cru à un ange. Mais son absence ne dura pas longtemps lorsque la surface vint lui claquer le visage violemment, ses yeux s'étant refermé par la lumière agressive.

Une fois à l’air, il emprunta une échelle de cordage et de bois située sur le côté de son bâtiment. En haut, il la lâcha sur les planches pour reprendre lui-même sa respiration et en manque de force. Il avait tout donné pour la sauver de son erreur. Il ne comptait pas l'avouer, mais il avait eu peur qu'il ne soit trop tard. Et s'il n'avait pas senti la femme bouger près de lui, il se serait peut-être précipité vers elle afin de la sauver à tout prix. Il n'en fit pourtant rien, la voyant se tourner au sol, Alexandre resta donc de son côté.

Marie se mit à tousser fortement pour extirper l’eau de ses poumons encore douloureux. Ils lui faisaient un mal de chien. Comme si elle avait apprit à respirer pour la seconde fois. Elle ne savait même pas comment décrire cette douleur tellement c'était atroce. Marie-Louise était allongée sur le côté, trempée, voyant face à elle Alexandre les mains et les genoux à terre. Sa chemise était devenue transparente à cause de l’eau. Celle-ci moulait à la perfection son corps d’Apollon, il avait l’air d’avoir était forgé dans l’acier. Ses cheveux venaient obstruer sa vue, cachant de quelques mèches son visage. Sa demie queue sur la tête était desserrée et décoiffée. 

Alexandre prit de grandes respirations avant de se lever et d’essorer le bas du tissus blanc de sa chemise. Les gouttes tombèrent au sol sur les planches, rejoignant la flaque qui s’était formée lorsqu’ils étaient revenus sur le navire. Le pirate écarlate venait à peine de se rendre compte de ce point sensible qui s’était formé en lui. Elle était devenue son point sensible. Il avait sauté sans réfléchir dans l’eau pour la sauver, tout cela devant son équipage les yeux ébahis. Comment devait-il réagir maintenant ? Il reprit son air sérieux, ne voulant pas paraître trop “faible” face à ses matelots.

- Eh bien, fit-il en se tournant vers la jeune femme qui était encore allongée au sol à court de force. Vous ne servez pas à grand chose joli coeur. 

La jeune peinait à utiliser ses cordes vocales. Elle ne répondît donc rien, ses yeux encore bien rougis par le sel de l’eau. Mais elle se força pourtant à les garder ouvert pour fixer le visage du capitaine.

Il se baissa pour récupérer le coffre noir qui était lui aussi tombé lors de leur arrivée. L’homme ouvrit la petite boîte devant les yeux de chacun de ses marins. À l’intérieur se trouvait un rembourrage, d’un beau tissus noir tel un coussin, où y était disposé avec précaution la clef. L’objet était tout simple : l’anneau formant un losange, la tige qui débutait par une belle pierre verdâtre - là où ces deux parties se touchaient - et en fin, le panneton, tout cela fait d’un beau doré. 

- Mes amis, la carte n’est plus loin, continua-t-il en fixant la clef d’un sourire triomphant.

- Mais comment la trouver ? demanda un marin dans le groupe d'homme. 

- Cela reste encore à déterminer mais nous y arriverons, répondît-il en se dirigeant, les yeux encore plantés sur sa trouvaille, vers sa cabine. 

Le capitaine était tellement absorbé par cette clef qu’il en avait laissé tomber le coffre. La jeune après quelques minutes, se leva difficilement et récupéra le contentant vide au sol. Était-ce vraiment aussi facile ? 

L’équipage retourna à son occupation première. Certains allaient à leur poste, d’autres seulement boire ou parler entre eux, la laissant seule face à elle-même. Fatiguée, Marie retourna vers son branle, surprise par le second Rick Fisher qui lui avait donné un tissus pour se couvrir avant qu’elle ne descende. 

