Chapitre 3 (20) : The sweet taste of betrayal
Je la regarde. Elle me regarde. Encore. Et encore. Et encore. Dans le silence général, sous les regards terrifiés de la majorité de l'assistance, à part Daisuke peut-être. Même si lui aussi, je sais qu'il nous fixe. Ils ne peuvent que tous nous fixer. Quoi dire, après une révélation pareille ?
Ses yeux pleurent encore, je vois le rouge de ses paupières. Pourtant, elle ne dit plus rien. Ses doigts ont cessé de se serrer. Ses poings ne sont plus contractés, plus sur le point de s'enfoncer dans un quelconque visage. Il n'y a plus que du calme sur ses traits. Calme qui ne disparaît pas même alors qu'elle soupire.
« J'imagine que je ne peux plus guère me cacher dans cette situation. »
Et c'est à cet instant que le silence explose.
Les cris fusent de toute part, je n'en reconnais même pas le ton. Colère, surprise, trahison, incrédulité, qu'en sais-je ? Je n'entends plus rien. Je suis entièrement concentrée sur ce visage, celui d'une femme qui m'a tant soutenue, tant aidée ces trois derniers mois, la clé d'un mystère sans aucun doute, mais aussi quelqu'un qui m'était très précieux.
Et maintenant...
Maintenant j'apprends quoi ?
Qu'elle est la meurtrière ?
L'Ultime meurtrière, même ?
Je ne sais pas.
Je ne sais plus.
Je ne sais même pas si je suis encore en colère ou juste vide, si j'arrive à comprendre ce qu'il se passe, si mon cerveau me permet de voir toutes les implications de ce que cet aveu, car c'en est bien un, peut signifier. Je n'arrive juste qu'à regarder Haruko, droit dans les yeux, alors qu'elle maintient mon regard.
...
Jusqu'à quel point m'a-t-elle menti ?
Le rire de Monokuma transperce mes oreilles. Qu'avait-elle dit, déjà ? Que quelqu'un avait fait mon travail à ma place. Parlait-elle de la vengeance, plus que de l'enquête ?
J'imagine que je ne le saurais jamais.
Heureusement pour mes oreilles, cet horrible ricanement finit par interrompre les cris, et tout le monde se tait, tout le monde cesse enfin de vriller leur regard sur nous. Un répit suffisant pour qu'Akihito soupire et se penche sur sa tribune, les lèvres serrées mais les yeux pleins de questions.
« Pourquoi avouer maintenant, Haruko ? Parce que c'est un aveu, pas vrai ? Tu ne sembles pas réellement en position de te défendre, certes, mais je m'attendais à te voir combattre un peu plus. Surtout si tu es réellement l'Ultime Assassin. »
La concernée ferme les yeux. Longtemps. Avant de les rouvrir.
« J'étais déjà condamnée au moment où Reina a trouvé les corps. Non, plus précisément, au moment où vous avez compris, grâce au calendrier, que quelque chose n'allait pas. Pourquoi aurais-je choisi de me défendre davantage dans cette situation ?
— Tu aurais pu simplement avouer, grimace Junko. Plutôt que de nous faire perdre du temps...
— Monokuma n'aime pas les aveux. »
Sa voix a claqué dans les airs, plus sèche, plus froide que jamais. Pourtant, pas l'ombre d'une émotion ne se dessine sur son visage. Elle continue de me fixer avec la même neutralité.
« Vous le savez aussi bien que moi. Vous êtes parfaitement conscients qu'Hina aurait avoué dès le début si elle avait pu. Et la plupart d'entre vous ici savent ce qu'il s'est passé lors du quatrième procès de Danganronpa. Je n'aurai pas à vous fournir davantage d'exemples plus ou moins personnels pour que vous compreniez ce que j'encourais en cas d'aveu ? »
Elle nous regarde, avec une froideur tellement habituelle que pourtant je ne reconnais plus. Haruko Kita, Ultime Journaliste, ou peut-être pas, est très digne dans sa culpabilité, même alors que la confiance de chacun d'entre nous à son égard vient d'être brisée en mille morceaux. Et même si ses yeux ont pleuré, son regard ne faillit pas un seul instant, pas même alors qu'on la condamne tous.
