Chapitre 1 (7) : Revolution waits for no men

« Mesdemoiselles, si vous avez fini de vous câliner, je dois vous réquisitionner. Allez, debout ! »

Évidemment, on ne pouvait pas compter sur quelques heures. Kichiro se tient devant nous, tapant du pied, son habituel air agacé sur son visage fin. C'est vrai, je me rappelle qu'on a mis quelques règles au point ensemble... Michi a finalement accepté qu'il perquisitionne dans tous les labos, à condition que quelqu'un soit là pour le surveiller. Et j'imagine que puisqu'il est là, ça tombe sur moi.

Hina grommelle, dardant sur Kichiro un regard si noir que même Daisuke en aurait eu des frissons. Enfin peut-être, vu que l'Ambassadeur ne réagit pas d'un iota. Et visiblement, ce n'est pas non plus la remarque acerbe de mon amie qui compte le faire bouger...

« Hors de question que je vienne avec toi, Kichiro. Va te faire pendre ailleurs.

— Eh bien c'est fort dommage, siffle l'Ambassadeur, car j'ai besoin que vous soyez là spécifiquement toutes les deux. Alors debout, et suivez-moi ! »

Ce qu'il peut être désagréable... C'est d'un pénible quand il s'y met ! Dire qu'hier il était bien plus conciliant... Je me rappelle encore de ces heures de négociations, de ces nouvelles règles que nous avions mis au point tous ensemble. Il y avait moi et Michi bien sûr, mais aussi Akihito, Haruko et Yuuki, les seuls à vraiment avoir pris part à la discussion... Et au final, nous avons mis au point de nouvelles règles. Des règles qui nous arrangeaient tous tout compte fait, bien que Kichiro n'ait jamais voulu nous dire à quoi il pensait, ou plutôt à qui, avec son accusation...

Désormais, nous nous retrouverons tous le soir, à dix-neuf heures précises, pour le compte des personnes et la mise en commun des informations. A part ça, tout a été un peu assoupli. Par exemple, tant que chacun annonce où il est le soir, il peut dormir en dehors des chambres. Junko disait vouloir faire quelque chose contre le verrouillage automatique des portes, peut-être qu'elle y arrivera... Et aussi, désormais et c'est sans doute le point le plus important, Kichiro a été nommé chef de l'enquête active contre l'instigateur... Avec autorisation, comme je l'ai dit, de fouiller les laboratoires comme bon lui semble.

Honnêtement, tant que je suis là, ça m'est égal qu'il fouille le mien. J'ai déjà caché tout ce que j'ai pu, il n'y a plus aucune trace de mon passé dans cette pièce. Et je crois qu'il s'en doute, vu que ce n'est pas vers mon laboratoire qu'on se dirige, mais celui de Saki.

Je jette un regard interrogateur à Kichiro en voyant la porte devant laquelle il s'arrête. Ce dernier hausse les épaules, et sort de sa poche deux clés.

« J'ai trouvé ça au fond de la rivière, dans un petit coffre avec marqué dessus « clés des Tamura ». Mon laboratoire n'est pas la priorité, mais si vous voulez aller le voir après, je vous accompagne. Ne reste donc que celui de Saki. »

Ça se tient. Mais j'espère fort qu'il ne croie pas s'en tirer comme ça. Il reste un suspect potentiel, bien que je déteste l'idée de suspecter des gens de mon entourage. Et puis, s'il n'avait pas fait son petit numéro hier, ce serait mon suspect numéro un. Tout son caractère, son être, le désigne comme tel. Et puis en plus ça reste un homme, quoi.

Kichiro glisse la clé dans la serrure, et la porte s'ouvre enfin sur le laboratoire de l'Ultime Stratège.

Je suis la première à y rentrer, avant d'y jeter un coup d'œil rapide le temps que Kichiro et Hina me suivent. À première vue, ce laboratoire à tout de la salle de préparations ordinaires : Des dizaines et des dizaines de schémas de bataille se côtoient sur les murs, une immense table de planification prend tout l'espace du centre de la pièce, et les armoires sont sans doute aussi remplies de livres et de pions. Je sais que Saki se base surtout sur la stratégie de bataille, mais je ne suis cependant pas surprise de trouver sur les étagères des livres parlant de machines et autres mécanismes divers, comme celui qu'elle a utilisé pour manquer de noyer Kichiro l'autre jour. Ce dernier, qui est juste derrière moi, pince d'ailleurs les lèvres à cette vue. Mauvais souvenirs, Kichiro ?

