Chapitre 2 (15) : The Final Destination
Je pense que je peux remercier les esprits que tout se soit bien passé hier.
J'ai cru un moment que Ryo allait y passer, que quelque chose ou quelqu'un l'avait attaqué et que j'allais découvrir un autre problème avec sa jambe cassée. Il se trouve que cet imbécile était juste inconscient. Sans que je ne le remarque, il avait commencé à marcher sans ses béquilles beaucoup trop tôt, et l'os s'est mal réparé. Une mauvaise torsion de sa cheville accompagnée d'un concentré de chocs ont eu raison de ses derniers progrès.
Sa jambe s'est recassée mais c'est tout ce que j'ai pu trouver. À part la douleur, il était suffisamment conscient pour grogner et râler tout son soûl pendant que je lui expliquais qu'il risquait de ne plus jamais marcher comme avant avec ses imbécillités. Je lui ai remis un plâtre de force, l'ai contraint à l'infirmerie, et ai convenu de lui rendre visite plus tard dans la journée. En espérant que ça suffise.
Malgré les menaces de Monokuma, je me suis levée ce matin sans tomber sur le moindre cadavre. Et ce n'est pas faute de fouiller. Je tourne en rond depuis voilà bien deux heures, les paroles de Daisuke et celles de Monokuma qui tournent en boucle dans ma tête, mais rien de suspect ne s'est présenté à moi.
J'ai fait le tour de tout ce que je pouvais. Les médicaments sont toujours bien en place, et même si je n'ai pas eu le temps de vérifier si quoi que ce soit manquait à l'appel, le fait que le cadenas extrêmement résistant que Shô a mis en place sur l'armoire n'ait pas été forcé me prouve que tout va pour le mieux de ce côté-là. Mon cabinet non plus n'a pas été forcé, et en questionnant Junko, j'ai eu la confirmation que rien d'empoisonné n'avait pu être glissé dans la nourriture ou les boissons sans que quelqu'un le voie. Mon soupir de soulagement a d'ailleurs attiré son attention, mais elle s'est contentée de hausser les épaules.
« C'est maintenant que tu te préoccupes d'un tel risque, Satou ? Empoisonner la nourriture est le moyen le plus rapide d'éliminer quelqu'un sans te faire tracer. Il suffit de mettre de l'arsenic ou de la mort-aux-rats sur n'importe quel condiment, et hop, une victime en plus...
— Si en deux mois personne ne l'a fait, je réplique après quelques minutes de réflexion, pourquoi tu as été si prudente en choisissant la nourriture et les boissons ? »
Elle hésite, avant de soupirer.
« Je voulais éviter de courir ce risque le jour ou Yuuki mettait en place sa cérémonie. Mais en vérité, je suis sûre que Monokuma est très prudente avec la gestion de la nourriture au réfectoire. Elle mange, elle aussi. »
C'est un argument valable. Il y a à parier que Monokuma examine toutes les images fournies par ses robots pour éviter une tentative d'assassinat la visant elle. Et le poison est le moyen le plus efficace de tuer. Pire encore, tout peut devenir un poison. Le fait qu'aucun de nous n'ait été atteint en deux mois n'est sans doute pas une marque de chance, pas plus qu'une preuve de la bonté d'âme des gens enfermés ici.
Même si le temps file et que nous devenons peu à peu amis, voire plus pour certains, personne n'oublie où nous sommes et le risque que nous courons. Personne.
« Merci, Junko, j'ai fini par dire en coupant court à la discussion. C'est bon à savoir. »
Elle n'a cependant pas compris ma tentative pour m'éloigner et réfléchir à autre chose, vu qu'elle se contente d'une moue avant de reprendre.
« Par contre, Reina, je préfère te prévenir que ce raisonnement ne s'applique pas à ceux qui manipulent la nourriture dans le but de viser une personne précise. Fais attention à ce qu'on te donne.
— .... Tu penses sérieusement que l'un d'entre nous pourrait vouloir empoisonner quelqu'un malgré le risque d'être confondu immédiatement ?
— Non, soupire Junko. C'est vrai, c'est trop évident. Mais quand même. Ne fais pas les frais de la stupidité de quelqu'un d'autre. »
Et c'est sur ces mots qu'elle s'éloigne finalement, me laissant tranquille à mon inspection de toute ce que je pouvais trouver de suspect.