Le premier à briser le silence qui s'installe est Akihito. Qui fixe Haruko avec incrédulité.
« Quand il a été établi que Taichi avait tué Sora... Je me suis douté du mobile mais... Pas un seul instant je n'aurais pu croire que c'était toi. Est-ce qu'on peut seulement croire un seul mot de ce que tu nous as dit depuis le début de cette histoire, Kita ? Est-ce que te faire confiance depuis le début était une mauvaise idée ?
— J'avais mes doutes, grommelle Junko, mais tu nous as tellement aidés, tellement soutenus... Tu as fourni de toi-même les clés pour te faire démasquer tout ça pour qu'on te fasse confiance, pas vrai ?!? Est-ce qu'on peut seulement croire que Taichi a tué Sora de sa propre volonté, est-ce que tu n'as pas maquillé le crime pour le faire accuser ? »
Cette fois, un léger frémissement vient briser la carapace presque immuable de l'Ultime Journaliste. Je vois ses yeux se plisser, son regard se durcir, et elle se tourne, poings serrés, vers le pupitre de l'Espionne qui l'affronte avec dégoût.
« Crois ce que tu veux, mais je n'ai pas tué Sora.
— Pourtant, tu as quand même tué Taichi, n'est-ce pas ? »
Je la coupe, avant qu'elle ne puisse continuer. Mon silence tant protecteur se brise.
« Tu n'as pas tué Sora mais tu l'as vu faire, ou tu es arrivée trop tard. J'ignore comment tu as fait pour trouver le souterrain du laboratoire de l'Ultime Prêtre, mais tu y es allée, peut-être même juste après m'avoir quittée ce jour-là, le jour où tu m'as dit que Monokuma ne s'embarrasserait pas de trente-et-un jours... »
Elle me regarde, et Monokuma rigole, et moi je parle, je parle, je parle, sans pouvoir m'arrêter, je parle pour empêcher les larmes de couler.
« Je ne sais pas de quoi tu as été témoin mais ton premier instinct devant la scène a été de sortir ton arme, et qui sait, Taichi n'a peut-être même pas eu le temps de t'expliquer, de se justifier, de demander ton pardon, pourquoi justifier autrement le fait que tu prennes le blâme à sa place ? C'était un acte d'instinct, ou de cruauté, peut-être, qu'est-ce que j'en sais ? Et ensuite, ensuite, histoire de dissimuler ton forfait, tu es repartie comme si de rien n'était, et tu as supprimé Sora du roulement des proches comme s'il n'avait jamais existé, et tu as continué à remplir le tableur comme si tout allait bien, comme s'il n'y avait pas eu de crime, comme si ton mari ne venait pas de se faire tuer... »
Est-ce la colère ou le déni qui s'exprime ? Ai-je besoin de ces reproches pour calmer la douleur qui me fend le cœur, cette impression de perdre trop, trop vite ? Est-ce qu'elle ne se défend pas seulement car je ne peux m'arrêter de parler où parce qu'elle ne sait comment se défendre ? Qu'est-ce qu'il s'est passé dans cette pièce sombre ?
À quel point Haruko Kita nous a tous menti ?
« Et puis même, ton arme, je continue, le pistolet dont j'ai retrouvé la balle dans le front de Taichi, tu t's bien gardée de nous le faire voir, n'est-ce pas ? Ton labo n'était pas ouvert, on pouvait aisément imaginer qu'il n'y avait aucun moyen pour toi d'accéder à la planque d'armes de l'Ultime Assassin, tu te dédouanais d'office parce que Sora était censé être la personne que tu aimais, tout jouait pour toi... Si Monokuma avait accepté de considérer Taichi comme l'un des meurtriers et exécuté Evdokia tu pouvais même te dédouaner sans tous nous tuer, sans mettre fin à la Tuerie en cours ! Est-ce que tu avais compté sur ça ?!? »
Le ton monte. Je ne peux m'empêcher de hurler, hurler et encore hurler, devant son regard sans expression, devant ses traits empreints de neutralité, devant sa manière de me fixer, devant Michi qui me serre la main, devant Soma qui contracte sa mâchoire, devant Akihito qui semble peiner à en croire ses yeux, devant Monokuma qui hurle de rire, devant les portraits des morts que je n'ai pu empêcher.
