Prologue (4) : Underground wildlife
Tomber sur un désert en sortant d'une caverne inconnue n'a rien de réellement macabre, en temps normal. La plupart des gens classent cette découverte en « inquiétant mais pas de panique nécessitée pour le moment ». Mais moi je sais, je sens, que ce désert cache bien plus que ce que les gens ont l'habitude de voir. Du moins, avant cette année 2016. Nous ne sommes plus au Japon. Le désert dans lequel nous nous trouvons est, au choix, celui du Sahara ou de Gobi, ce qui réduit grandement nos possibilités de chercher du secours. Et même si nous le pouvions, comment contacter Hope's Peak ? Tout moyen de communiquer nous a été enlevé et s'enfuir par ce belvédère marquerait une mort assurée par déshydratation ou, si on a de la chance, faim.
Celui qui a construit ce lieu devait être un sadique dans l'âme. Il y a moyen de descendre du belvédère, et d'en remonter, aussi : Deux mètres de hauteur et de nombreuses prises dans le mur nous ont permis de voir d'un peu plus près le doux sable du désert –et même de trop près, pour Sora. Le pauvre a atterri sur ses genoux, et le choc a propulsé sa tête dans le sable. Mais il n'y a pas la moindre oasis, trace de patte ou même plante isolée. Un Survivaliste s'en tirerait peut-être, mais notre petit groupe de trois a dû se rendre à l'évidence : tenter de s'enfuir dans le désert signerait notre fin dans n'importe quel cas.
Cette prise de conscience nous a accompagnés dans le couloir opposé au belvédère, meublant notre silence en même temps que mes affreuses hypothèses. Mes deux compères semblent en être arrivés aux mêmes conclusions que moi, vu que personne d'autre ne parle : j'avoue que ça ne m'arrange pas, car l'absence de bruit aide mes peurs à grouiller comme des insectes dans mon pauvre cerveau. Est-ce que je vais tomber sur un cadavre au détour du couloir ? Le jeu commencerait-il si vite ? Et même si je parviens à retrouver les quinze autres Ultimes avant que le premier drame ne se produise, est-ce que je ne vais pas les rassembler pour leur fin ?
J'ai peur, et ce n'est pas les crissements du sable sous les chaussures et dans les cheveux de ce pauvre Sora qui vont me distraire de ces pensées. Je lui ai déjà demandé de ne pas trop s'approcher de moi avec cette apparence : Je ne supporte pas le sable, sa texture et sa sensation sur ma peau, et même si la proximité de l'Ecrivain Fantasy ne m'est pas trop pénible, je ne supporterais pas qu'il y rajoute une dose de ces fichus fragments de vieux rocher. Du coup, je le laisse à Akihito, en essayant de me tenir loin. Le Chroniqueur sera sûrement bien plus doué pour le réconforter que moi. Je n'arrive déjà pas à me réconforter moi-même.
Un bruit de porte qui claque et un cri de colère m'arrachent à mes pensées, et font sursauter un Sora qui porte immédiatement ses mains à ses oreilles. Il me lance un regard suppliant, que je mets un peu de temps à comprendre ; et puis je me rappelle que Sora, depuis le début de notre petite escapade, ne supporte pas les cris et s'en éloigne toujours. Ça doit faire partie de ses stimuli auditifs, sans doute. J'ai vu des patientes, comme ça, qui gémissaient de douleur lorsque mes ordinateurs bourdonnaient trop fort, ou si un bébé criait dans la salle d'attente.
C'est donc à moi de voir d'où viennent ces cris, et aussi faire en sorte qu'il n'y en ait plus d'autre. Je hausse les épaules, et jette un œil à Akihito pour voir s'il est prêt à servir d'ancre émotionnelle à un écrivain paniqué. Ce dernier lève sa main, pouce et index joints ; je peux y aller. Tant mieux.
J'accélère le rythme, et prends de l'avance sur les deux garçons avant de me racler la gorge, et de lancer d'un ton agacé :
« —Dites, là-bas, si vous pouviez arrêter de hurler, cela m'arranger– »
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase. Dans mon champ de vision apparaît une brusque tornade rose, dont je n'ai même pas le temps de discerner pleinement les traits avant qu'elle ne me rentre dedans dans un grand cri de joie. Je n'ai même plus le temps d'être en colère, non plus. Un sourire se dessine sur mes lèvres. J'ai reconnu cette voix.
