Chapitre 1 (2) : Misplaced authority

Ils sont six à rentrer dans la cuisine : Ryo, Soma, Akihito, Kichiro et Taichi, soit les garçons à l'exception de Sora et Daisuke, et Shô qui les suit. Je crois voir une ombre se glisser derrière ce dernier d'ailleurs... Mais j'imagine que ce n'était que mon imagination, car un nouveau compte du nombre de personnes m'apprend que seuls les six nouveaux et nous, les six filles, Yuuki exceptée. Je ne vois d'ailleurs rentrer ni cette dernière, ni Shizuka, ni Daisuke, ni Sora... Même si pour le dernier, j'avoue que ce n'est pas très surprenant. Il est probablement parti dormir. Et l'absence de l'Ultime Révolutionnaire me rassure à un point assez inimaginable.

Les nouveaux arrivants prennent rapidement de quoi déjeuner, puis Ryo vient s'asseoir à côté de nous, et me salue d'un signe de tête, seulement pour être interrompu par Michi qui lui ébouriffe affectueusement les cheveux. Je pousse un profond soupir, et Akihito, qui l'a accompagné, m'adresse un regard d'excuse. Je lui rends un regard mi-lassé, mi-étonné. Il n'y est pour rien, non ?

« —Bonjour, Reina. J'espère que tu as bien dormi ? Même si le contexte ne s'y prêtait certes pas... »

Non, en effet. Mais ça ne m'a heureusement pas empêchée de dormir. Je laisse échapper un grommellement neutre, qui provoque un léger rire d'Akihito.

« —Je vois... Haruko et Junko, c'est ça ? Dit-il en se tournant vers mes deux compagnes. Mon camarade et voisin de chambre m'a laissé en plan pour discuter avec ce qui semble être sa sœur de cœur, m'autorisez-vous à me joindre à vous ?

—Bien sûr, sourit Haruko. Je suis toujours ravie de discuter avec un collègue. »

Junko hausse les épaules, mais ne répond rien. Le temps de la discussion semble passé pour elle... De nouveau, elle joue avec son collier de perles, celui que j'ai repéré hier alors que Monokuma lançait son annonce. Visiblement, elle ne semble pas vouloir parler, et comme Saki s'est complètement refermée sur elle-même, j'imagine qu'il ne me reste plus qu'à discuter avec Haruko et Akihito.

Le visage de ce dernier s'est d'ailleurs éclairé.

« —Ah, c'est vrai, tu es l'Ultime Journaliste de terrain ! Mes excuses, j'ai dû oublier ton nom de plume. Tu en utilises bien un ?

—Bien sûr. Difficile de croire qu'une adolescente s'est associée avec les plus gros journaux et chaînes de télévision japonaise, n'est-ce pas ? J'ai fait écrivaine, reporter, journaliste, présentatrice, et à chaque fois sous des noms différents. J'imagine que si cette Tuerie est diffusée, les gens chercheront partout toutes les facettes de mon identité...

—Diffusée ? C'est possible ça ? »

Haruko se tourne vers moi.

« —Oui et non, Reina. La première Tuerie, l'Originelle, était, si tu te rappelles bien, placée sous un signe que je qualifierais volontiers de sacré. Mais pour les autres... Un certain nombre d'instigateurs ont détourné cette motivation pour diffuser, ou tenter de diffuser, les leurs. Histoire de plonger le monde dans le Désespoir... »

Je ne parviendrai jamais à comprendre cette motivation. Pourquoi le Désespoir ? Pourquoi tenter une diffusion en temps réel de quelque chose d'aussi horrible ? Le monde ne s'est même pas détruit. Au contraire et ironiquement, Tueries mises à part, il va mieux que jamais. L'espoir y est né et Hope's Peak assure faire de son mieux pour le porter. Et je me demande bien qui parmi les milliards d'êtres humains sur cette planète ont renoncé à leur humanité pour trouver un pareil massacre divertissant...

Un haussement d'épaules interrompt ma réflexion. Pour le moment, le plus important, c'est ma situation et comment y survivre. Je ne sais pas si je peux intégrer tous les garçons dans le plan d'Haruko, et je n'ai pas envie de l'exposer à sa place... Mais avec Akihito, qui nous regarde avec un calme et une gentillesse que je ne vois que rarement sur le visage d'un homme, je peux peut-être organiser d'autres choses. Une vraie vie de communauté en attendant que l'ultimatum de Monokuma n'arrive à sa fin.

Je soupire. On peut toujours essayer.

« —Dis-moi, Akihito... Avec les filles, nous nous sommes dit qu'instaurer quelques règles de vie ne pouvait qu'être salutaire. Qu'en dis-tu ?

