Chapitre 2 (2) : All ending for loving feelings
Monokuma a quitté le réfectoire en ricanant, par la porte cette fois. Laissant derrière elle quatorze Ultimes dans la panique la plus totale, et plus ou moins refermés sur eux-mêmes. Personne ne réagit. Personne n'ose élever la voix.
La première à monter sur la table, finalement, est Haruko.
« Vous autres. Je pense qu'il faut décider maintenant qui y va. Vous savez aussi bien que moi qu'il ne faut pas laisser la moindre marge à Monokuma. »
Elle a raison bien sûr. Haruko a toujours raison. Et j'envie sa force, et son pragmatisme, et tellement d'autres choses encore. D'ailleurs, je pense que les autres sont dans le même état d'esprit que moi, puisque tous la dévorent des yeux. Même Taichi, qui ne dissimule cependant pas son expression agacée.
Akihito est le suivant à parler. Laissant Saki quelques instants, il se redresse et tourne son regard vers Haruko.
« Tu proposes quoi pour le choix ?
— Pour commencer, annonce la journaliste, ceux qui veulent y aller, dites-le. On choisira à partir de là. Un vote, comme au procès, me paraît être l'option la plus démocratique.
— J'me propose, grommelle Daisuke. Et me r'gardez pas comme ça, les cons. Si j'y vais pas tout seul, c'est juste que j'prendrai pas le risque que Monokuma le tue à cause de vos conneries. »
Je suis contente qu'il montre un esprit un tant soit peu raisonnable. Et si même Daisuke décide de suivre cette règle, les autres le feront sûrement. N'empêche... je me demande qui a bien pu être capturé en son nom pour qu'il se montre si conciliant.
J'aimerais me proposer. Au moins pour être fixée. Mais je n'estime pas en avoir le droit. Pas après ce qu'il s'est passé hier. Et de toute façon, j'imagine que personne ne voterait pour moi... Il n'y a pas pire manière de perdre la confiance des gens que de les mener à la mort par sa bêtise. Autant que je me taise. Ça sera mieux pour tout le monde.
« Je passe, soupire Shizuka. Je sais qui est là-dedans et elle m'en voudrait de perdre la moindre minute.
— Pareil, sourit Sora. Par contre, Haruko, si tu veux bien vérifier que tout va bien là-dedans... »
Michi allait sans doute se proposer, mais les paroles de Sora lui font refermer la bouche, et elle prend son menton dans ses mains, l'air pensif. Ryo, à ses côtés, hoche doucement la tête, les yeux fixés sur Haruko.
« J'aime pas l'idée de ne pas avoir des nouvelles de mes proches, renchérit Shô, mais euh, Haruko, si tu vas là-dedans, est-ce que tu peux me donner des nouvelles ?
— j'veux pas y aller moi, grommelle Yuuki. Les souterrains cachés, c'est plein d'artefacts, mais aussi de pièges, et j'ai un inventaire de merde. J'suis pas armée pour ce que Monokuma nous prépare. »
La remarque de Yuuki jette un froid, malgré son côté presque... Enfantin. Taichi, qui allait se proposer, fixe Haruko et Daisuke, les jaugeant du regard. Akihito, de son côté, balaie du regard notre petit groupe.
« Si personne ne se propose, et vu le nombre de gens souhaitant déléguer cette responsabilité à Haruko, je pense qu'on peut considérer que le choix est fait. »
La concernée le remercie d'un regard, tandis que Daisuke pousse un juron sonore avant de sortir de la salle en claquant la porte. Charmant. Mais je m'attendais à pire de sa part.
« Merci, sourit Haruko en redescendant de la table. Ceux qui veulent avoir des nouvelles de leurs proches, dites-le-moi, je vous transmettrai les informations demain. On choisira à ce moment-là la prochaine personne. En attendant, je crois qu'on en a terminé...
— Euh en fait... J'aimerais dire un truc. »
C'est Yuuki qui vient de monter sur la table. Elle fixe le sol, et ses poings sont serrés sur le bas de son short, mais elle a l'air étonnamment sérieuse.
« Avant de... Avant de mourir, Hina m'a demandé quelque chose... Elle m'a demandé d'officier le mariage d'Haruko et Sora. »
Un écho me remonte en tête, perdu dans le sang et les larmes. Oui, je me rappelle de ce moment. Sur le coup, aucun des deux n'avait protesté, mais nous étions tous sous le choc... La situation est très différente aujourd'hui. D'ailleurs, Haruko fixe Yuuki avec une certaine stupéfaction. Comme tout le monde dans cette salle. Cette dernière semble un peu gênée, mais elle finit par relever les yeux, et plante un regard vide dans celui d'Haruko.
