Chapitre 3 (21) : Last mission

L'histoire semble être inachevée, pourtant, Haruko s'est tue, fixant les mains qu'elle serre sur sa tribune d'un air neutre à la fois habituel et tellement glaçant. C'est Akihito, qui semble ne pas en croire ses oreilles, qui finit par reprendre.

« Et donc tu l'as vraiment tué... Comme ça ? En sachant que ça te rendrait coupable automatiquement ? »

Elle ferme les yeux.

« C'était une erreur. Une erreur stupide. Bien sûr, vu que j'étais simple témoin, il m'aurait suffi de traîner Taichi au procès pour gagner un mois de plus dans mes recherches. Mais en voyant Sora par terre se vider de son sang... Je n'ai pas réfléchi et j'ai commis le premier meurtre passionnel de toute ma carrière. Et on ne peut pas dire que j'en sois très fière. »

Je vois ses mains trembler. Mais moi qui me targuais de savoir reconnaître les menteurs, je me vois dans l'incapacité de faire confiance à même ses réactions corporelles. Cette femme est une Assassin, un tueur entraîné sans doute à contrôler même ce qu'elle exprime de ses émotions. Comment puis-je même lui faire confiance dans ce cas ?

« Lorsque j'ai réalisé ce que j'avais fait, reprend-elle, j'ai vite compris que j'avais deux choix possibles. Vous permettre de découvrir le corps, et mourir sans avoir eu la moindre piste. Ou simplement faire comme si tout allait bien. Et gagner du temps. Je savais que Monokuma découvrirait les corps grâce à ses caméras, je comptais sur le fait que cela soit suffisant pour lui faire repousser sa limite. Alors c'est ce que j'ai fait. J'ai continué à chercher dans les dix jours qui ont suivi, en fouillant la bibliothèque, les souterrains, tout ce qu'il m'était possible de fouiller. Jusqu'à ce que Reina se rende compte que quelque chose n'allait pas. »

M'accuse-t-elle ? Je l'ignore. Son ton est égal, et c'est à peine si elle me regarde. Ai-je réellement ruiné ses chances de tous nous sortir de là, nous, les dix personnes encore indemnes ? Dois-je me considérer fautive dans cette situation ?

Ou dois-je lui rappeler que la faute est sienne pour avoir tué ?

La main de Michi se contracte dans la mienne, et je vois l'orage dans ses yeux noirs alors qu'elle fixe Haruko de toute la rage dont son corps est capable.

« Tu est en train de me dire... Tu es en train de me dire, gronde-t-elle, d'une voix presque trop basse pour être perçue, que tu as laissé Sora, ton mec, ton mari, pourrir dans ce caveau pendant dix jours juste pour le bien de tes foutues recherches ?!? »

Et c'est là que je le vois. Le craquement. La sensation de la façade qui se brise alors que les yeux d'Haruko lancent des éclairs et qu'elle serre, à son tour, ses poings.

« Et vous vouliez que je fasse quoi ?!? Que j'abandonne ?!? Que je laisse tomber la seule chose qui m'a permis de garder ma santé mentale depuis que j'ai compris qu'on ne s'en sortirait pas dans ce foutu donjon de merde ?!? Dites-moi, combien d'entre vous auriez réussi à résoudre ce crime si jamais il n'y avait pas eu cette incongruité dans le tableur des proches ?!? »

Sans doute est-ce la première fois que je l'entends crier. Sans doute est-ce la première fois que nous l'entendons tous crier. Parce que nul, pas même Shizuka l'imperturbable, pas même Daisuke le combattant, n'arrivons à nous détacher de son visage crispé, et des larmes qui ne veulent pas sortir de ses yeux écarquillés, alors qu'elle continue de hurler, hurler, et encore hurler.

« Combien d'alibis auriez-vous pu sécuriser alors que tout le monde fouille, qu'il était impossible de savoir d'où venait mon pistolet, qu'il est impossible de se surveiller mutuellement à dix ? Aurais-je dû me sacrifier en abandonnant mes pistes et avec vous mon seul espoir de laisser aux vivants une chance de s'en tirer, pour le bien d'un mort que j'ai aimé et dont la mort m'a bien assez détruite ?!? »

Sa voix se brise sur ces derniers mots, alors qu'enfin une unique larme sort de ses yeux, tombe de son visage, s'écrase au sol dans un bruit d'eau dont l'écho se réverbère, encore, et encore, dans le silence du tribunal.

Que même Monokuma ne vient pas briser.