« —Reinaaaaa ! Je suis tellement tellement tellement contente de te voir ! »
Une partie de la touffe de cheveux roses glisse de devant mes yeux jusqu'à sur mes bras, me laissant deviner derrière la propriétaire de cette chevelure une autre fille, qui s'abrite déjà son visage derrière son chapeau de paille piqueté d'épingles. Je ne vois pas son visage, mais sa peau exceptionnellement pâle et ses cheveux blancs me permettent de la reconnaître. Je serre contre moi la tornade rose. Même dans la situation dans laquelle nous sommes, je suis contente de voir Saki et Hina saines et sauves.
Hina se détache de moi, me laissant tout le loisir de regarder son grand sourire et ses yeux verts pétillant derrière ses lunettes. Comme d'habitude, elle n'a aucune notion de l'espace vital ; mais à vrai dire, la voir heureuse comme ça est un tel bonheur que j'ai même oublié pourquoi j'étais fâchée contre elle. Je lui souris, lui dis à quel point j'ai eu peur, tandis qu'elle lisse sa robe à carreaux et que Saki se rapproche de moi, me laissant entrevoir ses yeux rouges derrière son chapeau. Un tout faible sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'elle me salue d'un hochement de tête, que je lui rends.
« —Est-ce que tout va bien, les filles ?
—Je ne sais pas si on peut dire que tout va bien dans une situation pareille, soupire Hina. On est quand même enfermés dans un souterrain barge. Mais au moins, on y est toutes les trois ! Et ça, c'est déjà mieux que d'être seule au monde !
—Dites, mesdames, je ne veux pas vous alarmer, mais vous êtes plus que trois. »
C'est Akihito qui vient de parler, alors que lui et Sora nous rejoignent. L'Ecrivain Fantasy est toujours derrière le Chroniqueur, ne montrant que le bout de sa touffe bleu ciel. Cela est bien suffisant pour me faire comprendre que le nombre de gens (et surtout, la voix haut-perchée d'Hina) lui ont fait atteindre ses limites. J'espère qu'on retrouvera vite Haruko, je ne me sens pas du tout d'aider un homme introverti à se recharger, qu'il se soit pris d'amitié pour moi ou non... Je hausse les épaules. En attendant, il y a des convenances. Je partirai avec mes deux meilleures amies plus tard.
« —Hina, Saki, je vous présente Akihito, l'Ultime Chroniqueur, et Sora, l'Ultime Ecrivain Fantasy. Akihito, Sora, voici...
—Oh je sais qui tu es ! S'exclame Hina. Qui vous êtes, d'ailleurs ! Toi, tu es celui qui tient la rubrique politique du journal Japinfo, l'un des journaux les plus lus au pays ! Et toi, tu es Sorasaki, l'auteur de la Déchéance des Astres ? Enchantée ! Je suis trop contente de vous rencontrer en vrai ! »
Akihito semble un peu gêné. C'est vrai que jusqu'ici, pas grande monde n'a l'air de l'avoir reconnu... Et en plus, la première, c'est Hina, qui peut se montrer... Très envahissante. Par contre, pour Sora, c'est le coup de grâce. Le pauvre se recroqueville derrière le dos de son camarade, les yeux fouillant tout le couloir à la recherche d'une distraction, que je serai bien en peine de lui donner. Je soupire.
« —Pardon. Je disais donc...
—Ah mais oui, j'en oublie de me présenter ! Moi, je suis Hina Kawasaki, l'Ultime Préparatrice de mariages ! »
Et elle fait un petit V de la victoire, sans doute pour tenter de dérider un Sora aux batteries sociales à plat. Sans grand succès. Je fais la moue. Vraiment, il vaut mieux que je largue le paquet à Haruko. Je l'aime bien, mais je n'ai pas envie de m'occuper de lui alors que j'ai retrouvé mes deux meilleures amies, et que je dois vraiment faire la lumière sur cette maudite situation.
Saki, à côté de moi, essaye de parler, mais aucun son ne sort de sa gorge. Elle se recroqueville, et serre ses doigts contre mon bras : message reçu. Je me racle la gorge pour distraire l'attention des garçons d'Hina, et lance :
« —Voici Saki Tamura, l'Ultime Stratège. Avant toute question que vous pourriez me poser, oui, c'est bien la sœur de Kichiro Tamura, l'Ultime Ambassadeur dont tu as sûrement dû entendre parler, Akihito, mais ils n'ont pas grandi ensemble. »
Le Chroniqueur hoche la tête, avant de s'incliner devant Saki. Cette dernière hausse un sourcil, l'air surprise ; ça n'empêche pas Akihito de lui parler avec le plus grand respect dans sa voix.