« Je sais que ça peut sembler... un peu gênant, pour vous, et que vous avez pas envie de faire la fête, en plus c'est un mariage quoi, ça a du sens... Mais je suis allée dans son laboratoire ce matin et... et j'ai trouvé plein de notes sur ce qu'elle aurait aimé faire pour vous deux, entre deux travaux de couture... Il y a des patrons pour la robe, des décorations, tout... Elle avait l'air tellement heureuse dans ses notes... »
Entendre le sanglot dans la voix de Yuuki me brise le cœur. Surtout que ça ressemble bien à Hina d'être aussi passionnée. Elle aimait tant son travail. Elle aimait tant voir sourire ceux dont elle s'occupait... Elle aimait tant vivre comme ça.
« J'veux forcer personne, continue Yuuki. Mais elle aurait voulu mettre un peu de bonheur dans ce donjon, et c'est à moi qu'elle a dit de le faire et... C'est un peu comme si elle m'avait confié une quête, vous comprenez ? J'aime pas ne pas finir mes quêtes... »
Haruko jette un regard à Sora, et je ne peux m'empêcher de le suivre. Le visage de l'Écrivain Fantasy est fermé, dénué de la gêne qu'on trouve habituellement sur ses traits lorsque on évoque le sujet. Je le sens réfléchir un moment, et puis, après quelques interminables secondes de silence, il relève la tête, et hoche doucement du menton à l'adresse d'Haruko. Cette dernière a un léger sourire.
« Très bien, Yuuki. Je te laisse t'occuper de tout. Mais ça restera dans ce donjon, d'accord ? Quand on sortira, ce mariage sera juste une fête.
— De toute façon, intervient Akihito, ce mariage n'aura aucun fondement du point de vue de la loi. Ce n'est pas un officiel qui vous unit, de plus vous êtes mineurs. Et même si Taichi officie, je crois me souvenir que l'Accession n'accorde pas une grande importance au mariage.
— Eh eh eh.... Touché, rigole le Prêtre. Pour être plus exact, c'est pas un lien religieux obligatoire entre deux personnes. On reconnaît que tu as choisi tan partenaire de vie, mais tu peux en avoir plusieurs, rompre le lien si besoin moyennant une cérémonie ou deux... C'est pas très codifié. »
De toute façon, je pense que la nouvelle de la célébration a suffi à dessiner un large sourire sur le visage de Yuuki. Cette dernière, les larmes aux yeux, vient de prendre Haruko dans ses bras, des dizaines et des dizaines de remerciements s'échappant d'entre ses lèvres. La scène a un je ne sais quoi d'émouvant, et j'imagine que ça a de quoi ramener les sourires sur la plupart des visages ; mais même alors, je ne me sens pas vraiment à l'aise. J'adore... J'adorais Hina, mais j'ai un certain passif avec les mariages. Ce n'est pas le plus grave, mais... Disons que ça m'en rappelle un autre, un ou je n'ai pas pu assister, et qui a quelque part brisé mes relations avec la personne concernée.
Enfin, j'y penserai plus tard. Ryo vient de se relever de sa chaise, appuyé sur ses béquilles.
« Okay les gens ! Qui dit mariage dit fête ! Et qui dit fête dit concert ! Je sais pas ou Hina avait prévu le cœur de la cérémonie mais après je veux voir tout le monde dans la salle de concert pour un petit show signé Ryo Sasaki ! »
L'idée est bonne quelque part, mais...
« T'es malade ?!? Lance Michi. Tu as une jambe cassée ! Tu crois que je sais pas que t'as autant besoin de tes pieds que de tes mains quand tu joues ?!? »
Voilà, merci Michi. Je préfèrerais qu'il ne s'abîme rien au point d'avoir besoin d'une opération. Parce que d'un point de vue chirurgical, je suis la mieux placée pour une césarienne ou une hystérectomie, par contre ne me demandez pas de toucher à un organe autre que génital femelle...
Ryo lève les yeux au ciel, avant de se tourner vers Michi.
« Merci de ta sollicitude mais je sais jouer avec une seule pédale, je me démerderai. Je suis pas l'Ultime Batteur pour rien quand même. Par contre, y'a pas quelqu'un ici qui sait chanter, jouer de la guitare, ou du piano ? Parce que les solos de batterie, c'est cool, mais en accompagnement, c'est mieux.
