Chapitre 1
Les rues de la ville étaient remplies d'une foule se déplaçant dans tous les sens, chaque personne déambulant pour aller vaquer à sa propre occupation. Certains marchaient seulement pour se promener dans cet après-midi où le soleil montrait ses nombreux rayons. D'autres avaient seulement pour but de faire quelques emplettes.
Quant à elle, elle était assise dans ce carrosse noir où les coussins agréables lui offraient un confort digne de ce nom. Plutôt pratique lors des longs voyages comme celui-ci. La jeune femme venait de passer plusieurs heures interminables dans ce véhicule, elle revenait de chez ses grands-parents. Deux personnes formidables chez qui elle passait très souvent ses vacances pour échapper à la réalité ... à son devoir. À force, elle avait finit par trouver le temps long lorsqu'elle n'y était point.
Son véhicule finit tout de même par s'arrêter, par la fenêtre elle put y voir l'extérieur où la verdure avait reprit le dessus. Face à elle s'étendait un grand chemin de petits graviers jaunâtres menant à une belle demeure blanche, une harmonie brisée par les nombreuses vitres noires.
Un homme vint lui ouvrir la porte - le cocher sûrement - et la laissa descendre les petites marches en tenant sa belle robe entre ses mains pour éviter qu'elle ne trébuche en marchant dessus. Cette tenue, c'était un cadeau de sa grand-mère avant qu'elle ne rentre chez elle. Une belle robe bleue accompagnée de quelques dentelles sur l'avant et au niveau de ses poignets, un bleu plus foncé venant contraster partant du corset jusqu'au bas de celle-ci.
Elle avança vers le portail noir tout en admirant ce décors qu'elle avait quitté pendant quelques semaines, tandis que de son côté, le cocher posait la valise au sol. Lorsqu'il eu finit, il salua poliment la noble et reparti, l'abandonnant seule face à cet imposant portail qui se terminait par des longs pics, qui n'étaient que continuité des barreaux.
Pendant ce temps, de l'autre côté, un homme s'était rapproché pour se placer face à elle. Il déverrouilla le grand mur de fer et s'écarta sans rien dire. La jeune femme respira un grand bol d'air. Malgré le fait que ce soit chez elle, il y avait toujours cette appréhension lorsqu'elle y retournait, une boule dans l'estomac qu'elle n'arrivait pas à s'expliquer. Elle se baissa pour attraper sa valise et s'élança sans plus réfléchir vers la grande demeure de blanc nacré. Derrière, elle put entendre le portail se fermer et les pas de l'homme la suivre, mais elle ne s'en préoccupa guère lorsqu'elle arriva face à la porte immense de cette maison. Ouvrant le passage, aidée par quelques serviteurs de la maison, elle tomba - surprise - face à un visage familier qu'elle n'avait plus revu depuis quelques années maintenant.
- Marie-Louise White, cela faisait longtemps n'est-ce pas ? fit la brune en face d'elle armée d'un grand sourire bienveillant.
Cette femme possédait de longs cheveux ondulés qui retombaient sur ses épaules droites. Elle avait un beau visage, frôlant même la perfection si ce n'était qu'un grain de beauté - posé au dessus du sourcil droit - venait humaniser le tout. Ses yeux marrons la regardaient avec amour, ces beaux yeux qu'elle n'avait plus fixé depuis si longtemps ... ceux de sa sœur bien aimé.
- Oui grande sœur, comment vas-tu depuis ? Que nous vaut ta visite ? répondît Marie en posant au sol sa valise pour soulager ses doigts douloureux endoloris par le poids.
- J'ai ouïe dire que père et mère avaient une grande nouvelle à annoncer, continua-t-elle. Et puis, tu es là. Quelle serait donc ma raison si ce n'était de voir ma petite Marie ?
À ces mots, les deux sœurs se prirent mutuellement dans les bras. Ces bras réconfortants dont elle n'avait plus été embrassée depuis tant d'années. C'était si agréable de la revoir, son cœur avait presque loupé un battement quand elle l'avait aperçu en entrant dans la grande demeure familiale des White.
Sa sœur Jeanne s'était mariée depuis maintenant quatre ans et était devenue mère de deux garçons qui faisaient le bonheur de leur grand père maternelle. Son mari était quelqu'un de très gentil, même si le mariage qui les liait tout deux avait été arrangé, elle ne l'avait pas regretté et en était très heureuse.