« —A vrai dire, je connais davantage Saki que Kichiro. J'ai déjà écrit une chronique sur elle peu après mon entrée à Hope's Peak, sur son talent de stratège et la confiance que lui accorde le gouvernement. J'ai dû être un peu brutal ce jour-là, d'ailleurs, je vous présente mes excuses, mademoiselle Tamura. »
Elle a un léger sourire, et hoche doucement la tête. La voir autant réceptive me fait sourire, mais je sais qu'elle ne pourra pas parler au milieu de tout ce monde, donc il vaut mieux que je détache Hina de Sora. Qui est d'ailleurs complètement off, le pauvre. J'ai l'impression qu'il s'est complètement arrêté de fonctionner tant il est immobile et non réceptif... Mieux vaut que je me dépêche.
« —Hina ? Vous avez croisé des gens, par là-bas ? »
Mon amie se retourne, délaissant Sora.
« —Oui oui ! L'Ultime Espionne, l'Ultime Journaliste, l'Ultime Illustrateur et l'Ultime Chimiste ! Ils sont dans la salle un peu plus loin, si vous voulez les voir ? »
Oh ça oui, je veux bien. D'abord parce que ça veut dire qu'Haruko est dans le tas, ensuite parce que ces trois Ultimes sont parmi les quatre qu'il me manque pour compter les seize. Je me demande qui est le dernier... Ou la dernière, d'ailleurs. Après un remerciement à Hina, je me tourne vers Sora.
« —Tu viens avec nous ? »
L'Ecrivain Fantasy hoche la tête. Je crois que ça veut dire oui. J'imagine qu'il a entendu l'Ultime d'Haruko et que la retrouver lui fera du bien. Autant y aller. Au passage, je chuchote à Hina de ne pas trop le brusquer ; cette dernière faut la moue, mais me promet d'essayer. Après cette petite phrase dite sur un ton jovial, mais qui me paraît presque assassine :
« —C'est rare que tu te préoccupes autant des hommes toi. Il t'a tapé dans l'œil ? »
Je grince des dents, ne prenant même pas la peine de lui répondre. Je ne me préoccupe pas des hommes parce que ce sont pour la plupart des porcs intolérants et violents. Quand quelqu'un dément cette généralité, il rentre dans mes attentions, c'est tout, et Sora avec son petit air apeuré n'est clairement pas capable de faire le moindre mal aux gens. Quoique... Dans un endroit pareil, on ne sait jamais. Mais pour l'heure, je ferais mieux de m'en tenir à ma première impression. Il y a déjà trop de gens dans ma liste noire, et quand on est dans notre situation, il vaut mieux pouvoir se lier le plus possible avec ses camarades de galère. Avant que les effusions de sang ne commencent...
Nous arrivons dans la salle dont a parlé Hina, qui est en fait une sorte d'immense forêt tropicale. Il y a de tout pour nous rappeler l'extérieur : Odeurs de plantes, chaleur extrême, bruits d'animaux... Bien que je soupçonne ces derniers d'être enregistrés, et la chaleur de provenir de ces lampes UV que l'on voit au plafond. Par contre, les plantes sont bien réelles. La liane que je prends en main a bien une apparence et une sensation de liane, et lorsque j'y plante mon ongle, un peu de sève en coule. Encore un extérieur artificiel. Cette différence d'environnements semble faite pour s'adapter à tout un chacun... Et sans doute de bouleverser les autres, car moi, je n'ai pas vu mon environnement familier, la ville.
Cependant même s'il n'y a pas d'animaux, la fausse forêt n'en est pas moins vivante, et ce grâce aux quatre personnes qui essaient tant bien que mal de s'y frayer un chemin. Haruko est en tête, et a déjà réussi à s'extraire des lianes : Elle aide un... Une... Je vais dire une personne, pour être sûre de ne pas me tromper, aux cheveux bruns mi-longs lui couvrant une moitié du front et aux lunettes lui mangeant l'autre moitié, à sortir du dédale végétal. A côté, coincé dans une série de lianes enchevêtrées, se trouve un grand dadais aux cheveux de quasiment toutes les couleurs, qui semble se retenir désespérément d'appeler à l'aide. La dernière personne, une fille semble avoir moins de mal à s'extirper des lieux, mais une passiflore lui coince la jambe et elle met un soin tout particulier à se détacher.