Je souris et reprends mon examen. Il y a aussi un peu de politique, et quelques tables d'échecs, de dames et autres jeux nécessitant de faire marcher son esprit stratégique. Saki serait comme folle dans ce labo, mais je n'y vois rien de suspect...

« Viens voir, Reina, » me chuchote Hina, profitant du fait que Kichiro soit occupé à palper les murs. « Ces coupures de journaux parlent toutes de Saki... »

Je me rapproche. Effectivement, il s'agit bien d'articles sur elle. Il y a notamment la chronique faite par Akihito sur son arrivée au gouvernement, mais aussi quelques articles retraçant ses origines, certains bien plus moqueurs qu'autre chose... Comme pour moi, il y a de nombreuses références à des évènements ayant eu lieu au cours de sa vie, mais ces derniers sont bien moins marquants que ce que j'ai pu vivre. En tout cas, il n'est fait mention nulle part de quoi que ce soit de louche. Pas d'implication avec les Monokuma, ni de magouilles gouvernementales. Et si Monokuma a étalé tout mon passé au grand jour, je doute qu'elle ne veuille réellement cacher des éléments de celui de Saki...

« Elle a pas l'air d'être suspecte, me chuchote Hina. Ça me rassure... Si c'était elle qui nous avait embarqués là-dedans, je... j'aurais vraiment mal. »

De même. Surtout que toute amitié mise à part, ce serait un réel choc pour moi. Je connais Saki. Je sais très bien qu'elle n'est pas sans défense. Mais penser qu'une fille à moitié muette, introvertie et terrifiée par beaucoup de choses ait pu organiser une Tuerie d'une telle ampleur... Tout est possible, mais ça ne veut pas dire que tout sera facilement accepté.

Je soupire et me redresse, avant de me tourner vers Kichiro qui palpe toujours les murs.

« Rien à signaler. Et de ton côté ?

— Hm. Rien. Pas de passage secret, ou de notes cachées dans les livres, ou quoi que ce soit du même genre. »

Il a l'air presque déçu par cette constatation. Je veux bien qu'il cherche des informations et que ce soit décourageant de revenir bredouille, mais quand même, Saki est sa sœur, il ne soupçonnait quand même pas sa sœur ? Enfin bon, venant de Kichiro, je m'attends à tout.

« Est-ce qu'on passe à son labo, maintenant ? » Me demande Hina en désignant Kichiro du doigt. « J'ai moyen envie de voir ce qu'il y a dedans mais c'est que justice... »

L'Ambassadeur hausse les épaules. On dirait qu'il s'en fiche. Mais quand j'y pense, c'est lui qui a trouvé sa propre clé. Sans doute a-t-il eu le temps de faire un tour d'horizon et de cacher tout ce qu'il y avait de compromettant, comme j'ai pu le faire dès que j'ai eu la mienne...

À ce sujet, il y a vraiment quelque chose que je vais devoir demander à Daisuke.

Quelque chose de la plus haute importance.

Je me contente donc de hausser les épaules, et de me tourner vers Kichiro.

« Pas la peine. Je doute qu'on y trouve grand-chose, et on est pas pressés par le temps aujourd'hui. On pourra y retourner plus tard. A la condition que Kichiro reste tout le temps avec l'une d'entre nous, j'imagine... »

Cette condition ne me plaît pas, mais s'il faut vérifier son laboratoire avec lui, autant être sûre qu'il ne viendra pas le remanier entre temps. Ce dernier fait la moue, mais celle qui a la réaction la plus négative, c'est Hina, qui fait une fort vilaine grimace.