Cette retrouvaille avait égayé la journée de la plus jeune ; Marie, qui se dépêcha de poser des questions. Comment vont les enfants ? Et son mari ? Commençait alors une conversation entre les deux sœurs, rattrapant le temps qu'elles avaient perdu. Après plusieurs minutes à papoter dans le hall d'entrée, elles se dirigèrent vers le salon où leur parents étaient assis près de la cheminée évidemment éteinte. Dans cette pièce chaleureuse où les beaux canapés camels en cuir contrastaient bien avec les murs blancs, un beau lustre suspendu au dessus de la pièce était revêtu d'un or qui reflétait chaque rayons du soleil entrant.
Les deux adultes se retournèrent à la vue de leurs filles qui se rapprochaient d'eux. Ils étaient légèrement ridés par le temps mais arboraient tout de même deux sourires sur le visage. Ils se levèrent pour les accueillir convenablement.
- Père, mère... murmura Jeanne en s'élançant vers eux pour les prendre dans ses bras. Cela faisait si longtemps !
Les parents la serraient contre eux, heureux d'enfin revoir leur grande fille. Marie s'approcha lentement, ne voulant pas interrompre leur retrouvaille. Pourtant ils levèrent les yeux vers elle, lui offrant leurs bras, - Jeanne s'était décalée pour lui laisser la place - elle fit donc comme celle-ci, étreignant fort contre elle ses deux parents qu'elle aimait tant.
Ensuite, après avoir longuement discuté les uns avec les autres autour d'une tasse de thé servi dans le salon, le soir vint vite effacer les chaleureux rayons de soleil. Le dîner arriva. La famille était face à face, Marie à gauche de sa sœur en face de sa mère.
Le repas était servis, les délicieux plats ornaient la table dans de magnifiques plateaux d'argents, des bougeoirs disposés ça et là éclairaient les visages de la famille.
- J'ai entendu dire que vous aviez une bonne nouvelle, intervint Jeanne après avoir fini sa fouchette de ce délicieux poulet rôti que leur avait préparé le chef de cuisine.
Marie releva la tête maintenant plus qu'intéressée par la conversation.
- Oui, effectivement, répondît le père en se raclant la gorge. Ça te concerne surtout toi Marie.
Ses yeux s'étaient d'eux mêmes écarquillés sous la surprise, mais plus encore, son cœur qui battait à une allure fulgurante. Son père avait une expression sérieuse sur le visage, était-ce une mauvaise nouvelle ? C'était impossible, Jeanne venait de confirmer que c'était une « bonne » chose. Mais le stresse vint tout de même s'installer dans son estomac, elle s'arrêta de diner pour se concentrer plus encore sur son paternel.
- Que se passe-t-il ? demanda-t-elle en proie à l'angoisse de la situation.
Elle avait en réalité peur de ce qu'il allait annoncer. Même si, en soit, elle n'avait aucune idée de ce qu'il pourrait prononcer par la suite.
- Nous t'avons trouvé un charmant fiancé ! se réjouit sa mère joignant ses deux mains et accompagnant son geste d'un sourire d'excitation.
Marie senti son cœur louper un battement, un fiancé ? Elle ne savait que penser de cette révélation. Mais durant toute sa vie on lui avait apprit que les jeunes femmes naissaient pour devenir mère de famille et pour s'occuper pleinement des leurs.
Respirant un grand coup, elle se mit à sourire en retour.
- C'est un noble, William Gardner, continua le père en essuyant le contour de ses lèvres de sa serviettes en satin blanc. Il représente un bon parti pour notre famille. Sois en fière.
En réalité, c'était plutôt une nouvelle qu'elle ne savait classer de bonne ou mauvaise. Cependant elle força encore ce sourire sur ses douces lèvres lorsqu'elle s'obligea à répondre.
- Merci père, merci mère.
La jeune femme n'avait jamais réellement accepté cette idée de se marier avec un inconnu et de fonder une famille avec celui-ci. Elle préférait de loin les histoires d'amour qu'elle avait pu lire dans ses romans. En revanche dès sa plus tendre enfance, on n'avait cessé de lui répéter qu'elle était née pour enfanter les descendants du mari qui lui aura été attribué par sa famille. Son cœur avait beau se débattre de toute ses forces pour refuser telle destinée, sa raison - elle - avait bien plus que gagné du terrain.
Après tout, elle avait la chance de se marier avec un homme qui pourrait subvenir à tous ses besoin, il n'y avait aucune raison de ne pas l'accepter. Même si elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas son mot à dire là dessus, il en avait été décidé depuis tellement longtemps. Elle força encore sur ses joues pour leur offrir son plus beau sourire. Les parents quant à eux, étaient d'autant plus heureux que de voir leur seconde fille se marier, ils auraient enfin la conscience tranquille en sachant que Marie tout comme Jeanne seraient sous la protection de bons hommes.