Inutile de préciser que j'en reviens bredouille. Il est sans doute près de deux heures de l'après-midi, j'ai mangé sans avoir le moindre doute, et Michi a dit qu'elle allait se charger d'apporter une assiette à Ryo. Elle est revenue en disant qu'il avait l'air fatigué, mais en toute honnêteté qui ne le serait pas après un concert et une jambe cassée sans doute propre à l'empêcher de dormir.
Michi. Ma relation avec elle n'a pas changé d'un pouce en apparence. Pourtant, sa confession me trotte dans la tête depuis hier et je sens bien que même si elle ne veut pas me presser avec ça, elle attend une réponse. Mais je n'en ai toujours pas. Je ne sais même pas quoi répondre à moi-même. Suis-je heureuse ou terrifiée, préféré-je ma sécurité ou le bonheur de la prise de risques ? Tant de questions auxquelles je n'ai pas de réponse satisfaisante. Et je sais très bien que je ne pourrai pas en donner une à Michi avant d'avoir réglé cette question.
Il faudrait peut-être que j'aille dans ce sous-sol, un de ces jours.
Je secoue la tête. Non, ce n'est même pas la peine d'y penser.
Je soupire. À côté de ça, il n'y a pas que Michi. Je suis presque sûre maintenant que mon pauvre cœur ne résistera pas longtemps non plus aux charmes de Sora et d'Haruko. Et c'est assez inconvenant de leur en parler maintenant, surtout après leur mariage ; surtout que même si je connais le polyamour de Sora, celui d'Haruko est une donnée onirique... Surtout que je ne sais pas si je dois privilégier quelqu'un dans cette histoire, si je le fais, et qui. Ma sécurité hurle Sora, mon cœur crie que faire ça à Michi est affreux, mon cerveau se dit que rester seule m'épargnerait sans le moindre doute pas mal de problèmes. Je suis plutôt inclinée à suivre mon cerveau, pour le moment.
Je soupire. Peut-être que j'ai besoin d'un conseiller du cœur, moi aussi.
En désespoir de cause, je me rends dans la salle multimédia. Peut-être que je pourrai parler un peu à Shô. À défaut de pouvoir lui expliquer mes problèmes, ça me distraira de mes questionnements. Iel est toujours de bonne compagnie, et comme je ne peux pas parler à Saki et qu'Hina est.... Définitivement injoignable... Je pourrai peut-être oublier un instant mes problèmes avec luel.
Shô n'est pas dans la salle multimédia. C'est Yuuki qui s'y trouve, en train de tourner en rond dans la salle, passant de bibliothèque à bibliothèque. De temps en temps, elle prend une boîte de jeu sur une étagère, avant de la reposer en soupirant. Ce petit manège ne s'interrompt que quand je me rapproche d'elle et qu'elle me remarque. Un large sourire se dessine sur ses lèvres.
« Oh, Reina ! Tu veux jouer à quelque chose ?
— Pas spécialement, je souris. Je cherchais Shô. Tu sais où iel est ?
— Euh, non... je l'ai pas vu.e depuis le midi, répond la petite. Pourquoi tu lae cherches ? Tu l'aimes bien ? »
Son sourire est... Désarmant. Et me rappelle trop par certains côtés celui qu'Hina m'avait fait il y a bien longtemps, lors d'une conversation sur nos histoires de cœur... Je préfère ne pas relever et me contente de fixer la boîte de jeu que Yuuki tient en ce moment entre les mains. C'est Mass Effect 2, visiblement.
« Qu'est-ce que tu fais avec ça ? J'ai l'impression que tu n'as pas si envie que ça de jouer...
— Si, soupire Yuuki, très même. Mais j'ai pas envie de jouer à ça... Enfin ça me tente, mais d'un autre côté pas trop... C'est bizarre. Tu veux jouer avec moi à Mario Party ? »
Je ne dis jamais non à Mario Party. Je branche la Switch pendant que Yuuki cherche les manettes, et commence une bataille endiablée pour obtenir le maximum d'étoiles. Et je dois bien avouer que même si ce jeu est encore plus un destructeur d'amitiés que le Monopoly, on trouve difficilement plus distrayant. Surtout qu'au vu de la part de chance, j'en ai peut-être quelques-unes de gagner contre Yuuki.
