Chapitre 4 (3) : Bullet through the heart

Dommage pour nous, ce moment de tranquillité ne pouvait pas durer. Et la fin de notre intimité s'incarne en le hurlement de joie de Yuuki, qui se jette d'un coup toute habillée dans la piscine à peine les portes franchies. Provoquant ainsi une gigantesque vague d'eau chlorée qui les esprits merci ne nous atteint pas.

Junko, plus mesurée, la suit en culotte et T-shirt. Je ne sais pas trop comment lui dire qu'il y a des maillots de bain plein le vestiaire... Mais bon, comme certains sont quand même de sacrés bikinis bien osés, je pense que je ne peux réellement la blâmer pour passer outre, de toute façon.

Michi, devant le barouf que ça provoque, lève les yeux au ciel.

« Eeeeet zut. La séance de bisouillage pouvait pas durer éternellement non plus, et on va pas en rajouter devant la p'tite... Quatorze ans, c'est jeune pour nous voir nous galocher. »

De toute façon, Yuuki ou pas, je crois que j'aurais arrêté de câliner au premier signe d'intrusion dans cette bulle que nous avions créée... L'affection publique et moi, ça fait trente-six mille, je ne suis pas un écrivain blond paradeur.

En plus, tout le monde est en train de la suivre, la Yuuki. Daisuke et Soma sont de retour, l'un toujours sous le bras de l'autre, même si vu l'expression lassée de l'Illustrateur, on dirait qu'il s'est fait à son destin de colis à transporter. Et derrière, Shizuka, déjà en binder et sous-vêtements, qui jette négligemment ses vêtements dans un coin avant de s'enfoncer dans l'eau avec délices. Ses bandages autour des bras s'imprègnent de liquide, mais ça ne semble pas spécialement lae déranger.

« Je... Ne suis pas sûre que le binder dans l'eau ce soit la meilleure des idées, je marmonne pour moi-même. Ça ne risque pas de l'abîmer, comme ça ?

— Allez savoir, répond Michi, et de toute façon c'est pas moi qui vais lui demander. Il y a p't'être des binders de bain dans les vestiaires pour hommes et non-binaires, mais bon, si ça l'amuse de se baigner comme ça. »

Elle me glisse un dernier bisou au coin de la lèvre avant de rejoindre Yuuki. Yuuki qui n'arrête pas de hurler de joie depuis que son corps a touché l'eau.

« Regarde, Reina, regarde ! Je sais faire le poirier ! »

L'Ultime Gamer me fait un grand signe avant de plonger vers le fond de la piscine, et je vois ses pieds surgir de l'eau quelques secondes plus tard, me prouvant qu'elle sait en effet faire le poirier. Je me permets un grand sourire quand la tête rousse de l'adolescente ressurgit de l'eau, et elle rit comme une enfant devant mes applaudissements.

« Bravo, Yuuki, bien joué !

— Eh, eh, Yuuki, ricane Michi à côté d'elle, cap ou pas cap de faire la course avec moi ? Le premier qui arrive à couler Daisuke l'emporte !

— YES ! Attention Daisuke, j'arriiiiiiiiive ! »

Le Révolutionnaire pousse un cri de rage... Mais trop tard, il a désormais sur les épaules deux filles de reconnaissons-le assez petite taille et déterminées à mettre la tête d'un combattant avéré sous l'eau. Je m'attendais à le voir grogner un peu plus, voire à être carrément violent ; mais tout ce qu'il se contente de faire, c'est laisser tomber Soma dans l'eau avec un gros plouf avant de déloger sa première assaillante et la jeter au loin. Ladite assaillante, Yuuki, pousse un cri de joie en volant dans les airs, faisant se raviser du même coup Junko prête à défendre son amie contre l'ire du monolithe. L'Espionne se contente de lever les yeux au ciel.

C'est assez drôle à regarder, quelque part. Surtout que Daisuke se défend presque trop mollement pour un combattant de la liberté bourré de PTSD. Mais ça reste beaucoup d'agitation dans cette piscine. Trop d'agitation pour moi. Et pour Soma aussi, visiblement, vu qu'il nage vers moi en prenant grand soin d'éviter Shizuka.

Je lui fais un faible sourire alors qu'il s'installe à côté de moi, et il me le rend en un peu plus tremblant. Je remarque qu'il ne cesse de remettre en place sa mèche arc-en-ciel.

Impossible pour moi de ne pas plisser les yeux.

« Ça va ? Ta joue, je veux dire. »

Il pince les lèvres.