Haruko redresse la tête, la colère ayant pris la place du calme sur ses traits. J'ignore qui elle fixe avec une telle colère. Est-ce moi ? Est-ce Michi ? Est-ce le reste du tribunal ? Est-ce son reflet dans les parois réfléchissantes de la porte, juste en face d'elle ?

Est-ce que je peux même avoir la certitude que c'est une vraie colère ?

Elle grogne, et son doigt passe négligemment sur son œil, y essuyant la deuxième larme qui se préparait à sortir.

« J'ai suffisamment compris que j'avais commis nombre d'erreurs, merci, et que je suis responsable de ma propre chute. Ce genre de stupidités aurais-je été encore libre à la surface m'aurait tout autant valu la mort qu'ici, aussi accusez-moi autant que vous le voulez, rendez-moi responsable de tous les malheurs du monde si ça vous amuse, prenez-moi pour l'instigateur le plus stupide de tous les temps si vous voulez encore planer sur votre sécurité après ce procès, pour les quelques secondes avant que Monokuma ne vous rappelle que je ne suis qu'un vulgaire couteau trop de fois utilisé ! Mais ne venez pas me dire que j'ai fait tout ça pour rien ! »

Son dernier mot claque dans les airs, lourd de sens et de condamnations, au cœur du silence que nous ne quittons pas.

Chacun d'entre nous, sans doute incapable de parler, sans doute n'en ayant pas envie, la fixons sans mot dire alors que l'écho continue, et qu'y prend suite le rire de plus en plus fort de Monokuma, qui semble particulièrement se délecter de la scène. Jusqu'à ce que Shizuka se penche sur sa tribune, lae seul.e à encore sourire, avant de prendre son menton dans sa main.

« Sur ce point, très chère Assassin, je pense que bien peu d'entre nous ne pouvions en arriver à croire que tu es l'instigateur. L'argument est le même que pour Taichi, il est dur à croire que tu aies choisi de mettre Sora dans cette Tuerie en toute connaissance de cause avant de perdre tes moyens devant son meurtre. Même si ce n'est pas un comportement attendu de l'Ultime Assassin, la Faucheuse, la meilleure tueuse de tous les temps, insoupçonnable depuis des années...

— Je rejoins Mizutani, soupire Junko. Ta réputation est légendaire dans l'autre côté. On parle de toi comme d'un dieu de la mort, et sans doute es-tu la seule tueuse à gages, ton tuteur excepté, à n'avoir jamais travaillé pour l'Omnisciente. Difficile à croire, dans cette situation, que tu organiserais une Tuerie en sachant ce qui t'attend au bout, avec qui plus est Yamasaki à l'intérieur. »

... A quel point Junko sait des choses que j'ignore ? La mention de Kanade n'est pas anodine, elle ne peut simplement avoir fait la déduction comme ça. Je repense à cet homme avec le catogan, l'air si quelconque et distingué à la fois, qui me parlait de sa voix si douce et savait tant de choses. Il avait tant de choses à m'apprendre en tant que journaliste... ou peut-être me les a-t-il dites en tant qu'assassin, lui aussi. Et ces informations qu'elle lâche avec tant de nonchalance sur ce nom qui me hante depuis des jours...

A croire que ça aide d'être l'Ultime Espionne.

Je suis si absorbée dans mes réflexions que je ne me rends compte que quand Haruko se remet à parler qu'elle brise un silence bien plus profond que ce que je pensais.

Le rire de Monokuma s'est tu.

Je lui jette un regard. Notre maître de jeu n'a plus l'attitude nonchalante d'un joueur d'échecs qui déplace ses pions avec aisance face à un adversaire bien plus faible. Elle a le visage crispé, et fixe la tribune de Junko d'un air indéchiffrable.

A quel point l'Espionne en sait-elle ?

Je plisse les yeux, et décide de me recentrer sur Haruko. Cette dernière a les bras croisés sur sa poitrine, et son masque revient tout doucement sur son visage.

« J'ignore si ma réputation m'honore ou me terrifie. Pour un tueur à gages, ce n'est pas vraiment une bonne chose d'être connu.

— Tu en parles avec une telle nonchalance, siffle Akihito, ulcéré. Comme si ton métier n'était pas de tuer des gens pour une foutue récompense. Tu me dégoûtes, Kita. De combien de meurtres de gens qui auraient pu tellement aider le monde es-tu responsable ? »

Elle se tourne vers lui, le visage indéchiffrable.

« On perd vite le compte quand on grandit dans la mort. Et aider le monde est tout relatif quand on pense que des terroristes croyaient aider le monde.