« Je joue pas souvent avec des gens, sourit d'ailleurs cette dernière en volant à l'ordinateur ses étoiles. Junko, Shô et toi vous êtes les premiers de tout Hope's Peak qui vouliez bien. C'est agréable.
— Tu ne disais pas que tu avais des challengers ? »
Elle se renfrogne, avant de se concentrer sur sa manette de jeu.
« Oh, si. Ce sont des gens qui jouent contre moi. Ils s'en fichent pas mal de passer un bon moment, ils veulent mon titre, c'est tout. Je les ai toujours écrabouillés, de toute façon, mais c'est pas rigolo, de jouer comme ça... C'est pas que de la compétition, les jeux... »
Je la regarde. À l'en croire, elle n'a pas eu beaucoup d'amis, alors. Jamais remarquée dans la promotion, toujours challengée par des gens divers et variés, obligée de jouer pour gagner. C'est triste, quand même, que ce soit une Tuerie qui lui ait permis de trouver des partenaires de jeu. Qui sont juste là pour elle et non pour son titre. Parce qu'on ne va pas se mentir, quel que soit mon talent, je ne risque pas de réussir à la battre dans n'importe quel domaine vidéoludique.
« Tu ne t'ennuyais pas trop ? À Hope's Peak, j'entends, je demande après avoir fini mon tour de jeu. Ça ne devait pas être des plus faciles pour toi, cette situation.
— Si, je m'ennuie, soupire Yuuki. Comme personne voyait Yuuki, personne n'a voulu jouer avec Yuuki. Des fois, Ibrahim Nassaoui passait dans la salle de jeu, tu sais, le grand nounours avec les cheveux verts ? Mais il venait pas souvent, et on a pas beaucoup parlé. Les gens ils ont toujours préféré les populaires aux « nerds », même dans les séries ça se voit, alors dans les jeux... »
Elle se tait, avant de reprendre.
« C'est triste que ce soit enfermés là-dedans que j'ai trouvé mes premiers partenaires de jeu. Je sais que je devrais pas dire ça, parce qu'Hina elle est morte, et qu'elle me manque, et que voir des gens qui meurent c'est toujours triste... Mais je suis contente d'avoir pu vous rencontrer, comme ça. »
Je préfère garder le silence. Non pas que je ne comprends pas la détresse de cette adolescente qui voulait juste avoir des amis avec qui jouer, mais si je voulais vraiment donner le fond de ma pensée à Yuuki, je lui dirais que ce n'est en rien réciproque. Parce que je me pose des questions constamment, parce que je vis dans la paranoïa, et parce que plus que tout, Hina me manque. Sans compter que ce n'est pas seulement Hina. Kichiro aussi est mort, ce jour-là. Et je sens que ce sont loin d'être les dernières victimes.
« Mais parlons d'autre chose, finit par me lancer Yuuki ! Dis, Reina, tu penses que tu pourras venir jouer plus souvent avec moi, Junko et Shô de temps en temps ? Comme tu es souvent avec Haruko et Sora, on te voit plus, c'est triste...
— Je pourrais sans doute, je soupire. Mais Junko ne semble pas beaucoup m'aimer.
— Oh c'est rien ça, c'est Junko. Elle se méfie de toute le monde, elle cherche tout le temps des preuves que y'en a un qui est l'instigateur ou un traître. Tu sais que c'est possible, les traîtres ? Je sais que c'est scripté souvent mais y'a aucune raison pour qu'une seule personne ne partage les idées du vilain du jeu... »
Elle ne se rend pas compte à quel point ses paroles me font froid dans le dos. Un deuxième organisateur, ou quelqu'un qui partage ses idées, au sein de nous seize. Est-ce qu'on doit se méfier encore davantage des autres ? Plus encore, est-ce que ceux qui l'ont compris se méfient encore davantage de nous.
Je préfère ne pas répondre, et Yuuki continue.
« Vu qu'elle est Espionne, je sais qu'elle aimerait bien vérifier les passés de tout le monde, mais elle arrête pas de dire que les gens comme toi, Daisuke, Shizuka, Haruko et Taichi sont beaucoup trop louches et flous. Même Ryo elle le regarde mal, je sais pas pourquoi. C'est un livre ouvert pourtant, Ryo. Je vois pas ce qu'il a à cacher...
— Junko... Se méfie à ce point de moi ?
