Chapitre 3 (19) : Assassination

Le silence m'a accompagnée presque chaque jour de ma vie depuis deux ans. Il fut autant allié qu'ennemi, prison qu'exutoire. Et bien que je ne puisse savoir s'il me fait du bien ou non, je me suis habituée à sa présence et à la carapace qu'il me créait. Pourtant, rien ne pouvait me préparer au poids de celui qui s'est abattu sur la salle de procès.

Les neuf paires d'yeux qui entourent notre cercle de tribunes sont vrillés sur ma main, ou plus précisément ce que je tiens dans ma main. La balle de pistolet, sans sa douille, encore ensanglantée au point d'avoir taché son contenant, le sac plastique dans lequel je l'ai mise. La preuve indéniable de l'implication de l'Ultime Assassin. Car qui d'autre aurait réussi à apporter une arme discrètement dans une Tuerie ?

Ou plutôt... A qui d'autre aurait-on permis une arme ?

L'Ultime Chevalier, peut-être.

S'il y en avait un parmi nous.

Je retiens un soupir et secoue la tête. Il n'est pas temps de ressasser le passé. L'important est de découvrir, maintenant que c'est notre seule piste acceptable, d'où vient cette balle et qui l'a tirée.

Sans doute agissant comme un signal, ce simple mouvement de tête est ce qui sort Junko de sa stupéfaction. Elle se tourne vers moi, les yeux écarquillés, avant de désigner la balle dans ma main d'un doigt tremblant.

« ... Tu comptais nous parler de ça quand ? »

Je grimace. Le reproche est sans doute justifié, mais derrière... Qu'est-ce que je pouvais faire ?

« Sans doute pas avant le procès, en effet, je finis par soupirer. J'aurais préféré qu'on ait des pistes sans l'arme, parce que savoir l'implication de l'Ultime Assassin aurait pu semer la panique ou nous peindre une superbe cible rouge sur le dos... Mais au point où on en est...

— Je comprends ton raisonnement, mais ça change absolument toute l'enquête, Reina, grimace Akihito. Si l'Ultime Assassin est bel et bien responsable, cela veut dire qu'il a agi comme tout criminel entraîné. C'est-à-dire qu'il a couvert des preuves pour ne pas se faire repérer. Nous avons peut-être été entraînés sur une fausse piste depuis le début.

— Déjà, on a pas retrouvé le flingue sur la scène du crime, grommelle Daisuke en réponse. Mais le couteau, si. Est-ce que ça veut dire des trucs, ça, tiens ? »

Je secoue la tête. Non, la blessure mortelle de Sora était bien due au couteau, cette preuve ne peut avoir été fabriquée. Je n'en ai retrouvé nulle part ailleurs, et même si l'auteur du crime avait décidé de se jouer de moi, je n'aurais pu rater une balle ou une trace de coup de pistolet sur un cadavre. Mais il cherche peut-être à me dire autre chose...

Bon sang, j'ai la tête vide. Où est passée ma colère quand on a besoin d'elle ?!?

« Parlons de l'arme, tiens, reprend Shizuka. Un pistolet, ce n'est pas anodin, même si c'est sans doute le plus facile à dissimuler sur un corps. Et nous n'avons aucune armurerie ou accès à une ici, correct, Monokuma ?

— En effet, rigole cette dernière. Il est possible que dans un de vos laboratoires se cache celui de l'Ultime Assassin, cependant, avec un magnifique arsenal, mais pour ça il faudrait que le laboratoire soit ouvert et que son propriétaire ait trouvé la planque...

— Donc en cherchant les laboratoires ouverts, grommelle Michi, on trouvera l'Ultime Assassin ? »

Possible... difficile de penser comme il aurait pu obtenir son arme autrement. A moins que Monokuma ne lui en ait permis une, mais elle ne semble pas vraiment prête à nous le révéler...