— Ah, me sors pas ta foutue morale ! Hurle le Chroniqueur fou de rage. T'es un damné assassin, t'as rien à dire sur le terrorisme ! Et j'en ai un peu jusque-là, fait-il en levant sa main à hauteur de son front, des petits discours sur le plus grand bien de la part de quelqu'un affilié à un gouvernement qui silence, sacrifie et ferme les yeux sur tant d'atrocités ! »

Haruko soupire. Avant de hausser les épaules.

« Pense de moi ce que tu veux. Je ne suis affiliée à aucun gouvernement si ce n'est à mon tuteur. Je suis danoise à la base, je ne suis patriote pour personne. On me donne un contrat, je l'accepte ou non en fonction de sa difficulté, et c'est comme ça depuis la mort de mes parents, depuis que j'ai supplié Kanade de m'apprendre à faire ce qu'il leur avait fait. Être recueillie par l'assassin de ses parents pour devenir assassin à son tour, ça ressemble à une bonne blague, n'est-ce pas ? »

Je ne trouve pas spécialement drôle, et je crois qu'elle non plus, puisqu'elle soupire de nouveau sans laisser échapper un seul sourire.

« Certains parmi vous connaissent mon vrai nom, pour les autres je n'élaborerai pas. Je dirai simplement que j'ai passé les dix dernières années de ma vie de contrat en contrat, avec pour seul règle le fait de ne jamais tuer sans contrepartie. Et visiblement je suis très douée pour ça. Mon titre d'Ultime Journaliste n'était qu'une couverture, mais je n'ai pas tardé à me fondre dedans, m'en servant autant d'alibi que de prétexte pour approcher mes cibles. Et je ne pense pas que quiconque ici Matsuoka exclue ne puisse comprendre la vie que j'ai vécue. »

Junko grince des dents, mais ne répond rien. Elle se contente de croiser ses bras sur sa poitrine, en fixant l'Ultime Assassin de ses yeux violets indéchiffrables.

C'est Soma qui répond à sa place.

« Je savais que t'étais louche... Je savais que t'avais un truc bizarre, bafouille-t-il tout tremblant. Dès le début, je te trouvais beaucoup trop fausse, beaucoup trop cachée derrière un personnage... Mais j'aurais jamais pensé que t'étais une tueuse en puissance... Tu nous as tous dupés, lui le premier, bordel, hurle-t-il de toute la puissance de sa voix, et maintenant qu'il est mort tu fais ton petit numéro de la backstory tragique en pensant que ça va me suffire à te pardonner ?!? »

Un léger sourire triste se dessine sur les lèvres d'Haruko, alors qu'elle fixe le regard plein de rage de l'Ultime Illustrateur.

« Je ne sais pas ce que tu penses de moi et je m'en fiche mais tu dois savoir que Sora était au courant. Il est incroyablement observant, soupire-t-elle sans se préoccuper de Soma qui s'étrangle sur sa propre réplique probablement cinglante. Il a très vite compris que je n'étais pas qu'une simple journaliste. »

Elle rit. Un rire plein de larmes.

« Son seul défaut en cette occasion est peut-être celui d'être trop loyal, trop confiant. Mais c'est cette confiance qui m'a tirée des limbes ou mon métier m'avait plongée. J'ai accepté moins de missions, essayé de davantage développer la facette légale de mon talent, sous ses encouragements. Il croyait vraiment en moi... Et j'ai cru en moi aussi, un temps. Même après ce qu'il s'est passé en 2017, et le fait que j'ai manqué de révéler mon titre à la planète entière à cause de cette Tuerie avortée... Il a continué à croire en moi. Et en échange, continuait de cacher ce qu'il savait au monde. Je ne lui en demandais pas plus... Je ne lui ai jamais rien demandé de plus. »

J'ignore encore si je dois lui faire confiance. Mais peut-être à cause du sujet, je me sens touchée par tout l'amour dans sa voix, un amour brisé par la tragédie que je comprends au plus profond de moi. Et j'ignore pourquoi, mais toute colère que j'avais pu ressentir se voit remplacée par une profonde tristesse.

Elle me fait plus l'effet d'une épouse endeuillée que d'une assassin sans cœur, en cet instant.

Peut-être est-ce pour ça que je me sens si touchée.

Peut-être que je comprends beaucoup trop bien.

« Qui est au courant ? »

Ma voix résonne dans tout le tribunal. C'est la première fois que je parle depuis mon coup de colère, depuis qu'Haruko s'est mise à raconter. Je crois que ça surprend tout le monde, de m'entendre parler aussi calmement, alors que je devrais être furieuse, je devrais l'être, pourquoi je ne le suis pas, est-ce une bonne chose, est-ce une mauvaise. Mais je garde mon calme en me penchant vers Haruko, vers elle en qui j'avais confiance, que j'avais cru aimer.