« A quel point as-tu joué ton petit numéro pour qu'on te croie blanche comme neige ? Est-ce que tout ce que tu m'as dit n'était que mensonge, est-ce que tu comptais jouer sur mes émotions pour te rendre innocente à mes yeux, est-ce que tu voulais diriger ma vengeance vers quelqu'un d'autre ?!? A quel point m'as-tu menti, Haruko Kita ?!? »
Ma voix se casse sur ces derniers mots. Les larmes finissent par s'échapper. Trop tard, bien trop tard, je pleure pour tous les morts, pour toute la rancœur que je renferme, pour une femme que j'ai aimé alors qu'elle n'était qu'illusion. Pour toute la colère, la haine peut-être, qui me parcourt à cette simple idée que comme Wen Xiang Monogatari, j'ai cruellement manqué de discernement.
Ai-je réellement choisi d'ouvrir mon cœur à un monstre, tout comme elle l'a fait ?
Devant le flot d'accusations, et le flot de regards, et le flot de haine, Haruko ne dit rien. Emmurée dans le silence des condamnés, elle se contente de me fixer, avec son affreux regard neutre que j'avais aimé et que maintenant je hais. Ce n'est que lorsqu'enfin, le rire de Monokuma cesse, ramenant le silence au tribunal, qu'elle finit par soupirer.
« J'imagine que peu de mots de ma part trouveront grâce à tes yeux et c'est légitime, mais je vais tout t'expliquer. »
Ses bras se posent sur sa tribune et elle se penche vers nous, le regard dur, alors que nous neuf être encore innocents sommes suspendus à ses lèvres et à notre jugement.
« Vous avez vu juste. Je suis l'Ultime Assassin. »
Il suffit de quatre mots. Quatre mots qui font éclater mon cœur en un millier de débris, piétinés sans la moindre pitié alors qu'elle continue, insensible à la douleur qui me prend, au dégout qui se dessine sur tant de visages.
« Comme beaucoup ici, j'ai obtenu mon titre en 2017, alors que la deuxième vague d'Ultimes venait d'intégrer Hope's Peak et commençait tout juste à être vaguement consciente de ce pourquoi nous existions. Wen Xiang Monogatari venait de sortir son livre, Kagari Goto commençait ses grands projets de lutte en arrière-plan, et beaucoup d'autres choses que nous, de l'autre côté, savons bien plus que vous. »
Elle jette un coup d'œil rapide à Junko et Shizuka avant de fermer les yeux.
« Cette Tuerie n'avait rien d'anodin pour moi. J'imagine que certains d'entre vous s'en sont vite rendus compte, mais nous sommes tous ici liés d'une manière où d'une autre au Projet Renaissance. Dont toi, Reina, par ton père, qui y a participé financièrement. Mais j'imagine que je ne t'apprends rien. »
... J'ignore quelle réaction je dois avoir devant ce qu'elle m'annonce. Car certes, je connaissais ce projet de mon père, qui s'en plaignait souvent devant nous avec maman. Mais jamais je n'aurais pu penser qu'il y avait mis la main. Qu'est-ce qu'il sait ? Et si c'est vraiment le cas...
Pourquoi Isami est dans cette cave à sa place ?
Haruko ne semble pas en mesure de répondre à mes questions, ou peut-être s'en fiche-t-elle, puisqu'elle continue sans m'accorder un regard.
« Moi, particulièrement, y étais très liée, au moins autant que Shizuka luel-même. En tant qu'Ultime Assassin, j'ai beaucoup travaillé avec les officiels du projet, pour tuer les contestataires, puis ensuite ceux qui y avaient participé. Un tueur à gages se moque bien de son affiliation, et moi je me contentais d'accumuler les informations des gens que je tuais, que je gardais pour moi car je n'avais pas l'utilité de les révéler. Ironique, n'est-ce pas, pour une journaliste ? »
Son rire est froid, vide, ans ton ni émotion. J'ai l'impression plus que jamais de parler à un robot. C'est à peine si elle me regarde. C'est à peine si elle nous regarde.