« Faisons la liste, alors, soupire Akihito. On peut déjà éliminer Taichi. Je doute qu'il ait été tué par sa propre arme, et je n'ai rien trouvé d'autre que les souterrains dans son laboratoire.

— Dans ceux ouverts, il y a celui de Reina, celui de Saki, d'Hina, de Kichiro, de Shô, de Taichi, de Shizuka, de Michi, de Ryo et de Soma, énumère Junko. Sora, également. Cela fait beaucoup, mais chaque mort avait son laboratoire d'ouvert, on peut donc les exclure de la liste.

— Minute, grommele Daisuke. Qui vous dit que l'un des morts n'était pas l'Ultime Assassin, et que le meurtrier du moment ne s'est pas simplement servi de son arme ? »

Son hypothèse jette un froid sur tout le tribunal. Ça commence à faire beaucoup de choses à réfléchir et bien trop peu de preuves pour vraiment mettre fin à ce procès... je me sens perdue. Coupable. Furieuse, contre le tueur autant que contre moi-même. Je veux mettre fin à ce carnage, mais comment est-ce que je le peux sans même savoir qui a tué Sora et Taichi ?

Et si...

Et si, et si et si ? J'en ai marre des « et si ». Je veux la vérité, je veux trouver ce qu'il y a derrière cette Tuerie, je veux qu'on se sorte de là après avoir éliminé le maitre de jeu et je veux cesser de voir et de répandre la souffrance autour de moi. Je veux croire que j'ai un futur avec Michi, que je peux encore construire quelque chose avec Haruko, que chacun de ces gens a cessé de me cacher des choses.

J'en ai plus qu'assez de ce jeu de dupes.

Plus qu'assez.

« Je peux garantir l'innocence de Saki, je grommelle, de plus en plus agacée. Hina, Kichiro et moi avions fouillé son laboratoire de fond en comble. Pas de trace d'un passage secret ou quoi que ce soit du même genre. »

Saki me jette un regard en coin avant de hocher la tête, alors qu'Akihito reprend.

« J'hésitais à dire la même chose puisqu'un témoignage ne suffit pas, mais je peux confirmer ce que Reina vient de dire. Moi aussi, j'ai vérifié son laboratoire, qui plus est après avoir appris l'existence de l'Ultime Assassin. Au cas où vous penseriez encore que c'est la coupable la plus probable. »

Le reproche est palpable même dans le calme de sa voix. Quelques regards divergent, je vois Michi fixer le sol alors que sa main se referme sur la mienne. Mais Shizuka, de son côté, hausse les épaules.

« Tu ne peux nous en vouloir, pour être honnête. Tamura a le poste idéal pour assassiner, et j'ai eu vent de nombre d'officiers gouvernementaux japonais étrangement corrompus qui ont trouvé la mort peu après la nomination des Ultimes de 2017. Mais je suis comme toi, je doute de sa culpabilité. C'est trop facile.

— Et puis pour ce qui est des morts, grommelle Junko, à part Sora, je pense qu'on peut dire qu'ils sont innocents à coup sûr. Les crimes sont trop désordonnés, suffit de voir Hina qui n'a dû son sursis qu'à Nakano et sa sale manie de cacher les preuves. »

Le rappel me fait grimacer, tout comme une bonne partie de l'assistance, et Daisuke lève les yeux au ciel. Je le fixe. Personne n'a enterré cet épisode, pas même moi, même si entre-temps j'ai peut-être davantage compris ce qui le motivait. Et visiblement, Junko n'a pas parlé de ça pour accabler le Révolutionnaire, puisqu'elle passe rapidement dessus.

« Kichiro était peut-être en proie au Désespoir et on pourrait penser qu'il a ainsi perdu bon nombre de ses capacités, mais j'ai fait mes petites recherches sur lui et c'est quasi impossible qu'un gars enfermé jusqu'à quelque chose comme 2015 ait été responsable de la vague de crimes causée par la personne qu'on appelle la Faucheuse. D'ailleurs, c'est probablement elle qui a tué son père, si ce n'est pas les Monokuma.

