Chapitre 3 (14) : Counting days

Je préfère prévenir que ce chapitre est vraiment très dur émotionnellement. Vous verrez pourquoi plus tard.

Proceed with caution-

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Je commence sérieusement à fatiguer de toute cette histoire...

La routine est de pire en pire, de plus en plus stressante, et le stress n'est vraiment pas bon pour ma santé mentale. Bravo, captain obvious. Et puis, j'ai l'impression que tout s'accélère de plus en plus. Je suis inondée sous les informations dont je n'arrive pas à trouver de fil conducteur, chaque chose qu'on me dit finit par me perturber encore davantage, et en plus de ça, j'ai l'impression de manquer de temps pour faire ce que je veux alors que je passe mon temps à me renseigner.

Rien que ces derniers jours, j'ai fait le tour des Ultimes pour pouvoir parler avec eux du projet Renaissance. Les paroles de Kanade pèsent encore très lourd dans ma tête. Chaque personne a un lien avec ce projet. Très bien mais lequel ? Précise, quand tu veux. Parce que quand j'ai questionné Daisuke, Soma et Yuuki, aucun des trois n'a pu me répondre. Soma n'était même pas au courant de son existence. Pour eux, c'est juste un nom.

Je grommelle. Si au moins Kanade avait été plus clair. J'aurai peut-être au moins pu commencer à relier mes données, au lieu d'entendre sa mise en garde tourner en rond dans ma tête et de me demander pourquoi est-ce que Shizuka Mizutani garde autant de secrets.

Enfin. J'ai un nouveau tour dans deux jours. C'est étonnamment court, mais je en vais pas m'en plaindre. Je dois absolument lui reparler. Ou trouver un moyen de tirer les vers du nez de Kazumi. Ou peut-être, voir avec les proches notamment des morts ce qu'eux savent de ce projet...

J'entends un gros bruit. C'est Daisuke, qui vient de s'asseoir devant moi en soufflant. Il tient une liasse de feuilles dans les mains et un air particulièrement agacé sur son visage. Je ne peux m'empêcher de sourire.

« Quelque chose ne va pas ?

— Mouaif, grogne-t-il. Monokuma n'a rien trouvé de mieux que de foutre un document plein de kanjis dans la bibliothèque, et Kita me l'a refilé à lire sans se poser la moindre question. Sauf que les kanjis, quelle horreur... Surtout ceux-là, quoi. À tous les coups, c'est un document méga important vu à quel point il est dur à déchiffrer... »

Je me penche vers la liasse de papiers. De loin, je n'y vois pas grand-chose, mais je reconnais quelques kanjis classiques ; ceux de mon nom, notamment, même s'ils ne sont pas regroupés de manière à l'écrire. Difficile de voir ce que Daisuke trouve de compliqué... Enfin, j'aurai peut-être une surprise.

« Tu peux me donner la feuille ? Je vais regarder ça. »

Daisuke me la tend en récriminant dans je ne sais trop quelle langue sans doute contre notre écriture, alors que je me penche dessus. Hmmm... Visiblement j'avais raison, ce sont des kanjis assez simples... le document en lui-même n'a rien d'intéressant, peut-être Haruko l'a-t-elle pris au hasard. Je plisse les yeux. Une liste des Ultimes de 2016 avec leurs talents et leurs informations basiques, on dirait. Je reconnais le nom de Wen Xiang Monogatari. Et plus haut, écrit en alphabet latin, celui de Freïr Andersen. Norvégien, venu au Japon en 2007 pour une bourse d'études, génie avéré à neuf ans... Intéressant, mais rien de plus à m'apprendre. Je hausse les épaules.

« Ce n'est rien de plus que la liste des Ultimes de 2016... Pas de code caché là-dedans visiblement, en tout cas rien venant des kanjis.

— Sérieux c'est tout ? Eh bah putain, grommelle Daisuke, ils auraient pu choisir un langage moins complexe.