Ses vêtements étaient encore bien trempés - par cause de la mésaventure qu’elle avait vécue dans l’eau - ils lui collaient à la peau de façon très désagréable. Mais cela était le cadet de ses soucis puisque sans même y faire attention elle s’était assise sur son branle, surtout intrigué par cette belle boîte noire. 

Marie-Louise regardait chaque dorure qui le composait, elles formaient sur les bords de jolies fleurs. Il y avait à gauche une zéphyrante, avec au centre un petit diamant bleu, à droite un daruta, un petit diamant blanc en son centre aussi. De leurs tiges s’échappaient deux grandes feuilles, toutes deux se joignant vers la serrure du coffre. 

Mais elle n’en comprenait pas le sens, si par hasard il y en avait un. Où alors n’avait-elle juste pas la force de réellement s’y pencher ? Après s’être séchée comme elle le pouvait, elle remonta sur le pont où l’un des matelots lui donna ses bottes - qu'elle avait quitté pour plonger - avant de la quitter. Elle avait, par précaution, caché le coffre sous une boule de tissus qu’elle avait faite près de son branle. Mieux valait éviter qu’il ne disparaisse avant d’être sûre qu’il ne serve à rien. Une fois à l’extérieur, elle alla toquer à la porte du capitaine. Après tout, la jeune noble avait quelques mots à lui dire. 

Mais trop prise par la colère qui naissait en elle, Marie n’attendit pas la réponse approbative pour entrer, fermant la porte derrière elle. 

Il était encore légèrement trempé, assis sur sa chaise de bois face à son bureau où la clef d’or était posée. Alexandre leva, à l’arrivée de joli cœur, un sourcil. Les cheveux de celui-ci détachés tombant sur ses épaules, venaient goutter sur celles-ci. Le capitaine se mit à sourire, sachant pertinemment pour quelle raison elle venait détruire son calme apaisant. 

Mais en réalité, derrière ce sourire qu’il lui faisait, il avait surtout son visage en tête. Avant même qu’elle ne vienne il était malgré lui entrain de penser à elle. Puis joli cœur était apparu, ce qui l’avait fait sourire. Mais un sourire de déception. Comme si le monde même était contre lui et sa nature pirate. Comme si le monde entier avait pour but de la faire entrer dans sa vie sans qu’elle n’en sorte. 

L’homme s’affaissa sur sa chaise, les bras croisés presque prêt à poser ses pieds sur la table. Ce que la femme trouvait très impoli, mais n’était point étonnée par cela.

- Que me vaut votre visite joli cœur ? demanda-t-il laissant entrevoir qu’elle le dérangeait. 

Mais elle ne s’en préoccupa pas plus, s’avaçant vers lui jusqu’à ce que ses yeux soient baissés pour le regarder. 

- Comment avez-vous osé ? fit-elle un regard noir mais qui ne fit pas réagir d’une semelle son interlocuteur qui scrutait le bleu profond de la femme.
 
- Comment ai-je osé ? répéta-t-il. Vous parlez sûrement du coffre ? J’ai demandé un volontaire, vous avez plongé. Je ne vois pas où est le problème.
 
- Vous ne voyez pas le problème ?! s’énerva-t-elle prise d’une rage qui, si elle ne se contrôlait pas, serait capable de lui faire lâcher des larmes de colère. 

Encore une fois avec une absence de réaction venant du pirate.

- Vous aviez ma vie en main ! Comment avoir le choix quand quelqu’un vous pointe de son arme ?

- Comme ceci ? répondît l’homme en plantant pour la énième son pistolet vers le front de Marie.

Sans même s’en rendre compte, elle s’arrêta de bouger. Droite comme un piquet, elle planta son regard dans celui du pirate qui s’était levé. 

Alexandre appuya sur la détente, cette fois-ci le joli cœur n’eut aucune réaction. Et comme la dernière fois, rien ne se produisit. Elle était toujours debout face au pirate. 

- Vous n’avez donc point retenu la leçon ? continua-t-il.

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