— Ah non, ça c'est nous, rigole leur exécrable représentante de sa tribune. Rends à César ce qui appartient à César, quand même ! »

Junko lève les yeux au ciel, avant de reprendre comme si Monokuma n'existait pas. Ce sont cette dernière ne semble pas beaucoup se formaliser, visiblement, vu son sourire.

« Ryo de son côté, est bien trop fragile pour bosser avec l'autre côté, et n'importe quel imbécile mettant sa vie en jeu tous les jours aurait flairé le poison dans une bouteille d'eau. Et même si Shô avait vraiment été l'Ultime Assassin, même si iel a effectivement réussi à construire un meurtre presque parfait... Vous croyez vraiment que Monokuma aurait mentionné sa présence après sa mort ? Non, ce n'est pas dans les habitudes de cette salope, elle ne voulait pas nous foutre le doute sur une personne déjà morte, elle voulait qu'on le débusque. Qu'on le tue nous-même pour qu'elle n'ait pas à le faire. »

Elle balaie l'assistance, chacun à notre tour, d'un regard froid et déterminé, se complaisant de toute évidence dans notre surprise et notre silence. Que je partage, même alors que mon regard ne transparaît rien. Quand a-t-elle eu le temps de monter une telle analyse psychologique de ce que Monokuma laissait passer comme informations ? Et combien de clés cette analyse lui a-t-elle permis de réunir ?

Je crois qu'il va absolument falloir que je lui parle dans un futur proche.

Du moins si ce qu'elle vient de dire s'avère juste.

« Sacré déduction, grommelle Daisuke. Et je te trouve sacrément audacieuse d'essayer de psychoanalyser la meuf qui a manqué de noyer Ryo, qui a fait du chantage à Shô et promet de tuer l'un d'entre nous au hasard tous les mois. Et ça se pose sur la base assez bancale que l'Ultime Assassin est son ennemi. T'as des preuves pour ça ?

— Pas d'autres que l'intuition. Mais je pense que j'en sais plus que toi, Nakano...

— De plus, intervient Shizuka, j'aurais tendance à partager son avis. Les actes qu'on a attribué à l'Ultime Assassin jusque alors sont les assassinats sur trois officiers gouvernementaux japonais, que je sais être de fervents défenseurs du Projet Renaissance et surtout de son objectif. Des gens que je ne serais pas étonné.e voir suivre les Monokuma. Sans compter cette Tuerie de 2017. L'Ultime Assassin est une épine dans le pied des Monokuma parce qu'il sait trop de choses et est trop imprévisible, trop peu loyal envers leur organisation. C'est assez normal qu'on veuille le tuer. Et une Tuerie est l'occasion idéale. D'ailleurs, c'est l'occasion idéale de se débarrasser de chacun d'entre nous, pour des raisons que certains savent, et d'autres non. »

Daisuke grimace, et je vois Akihito et Junko échanger des regards assez peu rassurés. De même, la crispation des mains de Saki est quelque chose que je considérerais de plutôt évocateur. Moi, je me doute de ce qu'il se passe. Kanade m'a assuré que chacun d'entre nous avons un lien quelconque avec le Projet Renaissance. Que nous le sachions ou non d'ailleurs, mais ça n'empêche pas... Pourquoi vouloir tous nous éliminer alors ? ça n'a pas de sens avec ce que font les Monokuma habituellement. Rares sont les Tueries achevées par un échec...

Shizuka, sans doute ravi.e de son petit effet, a un sourire suffisant. Cependant, personne ne semble vraiment faire attention à luel. Même pas Haruko, qui se contente de soupirer froidement.

De mon côté, je grimace.

« On tourne un peu trop en rond... Les laboratoires ne nous apporteront aucun indice, trop peu ont été fouillés, et rien ne nous dit que l'Ultime Assassin n'a pas fait glisser une arme en douce, ce qui est tout à fait possible...