— Oui, continue Yuuki sans se préoccuper de mes tremblements de plus en plus fort, parce que t'es riche et qu'on sait pas grand-chose de toi. Même Hope's Peak est super secret sur la manière dont t'as eu ton Ultime, c'est comme Ryo ou Shizuka, y'a toujours des trucs pas clairs... Mais moi je pense c'est normal, Ryo il a juste fait des concerts sans doute, et Shizuka c'est sûr ses recherches sont top secrètes... Eh, ça va pas, Reina ? »
Pas vraiment, non. L'idée même que Junko cherche à fouiller dans mon passé me terrorise. Même sans squelettes dans mon placard il est des choses que personne ne doit savoir. Et pourtant, si Junko voit que je m'évertue à maintenir le rideau baissé, il est évident que je serai la première sur la liste de ses suspects... Et si elle convainc assez de monde... Je ne survivrai pas longtemps à ce jeu de l'horreur.
Je suis incapable de parler, me concentrer encore moins. Yuuki met fin à la partie en voyant que je ne suis pas bien du tout, et quitte la salle multimédia en s'excusant. Je ne tarde pas à la suivre, incapable de rester seule à faire une crise ou une réminiscence, et me dirige sans but dans les couloirs, ruminant tout ce que Yuuki vient de me dire non sans une certaine terreur.
Je suis encore plongée dans mes pensées quand je manque de rentrer dans Sora, qui se promenait justement dans les couloirs. Quelques secondes de conscience me permettent de constater son air béat et ses yeux fixés sur son alliance, avant qu'il ne remarque mon expression et que son visage se teinte de la plus pure inquiétude.
« Eh, Reina, tout va bien ? »
Non, tout ne va pas bien. Mais je ne peux décemment pas le dire à Sora comme ça. À la place, je force sur mes lèvres un faible sourire et force ces quelques mots à sortir de ma gorge :
« Si si... tout va bien... »
Je ne suis sans doute pas très crédible puisque l'air dubitatif de Sora suit une expression résignée. Sans dire un mot, il me prend par la main et m'entraîne vers sa chambre. Ce n'est qu'une fois assise sur son lit, la porte fermée et ma tête sur son épaule que je me permets de respirer.
« Maintenant, soupire Sora, dis-moi ce qui ne va pas. »
Un concentré de choses dont je ne sais même pas avec quoi il pourrait m'aider. Mais je sais qu'il n'acceptera pas une réponse négative. Alors je réfléchis, cherche dans mon immensité de problèmes lequel pourrait être bien accueilli par Sora, avant de me fixer sur un qu'il pourra peut-être ne serait-ce que m'aider à démêler, si je choisis cette solution parmi tant d'autres.
« Michi m'a fait sa confession, hier. »
Il se tend un peu, mais son visage reste paré de la même expression d'inquiétude.
« Ce n'est pas ça qui provoquait ta crise d'angoisse, pas vrai, Reina ?
— Non, je ne peux qu'avouer. Mais c'est quand même un problème que j'ai sur les bras... Je crois...
— Tu veux bien m'expliquer ? »
Je soupire. Au point où on en est...
« Eh bien... Tu te souviens que je suis polyamoureuse ? »
Il plisse les yeux, sans doute ayant du mal à comprendre. Ça va être compliqué, je sens, mais autant continuer, vu comment je me suis enfoncée. Et si Sora n'a que la partie du problème « et si je répondais positivement », il pourra sans doute m'aider à démêler le problème de « comment je lui avoue que j'en aime ou peux en aimer d'autres ». Je prends une profonde inspiration avant de déballer, hésitante :
« J'envisage d'accepter... Je sais pas encore, y'a plein de trucs qui me bloquent... Mais l'un d'entre eux, c'est que je ne sais pas comment lui dire. Est-ce qu'elle est jalouse et va refuser ? Est-ce qu'elle va accepter pour au final... Au final... »
Danganronpa me revient en mémoire, mais je n'ai pas besoin de continuer. Sora hoche la tête, avant de soupirer.
« Je vois le problème, ne t'en fais pas...
— Je ne sais pas quoi faire, je soupire. Bien sûr, si j'accepte, je devrai fatalement lui en parler, mais je ne sais pas comment aborder le sujet, et j'ai peur de sa réponse... Je sais que je ne devrais pas demander, mais... Comment ça s'est passé ? Avec toi et Haruko ? Car tu lui as dit ? Non ? »
Sora me fixe pendant de longues secondes, et finit par me caresser les cheveux en douceur, un sourire se formant sur ses lèvres.