—J'en pense que c'est une très bonne idée. Mais si je puis te donner un petit conseil, ce serait celui de ne point faire trop peser les règles sur la tête de nos camarades. Tu auras remarqué que certains d'entre nous sont trop indépendants pour se plier à un planning précis. Tu pourras peut-être organiser des dîners communs, mais pas d'appel ni de déplacement en groupes... »

Zut... Effectivement, j'avais pensé à ce genre de règles. Mais se retrouver tous les soirs dans le réfectoire pour que je fasse un compte sommaire des personnes devrait être un bon compromis...

Je m'apprête à suggérer l'idée au Chroniqueur lorsqu'un petit jingle retentit dans la grande salle, et une trappe du sol que je n'avais même pas vue s'ouvre pour en faire sauter Monokuma.

De nouveau et sans doute pour la énième fois depuis le début de cette Tuerie, un sursaut m'échappe, et je manque de laisser passer d'entre mes lèvres un petit cri de surprise qui, de toute évidence, aurait détruit ma crédibilité. Mais mes voisins ne le remarquent même pas, fixés comme ils sont sur notre animatrice macabre, qui darde des yeux rouges remplis d'amusement sur notre petit groupe. Ouf... J'essaie de me remettre de mon moment de surprise, avant de lever les yeux au ciel.

« —Qu'est-ce qu'elle veut encore ? On a déjà un mobile, que je sache... »

Les autres me lancent un regard surpris. Oups... je n'aurais peut-être pas dû prendre ce ton-là, c'est vrai que d'habitude, je garde mes réflexions pour moi... Mais aucun n'a le temps de me répondre quoi que ce soit, puisqu'un visage pâle surgit en plein dans mon champ de vision, et que cette fois je ne peux retenir un cri en voyant plongés dans mon regard les yeux bleu délavé de Shizuka.

Cet.te dernier.e me fixe avec une expression que vu la position de son visage, à l'envers devant le mien, il m'est impossible de déchiffrer. Ses cheveux, qu'iel a visiblement choisi de laisser détachés me bloquent la vue, en plus... Mais l'incongruité de la position de lae Généticien.ne n'est rien à côté de mon étonnement de la voir ici, et surtout aussi proche de moi. D'ailleurs, iel ne laisse pas passer une minute m'ayant peut-être permis de me remettre de ma stupéfaction, avant de soupirer, son haleine caressant mon visage.

« —Monokuma compte sans doute nous révéler ce qui se trouve derrière les portes verrouillées du couloir du belvédère. »

Les portes verrouillées... Ah oui, ça me revient ! Celles que ni Akihito, ni moi n'avions réussi à ouvrir lors de notre première exploration... Il y en avait seize, si je me souviens bien, chacune marquées de notre nom, mais elles ne pouvaient pas être nos chambres, pas vrai... ? Donc, on va savoir ce qu'il y a derrière ? Il faudra que j'aille le dire à Sora...

En attendant, Shizuka est toujours devant moi, et je n'ose pas lui demander de se pousser. Iel me fait bien trop peur... Mais alors que je rassemblais mon courage pour tenter de m'écarter de luel, une petite forme sombre passe juste en dessous de lae Généticien.ne, et iel se retrouve projeté.e dans les airs dans un mouvement que je qualifierais de superbe, retenu.e d'une poigne de fer par une Michi au visage crispé.

La victime de la Judoka se relève, froissé.e, et la fixe d'un œil plus noir que jamais je n'ai pu voir sur un visage aussi neutre, mais cette dernière se contente de lui faire un doigt d'honneur et de lancer d'une voix forte :

« —D'habitude je fais pas ça en dehors du dojo mais là j'allais pas te demander d'aller gentiment te mettre sur le tatami le temps que je te foute en l'air quand même ! Laisse Reina tranquille et écoute ! »

Je... J'avoue ne pas savoir comment la remercier. Elle m'a évité un écueil de taille, même si la manière était quelque peu orthodoxe... Et puis, quelle manière de projeter les gens en l'air ! Au vu du mouvement qu'a fait Shizuka, iel aurait dû être gravement blessé.e, mais iel se relève sans la moindre difficulté. Est-ce que c'est parce que Michi l'a magistralement retenu.e ou pour autre chose ? J'en viendrais presque à me poser la question, s'il n'y avait pas...

« —C'est bon les miss ? Le spectacle est terminé ? »

... Monokuma, qui nous regarde avec un sourire railleur sans doute depuis le début de cette petite altercation. Et un regard autour de moi m'apprend qu'elle n'est pas la seule : Tout le monde nous fixe, les garçons, Shô, et même Yuuki, qui apparemment est arrivée pendant que Shizuka me bouchait la vue. Mes joues se teintent d'un délicat carmin, Michi se rassoit, et Shizuka lève les yeux au ciel avant de s'installer en tailleur sur le sol.