— Moi, moi, moi ! Lance un Taichi surexcité, qui vient à son tour de bondir de sa chaise. Alors je suis pas au niveau d'un Ultime, hein, mais j'ai mon p'tit talent en guitare et j'ai déjà joué sur des électriques !
— J'vais pas faire la fine bouche, grommelle Ryo. On ira s'entraîner un peu. Y'a pas des pianistes et des chanteurs dans le coin ? Et p't'être un bassiste. J'veux tenter du Muse.
— Pour le piano, je gère, soupire Haruko. Bon, je n'ai jamais fait de synthétiseur ou quoi que ce soit du même acabit mais je devrais être au niveau pour un accompagnement.
— Et pour la basse, rigole Michi, si tu crains pas trop les fausses notes, j'peux essayer ! Bon faudra m'apprendre à faire de l'électrique vu que j'ai fait que de la guitare tradi mais je connais mes gammes et tout ! »
Je suis donc en train d'assister à la formation d'un groupe de musique express. Ça me paraît être pas trop mal comme plan, et les goûts musicaux de Ryo me parlent. Habituellement je n'aime pas les fêtes, mais je devrais peut-être tenter d'y aller... Je jette un regard à Sora, le seul de notre petit groupe à n'avoir pas participé. Ce dernier a un large sourire aux lèvres.
« Eh bien Reina, ça promet. Regarde Yuuki, elle est toute contente. »
C'est vrai. Ladite Yuuki, qui a lâché Haruko, court partout en battant des bras. Son bonheur fait plaisir à voir.
Je me tourne de nouveau vers Sora, qui suit des yeux la course de la Gamer. Je crois que j'ai des choses à lui demander.
« Tu es sûr que... ça ne te dérange pas ? »
Il hausse un sourcil, avant de hocher la tête.
« J'y ai pas mal réfléchi... Et je pense que non. Il ne s'agit pas vraiment d'un truc officiel, comme l'a dit Akihito, et je ne suis pas non plus enfermé dans un lien monogame... Même si je sais qu'Haruko me laisserait aimer d'autres qu'elle, un mariage en dehors de ce donjon, ça reste une sacrée charge. Mais ici, j'ai le sentiment qu'on peut créer nos propres règles... »
Donc Sora a eu la même impression que moi. Et il a décidé de le tourner à son avantage. Je fais la moue. Est-ce que quelque part ce n'est pas accepter notre situation ? Et est-ce que le faire est une bonne chose ? Même si on parvient à monter une vie en communauté, au bout d'un an, on est tous morts. Dans ces conditions, ça va être dur d'accepter notre situation.
« Et puis... Il y a autre chose, reprend Sora. Haruko est persuadée qu'on va réussir à sortir. Moi, j'en suis moins sûr. Et je pense qu'on le regrettera tous les deux si... si l'un de nous meurt, et qu'on a refusé pareille proposition, tu comprends ? »
Son air s'est fait plus triste, d'un seul coup. Et je pense que le mien doit faire écho. Il a raison, bien sûr. La perspective qu'on sorte tous vivants, même avec notre groupe désormais réduit de deux, est quelque peu idyllique. Mais le rappel de la menace qui plane, de la mort proche qui nous entoure et nous rappelle perpétuellement que nous ne sommes pas qu'un simple groupe de seize, est douloureux.
J'ignore si se marier en catastrophe est la meilleure chose à faire dans cette situation. Même si j'étais encore en couple, je ne pense pas que j'accepterais. Mais le regard de Sora sur la chose, même si c'est celui de quelqu'un n'ayant pas réellement connu un deuil de cette profondeur... A de quoi faire réfléchir. Agir sans regrets et tout risquer est-il mieux que s'enfermer dans sa douce sécurité ?
Je préfère encore ne pas réfléchir à cette question.
D'ailleurs, une distraction se présente très vite, en la personne de Michi, un large sourire aux lèvres.
« Ma puce, on va répéter tout l'après-midi ! Du coup le reste de la matinée, je vais le passer avec toi, si tu veux bien ! Ryo a besoin d'une surveillance médicale, de toute façon... »
Ledit Ryo, traîné sur ses béquilles, lève une fois encore les yeux au ciel mais ne proteste pas. Derrière lui, un Taichi avec un large sourire se rapproche de nous ; Je supporterai donc les deux garçons en plus de Michi. Pas de mamours, pitié. Enfin, je m'emballe sûrement pour rien, puisque Ryo vient de mettre un coup de béquille amical néanmoins ferme à un Taichi qui essayait de le prendre par les épaules...
