Chapitre final : Ultima

Noir.

Une sensation de poussière dans mon œil.

Quelques exclamations paniquées.

Un dernier murmure à jamais éteint.

Et puis, la lumière.

Le jaune.

Le sable.

C'est du sable, que j'ai dans mon œil. C'est le sable, qui me fait pleurer.

Ou pas ?

Je ne sais pas.

Je ne sais plus.

Je cligne de nouveau des yeux. Le grain de sable finit par partir. Les formes vaguement jaunes finissent par se préciser. Et à mes oreilles, les voix finissent par s'éclaircir.

Même si je ne sais toujours pas... Même si je ne comprends toujours pas ce qu'elles disent.

Tout me paraît si loin. Si incertain. Comme si je nageais dans une brume... Une brume de rêve.

Est-ce que l'espace d'un instant j'ai cru me réveiller dans un souterrain sale et poussiéreux, avec devant moi une unique porte estampillée de mon nom ?

Je crois que cette impression ne s'estompera jamais.

Mais pas de cave, de murs ou de grottes. Pas de ténèbres, de fraîcheur ou de porte. Je suis allongée sur le sable du désert, en compagnie de deux autres personnes, deux personnes que j'ai connues, deux personnes que j'ai aimées, en qui j'ai fait confiance, deux personnes dont il n'y a plus la moindre raison de douter.

Deux personnes qui ont survécu, vivants parmi les morts du désert.

Elle me relève, des mots rassurants à la bouche. Je ne peux m'empêcher de me dire que je ne pensais pas les réentendre un jour. Est-ce vraiment le moment de se remettre à parler ?

Il est penché sur des ruines, des ruines de pierre qui devaient être un beau bâtiment, avant. Des ruines qui donnaient sûrement accès à quelque chose. Quelque chose d'immense, quelque chose de profond, quelque chose de terrible. Mais plus maintenant. Plus maintenant.

Plus jamais.

Et ils pleurent, ils pleurent tous les deux, ses mains serrées dans les miennes, ses poings contractés dans le sable, larmes discrètes ou gros sanglots, des cris qui retentissent dans le désert, dans mes tympans, dans mon cœur.

Nous sommes seuls au milieu d'une immensité de sable qui a un jour contenu le plus terrible des jeux.

A côté des ruines, à côté de nous, il y a une voiture. Abandonnée, visiblement. Mais je vois quelques traces de pas, des traces de pas dans le sable, des traces de roues aussi, trop petites pour être celles d'une voiture. Des traces de sang, aussi, vermillon sur le jaune du sable, simples gouttes parmi la sécheresse.

Il y a des traces dans le désert.

Je me lève. Mes jambes supportent à peine mon poids. Je me sens perdue. Qu'est-ce que je fais là ? Ma place est dans les décombres. Ma place est dans les décombres, et pas au milieu de ce silence qui se détache sur les cris, ce silence qui me rend si triste.

Ils sont restés dans les décombres.

Je devrais être avec eux.

Je devrais être avec cet homme si froid, que la solitude a brisé, mais qui gardait notre destinée tellement à cœur.

Je devrais être avec cette femme étincelante de vie, plus colorée et douce qu'un de ces bonbons qu'elle adorait manger.

Je devrais être avec ce râleur qui avait sa manière bien à lui de me manifester son amitié, de maintenir la distraction dans le groupe, qui avait réussi à aimer l'espace d'un instant sans savoir comment faire.

Je devrais être avec cette personne toujours souriante, bien trop effacée, qui n'avait jamais voulu que tout ça se termine comme ça l'a fait.

Je devrais être avec cet homme qui vers la fin, a perdu l'exubérance qui le caractérisait.

Je devrais être avec celui qui m'avait montré qu'un homme n'était pas forcément mauvais, que la douceur était une possibilité.

Je devrais être avec elle, elle dont le courage m'a permis d'avancer, m'a inspirée même alors qu'elle savait qu'elle allait perdre la vie.