— Ce n'est pas spécialement complexe... Bon, je parle japonais depuis ma naissance donc j'imagine que je n'ai rien à dire mais... »

Je ne sais pas, je ne vois pas ce qui pourrait poser de difficulté à un japonais ? même si certains d'entre nous n'apprennent pas forcément les kanjis tôt dans leur vie pour diverses raisons, et... Une minute. Daisuke a certes un nom japonais, mais il n'a pas grandi au pays. Est-ce que ça veut dire que...

Difficile de se retenir de rire. Je sais que je ne devrais pas, mais voir la gigantesque figure du Révolutionnaire triturer les feuilles avec la gêne de celui qui sait que j'ai compris a quelque chose d'attendrissant...

« Daisuke, tu... tu ne sais pas lire les kanjis ?

— Oh ça va hein ! Hurle le monolithe, tellement fort que les livres se mettent à vibrer. Tu peux pas m'en vouloir de pas savoir déchiffrer une merde pareille ! »

Mon rire cesse aussitôt. Sans même que je m'en sois rendue compte, ma chaise s'est reculée, et mon corps entier n'est plus qu'une statue de nerfs prête à bondir à tout moment. Sa voix provoque de tels tremblements dans mon corps que je n'arriverai de toute façon même pas à fuir, ni même à parler. Et visiblement, le Révolutionnaire s'en rend compte, puisqu'il se rassied, avant de pousser un profond soupir.

« Ouais, ouais, je sais. Pas crier, tout ça.

— C-c-c'est... C'est moi qui m- qui m'excuse, j'arrive de justesse à balbutier. Je-je n'aurais pas dû rire comme ça. »

Il hausse les épaules.

« Te fais pas de mouron. Ouais, effectivement, ces merdes, c'est pas facile, je suis loin de tous les connaître. Mes parents ont essayé mais on a vite manqué de temps, et à la place j'ai appris le lao et l'anglais. Ça m'aura au moins un peu plus servi en pleine guerre je suppose. »

Il se rassied, l'air plus gêné qu'autre chose.

« Enfin, une liste des Ultimes, t'as dit ?

— Seulement ceux de 2016. La plupart des noms sont notés en alphabet latin de toute façon, si tu connais l'anglais tu devrais pouvoir le lire... En caractères asiatiques que j'arrive à déchiffrer, il y a les noms de Wen Xiang Monogatari, Senri Kizoku, Hikage Aoki, Aiko Shuu, Kaori, Mizuki Tomoda, Shan Yuan, Miyako Nishimura, Veikko Lajunen... »

J'essaye de citer un maximum des noms écrit en caractères que je pouvais déchiffrer, mais celui de Veikko m'a échappé. Tant pis. De toute façon, une grimace vient de déchirer le visage de Daisuke.

« Y'a des noms tristement célèbres. D'autres... Ils me disent que dalle...

— Shan Yuan est toujours à Hope's Peak aux dernières nouvelles. Tous les autres que j'ai cité n'ont jamais vu l'établissement, et je sais de quoi je parle... »

Kichiro avait accès aux listes. Il savait qui était dans sa promotion et qui ne l'était pas. Sans compter que ni Hikage, ni Senri, ni Wen Xiang, ni... Veikko n'ont pu voir Hope's Peak pour une raison assez évidente... Je pousse un profond soupir. Interrompu par une main sur mon épaule.

« ... Excuse-moi, Reina ? »

Cette voix... Je me tourne, et salue Soma, qui semble peu à l'aise. Normal me direz-vous, puisque Daisuke Nakano le fixe du regard avec une certaine insistance et que visiblement il ne s'approche toujours aussi peu des gens. Histoire de le rassurer un peu, je fais un signe d'excuse au Révolutionnaire avant de me tourner vers le nouvel arrivant.

« Tu voulais quelque chose, Soma ? »

Ce dernier semble tout tremblant, mais sa main ne quitte pas mon épaule.

« Est-ce que... Est-ce que tu as vu Sora quelque part ? Je ne le trouve pas...

— Il n'est pas en train de dormir ? »

Soma grimace.

« Non... Il est pas dans sa chambre. »

Daisuke se lève à peine Soma eut-il refermé la bouche. Son visage redevenu un masque indéchiffrable. Dans son poing, les feuilles que je viens de lui lire se froissent, mais il ne semble pas y prêter beaucoup d'attention.