Haruko grommelle devant la présence de Taichi, et chuchote quelque chose à l'oreille de Sora. Ce dernier pouffe, avant de lancer :
« Je transmets pour Haruko qui n'a pas envie d'être davantage impolie que si Okumura est là, on ne va sans doute pas se joindre à vous davantage. Je vais donc retourner dormir, personnellement, et j'imagine qu'elle viendra avec moi pour la matinée. Amusez-vous bien !
— C'est ça, grommelle Taichi, « dormir ». Mon cul, oui. Et c'est rien de le dire.
— Nous ne sommes pas tous des dépravés dans ton genre, Okumura, réplique Haruko d'un ton absolument glacial. Pour nous « dormir » a le sens qu'est censé avoir « dormir ». Et même si nous allions faire l'amour, je crois que ça ne te regarde pas. Mêle-toi de ton chibre avant d'aller mater ceux des autres. »
..... Ouch. J'ai presque pitié de Taichi. Son air crispé me donne l'impression qu'il va se jeter à la gorge d'Haruko, et Michi l'a vu aussi puisqu'elle vient de se redresser, mais un regard de Sora à l'adresse du Prêtre le coupe dans son élan, et il se contente de se diriger vers la sortie en grommelant. C'est un silence assez profond qui prend sa place.
« Bon, soupire Ryo. J'crois qu'j'vais le suivre, moi. Pas que t'aies tout à fait tort, Haruko, mais c'était un peu violent, là. »
Ses béquilles claquent sur le sol alors qu'il prend la suite de Taichi, aussitôt suivi par Michi. Ne reste donc dans le groupe plus que Sora, Haruko et moi.
Cette dernière me fait un signe rassurant, et après salutations je la quitte pour rejoindre mon petit groupe du matin. Je n'ai pas à aller bien loin d'ailleurs. À peine sortie du réfectoire, je tombe sur un Taichi en train de frapper les murs, à côté d'une Michi et d'un Ryo qui échangent des regards lassés. Je les rejoindrais bien volontiers, mais je m'inquiète plus du sang qui coule des jointures de notre fort énervé camarade.
« Taichi ? Tout va bien ?
— Non mais pour qui elle se prend celle-là ? J'en ai soupé de ses manques de respect, bordel de merde ! »
Bon, l'avantage, c'est qu'il a cessé de frapper le mur. L'inconvénient, c'est que maintenant il hurle. Bonjour la discrétion. Sans laisser transparaître mon agacement, je sors de ma poche les bandes que je transporte toujours avec moi, et lui fait signe de tendre son poing. Par chance, il m'obéit tout de suite.
« Ce n'est pas une raison pour éclater le mur, tu sais... Tu pourrais te faire mal, je le gourmande en serrant le bandage.
— Moui mais elle est pénible là... J'peux plus draguer un mec en paix, par tous les esprits ?!? »
Je lève les yeux au ciel. Je ne sais pas s'il est au courant du polyamour de Sora, que ce dernier m'a d'ailleurs basiquement confirmé tout à l'heure. Mais socialement parlant, ce n'est pas très accepté de tenter de se taper un gars déjà pris. Surtout en étant soi-même un gars, bien que j'ai l'impression que ce n'est pas ce qui dérange Haruko.
« Sans vouloir te vexer mec, intervient Ryo, tu dragues pas UN mec, tu dragues SON mec. Et ledit mec n'a pas l'air d'être réceptif, donc on va dire que tu te traînes une réputation de gros lourd.
— C'est ça ! Moi, on m'a toujours dit que les couples devaient être ouverts pour n'imposer aucune limitation ! Je vais quand même pas remettre en question un commandement aussi sacré ?
— Taichi, soupire Ryo, tu comprends pas quoi dans « Sora est pas réceptif » ? »
Ah. Je crois que cette fois ça lui a un peu cloué le bec. Je sens son poing se détendre dans ma main, et sans doute remarque-t-il à cet instant que je lui ai mis un bandage puisqu'il retire ses doigts des miens et commence à les plier avec un certain intérêt. Ouf, le calme revient. Un sourire se dessine sur les lèvres de Ryo.
« D'ailleurs entre nous, mon petit bonhomme, elle a pas tout à fait tort. T'es pas tout à fait centré sur ton chibre en termes d'organes génitaux si tu voix c'que j'veux dire.
— Oh toi, grommelle Taichi, un ton cependant bien plus joueur dans la voix, si t'étais pas en béquilles je t'aurai démonté.