Je devrais être avec l'homme qui avait fait des efforts pour même les plus ostracisés, qui était animé d'une soif de justice et de vérité.

Je devrais être avec celuel qui a tout perdu pour un virus désormais éradiqué.

Je devrais être avec la fille qui avait fini par apprendre à faire confiance, peu de temps avant que cette confiance ne lui coûte la vie.

Je devrais être avec l'homme qui a réussi dans ses derniers moments, à mettre le mal en échec.

Je devrais être avec la femme qui a su comment soigner mon cœur avant de l'emporter avec elle.





Je devrais être allongée, à côté de la petite fille qui n'avait jamais réussi à se rendre compte de la réalité.

Je devrais entendre leurs voix. Je devrais les voir me saluer, me dire au revoir. Mais il n'y a plus personne.

Il n'y a plus que moi, mes deux survivants que j'ai réussi tant que bien mal à arracher au ventre de la bête. Et le silence qui ne me quittera plus jamais.

Et leurs cris que je ne pourrai jamais oublier.

Dans la voiture, il y a un mot, taché de sang. Il me le lit à voix haute, mais je préfère ignorer. À quoi bon savoir qui nous l'a laissé ? à quoi bon savoir si notre maîtresse de cérémonie, notre juge et tortionnaire, a échappé ou non à la mort ? Tout ça n'a plus d'importance. Tout ça n'a plus d'importance, désormais.

Nous nous asseyons dans la voiture. Les portes se referment. Mon sac, qui ne m'a pas quitté, manque de se coincer dans la portière. Le coin se déchire. Des choses se répandent sur le plancher de la voiture.

Deux clés. Un écran vidéo. Une clé USB. Une arme au canon ensanglanté.

Deux objets qui un jour m'ont été capitaux, qui sont la marque que ce que j'ai vécu n'est pas un rêve, qui m'empêcheront à jamais de l'oublier.

Je devrais les ramasser.

Mais dans la situation où je suis, alors que la voiture se met à rouler vers une destination inconnue sans que qui que ce soit ne la contrôle, je ne veux ... Je ne peux même pas les regarder.

À quoi bon ?

Le jeu est terminé.



Chapitre 6 : The Ultimate Game Over

END

Surviving students : 3

________________________________________________________________________________

Et voilà, c'est la fin....

C'est un peu émouvant mine de rien. La fin d'une ère. J'ai publié mon premier Chapitre en 2020 (je vous retrouverai la date exacte si je fais un Monokuma Theater), et aujourd'hui, 25 septembre 2022 si mes calculs sont corrects, j'y apporte officiellement le point final...

Même si dans les faits, j'en ai fini l'écriture le 7 septembre. Oups ? :,)

Bon. Mon histoire dans le NCU est loin d'être terminée. J'ai participation dans trois Tueries supplémentaires à ce jour, à savoir Sacrement Sépulcral, Pour une Poignée d'Espoir et Perros de Guerras (la seule en cours de publication étant Sacrement Sépulcral mais je vous conseille quand même de ne pas directement enchaîner sur celle-ci sans avoir lu tout le reste du NCU) et puis surtout, il me reste à finir ma seconde Tuerie originale, à savoir, The Art of Creating Hope !

Si vous manquez de lecture, je peux vous proposer la liste de lecture du NCU qui se trouve sur mon profil, qui contient toutes nos autres Tueries (soit beaucoup, et encore, plus de la moitié ne sont pas encore publiées), et je crois que j'ai encore quelque part ici la liste officielle de la chronologie du NCU, récemment updatée au moment où vous verrez ces lignes, donc foncez~

On se retrouvera très bientôt pour la FAQ de fin de parcours, et éventuellement quelques bonus supplémentaires (contrairement à Corneille je n'ai pas beaucoup de fanarts à vous présenter moi, à part mes propres dessins) mais ça, ça reste à voir.

Et en attendant, je suis très curieuse de savoir ce que vous en avez pensé :D

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top