« J'y vais. On se revoit plus tard pour en discuter, princesse. »

Son pas lourd diminue d'intensité sonore au fur et à mesure qu'il s'éloigne à une certaine vitesse de la table sous le regard apeuré de Soma. Ce dernier finit par se détendre un peu une fois le monolithe hors de vue, et se tourne vers moi.

« Il est bizarre...

— Honnêtement, je soupire, j'ai toujours autant de mal à le comprendre, mais je crois qu'il est juste taciturne et paranoïaque, pas foncièrement mauvais. Si tout le monde faisait un peu d'efforts, il serait sans doute beaucoup plus supportable d'être en sa présence... »

L'Illustrateur a un léger rire triste.

« Je sais pas, peut-être. Après tout, t'arrives à lui causer, donc y'a peut-être encore un espoir pour nous... t'as vraiment un sacré courage. »

Une légère rougeur se porte à mes joues. Pas maintenant, les compliments, par pitié... à la place, je me contente de sourire.

« Revenons au plus urgent. Où est-ce que tu es allé fouiller pour chercher Sora ?

— Euh... Dans sa chambre, déjà. Dans son laboratoire. À l'aquarium, aussi... Dans la salle multimédia... Fin, la grande majorité du premier étage.

— je vois. Ça m'étonnerait que Sora soit allé au second, mais après il n'y a que la bibliothèque, on peut toujours aller y faire un tour en remontant. »

Je vois Soma déglutir à la mention du deuxième étage, et en toute honnêteté je le comprends, mais de toute façon on n'a pas à commencer par là. La bibliothèque est prête à être fouillée, et si Sora est quelque part... Cela ne m'étonnerait pas que ce soit là, puisque son laboratoire est désert. Je souris à Soma, essayant de me faire rassurante, avant de me lever de ma chaise.

La bibliothèque est immense, pourtant nos recherches sont assez rapides. Il suffit de regarder chaque fauteuil pour chercher des traces de l'Ultime Écrivain. Une pile de livres, un vêtement abandonné, des miettes isolées... à moins que Sora ne veuille se faire discret, difficile pour lui de dissimuler ce genre de petites traces. Je contrôle donc chaque point de chute de la pièce avec attention, histoire de chercher des indices. Soma me suit, un peu moins motivé. Je vois ses mains se tordre.

« Ça ne va pas ?

— je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter... Et s'il m'évitait ? Soupire l'Ultime Illustrateur, les lèvres tremblantes. Ou alors, pire, et je ne le sais même pas...

— Vous avez pu vous reparler, non ? Il me l'a dit. Pourquoi il t'éviterait ? »

Il hausse les épaules, avant de baisser la tête. Ses yeux gris fixent le sol avec tristesse.

« Je sais pas... C'est juste tellement pas pareil qu'avant. Je sens qu'il me reparle parce qu'il veut pas que la Tuerie finisse mal, pas parce qu'il veut vraiment tourner la page sur notre conflit... J'essaie vraiment de faire des efforts, lui aussi je crois, mais... Je peux pas m'empêcher de me dire que j'ai pas ce que je veux et que lui peut décider à tout moment que je n'en vaux pas la peine. »

Aïe, voilà qui doit être dur à penser pour Soma, en effet... à cet égard, je suis contente presque que ma relation avec Sora n'ait pas évolué trop loin, je ne tiens pas spécialement à lui faire du mal. Je me contente de lui faire un nouveau sourire rassurant, avant de lui prendre les épaules.

« Du moment que vous faites des efforts... C'est le principal, non ? »

Il hoche la tête. Mais une présence derrière moi le coupe alors qu'il allait me répondre, et je sens une paire de bras s'enrouler autour de ma taille alors qu'une tête rejoint mes omoplates, et mon cœur qui s'accélère donne une indication assez claire de qui me fait ce câlin surprise.

Michi prend d'ailleurs tout son temps pour m'étreindre, avant que je ne sente son corps se hausser contre mon dos et sa tête se poser contre mon épaule. Super, bonjour les frissons... Même si c'est agréable. Je crois ?

