Chapitre 3 (5) : Omniscience

Je crois que je passe bien tout mon temps dans cette bibliothèque, maintenant.

Bravo, Reina, belle manière d'oublier tes problèmes, te pencher dans la lecture. Déjà que le recensement était limite, et seulement utile parce qu'il t'a permis de trouver la réponse à un procès... Mais là, dans cette bibliothèque, qu'est-ce que tu cherches ? Qu'est-ce que tu penses trouver ? Il n'y a rien. Des livres ordinaires, parfois, des textes relatant des Ultimes, mais rien d'intéressant, rien de déterminant.

Tu ne fais qu'oublier ce qu'il s'est passé dans les dernières semaines. Tu ne fais qu'oublier que tu dois affronter tes problèmes, que tu n'as quasiment pas parlé à Michi depuis le procès et qu'il doit être clair dans sa tête maintenant que tu l'évites et ne veux rien avoir à faire avec elle. Belle manière de répondre à une confession, bravo. Et puis, ces histoires d'Haruko qui veut en finir avec l'instigateur ou Monokuma ne te seraient-elles pas montées à la tête ? Voilà que tu as de l'espoir, maintenant ?

Mais l'espoir est vain dans cette situation.

Monokuma ne fait que nous le faire miroiter pour le briser ensuite.

Comme avec Shô.

Et puis regarde toi. Tu furètes depuis bien une semaine, et qu'est-ce que tu as trouvé ? Rien. Ça va être bientôt ton tour de retourner voir les proches, et tu ne te sens même pas capable de les affronter du regard. Il n'y a pas la moindre information qui traîne et tu n'as pas l'air de te rendre compte qu'il y a plus important. Tu sais ce qu'il s'est passé la dernière fois que tu as laissé des gens seuls ? Bien sûr que tu le sais.

Je ferme mon vingtième livre de la journée avec un soupir. Encore un traité sur les Ultimes. Cette fois, c'est écrit par un professeur d'Hope's Peak, je crois d'ailleurs que je l'ai eu l'année dernière. Une espèce d'étude sur les méthodes de travail des génies. Rien d'intéressant. Comme ce à quoi je m'attendais.

Impossible de trouver quoi que ce soit. Même maintenant que j'ai sans doute lu la moitié de la bibliothèque, il n'y a absolument rien d'intéressant. Et ce n'est pas l'assiduité d'Haruko, que je vois feuilleter un autre livre non loin, qui me convaincra du contraire...

« Hey ! Reina ! ça va aujourd'hui ? »

Je déglutis. Je ne comprends toujours pas comment elle peut faire comme si tout allait bien alors que je ne lui ai pas donné de réponse. Pourquoi elle se comporte de la même manière à mon égard alors que je peine à ne serait-ce que croiser son regard, pourquoi la seule chose qu'elle fait de différent c'est m'appeler par mon prénom, et encore moins pourquoi ça me fait cette sensation de couteau dans la poitrine. Mais c'est impoli d'ignorer les gens, et plus douloureux encore d'ignorer Michi. Alors je me contente de me tourner vers elle, avec un sourire que je n'espère pas trop faux.

« Ça va... Je crois. Un peu fatiguée, mais c'est comme d'habitude...

— Tant mieux ! j'avais peur que tu me refasses une crise comme la dernière fois, ou Sora a dû te ramener à ta chambre... Si c'est pas le cas, tant mieux ! »

Ma crise, oui... Aussi soudaine qu'inexpliquée. Surtout qu'elle ne s'est effectivement jamais reproduite. Ni elle, ni ce cauchemar aussi étrange qu'affreux. J'imagine que c'est une bonne nouvelle. Au moins, je n'aurai pas à en chercher les causes. Je hoche doucement la tête.

« Non, pas pour l'instant, en effet... Tu voulais quelque chose ?

— Alors, euh, oui, fait Michi avec un sourire un peu gêné. En fait, j'ai trouvé un truc intéressant dans la bibliothèque, mais c'est pas en arabe, et euh... Enfin, tu sais, quoi. Est-ce que tu peux venir voir et me dire ce qu'il y a dedans ? »

Oh, si ce n'est que ça. Et j'imagine que si c'est en japonais, Michi ne voulait pas vraiment demander à quelqu'un d'autre... Vu que je suis la seule qui sait, à propos de ses capacités de lecture. Et puis, si ce n'est que ça, ça me fait une bonne excuse pour ne pas trop penser à nos interactions ou ne pas craindre qu'elle attende toujours de moi une réponse.