« Et pus, en 2017, je suis tombée sur quelque chose de particulièrement grave. C'était peu avant la fin de l'année, et Monokuma ici présente me tuerait sur l'instant si je venais à en parler. Je vais donc me taire sur ce point. Sachez juste que j'ai compris, à ce moment-là, les liens entre le Projet, Monokuma, Fusae, Kazumi, et pas mal d'autres têtes que vous ne connaissez peut-être pas sous leur vrai nom mais sous leur titre. À partir de là, mon intégration dans une Tuerie n'était plus qu'une question de temps. »
Monokuma rit, et agite sa main au-dessus de son pupitre. Son sourire est toujours là, mais je vois toute la menace dans son regard. L'ordre donné à Haruko de se taire. Et Haruko, même si elle ne tient même pas compte de la présence de la juge au-dessus d'elle, suit l'ordre sans hésiter.
« Je ne suis pas dans cette Tuerie en tant qu'Assassin. J'y suis en tant que victime. Et Sora n'y a été envoyé que parce qu'il était lié à moi. Dès que je me suis rendue compte de sa présence, j'ai compris ce qu'il se passait, et j'ai pris la résolution d'y mettre fin dès que possible, un acte que je savais à ma portée. Monokuma s'était soigneusement gardée de la mort, sans doute craignant que je n'aie aucun scrupule à la tuer, sans compter la présence non négligeable d'un combattant de la liberté n'hésitant pas à prendre des vies. Il ne me restait plus qu'à trouver le maître de jeu qui lui, n'était pas protégé. »
Un grommellement me parvient d'un coin du tribunal. Daisuke, sans doute, qui fixe Haruko d'un air indéchiffrable. Lui aussi, il se rappelle de ce jour maudit, sans doute. Le jour ou Monokuma s'est révélée à nous, et nous a expliqué, très clairement, trop clairement, ce qu'il fallait faire pour sortir. Et pourquoi la tuer nous condamnerait tous sans exception.
Haruko rouvre les yeux. Et dans son regard rose, je vois défiler chacun de ses plans, chacun de ses discours. Son idée, en tout début de jeu, de se servir du meurtre de fin de mois pour assassiner l'instigateur. Sa manière de nous fédérer, de nous compter à chaque début de journée, avant les morts de Shô et Ryo. Le temps qu'elle passait dans la bibliothèque, exigeant renseignement sur renseignement, l'air de ne pouvoir étancher sa soif d'informations.
« J'ai cherché. J'ai exploité le jeu jusqu'au bout, fouillant chaque piste, chaque débris que Monokuma nous laissait. J'étais persuadée, je le suis encore aujourd'hui, que relier toutes les clés qu'elle nous laisse nous mènera au maître de jeu. C'est trop bien construit pour que ce soit le contraire. Mais le temps m'a manqué, et je n'ai pas anticipé la réaction de Taichi à la mort de Ryo. Comment l'aurais-je pu ? Je n'ai jamais perdu quelqu'un que j'aime, et je refusais de l'envisager... »
Elle soupire, et serre ses dents sur sa lèvre inférieure.
« Taichi et Sora se connaissent du collège. J'étais déjà à Hope's Peak quand j'ai rencontré l'Ultime Prêtre, et il m'a tout de suite pris en grippe quasiment au même moment où il est tombé amoureux de Sora. J'avais l'homme qu'il n'avait pas, dans sa vision des choses, et il est incapable de se rendre compte du manque d'intérêt que les gens ont à son égard, de la divergence des visions qu'on pouvait avoir des relations. De fait, j'étais aussi tout ce qu'il n'était pas. Une fille, capable de se contrôler, de tisser des relations, d'employer ses capacités de leader. On s'est très vite pris en grippe, et j'imagine que vous ne me croirez pas si je vous dis ne jamais avoir voulu le tuer... Je n'ai même pas confiance en ce que je dis.