« Salut ma puce ! T'aurais pas vu Taichi ? ça fait trois jours que je le cherche...

— Taichi ? Nan...

— Bizarre, intervient Soma. Si je me souviens bien du calendrier, il était censé avoir une date hier pour les proches, tu l'as pas croisé à ce moment-là ?

— Hier, Taichi ? Bizarre, je suis presque sûre que c'était Shizuka que j'ai vu partir avec Monokuma...

— Sora a demandé à Haruko de virer Taichi du roulement, je soupire. Je l'ai approuvé, parce que lui comme moi avons dû prendre sa place... »

Michi fait la moue, et Soma grimace.

« C'est pas très cool pour lui... Vous le privez de ses chances de retenter d'aller voir les proches, marmonne-t-il. Enfin, je comprends le sentiment derrière mais quand même... Et puis surtout, je crois qu'Haruko vous a pas obéi, parce que j'ai regardé ça il y a une semaine ou deux et le nom de Taichi y était toujours.

— Une semaine ou deux, t'as dit ? Intervient Michi. Parce que moi, y'a une semaine, je suis presque sûre qu'il y était plus.

— Oui, je suis sûr... Fin je crois. C'était deux semaines après la fin du procès, et ça ne peut pas faire plus d'un mois, personne n'est... »

Sa voix meurt dans sa gorge alors que je vois ses yeux s'écarquiller.

« Personne n'est... »

Une seconde. Deux secondes. Et puis Soma s'effondre au sol en respirant de manière erratique, et ses ongles se crispent sur le parquet de la bibliothèque. Avec une telle force que je ne peux qu'intervenir, vite, avant que le sang ne se mette à couler.

« Respire profondément, Soma. Concentre-toi sur ma voix... Juste sur ma voix, d'accord ? Je vais te prendre les mains. Serre-les fort, autant que tu peux... »

J'essaie de parler le plus doucement possible, mais je ne peux ignorer ce sentiment d'urgence qui me prend au fur et à mesure que Soma s'effondre au sol, l'air au bord des larmes. Je n'aime pas ça du tout... à côté de moi, Michi se penche. Son visage est tordu par une panique indicible. Bon sang je n'aime vraiment pas ça...

« Reina. Ma puce. Est-ce que tu peux regarder sur le calendrier et dire si tu comptes comme moi ? »

Je jette un coup d'œil à Soma toujours tremblant au sol, et Michi s'assied à côté de moi, avant de remplacer mes mains par les siennes.

« Je gère. Je peux essayer de le maintenir conscient, j'ai l'habitude, j'ai une famille très nombreuse. Juste... Dis-moi combien de jours se sont écoulés. S'il te plaît. Je veux savoir si je me suis trompée. »

... Un frisson à l'opposé du précédent parcourt ma nuque. En silence, parce que je ne peux pas faire autre chose devant le terrible doute qui me prend, je sors mon Monopad de sa poche, avant d'ouvrir le fichier du calendrier de visite. Avec un maximum de précautions, je me mets à compter.

Cinq. Dix. Quinze. Vingt.

Vingt-et-un, vingt-deux, vingt-trois.

Vingt-quatre, vingt-cinq.

Vingt-six.

Vingt-sept.

Vingt-huit.

Vingt-neuf.

Trente.

...

...

...

Trente-et-un.

Trente-deux.

Trente-trois.

Trente-quatre.

TRENTE QUATRE.

Mes doigts tremblent. Je n'y vois plus rien, mes yeux n'enregistrent plus la lumière, ils n'enregistrent plus les noms. Je n'arrive qu'à compter, encore, et encore, et encore, le nombre de cases rougies. Les nombres diffèrent un peu. Des fois c'est trente-six, d'autres, trente-trois. Mais je retombe toujours. Toujours. Sur un nombre supérieur à trente. Trente. Trente. Trente jours dans un mois...

Trente...

Trente...

Trente jours de limite.