Même si c'est bien le cas.

Je ne m'attends pas à grand-chose, étant déjà persuadée de la faible utilité de cette bibliothèque. Mais lorsque Michi m'amène dans un couloir que je n'ai jamais vu, qui j'en suis sûre occupe la place qu'avait une étagère il y a quelques jours, mon intérêt s'anime. Est-ce qu'on va avoir accès à des documents jamais vus ? Je devrais peut-être noter l'emplacement de cette pièce... On ne sait jamais.

Michi se dirige droit vers une étagère, avant d'en sortir un dossier et me le tendre.

« Tiens, regarde, Reina. C'est ça. Rien que le logo est méga louche... J'arrive pas à le reconnaître, mais il me dit rien de bon. »

Je plisse les yeux. Ce truc n'est pas le logo du projet Renaissance. Le Projet Renaissance était estampillé d'une colombe, entourée d'une couronne de lauriers. Ce logo-là, c'est... Un œil, au cœur d'un losange rouge entouré de symboles étranges. De quoi alimenter les théories du complot. Mais bon. Après tout, on est en plein dedans.

Monokuma eux-mêmes sont un complot à eux tous seuls.

J'ouvre le dossier et commence à le parcourir, en veillant à le lire à voix haute pour Michi. Cette dernière s'installe à mes côtés, la tête appuyée sur mon épaule, alors que je suis du doigt les lignes que je déchiffre pour lui donner une idée.

C'aurait été une scène si jolie si le contenu de ces pages n'avait pas été si terrifiant.

Des dizaines et des dizaines de rapports, tous basés sur des activités terroristes, des prises de pouvoir, ou des sectes diverses et variées en apparence sans le moindre lien. Même sans ça. Des structures dignes des pires théories du complot, des lobbies faisant de l'ombre aux appels au loup fictifs contre les lobbies gay ou transgenre, une organisation qui s'étale dans l'ombre, étendant ses branches jusqu'au cœur du gouvernement.

Et tout ça réuni sous le même logo.

Ce sont des rapports si différents, sur des actions si différentes, que n'importe qui les ayant pris hors contexte n'aurait pas cru qu'ils regroupaient des informations sur le même sujet. Pourtant, une phrase revient à chaque fois. Un terme commun.

« Ces actes sont à rattacher à L'Omnisciente. »

L'Omnisciente. Ils en parlent partout. Impossible de savoir s'il s'agit d'une vraie personne ou d'un groupe de gens. Je ne peux juste savoir qu'une chose, c'est que chaque acte décrit dans ce dossier y prend racine.

Et le pire sans doute... Ce sont les dates.

« 2 décembre 2010. 1er juillet 2013. Tout ça date de bien avant les Monokuma, pourtant...

— Tout est retranché sur une même période de temps, grimace Michi. Le truc le plus ancien que tu m'aies cité, c'est quelque chose en 2006. Mais j'ai quand même l'impression qu'il y a beaucoup de trucs dans les années 2015... »

Et puis surtout, la fiche que je suis en train de lire... Elle parle d'un meurtre de la plus haute importance à Budapest. Avec un nom que j'ai déjà vu quelque part. Si seulement j'étais en mesure de retrouver pourquoi... je suis sûre que je l'au vu... Non, que je l'ai lu...

Mais je n'ai pas le temps de faire quoi que ce soit. Une main m'arrache le dossier sans la moindre délicatesse, et je me retrouve face à Junko, qui me fixe avec la colère la plus noire jamais vue sur son visage.

« Non mais ça va pas ? Hurle Michi. On lisait ça !

— C'est à toi que je devrais poser la question, siffle l'Espionne, en éloignant d'elle le dossier. À quoi pensais-tu, Reina Satou ? Lire à voix haute des secrets d'État ?!? Tu veux que tout le monde t'entende ou quoi ? »

Et je me demande bien ce que ça changerait. Nous sommes douze. Douze enfermés dans un univers bien clos, et même la présence des proches ne me permettra pas d'oublier cette sensation d'isolement. Pourquoi je devrais me priver de lire des choses à voix haute ? Peut-être qu'elle préfère quand je les lis avec elle, tiens ?!?