— Et effectivement déjà arrivé, ajoute Shizuka. »

Je lui jette un regard, peu ravie de l'interruption mais aussi contente de voir que mon argument n'est pas sans fondement. Ce.tte dernière me le rend avec un œil inquisiteur, et sa paupière se referme, le temps d'une fraction de seconde, sur sa prunelle de glace. Je grimace. Décidément, cette personne est et restera une énigme pour moi.

« Enfin bref... Je pense qu'on est pas sur la bonne voie de recherche. On perd trop de temps... On devrait s'intéresser à autre chose, comme par exemple, ce qui a tué Sora, plutôt que Taichi. Si on en démasque un des deux, peut-être que l'autre...

— On pourra certes en laisser un en vie, mais je ne sais pas si j'apprécie cette méthode, surtout si c'est bel et bien l'Ultime Assassin, grommelle Akihito. Ce n'est pas comme Shô qui a été forcé.e, ou Hina qui l'a fait en légitime défense. L'idée d'avoir un tueur entraîné dans nos rangs ne me plaît pas du tout.

— A moi non plus... Mais reconnais que là, on ne fait plus grand-chose. »

Je désigne d'un mouvement de la tête Monokuma qui sourit, avant de baisser les yeux.

« Je ne sais pas vous, mais moi, je n'ai pas envie de mourir parce qu'on a manqué de temps...

— Mais est-ce que tu as une autre idée, Reina ? »

Le ton de Michi est doux, dénué du moindre reproche, mais je sens tout le poids de sa question. Est-ce que j'ai une autre piste.

Et pour le coup...

« Junko, tu n'avais pas testé les empreintes digitales du couteau avant le procès ? ça a donné quelque chose, »

L'Espionne lève les yeux au ciel, avant de soupirer.

« Oui, mais je ne pense pas que ça aurait donné grand-chose, de toute façon. Il y a certes assez peu d'empreintes partielles, mais les complètes correspondent toutes sans exception à celles de Taichi. Et encore, je ne suis sûre de ça que parce que je suis allée prélever celles de son cadavre, et qu'il a des empreintes digitales en arche, très rares.

— Tu te fiches de nous, là, Matsuoka ?!? Hurle Daisuke, éberlué. Tu pensais que ce n'était pas important ?!? »

Je me crispe. Il veut dire quoi, là, Daisuke ?

« Pour tenir un couteau, continue le Révolutionnaire, il faut avoir une bonne prise dessus, et laisser au moins une complète ! Même si le sang en avait effacé certaines, si tu n'as pu identifier que celles de Taichi...

— Reina nous a parlé de l'Ultime Assassin, grommelle Junko. Un bon assassin porte des gants, Nakano. Ton petit raisonnement ne veut rien dire.

— Et un bon assassin efface les empreintes ! Tout comme toutes les traces de son passage ! Pourquoi aurait-il laissé un couteau plein de sang bien en évidence ?!?

— Pour accuser Taichi ? Réplique Akihito, l'air agacé. On est peut-être bien face à un crime fabriqué...

— Vous réfléchissez beaucoup trop loin, bordel ! S'exclame l'Ultime Révolutionnaire, les yeux écarquillés, ulcéré comme le démontre la puissance de sa voix. Le mec a un FLINGUE ! S'il avait vraiment voulu ne pas laisser de traces, il aurait abattu les DEUX avec son arme ! »

Je prends mon menton entre mes mains. Daisuke a raison, on en revient une fois encore à l'hypothèse des deux tueurs différents... Ce procès se fait de plus en plus embrouillé dans ma tête, je n'arrive pas à réfléchir, et pourtant, je sais que j'ai mis le doigt sur quelque chose... Que Daisuke a mis le doigt sur quelque chose.