Je décide d'abord d'aller aider la fille. Akihito, lui, s'est dirigé vers le garçon, tandis que Saki et Hina tentent de dégager la personne de sa position précaire. Haruko n'est de toute façon plus capable de l'aider, vu que Sora vient de s'accrocher à son cou d'un mouvement tremblant et qu'elle a abandonné toute forme d'aide pour lui caresser doucement les cheveux. Je détourne le regard avant qu'ils ne commencent à se murmurer des mots doux. Ce n'est vraiment pas pour moi les démonstrations d'affection publique...
Avec une grande délicatesse, je fais glisser de la jambe de la fille la branche de passiflore, en essayant de ne pas la briser, vu que j'imagine que c'était son objectif. A deux, nous réussissons à la dégager sans dégâts, et elle me lance un regard très doux, dénué de sourire, mais je comprends son intention. Enfin j'aurais compris si mes joues ne s'étaient pas embrasées d'un seul coup. Wow... Elle est beaucoup trop belle. Moi qui ai toujours eu un faible pour les filles aux cheveux courts et les tons de cheveux foncés ou noirs, je suis servie avec elle. J'en oublie presque le danger que je cours. Presque, car son image me rappelle une autre brunette aux cheveux courts.
Voyant que je ne prends pas la parole, elle incline la tête, avant de se présenter.
« —Enchantée. Je suis Junko Matsuoka, l'Ultime Espionne. Et tu es ?
—Reina, Ultime Gynécologue, » parviens-je tous juste à balbutier. Mon nom de famille refuse de sortir. Devant une espionne, ce serait mal avisé de dire que je suis la fille aînée d'une des familles les plus riches du Japon. Mais visiblement, mon omission passe inaperçue, vu qu'elle hoche la tête.
« —Merci de ton aide, alors, Reina. Je n'aime pas beaucoup abîmer les plantes, même si je n'ai pas le choix. Et puis, je vois rarement des passiflores aussi belles... »
Elle ne sourit toujours pas, mais une sorte d'aura de confiance se dégage d'elle... On a envie de remettre sa vie entre ses mains. Ce qui vu son Ultime, serait toujours mal avisé. Elle hausse les épaules en jetant un œil aux trois autres, qui viennent de se libérer, et s'éloigne un peu dans les bois en n'ajoutant qu'une salutation légère. Je n'ose pas la suivre. Au lieu de ça, je vais me présenter aux deux autres larrons.
« —Bonjour... »
Je n'ai pas le temps de dire plus. Le brun (la brune ? Lae brun.e ?) se tourne vers moi, un sourire aimable aux lèvres.
« —Ah, tu dois être Reina ! Je suis Shô Watanabe, l'Ultime Chimiste ! Je préfère prévenir que je vais beaucoup utiliser le pronom iel quand je parlerai, mais surtout, si ça te dérange, ne t'embête pas, tout me va ! D'accord ? »
Il, pardon, iel est donc non-binaire aussi. A retenir. Quand les gens me disent ça j'ai tendance à ne pas savoir quel pronom adopter pour ne pas les vexer... Dans le doute, je vais lae tenir à la même enseigne que Shizuka, et utiliser le neutre pour luel. Sait-on jamais. Et l'autre... ?
L'autre, qui vient de jeter le regard le plus noir que j'ai jamais vu sur Haruko, est distrait de sa contemplation pleine d'énergie négative par un toussotement de Shô. Son sursaut semble suffire pour lui faire comprendre que je suis là, pusqu'il s'incline devant moi et lance d'une toute petite voix :
« —Je... Je suis Soma Nishijima, l'Ultime Illustrateur, et... Meilleur ami et associé de Sora ici présent... Enchanté ! »
L'accent qu'il met sur sa relation avec Sora... Commence à me mettre la puce à l'oreille sur pourquoi il regarde Haruko avec une haine pareille. Mais bon, à dire vrai, je préfère ça comme ça. Sora ne court aucun danger à avoir une relation hétérosexuelle, et Haruko est à l'abri aussi, comme ça. Pas de risque de crime de haine, pas d'attaques sur la sexualité... Et cet endroit est bien le dernier où j'ai envie de voir des gens se tuer les uns les autres pour une raison pareille.
Je préfère ne pas exprimer mes pensées, on ne sait jamais ce que les autres pourraient en dire. Je me contente de sourire, un sourire un peu vacillant.