« Oh l'autre ! J'ai pas envie de traîner avec ce rabat-joie sur pattes toute la journée merci... On ira voir après que j'ai pris de quoi manger, j'ai faim. Et.... Eh c'est quoi ça ? »

Dans la direction qu'elle montre du doigt, sur une des armoires, une balise colorée vient de capter un rayon de lumière, qui m'a éblouie pendant une seconde. Le temps de reprendre mes esprits, Hina a cessé de râler pour bondir sur les étagères, et en faire tomber un petit coffret ornementé noir et blanc, portant le symbole très reconnaissable des Monokuma. Je plisse les yeux. Kichiro n'avait pas parlé d'un coffret ?

« C'est sans doute une clé de laboratoire, me chuchote justement ce dernier alors qu'Hina tourne le coffret dans tous les sens. La mienne et celle de Saki se trouvaient dans le même genre de coffret.

— Y'a écrit « Clé d'Hina Kawasaki » dessus mais je sais pas comment l'ouvrir ! C'est peut-être ma clé de laboratoire ? Kichiro, rends-toi utile, on l'ouvre comment ce truc ? » Nous coupe Hina, dont la voix monte de plus en plus dans les aigus.

L'Ambassadeur pousse un profond soupir.

« Appuie sur la tête de Monokuma sur la face avant. Le verrou s'ouvre tout seul.

— Merci pour ta splendide condescendance... Ah mais, mais, mais, mais oui, ça marche ! Merci Kichiro, tu vois quand tu veux ! »

Je pouffe devant le large sourire de mon amie, qui vient de jeter le coffret au loin. Elle serre entre ses doigts la clé de son laboratoire et semble prête à sautiller partout tant elle est excitée.

« Changement de programme, maintenant c'est mon laboratoire qu'on va voir ! On mangera plus tard d'acodac ? Je veux voir ce qu'il y a à l'intérieur ! Je veux je veux je veux ! »

.... Je n'ai aucune envie de lui gâcher son plaisir en lui rappelant que c'est à Monokuma qu'on doit nos laboratoires de recherche sur nos Ultimes. Elle me paraît bien trop heureuse de se retrouver en environnement familier. Un regard glacial de ma part à l'adresse de Kichiro coupe d'ailleurs toutes vélléités de plainte de sa part, et il lève les yeux au ciel avant de suivre Hina hors du laboratoire de Saki. En silence. Tant mieux pour lui. Je n'avais pas vraiment envie de m'énerver.

Le laboratoire de la Préparatrice de mariages est juste en face de celui de la Stratège, et le bruit de la clé cliquant dans une serrure parvient à mes oreilles à peine la porte refermée derrière moi. Vite suivi d'ailleurs par le hurlement de joie d'Hina, qui paraît ravie par ce qu'elle y trouve dedans... N'empêche, je me demande à quoi sert le laboratoire d'une wedding planer. Ne souhaitant pas me marier, je n'ai jamais trop approché le métier d'Hina de près, et même si j'avais voulu lui poser des questions à ce sujet, la conversation se serait sans doute orientée du mauvais côté. La preuve avec ce qu'il s'est passé tout à l'heure...

Curieuse, je passe la porte, avant de plisser les yeux. Qu'est-ce que c'est que ça ? Il y a de tout, absolument de tout. Des plans de différents endroits, des listes et des listes de budgets, une armoire clairement annotée « cahier des charges »... Et à côté, des monceaux de tissus de toutes les sortes, accompagnées de paniers remplis de fleurs que je devine artificielles, où même des cloches tintant doucement sur les murs de couleur rose pâle... l'ambiance est agréable, bien que désordonnée, mais je ne comprends absolument pas ce qu'Hina peut bien faire de tout ça.

Cette dernière continue d'ailleurs de sauter partout.

« Des échantillons ! Des recréations de scènes, là, regarde, Reina ! » me fait-elle en montrant du doigt quelques maquettes qui ne sont pas trop difficiles à identifier. « Des recettes de gâteaux, et je peux même coudre mes propres robes de mariée ! Il y a sûrement des tas de patrons dans ces livres !

— En quoi consiste ton métier pour que tu couvres autant de détails... » Grommelle Kichiro, qui nous a suivies, bon gré mal gré.

Hina gonfle les joues.