« Très bien, grommelle Junko. Ce n'est pas l'Ultime Assassin qui a tué Sora, peut-être. Mais qu'est-ce que ça prouve qu'on ait seulement les empreintes de Taichi sur le couteau ?

— Que ce que personne ici ne veut reconnaître s'est effectivement produit, s'exclame le Révolutionnaire, du mépris plein la voix. Le seul à avoir pu tuer Sora, c'est Taichi lui-même, qui a ensuite été tué par l'Ultime Assassin pour une raison que j'ignore. Et vous savez ce que ça veut dire ? Retour à la putain de case départ, bordel de merde ! »

Sans doute la même grimace que celle qui déchire mon visage vient de se dessiner sur les traits de chacun d'entre nous. Ce que vient de dire Daisuke... Ce que ça implique est effarant, déjà pour le déroulement du meurtre, ensuite pour ce que nous devons faire pendant ce procès. L'issue que je cherchais vient de se refermer sous mes yeux. Car Taichi mort, nous ne pourrons le livrer à Monokuma en guise de meurtrier... Pas alors que l'autre est en vie. Du moins si l'autre est en vie.

Est-ce que Sora...

Non, impossible. Parce que sinon... J'aurais retrouvé le pistolet sur la scène du crime, si Sora était l'Ultime Assassin.

Nous sommes dans une impasse.

Et je ne sais plus quoi faire pour nous en sortir.

À côté de moi, Michi serre ma main.

« Redis-moi ça plus lentement. Taichi Okumura a tué Sora Yamasaki ?!? Est-ce que tu te foutrais pas un peu de ma gueule ? »

Daisuke lève les yeux au ciel, mais Saki fait un signe, avant de lever sa tablette. Qui se met à parler de cette même voix robotique.

« Shizuka a émis l'hypothèse tout à l'heure que Sora et Taichi s'étaient entretués par pure panique, parce que le premier a tenté de s'échapper. Je partage cet avis à moitié. Sora a visiblement tenté de s'échapper, la chaise brisée de la scène du crime n'est pas là pour rien. Mais s'il l'avait fait sans tenter de tuer Taichi ? ou peut-être n'y est-il pas arrivé, alors que ce dernier, tenant le couteau sans doute destiné à préparer sa nourriture, s'est défendu et a tranché sa gorge sans faire exprès ?

— l'os était entaillé selon Reina, grimace Junko. Il aurait fallu une sacrée force pour réussir à faire ça dans la panique.

— Certes, soupire Shizuka, mais son couteau était un couteau de boucher. Affûté, de ce que j'ai pu voir pendant l'examen des empreintes. Et Taichi, même en se laissant aller, devait être encore en forme suffisante pour que la panique dévoile des réserves insoupçonnées. Il ne suffit pas de quinze jours pour passer de sportif à impotent, après tout. »

Son doigt tapote sur la tribune avec agacement, tandis que son autre main triture le coin du bandage qui entoure son poignet. Mais même si Junko semble assez peu convaincue, elle ne proteste pas plus. Sans doute, comme moi, trouve-t-elle que le puzzle s'emboîte un peu trop bien.

Je jette un œil à Haruko. Cette dernière à les dents serrées, des larmes plein les yeux. Est-ce que ce regard signifie qu'elle a compris qu'il lui était impossible, désormais, de venger celui que nous aimions ?

J'ignore pourquoi, mais à moi, cette réalisation m'apporte le calme. Et je sens le brouillard se dissiper, en partie. Une partie de la réponse est devant moi.

« Ça fait sens, je trouve... On cherche un crime trop étendu, alors qu'en fait, ce qu'il a dû se passer, c'est que Sora a dû tenter de s'échapper, d'une manière où d'une autre, et sans doute a-t-il cru pouvoir maîtriser Taichi... Sauf que ce dernier tenait un couteau et l'a malencontreusement égorgé... avant de se faire trouer le front.

— Les preuves ont l'air d'aller dans cette direction en tout cas, grommelle Daisuke. Du moins si on ne cherche pas trop loin, et en cherchant trop loin, on peut être sûr de se planter.