« —Vous venez d'où comme ça ?
—On a essayé d'explorer la forêt tropicale, lorsque Saki et Hina sont parties dans ce couloir, soupire Haruko, toujours dans les bras de son petit ami. On ne pensait pas qu'elle était aussi réaliste. Par contre, ça nous aura permis de savoir qu'il y a une autre porte, là-bas. »
Elle indique une direction que je n'aurai même pas pensé à explorer, tant elle est ensevelie sous les plantes diverses et variées. Shô reprend, pour expliquer que ladite porte est verrouillée, et qu'il est pour l'instant impossible d'y accéder, même en se frayant un passage.
« —J'ai voulu faire fondre certaines plantes avec de l'acide que je garde dans ma sacoche mais Junko m'a regardé tellement mal que pour ma survie, j'ai préféré éviter, renchérit lae Chimiste en riant. »
Iel est le seul, avec Hina, à en plaisanter. Saki grimace, et resserre son chapeau entre ses doigts, tandis qu'Haruko soupire, Akihito fait la moue, et Soma lève les yeux au ciel. Je n'arrive pas trop à voir la réaction de Sora, mais si le grognement que j'ai entendu provenant de la poitrine de la journaliste émane bien de lui, il a l'air d'avoir assez récupéré pour réagir. Je soupire et me redresse.
« —Dans ce cas, il ne me reste plus qu'à partir à la recherche du dernier Ultime... Hina, Saki, vous venez avec moi ? »
Je m'attendais à des acclamations ou des approbations enthousiastes. Bon, okay, peut-être pas les acclamations. Mais pas à ce que Hina me lance d'un ton suppliant :
« —Oh noooooooooon ! Reinaaaaaaaaaa ! Tu veux pas rester un peu avec eux ? Ils sont sympas ! »
Saki hausse les épaules et se traîne vers moi, mais je vois bien qu'elle le fait uniquement parce qu'il y a trop de monde pour qu'elle soit vraiment bien, pas parce que chercher le dernier Ultime l'intéresse. Je me sens un peu vexée. Mais de toute façon, j'imagine que convaincre Hina, c'est mission impossible, alors...
« —Ne t'en fais pas, sourit Haruko. On ne bougera pas. Comme ça, quand tu auras retrouvé le dernier Ultime, nous pourrons facilement nous retrouver. »
Je la remercie d'un hochement de tête, avant de m'éloigner avec Saki pour longer la forêt tropicale. Les six autres Ultimes ne tardent pa à disparaître de mon champ de vision.
Je profite de cette accalmie pour parler à Saki.
« —Tu as vu Kichiro ?
—Non... Pas vu, marmonne-t-elle en serrant les doigts sur son chapeau. Je ne veux pas le voir. Il est ici ? »
Je hoche la tête. Donc, Kichiro est allé se perdre ailleurs. Tant mieux, je n'ai pas envie de le croiser maintenant.
Je continue de questionner Saki sur son arrivée dans cette espèce de donjon, son réveil, qui elle a croisé, et elle me répond de manière laconique, sans m'apporter davantage d'informations. Tout ce que je finis par comprendre, c'est qu'elle et Hina se sont très vite retrouvées. Elles étaient dans les deuxième et troisième salles du deuxième couloir, et ont remonté à peu près toute l'étrange caverne en ne croisant que des gens endormis. Du moins, jusqu'à la plaine. Visiblement, dans le coin, il y a un réfectoire, des bains japonais, ce qui semble être des chambres, un restaurant, un aquarium, une salle d'art, une salle informatique et une cuisine. C'est drôlement bien aménagé...
J'essaie de bâtir la carte des lieux dans ma tête, histoire de me repérer au mieux. Je dis j'essaie, car avant que je ne puisse me faire une représentation spatiale claire, un bras attrape mon poignet et le tord dans mon dos, et j'entends une voix dure provenant de derrière moi.
« —Qu'est-ce que tu fiches ici, gamine ? »
Je tourne la tête du mieux que je peux, prête à invectiver mon agresseur, avant de me figer. L'homme qui m'a empoignée... C'est un géant, une montagne de muscles, un monolithe, qui en plus d'être imposant comme une statue de David me fixe aussi avec une telle hostilité que j'ai l'impression de me consumer sur place. Ses cicatrices n'arrangent rien à son aura terrifiante. Je crois que derrière ses mèches brunes se cache un œil éborgné.