« Soit t'es vraiment qu'un ignorant, soit tu comptes pas te marier... Moi mon rôle, c'est d'accompagner les futurs dans toutes les étapes de leur mariage, et faire en sorte que rien ne dévie des plans de leurs rêves... Bon, avec le minimum de yens mis en jeu, et ça, ça fait moins rêver. Mais du coup faut que je sois renseignée sur tout, tout, tout ! Ou que je puisse rattraper le coup au moindre problème, comme un panier de fleurs pas de la bonne couleur, où alors une robe de mariée qui se déchire au dernier moment... »

Je vois... Beaucoup de choses à prévoir donc. Je comprends mieux la quantité d'éléments dans son laboratoire. Et je suis contente qu'elle ait au moins un environnement familier à quoi se raccrocher dans cette Tuerie... Même si ça vient de Monokuma, elle aura sans doute besoin d'un endroit où se ressourcer.

Kichiro me jette un coup d'œil lassé.

« Reina, je ne compte pas perdre davantage de temps. Je dois absolument creuser cette piste. Rester là à contempler une gamine sur son terrain de jeux ne me permettra certainement pas d'en apprendre davantage sur elle.

— Kichiro, ne la traite pas de gamine. Et tu sais très bien que selon les termes de ton propre accord, l'une de nous au moins doit te suivre si tu explores des trucs ! »

Il pousse un profond soupir avant de fouiller dans sa poche et de m'attraper la main. Deux clés tombent droit dans ma paume. La sienne, et celle de Saki.

« J'ai vu tout ce que je voulais voir dans le laboratoire de Saki, et le mien ne présente aucun intérêt à mes yeux à ce stade de la Tuerie. Je te laisse les clés. Si ça me permet de me libérer et de fouiller avec moins de surveillance, je préfère faire comme ça.

— Et tu me cèdes ta clé... Comme ça ? »

J'ai du mal à y croire. Sans compter que la facilité avec laquelle il me l'a donnée, sans même que je la lui demande, le rend encore plus suspect à mes yeux. Il a forcément déjà fouillé son propre laboratoire. Ce n'est pas possible autrement.

Son regard se fait froid, et il me fixe droit dans les yeux, ses prunelles rouges brillant d'une lueur que je n'aurais jamais pensé voir sur le visage de Kichiro Tamura. Une lueur de pure détermination.

« Je te l'ai dit. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la coincer. Ça entend, absolument tout. Et cette évidence entraîne une autre évidence, celle que tu auras sans doute bien plus besoin de ma clé de laboratoire que moi. »

Qu'est-ce que... Ne me dites pas qu'il compte... Non, non, ce n'est pas possible, nous nous étions mis d'accord sur un plan très précis ensemble et même si Kichiro a beaucoup de défauts, il a toujours respecté ses promesses ! Ses paroles m'inquiètent, et visiblement il s'en rend compte, puisqu'il sourit.

« Ne t'en fais pas. Je vous tirerai tous de là. »

... Kichiro Tamura qui sourit, c'est un spectacle étrange. Je préfère m'attarder là-dessus, plus que sur ses paroles plus qu'inquiétantes. De toute façon, je ne pourrai plus rien tirer de lui. Il s'est barré, me laissant entre les mains sa clé.

« Reina, ça va ? » Me demande Hina, sans doute inquiète de mon soudain silence. Je pousse un profond soupir.

« Hina, tu veux bien donner sa clé à Saki ? Puisque Kichiro s'est absenté, je dois aller demander quelque chose à Daisuke.

— Daisuke... Le Révolutionnaire ? Moi je l'approche pas, désolée. T'es courageuse de vouloir aller le voir. Mais donne-moi la clé de Saki, d'accord ? Je m'en charge, promis. »

Je la remercie et quitte son laboratoire, délestée de la clé de ma meilleure amie. Prochaine étape, la forêt tropicale.

Je déteste toujours autant ce lieu. Savoir comment Daisuke s'y est habitué est un vrai mystère. Moi qui aie eu tant de mal à me faire aux plaines désertiques, alors que les grands espaces vides font partie de mes paysages favoris... J'ai du mal à voir comment quelqu'un peut aimer un endroit plein de plantes, de terres, de lianes et de danger à chaque coin de l'œil ! Même si c'est quelqu'un comme Daisuke...