« Du calme, Reina. Je ne sais pas si je suis le mieux placé pour t'aider mais je peux au moins essayer. Si tu veux bien m'écouter pendant quelques minutes ? On a sans doute pas la même expérience, mais je peux sûrement être utile... »
Il s'installe plus confortablement sur son lit, avant de me faire signe de faire de même et commencer à parler.
« Je ne sais pas si c'est ton cas, mais moi, j'ai toujours su quelque part que j'étais polyamoureux. J'avais plusieurs petits copains en maternelle, je ne me sentais pas restreint à un... C'est en faisant des recherches sur une romance pour une de mes histoires que je suis tombé sur le terme, et je me suis tout de suite reconnu dedans. J'avais douze ans, alors oui, tu peux peut-être te poser des questions sur est-ce que c'est bien valide, mais vu que ça n'a pas changé même aujourd'hui... »
Il pouffe. Sa voix me détend un peu, et même si on a effectivement pas du tout la même expérience, j'ai toujours beaucoup aimé les histoires. Tout particulièrement quand c'est l'Ultime Écrivain qui les raconte.
« J'ai rencontré Haruko sur un site de rencontres un peu particulier, continue Sora en serrant contre lui un des oreillers de son lit. C'est un site qui permet des matchs entre personnes en fonction de plusieurs facteurs : Tes intérêts, ta personnalité selon un calcul de l'IA du site, et ton historique internet. Quand tu permets à ce site d'y accéder, du moins. J'ai voulu essayer, j'ai donné accès une journée au site à mon historique, et trois jours plus tard je matchais avec Haruko. »
Son sourire me fait chaud au cœur, et je sens tout l'amour exsuder de sa voix alors qu'il parle de sa femme. Un petit pincement au cœur me signale que la jalousie y fait son chemin, mais je préfère ignorer ce détail. Écouter Sora est plus important. Le calme est déjà revenu dans mon esprit et je pourrais presque le remercier dès maintenant, mais j'ai trop envie de l'entendre finir son histoire.
« Il se trouve qu'elle et moi apprécions beaucoup les musiques metal, la modern fantasy et les armes bijoux, pouffe Sora. C'est sans doute ce sur quoi le site s'est basé. On a discuté un peu en virtuel puis, sur impulsion de ma mère qui voulait absolument me voir sortir, je lui ai proposé une rencontre. On ne s'est plus quittés depuis. »
Il continue de sourire.
« Ce à quoi je veux en venir, reprend-il, c'est que sur ce site j'avais écrit que je ne me sentais pas limité à un partenaire. On a eu la grosse conversation quelque temps après que notre relation soit devenue sérieuse, mais elle savait déjà à quoi s'attendre avec moi avant qu'on ne tombe amoureux. Je pense qu'il faut que tu expliques ça à Michi avant d'accepter, ou non, sa proposition, termine-t-il alors que j'avais quasiment oublié le sujet de la conversation. Si tu ne te sens pas à l'aise avec cette question, je peux tâter le terrain pour toi, évidemment, mais ça ne garantira pas qu'elle te cache des choses... ce sera à toi de décider à quel point tu veux lui faire confiance. »
Sa main s'égare dans mes cheveux alors qu'il se redresse, et il me fait un léger clin d'œil.
« Je suis derrière toi, d'acc ? Je sais que c'est compliqué, et je veux t'aider. Tu me dis s'il y a quoi que ce soit... D'ailleurs, si je peux poser la question, il y a une autre personne, qui te fait te dire qu'il faudra lui en parler ? »
Je... Qu'est-ce que je lui dis ? Je ne peux décemment pas lui avouer comme ça que c'est lui ! Et sa chérie, en plus de ça... Et mes joues prennent une sacrée teinte rouge, pitié esprits faites qu'ils ne se doute de rien... Faites qu'il ne se doute de rien !
Je finis par balbutier au milieu de ma gêne :
« Euh... Non, non, c'est juste que... Juste au... Au cas où, tu vois ? »
Bravo Reina, dix sur dix en matière de discrétion. Par chance, il n'a pas l'air de relever ma gêne, et se contente de hausser les épaules.