« Je... ça gratte toujours autant, et le chlore aide pas. J'essaye de pas y penser mais c'est dur. Très dur. Parce que quand je me concentre pas là-dessus... »

Il se tait. Mais je devine ses derniers mots.

Ce sont d'autres images qui reviennent.

Je baisse les yeux vers le fond de la piscine.

« Je suis vraiment désolée, Soma. Pour Sora.

— Le sois pas, grommelle ce dernier. C'est sûr, je me sens un peu floué, et je vivrai le restant de mes jours avec l'idée de ne jamais avoir pu lui dire... Ce que je ressentais. Mais bon. T'as été plus courageuse que moi. Et t'es pas responsable de sa mort. Le responsable, c'est Taichi, et celle qui l'a poussé, c'est Monokuma. Toi, t'y es pour rien.

— Ça ne m'empêche pas d'être désolée.

— Je sais. Je sais comment ça fonctionne. Mais bon. C'est trop tard. Rien ne pourra jamais réparer ça. Même si j'avais porté mes noisettes, même si je m'étais excusé, pour Haruko, rien ne m'aurait empêché de perdre un ami. »

Il pousse un profond soupir, avant de regarder au loin Yuuki, Michi et Daisuke, les deux premières toujours en train de s'acharner sur le dos du dernier. On en oublierait presque qu'ils pourraient s'entretuer en voyant les sourires des deux assaillantes.

Presque.

Soma a un sourire pâle.

« Sont presque mignons, hein, là-bas ? Je les envie. Même dans un moment plus sain, je crois que je saurais pas m'amuser comme ça.

— Ce n'est pas un drame de ne pas être à ce point exubérant, tu sais.

— Pour moi, un peu. Je vais pas te mentir, soupire-t-il, Sora n'était pas seulement mon meilleur ami. C'était aussi mon seul ami. Le seul avec qui je pouvais bien m'entendre. Même à Hope's Peak, je me sentais isolé. Je n'arrivais pas vraiment à parler aux gens... »

Je hausse les épaules.

« C'est un peu normal. Surtout après la sortie du livre de Monogatari. Soit tu étais dans la promo complètement décimée en 2016, puis 2017, soit dans celle tenue par la peur que ça nous arrive aussi. On était tous plus ou moins isolés, et beaucoup d'Ultimes avaient leurs propres problèmes à gérer.

Dans ma classe, de ceux que je connaissais de plus loin qu'une simple vision entre deux cours, j'en ai eu d'ailleurs de nombreux exemples. Je repense à Michiru Uemura. Dans nombre de mes classes, médecin comme moi, mais aussi une de mes patientes. Qui a eu un certain nombre de problèmes à gérer. Si c'est un mot suffisant pour parler de ce qu'elle a traversé.

Et puis, qui voudrait faire ami-ami avec Nicomaque Papoulos, le fier déchet de l'humanité qui qualifie encore son apologie des Tueries d'éthique ?

Quelques exemples parmi tant d'autres. Et qui sait quelle tête aurait eu notre promo s'il n'y avait pas eu ces trois Tueries de 2017. L'une avortée, certes. Mais bien là quand même.

Soma s'est tu. C'est sans doute à moi de reprendre la conversation, si je veux qu'elle dure.

« Quand es-tu arrivé à Hope's Peak, d'ailleurs ?

— 2017. En même temps que toi, si je me souviens bien. On m'a nominé pour la couverture de la Déchéance, soupire Soma. Je ne comprends toujours pas pourquoi Sora n'a pas eu le titre en même temps que moi... La seule explication possible étant qu'Hope's Peak ne le considérait pas déscolarisé, vu qu'il était inscrit à un collège... Alors que moi, si. »

Allez savoir pourquoi, mais moi, j'ai une autre explication en tête. Qui prend racine dans les mots d'Haruko alors qu'elle nous révélait son ultime motivation. Une simple phrase.

« Je suis dans cette Tuerie en tant que victime. Et Sora n'y est que parce qu'il était lié à moi. »

Évidemment, c'est peut-être chercher trop loin. Mais connaissant les Monokuma, je me dis que l'idée qu'ils aient donné un Ultime à Sora dans le seul but de menacer Haruko, puis de l'utiliser dans une Tuerie, n'est peut-être pas si abracadabrante que ça.

Mais ça, je préfère ne pas l'exprimer à quelqu'un encore en deuil. C'est bien assez de rage pour moi.