Hors de question de mettre le moindre pied là-dedans, je me dis en observant l'étendue verte. Cette fois je n'ai pas de clé à récupérer. Mais il y a bien quelque chose que je peux faire, par contre. C'est horriblement gênant, mais si je n'essaie pas maintenant, je vais me torturer avec cette question pendant des jours... Alors je prends une profonde inspiration, et hurle vers la forêt avec toute la puissance de ma voix :

« Daisukeeeee ! Tu peux venir s'il te plaît ? Je dois te parler ! »

Bruissement de feuilles. Grand silence. J'attends quelques instants, et puis atterrit devant moi le Révolutionnaire Ultime, un air agacé sur son visage. Vu la trace de sève sur sa joue, toute fraîche en plus, il vient sûrement de se réveiller... D'un petit sommeil sur un oreiller de feuilles vertes. Vraiment, je ne le comprends pas...

« Tu me veux quoi princesse ? »

Son énervement est palpable dans sa voix. Pourtant j'ai l'impression de me sentir plus à l'aise que d'habitude... Je me demande pourqu- oh par la Sainte Accession, je le regarde d'en haut ! Il s'est accroupi et me fixe de sa position ! C'est... C'est d'un ridicule, surtout pour moi, qu'il se sente obligé de faire ça pour me mettre mal à l'aise... Mais je ne sais pas si je peux vraiment ressentir de la colère. Pas sans savoir ce qu'il y a dans sa tête... Je me mords la lèvre.

« Ce n'est pas long promis... C'est juste une question comme ça. Lorsque tu as trouvé ma clé....

— Pas tes affaires, princesse. »

Donc il a bien deviné ce que j'allais lui dire. Et il n'a pas perdu de temps pour me remballer on dirait ! ça m'énerve ce genre de comportement. Surtout que si, c'est tout à fait mes affaires ! C'est mon laboratoire, bon sang ! Et vu tout ce qu'il y avait dedans, je suis en droit de savoir s'il était au courant ou pas !

D'habitude je ne m'énerve pas. Je ne me sens pas légitime à m'énerver, et de toute façon je n'arrive pas à tout sortir quand ça arrive. Mais cette fois je ne peux me retenir de cracher :

« Bien sûr que si. Et puis que je sache, je ne t'ai jamais permis de m'appeler princesse ! D'où sort ce surnom ?!? »

Il hausse un sourcil, avant de sourire, un léger sourire ironique.

« Moi qui pensais que tu savais que t'aplatir... Tu m'impressionnes, miss héritière Satou. »

Ah, donc c'est ça. Évidemment, il fallait que mes parents arrivent dans la conversation. Je ne suis même plus leur héritière, même si je suis leur fille envers et contre tout. Et ça m'énerve ce genre de jugement de valeur... Tellement que je continue sur ma lancée, sans pouvoir m'arrêter.

« Ça ne justifie pas ce surnom. Est-ce que je te juge en fonction de tes parents, moi ? Je serais bien en peine de le faire vu que je ne les connais pas.

— Pas faux. »

Il soupire et se redresse, coupant net mon élan suivant de colère. Je réalise de nouveau, alors que son immense figure me surplombe, pourquoi il me terrifie autant, et mes prochains mots de colère s'étranglent dans ma gorge. Il me domine de toute sa hauteur, me faisant passer le message d'à quel point il est dangereux. Je savais que je n'aurais pas dû m'énerver... Je prie de tout mon cœur ne pas avoir à le regretter. Pas cette fois.

Daisuke me regarde de haut. Mais il ne lève pas sa main, ne fait pas mine de m'attaquer, ne m'insulte pas. Il se contente de pousser un profond soupir.

« Parents ou pas, t'es toujours la fille de deux pointures nippones, élevée dans un cocon, que t'en sois sortie ou pas après. Pour moi t'as eu une vie de princesse. Tu peux pas nier ça, quoi qu'il te soit arrivé ensuite.