Je n'ose plus bouger, tétanisée. Il va me tuer. Il va me tuer, et je serai la première victime de ce jeu macabre avant même qu'il ne commence. Je ne veux pas. Je ne peux pas. J'ai peur. Il est terrifiant. Il a largement le pouvoir de m'écraser la nuque dans ses grandes mains. Il... Il me lâche le poignet, avant de m'empoigner les cheveux.
« Je t'ai posé une question, petite fille ! Qu'est-ce que tu fiches ici ! C'est toi qui m'as mis dans une situation pareille ? Où est ton chef ? Qu'est-ce que tu veux de moi ? »
Un petit bruit de choc attire mon attention avant que je ne puisse répondre. C'est Saki, qui bombarde de ses petits poings le dos du monolithe, une expression tout autant si ce n'est plus terrifiée que la mienne sur le visage. Mais sa vue a au moins le mérite de me redonner un peu de courage, et je parviens à balbutier, d'une voit tremblotante :
« —Rei... Rei... Reina Satou, Ultime Gynécologue... Je ne... Je ne sais pas ce... Ce qu'on fait ici, je me suis réveillée là-dedans sans comprendre ! Pitié... Laisse-moi partir... »
Son expression zébrée de cicatrices semble se détendre. Un tant soit peu. Avant qu'il ne libère sa prise sur mes cheveux et ne laisse échapper qu'un simple « oups », alors que je tombe par terre. Pas d'excuses, pas d'autre mots d'explication. Il se contente de darder sur moi un regard tellement froid que j'en ai des frissons.
Il est dangereux. Ce n'est pas seulement mon instinct qui me le dit, c'est tout son être qui me hurle le danger qu'il représente. Il incarne tout ce que je hais et dont j'ai peur chez un homme. Rude, violent, imposant. Mortel.
Saki se précipite à mes côtés, de nouveau incapable de parler. Je vois sa bouche s'ouvrir et se refermer sans que le moindre son n'en sorte, mais je comprends l'intention. Je dois la rassurer, hors de question que ce... type lui provoque une attaque de panique. J'arrive à esquisser un sourire faible sur mes lèvres, et à me redresser, remettant mes cheveux en place.
« —Tout... Tout va bien, Saki. »
L'autre type plisse les yeux, et je voix son regard se porter vers ma tempe. Il a sûrement vu ma cicatrice. Hors de question qu'il en voie davantage. Je rabats mes mèches devant la zébrure, un air que je veux le plus hostile possible porté sur son visage. Visiblement, ça ne suffit pas à l'impressionner, vu qu'il pouffe. Il pouffe !
« —Calme toi, princesse. Je veux juste qu'on sorte de là. Si c'est pas toi la responsable, t'as rien à craindre de moi. »
Facile à dire... Ce n'est pas lui qui vient de se faire tirer les cheveux comme un sauvage par un gars qui fait au moins deux têtes de plus que lui. Je ne lui réponds même pas, préférant me rapprocher de Saki. Le monolithe hausse les épaules.
« —A ton aise. Au fait, moi c'est Daisuke. Daisuke Nakano, l'Ultime Révolutionnaire. »
....... Je me doutais bien qu'il avait un Ultime du genre, mais je ne m'attendais pas à me retrouver devant le « héros » de la révolution syrienne... Il a ramené la démocratie dans un pays en guerre perpétuelle et son statut d'Ultime a permis à Hope's Peak de protéger ledit pays des Etats-unis, certes, mais ça ne m'empêchera pas de le trouver terrifiant, et rustre. Allez savoir ce qui primera pour le moment. Je penche plus vers « terrifiant ».
Néanmoins, je n'ai pas le temps de m'éloigner, ou même de le questionner davantage. Un haut-parleur que je viens de remarquer crachote au-dessus de ma tête, et de l'appareil sort un rire presque enfantin, presque innocent, mais qui me procure un frisson tel que je réalise à peine que mon hypothèse vient de se réaliser.
« —Upupupupu ! »
_______
Eh bien ça y est, on a nos seize Ultimes !
Il n'est point encore temps de voter pour les FTE mais pour l'instant, dites-moi, vous préférez qui ?
(se prépare à compter le nombre de personnes qui vont lui répondre Michi)
Du coup la prochaine partie sera la dernière du prologue, et après ça, je posterai un récapitulatif des personnages, une carte construite au mieux et bien sûr, j'ouvrirai les votes pour les FTE du chapitre un ! Avec une série d'explications supplémentaires.... :,)
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