« Tu étais déscolarisé ? » Je me contente de dire.

Inutile de chercher trop loin.

Soma hausse les épaules.

« Ouais. Ma... Mère ne voulait pas, ou ne pouvait pas, me payer de collège, et ne m'a même pas inscrit au public. Pendant mes premières années, j'ai suivi les cours que Sora suivait par procuration, vu qu'il me rapportait les devoirs qu'il réussissait à récupérer, et dans le même temps je dessinais et je faisais des commissions pour essayer de me payer du meilleur matériel. Au moins un ordinateur et une tablette graphique. Ça a été dur, mais apparemment, posséder un talent Ultime te permet aussi de te faire remarquer très facilement. Combien d'artistes pourtant si talentueux ont dû finir à la Réserve...

— C'est l'injustice du génie, je soupire. Pas tout le monde en est doué dans les bons endroits. Et les amis dont tu bénéficiais n'ont pas forcément le pouvoir d'aider d'autres gens.

— Mouaif. Tu parles. Ce n'est pas seulement une question d'amis, grommelle Soma entre ses dents, même si je dois énormément à Sora. C'est aussi une question de chance. Tu vois qui est Thal Chandra ? »

Je plisse les yeux. Effectivement, le nom éveille un écho en moi- Bon sang. Le petit ami de Sour Asyna.

Par tous les esprits, ce n'est pas un nom que je m'attendais à voir évoqué.

« Oui... Malheureusement, pourrait-on dire. Pourquoi ?

— Il est à la Réserve, me répond Soma, la voix pleine de regret. Depuis 2016. Seul, parce que même s'il a d'autres gens qui essayent de lui parler, ce sont des Ultimes. Comme la copine de l'autre blond, par exemple. »

La copine de l'autre bl- Ah, oui, je vois de qui il parle. Évidemment. Mais elle n'est pas souvent à Hope's Peak, pourtant, donc ça doit être encore pire si c'est une des rares à tenter d'affronter la règle de séparation entre la Réserve et les Ultimes...

« Je n'ai jamais osé franchir la grille qui séparent les Ultimes de la Réserve, personnellement, soupire Soma. J'avais trop peur. Mais j'ai pu voir ses dessins. Il fait des personnages si vivants, si réalistes, et... Il mériterait le titre d'Ultime Mangaka, de très, très loin. Mais même la visibilité que Sour lui a apportée via Wen Xiang, même la pub que moi en tant qu'artiste j'ai essayé de lui faire... Rien n'y a fait. Et je ne sais pas si c'est une chance pour lui ou une malchance.

— Il a cessé d'avoir de la chance au moment ou Asyna s'est faite enlever, je ne peux m'empêcher de grommeler. À ce stade, Ultime ou pas, ça n'aurait rien changé. Et ça lui aurait peut-être permis de voir des camarades Ultimes.

— Ou il aurait juste fini comme moi, dans une foutue Tuerie à voir mourir les uns après les autres tous les gens qu'il aime. Très franchement, Reina, je sais pas si c'est un destin enviable. »

Je me tais. Il a raison.

« Désolée, Soma.

— Nan, c'est moi qui m'excuse. C'est vraiment juste... Sora est mort il y a deux semaines, on a découvert son corps il y a même pas deux jours, et vraiment, vraiment, j'en ai juste marre... Je m'attends à tout moment à le voir sortir d'un coin de couloir en baillant comme à son habitude parce que c'est un noctambule qui a jamais aimé vivre le jour, sauf que les rares fois où j'ai vraiment l'impression de le voir, c'est son cadavre qui me hante. Et il m'accuse, il arrête pas de m'accuser, de l'avoir oublié, de ne pas l'avoir cherché, d'avoir été un gros lâche... »

Il renifle. Fort. Pas besoin de l'humidité de la piscine pour dissimuler les larmes dans ses yeux.

« ... Il me manque, Reina. Tu vois peut-être un peu pourquoi, mais je... j'ai pas perdu qu'une personne que j'aimais, il renifle, surtout comme ça, en vain... J'ai perdu mon ami d'enfance, le seul qui comprenait mon rapport avec la nuit, qui savait à quel point ma vie de famille était monstrueusement de la merde. Il m'a aidé à me construire, à trouver une carrière et un métier, à me tirer des pattes de mon environnement, tout ça pour mourir aussi bêtement après une dispute qui me paraît tellement conne, mais alors tellement conne... »

Je passe un bras autour de ses épaules. Hésitant. Pourtant, il se laisse aller contre moi, et c'est une fois sa tête hors de ma vue que je le sens éclater en sanglots. Silencieux, presque. Ses épaules qui remuent sont la seule marque de ses pleurs. Il a l'air de tellement se retenir même pour une démonstration aussi brute d'émotions.