— Toujours est-il qu'on reste coincés au même point, soupire Akihito ; Si vraiment Taichi est le meurtrier, on a pas d'autre choix que de trouver l'Ultime Assassin. Parce qu'il compte très certainement comme une victime dans cette situation.

— j'hésite encore, ricane Monokuma, mais en tout cas, si je me retrouve à exécuter seulement la petite Evdokia, je vais rester sur ma faim... Et je pourrais bien la combler avec tout le monde ici, upupupupu. »

Un frisson parcourt mon dos. Elle vient de confirmer ce que je pensais, nous n'avons guère de choix que de démasquer l'Ultime Assassin. Sauf que sans preuves... Vous voulez faire quoi sans preuves ?!?

« Putain, quel sac de nœuds, jure Daisuke. Et on a la vie de vingt-cinq personnes sur les bras.

— ... Monokuma pourrait y ajouter nos proches ? Glapit Soma, qui s'exprime pour la première fois depuis longtemps. Mais pourquoi ?!? J'y suis allé hier, ils allaient tous bien !!!

— Avec Sora et Taichi de disparus, j'en doute, grommelle Michi. T'as pu guetter des cicatrices ?

— Taichi a été viré du roulement, j'interviens. Et Sora... Il y a forcément quelqu'un qui a pu prendre sa place.

— Hmmm honnêtement Reina, si Sora a vraiment disparu depuis plus de quinze jours, il y a forcément eu un moment où il devait assumer la charge de quelqu'un et n'a pas pu le faire, soupire Akihito. Sacré coup de chance que personne n'ait été empêché à ce moment-là.

— En vrai je me souviens pas que Sora ait eu à faire quoi que ce soit ces derniers jours, ajoute Junko. Après c'est vrai qu'il aurait pu demander à Haruko de ne pas trop le mettre dans les roulements de base, mais...

— Sa mère est en bas et vu comment il l'aime, c'est impossible, » je la coupe.

Le tout en sortant mon Monopad. J'ai fait l'erreur une fois. Je ne la ferai pas deux.

Les proches. Je dois absolument vérifier les proches.

Quelque chose cloche.

« Pourquoi on s'attarde là-dessus ? grommelle Akihito. Ce n'est tout de même pas si important si personne n'a été blessé ?

— .... Je crois que si, Akihito... »

J'ai sous les yeux le roulement des trente-quatre derniers jours. Avec dans ma tête, la terrible idée qu'est celle de réaliser bien trop tard à quel point j'ai été idiote.

Dix noms y brillent en colonnes bien rangées.

Dix.

« Que Taichi ait été viré du roulement c'est une chose... j'annonce d'une voix tremblante. Mais le nom de Sora n'y apparaît plus du tout après le vingtième jour... Alors qu'il y était trois fois avant et ne semblait pas vouloir céder ses privilèges... Et je sais qu'il a été tué au vingt-quatrième... »

Michi écarquille les yeux. Elle a compris ce que je voulais dire. De même que Soma, qui tremble sur sa table, une colère sans nom brillant dans ses yeux.

« De plus, je continue, sans pouvoir m'arrêter, trente-quatre jours sont prévus dans ce calendrier, ce qui signifie que les noms sont ajoutés au fur et à mesure... C'est comme ça qu'on a compris, avec Michi et Soma, qu'il y avait eu un meurtre... Et c'est un tableur, les lignes sont numérotées, impossible pour qui que ce soit tenant ce tableau de ne pas se rendre compte du problème... À moins que... À moins que... »

Je me tourne vers la personne concernée. Loin des larmes, loin de la panique, loin de tout ce que j'ai pu lire dans le langage corporel des autres gens, elle me rend mon regard avec un calme mêlé de résignation.

« A moins que... La personne soit responsable du meurtre, n'est-ce pas, Haruko ? »

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