Je ne sens même pas ma bouche s'ouvrir, mes cordes vocales vibrent sans que je leur en ait donné l'ordre. Pourtant, c'est bien ma voix qui répète, atone, vide, lourde des terribles conséquences, ces mots, ces mots à la fois si anodins et si terribles que j'ai entendus d'Haruko il y a quelques semaines de ça.

« J'ignore ce que compte Monokuma pour sa date limite, mais je pense qu'on peut considérer qu'elle prend des tranches de trente jours... »

Trente jours... trente jours, alors pourquoi... Pourquoi...

« Pourquoi est-ce qu'elle n'a exécuté personne ?!? »

Le hurlement de Soma perce ma transe horrifique. Ma tête se lève vers lui d'un mouvement de robot, et mes yeux se plongent dans le sien, gris, plein de larmes et de la réalisation de ce qui est, peut-être, en train de se passer.

« Cette salope n'aurait pas loupé l'occasion d'en faire un truc public, elle... Elle aurait même trouvé le moyen d'en faire un mobile ! Et puis surtout on le saurait si c'était elle... on le saurait... Alors... Alors... Pourquoi trente-quatre jours ?!? »

Sa voix transperce mes tympans en même temps que je comprends. Parce qu'il y a une réponse simple à sa question ; Le fait que Monokuma n'ait exécuté personne alors que la limite de trente jours ait été dépassée... Qu'elle ne nous en ait même pas parlé... Cela ne peut signifier qu'une seule chose.

Une chose absolument terrifiante en considérant que Sora est introuvable.

« Il y a eu un meurtre... Un meurtre avant la limite d'un mois, balbutie Michi, exprimant tout haut ce que je pense tout bas. Et Monokuma n'a rien dit parce que pour elle quelqu'un est bel et bien mort, on a juste pas encore trouvé le cadavre... »

Je me relève.

Le sentiment d'urgence est bien compréhensible, désormais.

« Les passages secrets. Où sont les entrées ?!?

— Dans les laboratoires, grimace Michi. Chacun a son passage secret qui mène à une espèce de petite salle, mais y'a des murs amovibles, parfois. Ça doit être les accès qui s'ouvrent et se referment avec la console de commande de la bibliothèque. Les portes dans les labos ont besoin d'un premier contact pour s'ouvrir mais ensuite ça se verrouille plus.

— Est-ce que Sora avait ouvert le sien ?!?

— N... Non, gémit Soma. J'ai cherché, dans son laboratoire, au cas où, mais l'entrée que j'y ai trouvée est scellée... Je crois il faut que ce soit S-Sora qui l'ouvre la première fois... »

Mon visage n'est plus désormais qu'horreur et anticipation. Et ce sentiment que je me surprends à éprouver, cette espérance que Taichi soit la victime cette fois, me donne envie de vomir de moi-même.

« On fonce au laboratoire de Taichi. Si je ne me suis pas trompée... C'est là-bas. »

Soma et Michi hochent la tête d'un même geste. Et les deux se précipitent à ma suite alors que je sors de la bibliothèque de toute la vitesse dont sont capable mes jambes.

La traversée des étages se fait comme au cœur d'un rêve. Je ne me souviens même pas arriver dans le couloir des laboratoires, je me vois juste au milieu des portes, et Michi qui m'a dépassée donner un coup de pied, puis deux, puis trois dans la porte du laboratoire de l'Ultime Prêtre. Qui s'ouvre à la volée.

Le laboratoire de Taichi Okumura est à son image. Rose, turquoise, aéré et encombré à la fois, des symboles que je reconnais être de l'Accession sur les murs et des bibliothèques emplies de livres soit de prêche, soit des autres religions sans doute, puisque je reconnais le Coran à une extrémité. Des livres sont éparpillés sur une table, avec des vêtements et des restes de nourriture abandonnés sans doute depuis une semaine ; Taichi est bel et bien passé par là. Mais ce que je remarque le plus, c'est l'immense ouverture dans le mur du fond, onyx au cœur du pastel, qui tranche affreusement avec le reste du décor. La porte vers les souterrains.

Michi s'y est déjà précipitée. Je vois ses cheveux auburn flotter au loin, disparaître dans le noir du couloir. Sans perdre de temps, je m'y élance à sa suite. Je ne peux pas la perdre de vue. Elle est mon seul repère dans ce lieu noir et froid.