— Dans quel sens ? Précise ta pensée, avec toi on sait jamais ! »
Et c'est sur cet échange plein de connotations sexuelles que les deux garçons se mettent à rire comme des bossus, sous le regard plein de jugement amusé de Michi et... bah... Le mien. Je hausse un sourcil.
« Les garçons, je préfèrerais éviter... Une situation comme ça, mais si jamais vous vous vous retrouvez en manque de protection...
— Ouais, ouais, compris, on passe te voir, pouffe Taichi. Merci bien, ô grande gynécologue.
— Mouaif ! Pas demain la veille que je me retrouverai dans ce genre de situation ! »
J'espère. En attendant, ils s'éloignent de nous, l'un en claudicant, l'autre en bondissant, les deux morts de rire. Plus qu'à prier pour que ça aille bien pour eux deux. Je soupire, provoquant un petit rire de Michi derrière moi.
« T'inquiète pas ma puce, je suis quasi certaine que Ryo est puceau. Même si Taichi le drague assez lourdement, il va pas être con au point de se jeter sur lui sans filet.
— .... J'espère que ça sera le seul sujet d'inquiétude possible. »
Elle hausse un sourcil.
« Tu t'inquiètes d'autre chose Reina ? C'est vrai que je te vois beaucoup grimacer quand les gens se font des mamours mais quand même, de là à ce que ça devienne un mobile...
— L'amour je ne sais pas. Mais... entre deux garçons... l'homophobie... »
C'est sorti tout seul. A peine les mots ont-ils franchi mes lèvres que je me mords la langue avec violence. Stupide Reina, pourtant tu sais bien que les gens n'aiment pas qu'on leur rappelle ce danger bien réel ! Il faut garder ses craintes pour soi, rester silencieuse, prier seule pour que tout aille bien, tout garder, toujours tout garder. Tes peurs n'aident pas. Tes peurs n'aident pas, peu importe à quel point elles sont rationnelles.
Michi pousse un profond soupir, avant de m'attraper par l'épaule.
« J'me disais bien qu'il y avait un problème. »
Oui. Un problème avec moi. Comme toujours. On me l'a assez répété. Je le sais, pourtant, et je ne peux rien dire parce que je le sais.
« Écoute, Reina, reprend Michi, je sais pas ce que t'as vécu et je ne t'oblige pas à en parler, okay ? Mais s'il y a bien un truc que je peux voir c'est que ça va pas bien, et que ça a un lien avec ces petits salauds d'homophobes. Et ces petits salauds d'homophobes, y'en a pas un ici. Tiens regarde, Taichi est ouvertement gay, et j'ai jamais caché aimer les filles. Aucun de nous n'a eu de problèmes. Et c'est pas la loi qui va nous emmerder puisqu'ici la seule règle c'est tu tues ou tu prends le risque de crever. »
.... Je ne peux pas répondre. Je ne peux pas répondre. Je ne peux pas répondre. Je n'arrive plus à parler. Je suis une statue, une statue crispée dans tout son corps, une pitoyable statue qui n'arrive même pas à répondre le moindre mot à quelqu'un qui essaie de la réconforter. Je sens les larmes piquer mes yeux. Elles ne doivent pas sortir. Je ne dois pas emmerder les gens avec mes stupides états d'âme. Ils ont mieux à faire que s'intéresser à moi.
Deux bras entourent ma taille. C'est Michi, qui a sa tête collée contre mon torse ; Elle chantonne une comptine dans une langue qui n'est pas du japonais. Ses cheveux me chatouillent les narines, mais je n'arrive pas à me concentrer dessus.
Taichi et Ryo sont déjà loin devant, mais je m'en fiche. Je n'arrive qu'à percevoir mon corps tant crispé qu'il en est perclus de douleur, et Michi collée contre moi telle la seule ancre que je possède vers le monde.
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Salut la compagnie !
Vous l'aurez compris, ce mariage va être l'évènement majeur de ce chapitre. Et en plus de ça je vais y glisser des FTE bonus ! Vous pourrez donc avoir plus de 10 conversations ce chapitre avec différents personnages !
Bon mis à part ça j'ai pas grand-chose à dire, mis à part que je vais essayer de garder un rythme de deux chapitres par semaines. Au moins jusqu'à ce que j'ai tout écrit, et là.... Je promets rien-
Sur ce bye !
Ah et, c'est Thal qui décidera des FTE bonus, cherchez pas à voter, c'est pour me faire pardonner de pas l'attendre :,D
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