Mes pensées m'horrifient. La menace du coup de colère est bien trop proche pour être ignorée. Par chance, Michi se place devant moi, avant de cracher à Junko :

« Elle le lisait à voix haute parce que je lui aie demandé, connasse. Si tu veux t'en prendre à quelqu'un je suis là, mais évite de nous traiter comme des enfants inconscients juste à cause de ta parano ! »

Une vilaine grimace crispe aussitôt le visage de l'Espionne.

« Ma parano ? T'as aucune idée dans quoi t'as mis les pieds, espèce d'inconsciente ! Parler de l'Omnisciente comme ça sans souci de savoir qui t'entend ? Habituellement, c'est un prétexte à finir au fond d'un lac avec des chaussures en béton !

— Et qu'est-ce que tu crois qui nous attend ici, hein ?!? Tu l'as dit toi-même bordel, hurle Michi, on est en pleine Tuerie ! On va crever pour une raison ou pour une autre qu'on le veuille ou non, alors si ça doit être juste pour lire à voix haute des rapports que Monokuma a déposé pour nous, eh bien, ça ou un autre truc ! »

Le poing de Junko se serre. La tension est presque insoutenable, et l'étalage de voix va finir par attirer quelqu'un. Sans compter que je suis terrifiée, que ma tête commence à me faire souffrir et que j'ai peur de ce que cette dispute pourrait entraîner.

Il faut que j'intervienne.

Il faut que j'intervienne.

Mais comment intervenir dans une situation pareille ? Ce serait présomptueux de ma part de croire que ma présence résout tous les conflits...

En désespoir de cause, je pose une main sur l'épaule de Michi, avant de m'avancer un peu vers Junko.

« Tu connais l'Omnisciente pour en parler comme ça ? »

Le hurlement que s'apprêtait à pousser l'Ultime Espionne s'étrangle sans sa gorge. Je vois son poing se lever, prêt sans doute à frapper l'une d'entre nous. Michi se met en garde, ma prise se resserre sur son épaule. Et puis, Junko pousse un profond soupir, avant de finalement baisser son point.

« Je connais l'Omnisciente, oui. Quiconque a frayé avec l'autre côté d'une manière ou d'une autre connaît ce nom. Il rassemble la plupart des organisations de l'ombre, qu'elles soient simples sectes de supervision du monde ou organisations carrément criminelles. Dans les années 2000, lorsqu'elle a commencé à faire parler d'elle, il s'agissait davantage de contrôler ces organisations, si bien que les crimes de grande envergure ont grandement diminué, mais à partir d'une certaine date... Il y a eu des crimes, beaucoup de crimes, qu'on rattache pour la plupart à cette organisation.

— Cette date... C'est décembre 2015 ? »

Junko a un sourire sans joie devant ma question.

« Tu te demandes sans doute si les Monokuma sont derrière l'Omnisciente. La réponse est non. La date est de février 2013. Fusae Amane n'avait même pas rejoint le Japon à ce moment-là, encore moins écrit sa thèse. »

Je vois. Ma question serait plutôt pourquoi Monokuma a-t-elle glissé ses informations sur cette organisation, alors. Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, Junko se détourne de moi.

« Désolée de vous avoir crié dessus. Les secrets d'État ne sont pas quelque chose de très agréable pour moi. Par contre, n'espérez pas que je vous en dise davantage. Déjà parce que je ne sais rien de vraiment important. Ensuite parce que puisque ces informations sont là, Monokuma compte sans doute s'en servir de mobile, et j'ignore ce qui me vaudrait d'être prise pour cible. »

Et elle repart, le dossier sous le bras et une fort vilaine grimace de Michi. Cette dernière se tourne vers moi.

« Vraiment, je sais pas ce qu'elle a cette fille. Toujours à se plaindre et à hurler. À l'entendre, tout ce qu'on fait est mal...

— Junko a l'air d'avoir un historique avec les magouilles gouvernementales... Et tu sais que des fois, ce n'est pas une bonne idée, je soupire. Après tout, les Monokuma étaient soutenus par le gouvernement japonais.

— ... Ah ouais, c'est vrai. Ça va aussi loin, bordel... Tout ça juste pour le plaisir de nous voir nous entretuer...