Et ce n'est pas mes tapotements de dos maladroits qui vont changer quoi que ce soit à ce deuil que personne ne devrait vivre.

Soma, même encore vivant, est sans doute l'une des si ce n'est la plus importante victime de ce jeu maudit. Ses amis morts, isolé, ses espoirs réduits en miettes. Qu'il n'ait pas encore cédé au Désespoir est presque un miracle dans cette situation.

Mais est-ce que cette fichue maladie psychique est vraiment un problème de taille face au fait de faire passer des adolescents par un foutu traumatisme pareil ?

Que cherchent les Monokuma en nous traînant dans des usines à mort et à désolation ?

C'est injuste.

Beaucoup trop injuste.

Mes mains se resserrent sur le dos de Soma. Ce dernier, sans doute dans une vaine recherche de réconfort, se serre contre moi, toujours en train de sangloter en silence. Ses cheveux s'écartent de sa joue droite, et je sens les traces de ses innombrables cicatrices contre la peau de ma clavicule.

Il a déjà assez vécu comme ça.

Personne ne devrait pouvoir lui enlever le peu de bonheur qu'il a gagné au nom d'un Désespoir qui n'est qu'un prétexte à atrocités.

Dans un autre monde, lui et Sora seraient allés à Hope's Peak ensemble. Ils auraient eu une vie de lycéen normale, avec les joies et les peines d'un adolescent ordinaire, sans quoi que ce soit d'autre à se préoccuper qu'une poussée de jalousie provoquée par un amour déçu. Ou même, qui sait. Qui peut savoir, maintenant.

C'est rageant.

Beaucoup trop rageant.

La petite sortie piscine ne dure pas très longtemps. Yuuki finit par se lasser de perdre contre Daisuke, et elle et Michi entraînent Junko dehors en prétextant l'arrivée du dîner. Enfin, à ce stade, je fais surtout confiance à leurs horloges biologiques pour donner l'heure, vu qu'on a plus aucun moyen de le savoir à moins de sortir voir ce satané désert.

Shizuka ne tarde pas à les suivre, de toute façon, et Soma est parti quelques minutes avant en s'excusant de s'être lâché sur moi. Je lui ai assuré que ce n'était rien. J'ai beaucoup de raisons d'être en colère autres qu'un homme en deuil.

Ne restent plus que moi et Daisuke. Et ça tombe drôlement bien.

Ce dernier est toujours assis au bord de la piscine, en train de se masser les épaules. Il grogne, une légère grimace de douleur sur son visage, alors que son bras se lève. Ou alors c'est parce que j'arrive. Allez savoir.

« Tiens. Princesse. T'as profité de ton p'tit moment avec ta chérie ? »

Donc c'était bien volontaire, ce traînage de Soma tel un sac à patates. Je me contente de hocher la tête.

« Merci, à ce propos.

— Mouaif. T'en fais pas pour ça. Mais je serais pas toujours sur ton dos, hein. Démerde toi, les prochaines fois. »

J'imagine que c'est juste. Je m'assieds à côté de lui, et il hausse un sourcil. Mais je ne le regarde même pas. Je fixe le fond de la piscine.

« Je constate, je finis par dire après quelques secondes de silence, que tu n'as pas l'air d'être dérangé qu'on te monte sur les épaules sans te demander ton avis. »

Il pince les lèvres.

« Ouais enfin. Les ados, ça reste des ados. Et puis je vais pas m'énerver contre des enfants qui veulent juste être heureux, tu vois ?

— C'est louable. »

Je le vois détourner le regard. Sur son visage, comme une pointe de gêne.

« Enfin, ce n'est pas de ça dont je voulais te parler.

— Un souci, princesse ?

— Non. Mais je veux que tu fasses quelque chose pour moi. »

Il plisse les yeux. Avant de se tourner vers moi. Et moi je le fixe, dans le blanc de l'œil, sans détourner le regard.

« Je veux que tu m'apprennes à tirer. »

La grimace sur le visage de Daisuke est instantanée. Pour le coup, j'aurais presque pu lui demander de m'apprendre à étrangler des chatons.

Mais c'est important.

Je ne cèderai pas sur ce point.

Je dois apprendre à tirer.

Je dois pouvoir me défendre.