Est-ce vraiment une croyance ?

« Que tu es l'Ultime Assassin. Qui est au courant, Haruko. »

Elle ferme les yeux.

« A part vous en cet instant, peu de gens savent vraiment qui je suis. Sora est la seule personne qui a entendu mon vrai titre de ma bouche. Les Monokuma le savent, bien évidemment, puisqu'ils ont fait appel à mes services. Je pense que les survivants de cette Tuerie avortée s'en doutent pour pas mal de raisons, et Shizuka avait ses soupçons, n'est-ce pas Shizuka ? »

Shizuka hoche la tête avec un léger sourire, et Haruko reprend.

« Sans doute que le maître de jeu le savait aussi, beaucoup ont eu des privilèges variés. Et à part ces gens-là, à part vous... »

Un profond soupir s'échappe de ses lèvres.

« Je suis persuadée qu'encore deux autres personnes ont deviné. Deux élèves, dont dont je tairai les noms parce qu'ils sont eux-mêmes probablement parmi les plus dangereux de tout Hope's Peak. Mais je ne suis pas si imprudente. Ce sont sans aucun doute les seuls à avoir compris sans m'avoir vue à l'œuvre. »

La prudence dans son ton m'incite à me crisper, même alors que j'ignore de qui elle parle. Mais elle n'a pas le temps d'élaborer. Monokuma, du haut de sa tribune, ricane.

« Bon bon bon ! C'était très sympa ce petit étalage d'émotions et de terrible passé tragique, ouh là là, mais j'ai un planning chargé à tenir, et je n'aimerais pas qu'il se finisse sur une révélation de certains de mes petits secrets... Allez, mademoiselle l'Ultime Assassin, c'est l'heure de rencontrer ton propre assassinat, upupupupu ! »

Haruko lève la tête, et je vois ses yeux s'écarquiller en voyant la juge faire jouer de ses doigts sur sa tribune. Je vois dans son regard tout sa peur, toute sa colère, son refus d'accepter son destin. Mais aucun appel à l'aide qu'elle ne pourrait lancer ne trouve réponse.

Personne ne viendra plus à son secours.

Sa main se tend.

Elle bondit

Loin

Et se précipite

Vers

Vers

Moi.

Ses mains enserrent les miennes, si fort, si fort, je ne l'ai pas vue bouger, je la vois juste devant moi alors que toutes les machines de Monokuma se mettent en branle, que j'entends le cliquettement des engrenages le caquètement de son rire les murmures de l'assistance les battements de mon cœur, elle se penche vers moi, très proche, trop proche, elle pourrait m'embrasser j'ignore si je le veux est-ce que j'attends est-ce que j'ai peur est-ce que est-ce que est-ce que sa main se tend pour me tuer ou pour ou pour ou pour-

Quelque chose tombe dans ma main ouverte que je n'avais pas sentie se déployer.

Une arme.

Une arme à l'embout plein de sang.

Je la fixe, encore encore encore, les machines arrivent derrière je vois la pince s'ouvrir pour attraper sa taille mais elle ne fait rien, elle ne bouge pas, elle se contente de serrer mes mains autour du pistolet avant de se pencher vers moi, dans sa bouche juste quatre mots, quatre mots que j'entends à peine.

« Pense à le recharger. »

J'enregistre à peine ce qu'elle me dit. C'est à peine si je sens ma main se glisser dans mon sac, y laisser tomber l'arme. Parce que les machines sont derrière elle, et je suis fixée sur son regard plein de promesses de vie et d'amour alors que sa main lâche la mienne.

Et que la première pince se tend.

~~Exécution~~

Haruko Kita, Ultime Assassin

La Cible

La pince s'ouvre, prête à se refermer sur Haruko, prête à me l'arracher, prête à sceller sa vie sous les yeux froids d'une assistance sans compassion. Je sens la mort me frôler le dos alors que le métal claque devant moi. Devant moi, le vide. La pince forme un anneau parfait emprisonnant de l'air.

Haruko a bondi, haut, très haut, évitant la sentence de mort. Monokuma semble beaucoup s'en amuser, je la voix jouer avec ses manettes, appuyer sur un bouton, contrôler l'implacable avancée des machines qui foncent sur sa victime du jour, notre meurtrière du jour, et tentent de l'emprisonner dans les mortels anneaux de métal. Mais elle les évite, encore et encore, sous nos yeux bien plus morts qu'elle, sous les ricanements de Monokuma de plus en plus investie, elle qui sait, qu'on ne peut échapper à sa destinée, à sa sentence.