— ... Non, en effet. »

Il n'a pas tort. J'ai grandi dans la richesse. Est-ce suffisant pour me qualifier de princesse ? Je ne sais pas. La moi d'avant aurait dit que non. Aujourd'hui... Je ne sais pas. Est-ce que ça a vraiment une importance ? Je penche un peu la tête sur le côté, essayant de décrypter son expression. Il me fixe toujours avec le même agacement, mais il n'y a aucune animosité dans son regard. Je hausse un sourcil.

« J'imagine bien que tu n'as pas grandi dans le luxe, toi...

— C'est peu dire, princesse.

— ... Laisse-moi finir s'il te plaît. Mais est-ce qu'au moins t'as grandi heureux ? On peut être riche et malheureux, ou pauvre et heureux. Pour plein de raisons différentes. »

Il s'apprête sans doute à répliquer vertement. Son visage plus crispé que mes muscles tendus par la méfiance en est un bon exemple. Mais rien ne sort de sa gorge. À la place, il se mord la lèvre, avant de prendre son menton entre ses doigts, et grommeler.

« C'est que la princesse s'improvise philosophe...

— Mon métier m'a fait voir un certain nombre de gens ayant des définitions différentes du bonheur. Quelle est la tienne ? »

Je n'en reviens pas d'arriver à lui parler. Aussi calmement, j'entends. Et qu'il n'essaie pas de me tuer ou quoi que ce soit du même genre, non, qu'il réfléchisse sérieusement à ma question.

« T'es pas si conne que ça, finit-il par soupirer. T'as même de sacrés bons points pour une gosse de riche.

— .... Merci ?

— C'était pas vraiment un compliment. Bref. Ouais, t'as raison, je crois que j'ai été heureux. Genre, heureux de défendre mes valeurs, heureux d'être avec mes parents qui me protégeaient, ce genre d'emmerdes. Dur d'être heureux à la guerre hein ? Bah je l'étais. Tant mieux pour ma pomme.

— Étais ?

— Te fous pas de moi. Tu sais très bien à quel point c'est la merde là-bas. Enfin, ce serait sans doute repassé au présent si j'étais pas dans une putain de Tuerie, piégé là sans savoir ce qu'il est advenu de mes parents...

— J'en conclus qu'ils sont toujours au Laos. »

Il lève les yeux au ciel. Enfin, l'œil, vu que le droit reste vitreux et immobile.

« Bravo, tu fais bien les devinettes. Ouais, j'ai pas réussi à les extrader après avoir chopé mon titre. Merci, Hope's Peak. On apprécie. »

Donc ses parents sont toujours en vie, mais dans un environnement instable. J'espère qu'on ne les prend pas pour cible, ce serait logique de la part de rivaux d'un héros de guerre... Mais je pense que Daisuke ne m'en dira pas un mot de plus. Il vient de se détourner, se dirigeant vers sa chère forêt. Dans le but de reprendre sa petite sieste matinale ? Je ne sais pas trop.

Cependant, avant de disparaître derrière les branchages, il se retourne vers moi et me lance :

« Au fait ! J'suis rentré dans ton labo, mais le peu que j'en ai vu m'a convaincu que c'était pas mes affaires. Les vagins, très peu pour moi, merci. »

Et me laisse seule, sur une phrase dont je ne sais pas si elle me rassure ou non.

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Hellooooooooooooooooo, c'est re-moi !

Je vous laisse avec un petit FTE de Daisuke aujourd'hui, histoire de remplir mes obligations !

Du coup et accessoirement, je vous informe que les FTE touchent à leur fin... D'ici quelques chapitres, vous aurez une jolie surprise sanglante ! :)

Si je garde un rythme de post à peu près régulier, vous aurez tout votre contenu dans le courant du mois de février, je pense. Et on pourra passer aux votes pour les FTE du deuxième chapitre. Je vous informe d'avance, par contre, que certains, outre ceux des morts, ne seront pas dispo : Soit parce que vous en avez déjà fait assez pour la portion de l'histoire actuelle et que ces personnages ne se confieront donc plus à Reina sans autre garantie, soit pour des raisons de plot.

Voilà voilà, c'est tout pour la note d'auteur !

Ah, et, avant que j'oublie, le récapitulatif des personnages a été updaté avec le sprite de Sora !

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