Je dois pouvoir, le cas échéant, porter la responsabilité d'une mort sur mes épaules, exactement comme Senri lorsqu'il a décidé de monter son plan contre Monokuma. Je dois pouvoir être capable d'achever notre tortionnaire si un jour une ouverture se crée.

Daisuke a un moment de rire. Sans joie, l'air de se dire que je lui joue un bon tour. Puis, voyant que mon regard ne quitte pas le sien, son rire se transforme en un grognement d'ours, celui qui m'a tant terrifiée le jour de notre rencontre.

« Tu ne peux pas être sérieuse, princesse. T'es pas en train de me demander d'apprendre à tuer.

— Pas à tuer, à tirer.

— C'est du pareil au même, Satou. »

Son seul œil valide n'est plus qu'une fente.

« Une fois que tu sais utiliser une arme, tu sais l'utiliser pour ce qu'elle fait. C'est un engin de mort, point à la ligne. Et tu vas pas me dire que toi, avec tes petites mains de bon docteur, tu as vraiment envie de les souiller de sang.

— Daisuke. »

J'en ai marre. Trop de colère, trop de rage accumulée. Les larmes de Soma me reviennent en mémoire. De même que les rires de Yuuki. La sensation des mains de Michi sur ma peau.

L'expression à jamais figée d'Haruko Kita.

« Apprends. Moi. À. Tirer. »

Ma voix n'est plus qu'un sifflement.

Ce n'est pas une demande.

Plus maintenant.

Daisuke cligne des yeux. Une fois. Deux fois. Avant de les fermer pour de bon, et de pousser un profond soupir.

« Vu comment t'es déterminée, je pense qu'il vaut mieux que je mate ça d'un bon œil plutôt que de prendre le risque que tu te tires une balle dans le pied. Alors écoute. Je vais t'apprendre à te servir d'une arme de poing. Comment charger, décharger, enlever la sécurité, viser, tirer. Point. Le reste, démerde toi. J'ai assez de sang sur les mains pour y rajouter des regrets supplémentaires.

— ça suffira. Merci, Daisuke.

— Très sincèrement, j'espère que tu m'en remercieras pas. »

Il fait nuit. Je crois. En tout cas, Monokuma est partie dans le couloir des proches avec Saki, et je suis seule avec les laboratoires. Un seul est mon objectif. Le laboratoire tellement redouté de l'Ultime Assassin. La cache d'armes.

Quelques pas et un tour de poignée me suffisent à voir que la quantité d'armes que Monokuma a décrite n'était en rien exagérée. Il y a de tout. Armes de poing, armes lourdes, armes blanches, poisons, cordes, autres outils plus raffinés dont je n'ai pas et ne veux pas le nom. Même pas quoi que ce soit pour l'Ultime Journaliste. Ce n'était pas réellement une cache. Peut-être que si Haruko avait survécu à cette phase de la Tuerie, Monokuma aurait révélé son secret via son laboratoire.

Je ne le saurai jamais, j'en ai bien peur.

Dans le fond du laboratoire, une couleur rouge et blanche attire mon œil. Des cibles. Des cibles visiblement toutes neuves, ce qui ne devrait pas m'étonner autant que ça le fait. Évidemment qu'Haruko, tout comme personne d'autre, n'a pu réellement utiliser cet endroit, s'il était fermé jusqu'ici. Même les souterrains n'y donnent de toute évidence pas accès.

Je prends un pistolet sur l'étagère la plus proche avant de l'examiner. Daisuke m'a expliqué sommairement le fonctionnement de ce genre d'armes, mais ses détails étaient trop vagues pour que je puisse les assimiler à celle-ci. Heureusement, il n'est pas trop différent de l'arme que m'a confiée Haruko, que j'ai eu le temps d'examiner sous toutes les coutures avant de venir. Une arme que même Daisuke ne sait pas en ma possession. J'aimerais que ça reste.

C'est bien pour ça que pour m'entraîner ici, je vais employer les armes du laboratoire.

Il ne me faut pas longtemps pour insérer un chargeur dans la crosse de l'arme. Encore moins pour trouver le cran de sécurité, et vérifier chacune de ses positions avec précaution. Il ne faudrait pas, en effet, que je me tire une balle dans le pied.

Je passe un casque de protection auditive sur mes oreilles avant de prendre l'arme au creux de mon poing.

Le cran de sécurité bien enlevé, je lève le canon.

Une détonation retentit.

Puis une autre.

Puis une autre.

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