La proie ne pourra courir bien longtemps.

Un bond supplémentaire. Haruko porte sa main à sa hanche. Et un crépitement retentit alors que je vois l'une des pinces s'écraser par terre, transpercée dans son bras extensible par la lame d'un couteau de combat tiré de la ceinture de l'Ultime Assassin.

Un instant. Le rire de Monokuma cesse. Il n'y a plus que cette seconde de silence pendant laquelle Haruko lève son arme, et son regard balayant notre assemblée ne contient plus que détermination. La proie ne se rendra pas sans combattre.

Un regard. C'est tout ce qu'il faut.

Une arme descend du ciel. L'exécution aura donc lieu ici, sous les yeux plissés par la rage de Monokuma qui ne rit plus du tout. La première déflagration retentit, me perce les tympans, éparpille tout le monde qui se précipite près de la porte. Un instant je crois vois le corps transpercé de l'Ultime Assassin. Mais un instant plus tard, elle n'est plus là. Elle est perchée sur le bras mécanique contenant l'arme, et ses mains se referment autour de la gâchette de la mitrailleuse alors qu'elle l'arrache, sans le moindre effort, de son précédent propriétaire.

Un instant. C'est tout ce qu'il faut.

Une seconde rafale retentit. Et cette fois, c'est Monokuma qui tombe à terre. Derrière elle, deux bras mécaniques, l'un portant ce qui semble être un bouclier pare-balle marbré de trous. Elle échappe de justesse à la mort par sa propre technologie, grâce à sa propre technologie. Et cette fois, elle ne rit plus du tout.

La proie ne se rendra pas sans combattre.

J'entends des cris. Je crois que c'est Yuuki. Je ne sais pas.

Un regard. C'est tout ce qu'il faut.

Un regard de Monokuma vers nous, et la porte s'ouvre, et je sens des mains m'entraîner me pousser en dehors de ce maudit tribunal, mais je ne peux pas bouger, je ne peux pas parler, je ne peux que regarder alors que les rafales s'intensifient, car Haruko n'attend pas que nous soyons sortis pour tirer, elle vise avec précision, et Monokuma se protège derrière son bouclier avec la force de celui qui sait que sa vie en dépend.

Ce n'est pas s'échapper qu'elle veut.

Jusqu'au dernier moment, elle cherche à y mettre fin.

A cet enfer.

Est-ce que je vois la porte se refermer ? Non, sans doute pas. Nous sommes dehors, en sécurité, mais Monokuma n'a pas le temps de s'enfermer avec sa cible, je la vois manipuler ses bras mécaniques et appuyer sur nombre de boutons. La horde de kumarobots qui envahissent la salle est sous ses ordres, sans le moindre doute. Haruko est débordée sous les petits ours mécaniques, mais même sans la voir dans l'encadrement de la porte, j'entends toujours les rafales du fusil mitrailleur qui me percent les tympans, et je vois toujours Monokuma appuyer sur ses boutons.

Les robots tombent les uns après les autres.

De temps en temps, je vois u éclair violet bondir de la masse. L'instant suivant, il a disparu, et un nouveau robot en miettes le remplace. Mais ce n'est pas les robots que l'Ultime Assassin cherche à tuer. Et la mort se rapproche de plus en plus de notre maître de jeu en même temps que les pièces détachées.

La proie ne pourra courir bien longtemps.

Le premier bras mécanique de Monokuma part en miettes.

Je vois ses yeux s'écarquiller.

Les robots n'arrivent plus.

L'éclair violet revient.

Elle est par terre, elle vise.

Elle va tirer.

Elle va y arriver.

Un bras se lève.

Détonation.

Silence.

Le bruit de genoux qui claquent au sol.

Monokuma a les yeux écarquillés. Un large sourire aux lèvres, figé sur son visage.

Dans sa main, un pistolet fumant.

Pointé vers une flaque de sang.

Une flaque de sang et un regard fixe, un regard qui n'a plus qu'un œil, l'autre n'est plus que bouillie sanglante. A genoux dans le sang, dans son sang, Haruko Kita fixe sa dernière cible, la dernière meurtrière, lui sourire d'une satisfaction qui ne lui paraît que trop euphorisante, alors que dans son regard la lumière s'éteint.

Elle tombe.

Elle est tombée.

La proie a cessé de courir.

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