— Et donc ? Ça justifie ce que t'as fait ? Parce que là, gronde Michi, tu t'enfonces, Kita. »
Sa colère brise la transe presque stupéfaite qui nous parcourait tous depuis le début du récit d'Haruko. J'entends des grommellements, sans doute de Soma, et Yuuki porte sur l'Ultime... L'Ultime Assassin un regard que je ne pourrais qualifier d'amical, même venant d'elle. Mais c'est moi qu'Haruko regarde. Et c'est sur un léger rire qu'elle enchaîne sur mon silence.
« Je ne cherche pas à me dédouaner de quoi que ce soit. Là où je voulais en venir, c'est que j'avais compris, depuis le début, que Taichi était quelqu'un d'instable, très instable. Avant la Tuerie, il était suffisamment entouré pour ne pas céder à ses émotions... Mais dans le contexte actuel, sans personne capable de l'aider vraiment d'autre que Sora, je pense qu'il a perdu la tête pour de bon. Il y a même tout à parier qu'il a cédé au Désespoir comme nombreux avant lui. »
Michi gronde, et Akihito souffle rudement, mais Haruko ne les écoute pas. Elle se contente d'un léger rictus, les yeux fixés sur sa bague de fiançailles.
« Takeda n'avait pas vraiment tort en parlant d'un ensemble de causes aussi nombreux que de malades. Je doute que Taichi ait cédé de la même manière que Kichiro, ou même les Monokuma. Il n'a probablement jamais eu l'intention de tuer Sora. Mais il l'a quand même séquestré dans son laboratoire, histoire d'être certain que personne ne viendrait le chercher. »
Akihito lève une main, les yeux plissés.
« Tu veux dire par là que dans la logique de Taichi, la séquestration de Sora était nécessaire à son éloignement de la Tuerie ?
— Oui. »
Elle soupire.
« Vous avez tous vu ce qu'il s'est passé. Nombre d'entre vous ont perdu des amis dans les chambres d'exécution de Monokuma, et Taichi, sans personne contre qui exprimer sa vengeance et parfaitement conscient qu'il était l'architecte de son propre Désespoir, a sombré dans la paranoïa. Selon lui, il ne pouvait plus faire confiance qu'à lui-même pour protéger Sora. Et devait prendre toutes les précautions nécessaires en ce sens. Ironique, quand on voit où ça nous a menés. »
Nous sommes muets. Muets, une assemblée de juges suspendus aux lèvres d'une Assassin. Même Monokuma se tait. Même elle ne prononce le moindre mot, avec son fichu sourire insupportable qui me court sur les nerfs depuis sa tribune, alors qu'elle nous fixe comme des pions à envoyer à l'abattoir.
« Je fais peut-être de la psychanalyse en ce moment, mais j'ignore ce qu'il s'est passé entre le moment où Sora a été capturé et celui ou, soupçonnant que Taichi était pour quelque chose dans sa disparition, je suis descendue dans ce souterrain. Je me rappelle juste être arrivée devant lui, couvert de sang, en train de sangloter, de hurler, de serrer les doigts sur son couteau recouvert de rouge... Et à ses pieds... à ses pieds... »
Ses dents se serrent. Et au fond de moi, je sens les mots qu'elle refuse de prononcer.
« Il m'a regardée, soupire-t-elle. Je l'ai regardé. Une seconde, le temps de lever l'arme que j'avais au poing, le seul pistolet que j'avais réussi à dissimuler à Monokuma. Et avant que je ne m'en rende compte, la détonation était partie, et il était à mes pieds, mort, le sourire aux lèvres d'être une victime de plus. »
Et je crois que je peux comprendre pourquoi.
Elle se tait, et devant moi surgit la silhouette d'une jeune femme aux cheveux roses et turquoise, à peine âgée de plus de quatorze ans et souriante, le bras passé autour des épaules d'un homme qui lui ressemble tellement, en train de peindre une porte de prison de mille couleurs, sanglotant sur une épaule.
Jusqu'à son dernier souffle, Taichi s'inquiétait toujours pour sa petite sœur.
Et maintenant, quoi ?
Combien de victimessupplémentaires pour une balle de pistolet ?
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