— Je doute que pour les gouvernements, il ne s'agisse que de plaisir. »

Après tout, il a bien fallu une raison pour laquelle Wen Xiang Monogatari a pu s'en sortir sans ennuis avec notre gouvernement. Eux prennent peut-être réellement au sérieux la lutte contre le Désespoir.

Par contre... Je ne peux en dire autant des Monokuma.

Michi soupire et s'appuie contre moi. Ce n'est que maintenant que je remarque que j'ai encore ma main sur son épaule.

Super. Bien pour lui donner de l'espoir alors que tu ne sais même pas ce que tu veux.

« En tout cas, merci beaucoup, Reina. De ne pas lui avoir dit pourquoi tu lisais pour moi.

— Je... n'avais aucune raison de faire ça, je bredouille, un peu gênée. Ce ne sont pas ses affaires.

— Peut-être, mais ça aurait été une explication, qui l'aurait sans doute calmée autrement qu'en citant sa connaissance bizarre de ce truc, là, l'Omnisciente. Et ça me fait plaisir, tu sais ? »

Elle lève la tête vers moi et me sourit, avant de resserrer ses bras autour de moi.

« Je suis contente de voir qu'au moins j'ai pas tout perdu dans cette merde. »

Je serre les dents. Elle fait référence à Ryo, j'en suis sûre. Je le vois à ces cernes, à ses veux pleins de larmes, à sa manière de se serrer contre moi. Même son sourire me semble un peu décalé, par rapport au vide qui habite ses prunelles.

Je ne peux pas faire autrement que de la serrer contre moi.

Je ne devrais pas.

C'est céder à ma faiblesse.

Cela finira sans doute par lui faire plus de mal que de bien.

Mais je ne peux pas m'en empêcher.

Et cette étreinte silencieuse, ce contact humain tant interdit que délectable, je me perds dedans, dans le bonheur dangereux qui m'envahit, alors que l'odeur de ses cheveux et la douceur de sa peau est plus tentatrice encore que le fruit défendu.

Je suis trop faible.

Trop pathétique.

Trop stupide.

Elle attend ma réponse.

Je ne fais que la faire davantage souffrir.

Mais je ne dis rien.

Je reste juste là, durant ces quelques précieuses secondes avant qu'elle ne se détache de moi, son sourire ayant repris un semblant de vérité.

« J'vais y aller, Reina. Soma voulait que je l'aide pour un truc, je sais pas trop quoi. Merci encore. »

Elle me serre doucement le poignet entre ses doigts, avant de sortir de la bibliothèque, me laissant derrière avec mon inutilité.

Est-ce qu'elle m'a balancé un simple prétexte ou est-ce que Soma a réellement besoin d'aide ?

Je ne sais pas.

Je ne veux pas savoir.

La tête d'Haruko se pointe de derrière une étagère alors que je considère laisser cette pièce pour une exploration future.

« Reina ? Tout va bien ? J'ai entendu Junko et Michi crier, alors j'ai préféré venir voir...

— Ce n'est rien, je soupire, on a juste eu une petite altercation. Mais je crois que c'est réglé, maintenant. A propos d'une histoire de secret d'Etat... »

Haruko hausse un sourcil, et rentre dans la pièce, avant de s'emparer d'un livre au hasard. Dommage pour elle, j'imagine, car la grimace qu'elle fait m'apprend que cela ne lui apprend rien de plus.

« Secret d'état, hein... C'était un document, votre dispute ?

— Euh, oui... Un dossier sur l'Omnisciente, quelque chose comme ça. Mais Junko l'a emporté. »

Ces mots arrachent un grognement à Haruko, qui jette le livre au loin avant de s'adosser contre une étagère.

« Pas de chance... je crois qu'on ne retrouvera rien de plus dans cette pièce. C'est quelque chose comme la troisième de ce style... Cachée, ne s'ouvre que suivant certaines conditions, et ne contient qu'un seul et unique document compromettant. Ces informations sur l'Omnisciente sont visiblement ce que contenait cette pièce. Elle ne va plus nous servir à rien... Je vais la marquer. »

Elle se redresse, avant de vider une des étagères de la bibliothèque de tous ses livres, et de les replacer, un à un, à l'horizontale. Pas un mot n'est échangé alors qu'elle n'accomplit sa tâche, et je n'ose l'aider, déjà peu sûre de ce qu'elle a cherché à me dire. Il existerait donc des pièces secrètes de la sorte dans cette bibliothèque ? Cela expliquerait pourquoi je n'avais encore jamais vu celle-ci alors que j'y passe tout mon temps... Et visiblement, Haruko a été plus chanceuse que moi.