Mon sens de la vue me devient vite inutile. Mais je ne me perds pas. Parce que se mélange au parfum de Michi une affreuse odeur douceâtre que mon cerveau refuse de reconnaître. Je ne peux que la suivre, à l'aveuglette, ignorant les murs dans lesquels je me cogne, ignorant les larmes qui me montent aux yeux, juste avancer, suivre l'odeur, suivre les pas précipités de Michi et sa respiration haletante.

Un pas.

Un autre.

Le noir.

Et enfin, la lumière, un flash de lumière éblouissant même si j'en suis sûre il ne s'agit que d'une simple lampe allumée, qui envahit ma vision en même temps que le hurlement envahit mes oreilles.

Une alarme sonne, peut-être. Je ne l'entends pas. Je n'entends rien d'autre que cette incarnation de l'horreur personnifiée qui sonne à mes oreilles.

Mes yeux s'habituent à la lumière.

Je les abaisse.

Un bruit de pas retentit derrière moi, et la voix paniquée de Soma me parvient comme au cœur du brouillard, avant que cette fois, j'entende bel et bien le terrible son, celui qui m'a le moins manqué pendant ces trente-quatre derniers jours.

« Ding, dong, bing bong ! Un cadavre a été découvert! »

Le hurlement de Soma rejoint la voix de Monokuma. Se joint au cœur de celui de Michi. Et le choc de ses genoux qui tombent au sol achèvent de vriller mes tympans incapables de supporter ce qu'ils me transmettent.

Au sol, dans le craquement du sang séché.

Au sol, où il y a...

Il y a...

(TW : Corps en putréfaction)

Deux masses de chair à moitié pourrissantes, plus vertes que de la couleur originelle de leur peau, prêtes à s'effondrer au moindre mouvement, au moindre contact. Deux corps recouverts de tissus sales qui ont autrefois été des vêtements, qui à chaque infimes mouvements dans leur périmètre général soulèvent un nuage de poussière. Deux corps recouverts de mouches, sans doute dont certains morceaux manquent, dévorés par les rats, puisque je vois certaines de ces immondes créatures, courir au sol. Combien se sont repues de la chair de ceux qu'on a considéré autrefois comme des amis ? Combien nous ont prouvé, une fois encore, que nous ne sommes que des amas de viande aisément remplaçables ?

Le sang craque sous mes pieds, sec depuis bien des jours, mais pourtant en telle quantité... En telle quantité... Que je ne peux imaginer ce qui a pu en faire couler autant.

Ce sang... Ce sang est rassemblé autour d'une tête, autour d'une gorge, autour de deux plaies béantes.

Cette horrible odeur... Douceâtre, terriblement humaine, que j'ai suivi tout le long de ce couloir, c'est celle des corps partant en poussière sous l'action de la mort.

Et ces yeux...

Ces yeux...

Ces yeux verts, vides, immobiles, voilés, que je reconnais immédiatement, ces yeux que j'ai tant aimé qui ne me renvoient plus rien.

Je contemple les prunelles à jamais immobiles de Sora Yamasaki et il n'y a plus que la mort qui me rend mon regard.

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......

*raclement de gorge*

*profonde inspiration*

GFDKGJDSFMKJDSKQFHSKDJHGDKJFHGLSDFGMQDFKLGDJFHGSFGSDFGDFSG !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Voilà, ceci était la rage que je devais exprimer à l'égard de tous les gens qui n'ont pas saisi la quantité de DEATH FLAG que j'ai foutu à Sora pour qu'on VOTE POUR LUI DANS CES FOUTUS FTE

Welp my fault I guess- Enfin bon, tout reproche joueur mis à part, nous sommes en présence d'un sacré meurtre, vous ne croyez pas ? J'ai hâte d'entendre vos théories :D

Sora : Aha très drôle TwT

Oh je sais, c'est pas très drôle pour toi, et pour prsonne d'ailleurs, ufufu. Bonne arrivée parmi les morts, la consigne de la gare est par ici~

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