« Oh, je vois... je pensais que ce serait Shô. Vous vous êtes pas mal rapprochées, toutes les deux... Il y aurait eu de quoi. »
Ouf, merci les esprits... Bon, je ne sais pas pourquoi il me parle de Shô, on est pas si proches, quand même, je ne lui parle régulièrement que depuis peu... Mais au moins, il ne se doute pas de mon très probable crush sur sa personne. Toujours ça de pris. Je me retiens de soupirer de soulagement, et décide de couper court à cette conversation. De toute façon, elle a rempli son rôle, et moi je dois aller remplir le mien.
« Merci beaucoup de m'avoir permis de parler, Sora, je soupire. Je ferais mieux d'y aller, Ryo a besoin d'un check-up après hier...
— Oh, c'est vrai, sourit Sora. Dis-lui bien que ce n'est pas grave pour le concert, que sa santé est le plus important... oh, et souhaite lui bonne chance, avec Okumura. Et n'hésite pas à revenir me voir s'il y a un problème, d'accord ?
— ... D'accord, je finis par répondre en ouvrant la porte. Je lui dirai tout ça. Bonne fin de journée, Sora.
— Tu me connais, pouffe l'Écrivain, je vais sûrement dormir jusqu'à l'heure du repas. À plus tard ! »
Je ferme la porte sur lui et ses mots, pas vraiment d'humeur à lui rappeler que son rythme de sommeil n'est pas franchement le meilleur du monde. J'ai d'autres patients à enguirlander.
Sur le chemin de l'infirmerie, je croise Michi et Taichi. La première me fait un large sourire.
« Oh, Reina ! Tu vas voir Ryo ? J'y allais aussi, justement ! Viens, on va l'enguirlander ensemble !
— J'y crois pas qu'il se soit cassé la jambe en plein concert, grogne Taichi. Va falloir que je fasse super gaffe à sa santé.
— Ce serait avec plaisir, je soupire. Je commence à saturer.
— On sera pas trop de trois pour l'engueuler, rigole Michi. Allez, viens, on y va ! »
Je souris, avant de les suivre vers l'infirmerie, déjà en train de réfléchir à comment il va se prendre les reproches qu'il mérite. Encore, certes, mais bon, franchement, pour se recasser la jambe juste à cause d'un stupide concert et d'un total non-respect de mes consignes... C'est ahurissant. C'est absolument blasée que j'ouvre la porte de l'infirmerie, le meilleur air de grande sœur travaillé avec les bêtises d'Ichiro que je puisse sortir sur mon visage.
« Ding dong bing booooooong ! Un cadavre a été découveeeeeeert ! »
L'annonce de Monokuma me glace le sang. Qui a bien pu découvrir un cadavre ? Est-ce qu'il faut que je ramène Ryo pour... La suite des évènements ?
J'ai ma réponse lorsque mes yeux croisent deux orbes marron vides de toute lumière.
Je n'entends plus rien. Pas les hurlements autour de moi, ou l'annonce de Monokuma qui retentit encore dans les airs, ou même le claquement de la porte contre le mur alors que je laisse la poignée s'échapper de mes mains. Je n'ai plus d'yeux que pour le corps en face de moi, yeux à demi entrouverts, le bras posé sur un accoudoir avec sa manche remontée, la seringue sur le sol. Affalé dans mon fauteuil d'examen comme si il dormait, mais la couleur grisée de sa peau et ses yeux, surtout ses yeux, ne peuvent tromper sur l'absence de vie dans son corps.
Le son revient dans mes oreilles pour un cri. Un seul. Poussé par trois voix différentes et pourtant horriblement semblables dans la tristesse, la colère, le désespoir qu'elles transmettent.
« RYO !!!!!!!! »
________
AHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAH
IT IS TIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIME
TO HAVE A DEATH TIIIIIIIIIIIIIIIIIIME
ALORS VOUS EN DITES QUOI DE MON PETIT MEURTRE
A VOTRE AVIS IL S'EST PASSE QUOI
MOUHAHAHAHAHAHAHAH
Kichiro : Tu peux arrêter de rigoler ? -_-
MAIS JE SUIS SI FIER.E
Hina : C'est pas gentil QwQ
J'vous ai pas tués pour être gentil les potos-
A dans quelques jours pour l'enquête !
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