Sa tâche accomplie, Haruko pousse un profond soupir.

« Une bonne chose de faite...

— Dis, tu as déjà trouvé des pièces comme ça ? »

Elle hoche doucement la tête à ma question.

« Oui. Deux. La première contenait des trucs sur le projet Renaissance. Ça te parle, le projet Renaissance ? »

J'acquiesce sans mot dire, et elle soupire.

« Rien de vraiment impressionnant, cependant. Juste des fiches de génies. Une en danois, et une en néerlandais. J'ai pu lire la première, mais alors la deuxième...

— Et l'autre ?

— L'autre ? C'est un rapport sur les Tueries qui ont eu lieu avant les nôtres. Elles sont intitulées Despair Vacation et Heart of Despair, et sont visiblement des informations écrites par les Monokuma, car les survivants de ces Tueries n'ont rien révélé à ce sujet... Par contre, rien de vraiment utile pour abattre l'organisation là-dedans. Il y a juste quelque chose de très préoccupant... Ces deux Tueries ont été tenues par des robots. »

Un frisson parcourt mon dos. Des robots ? Des robots comme...

« Comme nos kumarobots ?

— Non. Pire. Les Monokuma étaient des robots, soupire Haruko. Ce sont les deux seules que je connaisse dont c'est le cas, mais comme elles ont eu lieu peu après Danganronpa et qu'ensuite trop peu ont suivi... J'ignore si ce sont des exceptions. Cela ne me dit rien de bon, cependant. Nous sommes à ma connaissance la seule Tuerie avec un Monokuma humain qui emploie des robots de manière aussi ostentatoire. »

Je grimace. Est-ce qu'elle est en train de me dire que ces deux robots pourraient avoir un lien avec notre propre Tuerie ? Et si c'est le cas, lequel ? Rien que le fait que Monokuma garde soigneusement son Ultime dissimulé, que je n'ai pu en apprendre quoi que ce soit alors que l'Ultime Juge ne s'en cachait pas... Cela ne me rassure pas. Allons nous découvrir que nous avons pour maître de jeu la clé de voûte des Monokuma ?

Et si c'est le cas, y'a t'il ne serait-ce qu'une infime chance d'y mettre fin ?

Je pousse un profond soupir. Plus j'en découvre, moins j'ai d'espoir pour une sortie rapide. Je sens que l'on va finir avec autant de survivants que Wen Xiang Monogatari.

Et avec ma chance, j'en ferai partie.

« Dis-moi, Haruko, je peux te poser une question ?

— Oui ? »

Je me tourne vers elle. Elle tient un livre devant elle, mais je pense que la couverture de cuir ne représente que peu d'attrait pour elle vu le désintérêt avec lequel elle la fixe.

« Cette Tuerie annulée. Est-ce que ça t'a permis de découvrir des choses, de visiter les lieux ? »

Elle grimace, avant de reposer son livre.

« Oui et non. J'en ai appris beaucoup sur le fonctionnement qu'ils souhaitaient employer, évidemment. L'argent qu'ils mettaient à la construction des lieux, aussi. Et les risques qu'ils étaient prêts à prendre. Mais quand les lieux ont brûlé et que j'ai fait mon reportage... Disons qu'il ne restait plus grand-chose sur quoi commenter. J'en ai appris malheureusement bien plus en étant piégée ici, récoltant avec assiduité les miettes que Monokuma essaime derrière elle, qu'en explorant des lieux déjà vidés et dénués de leur but originel. »

Elle pousse un profond soupir.

« J'en sais beaucoup plus que vous, certes. Et quelque part, je suis en effet une vétérane. Mais ne m'accorde pas trop de crédit ou de confiance, Reina. A ce stade, je n'ai pas la solution miracle pour vous sortir de là, et si quelqu'un en arrive à penser que je la possède... vous devrez la trouver tous seuls. »

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