- Marie, allons chercher quelques tenues pour toi demain, commença sa sœur en tournant son beau visage vers elle. Tu te dois d'être présentable pour ton futur époux.
- Avec plaisir Jeanne, argua-t-elle malgré le fait qu'elle ne soit pas tout à fait d'accord avec le mariage arrangé.
La bonne nouvelle n'en était peut-être pas une pour Marie qui n'avait cessé de penser à ça pendant le reste du repas. Sa liberté, si on pouvait la nommer comme ça, venait d'être réduite en cendre et celà par un seul mot le "mariage". Heureusement pour elle, personne n'avait remarqué son trouble, et le repas ne tarderait pas à se finir.
Chacun se saluant poliment pour ensuite retourner à leur chambres respectives, Marie et Jeanne montèrent les escaliers de marbre pour accéder au premier étage. Mais se quittèrent bien vite lorsque la grande sœur alla à droite tandis que la petite se dirigeait vers la gauche. Passant dans un long couloir de fenêtres et tableaux, elle arriva vite devant ses appartements. La noble ouvrit la porte et entra.
Sans même prêter attention à tout ce qui l'entourait, elle s'allongea nonchalamment sur son lit en baldaquin. Cette nouvelle venait de chambouler toute sa vie. Même si cela ne lui plaisait guère, elle se devait d'accepter ce mariage sans faire d'histoire.
Après s'être changée, Marie se plaça sous sa grande couverture d'où elle regarda la fenêtre sur sa gauche. La vitre transparente était maintenant la seule entrée de la lumière que lui offrait la lune, un beau ciel étoilé s'étendait au dessus. Même si ce mariage ne lui plaisait pas, elle se devait dorénavant de rendre fière sa famille.
Sans même plus y penser elle ferma les yeux pour se laisser partir.
Cette nuit fût sans rêve.
Le lendemain, la jeune femme se réveilla, dérangée par la lumière du jour qui venait taper contre la vitre. Une servante vint toquer à sa porte et entra avec l'accord de la noble. Celle-ci avait été envoyée par sa sœur pour qu'elle l'aide à se préparer, elles allaient passer une journée en ville.
Marie-Louise s'extirpât de son nid douillet pour rejoindre la femme à ses côtés. Elle alla se laver, se changer et se plaça devant le miroir où la domestique l'aida à coiffer ses cheveux. Pendant qu'elle attachait la chevelure de la jeune femme, celle-ci se contemplait dans le miroir.
Elle s'était revêtit d'une belle robe marron claire, assortie à ses cheveux. Ceux-ci étaient légèrement plus foncés, noués en une belle tresse posée sur son épaule, et accompagnés d'un ruban ébène. Ses joues étaient légèrement rosées, son teint clair et ses yeux bleu océan ... Bien que ce qu'elle pensait était contradictoire avec ses sentiments, la jeune femme se plaisait dans ce miroir.
Ayant toujours eut du mal à s'aimer, étant donné qu'elle avait une sœur qui représentait à ses yeux la perfection féminine, elle s'était toujours trouvée déplaisante dans son reflet. Mais cette fois-ci, étrangement, elle arrivait à apprécier ce qu'elle voyait, un léger sourire se forma sur ses lèvres teintes.
Puis elle rejoignit Jeanne qui patientait dans le hall d'entrée de leur grande demeure lorsqu'elle eut finit. Les deux sœurs se dirigèrent ensuite vers le portail noir pour monter dans la calèche qui les attendait.
Ça avait beau être le matin, la rue n'en était pas vide pour autant. Elle s'était d'ailleurs bien trop vite remplie ; bondée de monde. Même les véhicules s'étaient mis à ralentir pour passer sans encombre. Une fois arrêté face à une belle vitrine où les nombreuses robes décoraient le magasin, Jeanne et Marie descendirent, se dirigeant par la suite vers la petite boutique nommée Primerose.
Un magasin que la famille White connaissait que trop bien. En effet, la propriétaire Margareth était une grande amie de leur mère. Les deux jeunes femmes étaient donc la bienvenue en tous temps. En entrant, la vendeuse se tourna pour leur faire face, un tissus à la main et un sourire apparu sur son visage.
- Mesdemoiselles, que puis-je pour vous ? demanda-t-elle en s'approchant de ses deux clientes.
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