Il ne se passe que quelques secondes de ce calme avant qu'une Monokuma satisfaite ne claque dans ses mains, un grand sourire aux lèvres.

« —Le petit spectacle de la lesbianitude est terminé ? Bien ! Je vais donc peut-être pouvoir revenir à mon annonce !

—Dépêche-toi, grogne Ryo juste à côté de moi. J'ai des choses à faire autres que t'écouter.

—Comme faire des sympathiques petits plans sur comment vous allez tuer le moins possible ? Oui, je t'ai entendue, miss Kita, joli pragmatisme à propos ! Mais auras-tu le même pragmatisme après mon annonce ? »

La concernée hausse un sourcil, l'air surprise par une telle assertion. De quoi Haruko pourrait-elle avoir peur ? Bon, il est vrai que, dans une Tuerie, on doit s'attendre à tout, et même au pire. Tout le monde pourrait être un ennemi tout comme un total inconnu. Mais si je me méfie de tout le monde maintenant, je vais forcément finir par commettre l'irréparable. Et Haruko est une des personnes qui m'inspirent le plus confiance dans cet endroit de cauchemar.

En tout cas, Monokuma ne semble pas se préoccuper de nos états d'âme, puisque sans perdre de temps elle agite un petit trousseau sous nos yeux.

« Est-ce que j'ai l'attention de tout le monde ? Bien bien bien ! Alors voici ma petite annonce toute fraîche tout chaude : A partir de demain, ou dans trois jours, ou dans quand j'aurai envie, j'irai semer dans l'école ces petites clés ! Qu'est-ce qu'elles ouvrent vous me demandez ? Eh bien c'est bien simple... »

Son sourire se fait plus méchant, plus cruel. Elle semble, j'ignore pourquoi, se délecter des mots qui roulent sur sa langue. Qu'est-ce qu'il y a derrière ces clés, les portes qu'elles ouvrent ? Pourquoi Monokuma semble si satisfaite de nous faire cette annonce ? Je n'aime pas du tout ses manières de nous faire son petit discours et à en juger par tous les visages crispés de mes camarades présents, eux non plus n'ont pas l'air de se sentir à l'aise avec ce petit discours.

« Vos laboratoires. Toutes ces clés ouvrent vos laboratoires. Et ce qu'il y a dans vos laboratoires eh bien... Tout ce qu'il y a de nécessaire pour pratiquer votre Ultime, tout le matériel que vous avez un jour eu à utiliser, des coupures de journal parlant de vous, des vieux souvenirs de vos plus grands moments, et surtout, qui sait, peut-être des passages secrets pas indiqués sur vos cartes ? »

Comment est-ce qu'une annonce si anodine peut provoquer autant de terreur ? Elle ne parle pourtant que de nos Ultimes, et l'idée d'avoir un cabinet médical dans cet endroit du démon me rassure un tant soit peu, quelque part. Mais notre geôlière n'a même pas fini sa phrase que je sens mon sang se glacer. Des vieux souvenirs. Des coupures de journal parlant de nous. Tout ça se résume en un seul mot : Notre passé. Et mon passé... Je ne peux pas le voir révélé, pas comme ça, pas au milieu de tous ces gens ! Je refuse d'être à nouveau bombardée de questions, regardée avec la pitié qui habite l'œil des gens qui savent, qu'on me traite comme la pauvre petite chose que je n'ai jamais voulu être. Instinctivement, ma main se porte à ma tempe. Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas parler de ça...

Je dois trouver ma clé le plus vite possible et réaménager mon laboratoire à ma convenance si je veux pouvoir me protéger de l'horreur.

Saki et Hina, qui savent très bien ce qui ne va as, me fixent avec désespoir. Mais elles ne sont pas les seules à afficher pareille expression. Haruko est blanche comme un linge, Michi se ronge les ongles, Ryo a les poings serrés, Junko serre tellement fort son collier de perles entre ses doigts que j'entends presque les petites sphères se fissurer. Et Monokuma, constatant le grand silence qui envahit le réfectoire, le brise d'un éclat de rire.

« Eh bien je vois que ça vous produit un sacré effet ! Des petits secrets embarrassants mes loulous ? Je vous rassure, je ne vais pas balancer ces clés d'un coup ! Je pense que... Hmm, oui, pour l'instant, je vais me contenter de celles de la Gynécologue, de l'Ambassadeur et de la Stratège. Ou alors de la Préparatrice de mariages, si l'envie m'en prend. Ah et, évidemment, pouffe-t-elle, si l'un d'entre vous meurt, son laboratoire sera ouvert à tous vents, mais j'aurai tout contrôle sur son contenu ! On ne sait jamais... »

Elle ne nous laisse même pas le temps de digérer ces informations. Elle a déjà disparu, et avec elle le seul bruit qui régnait dans le réfectoire.

Le silence se fait lourd. Très lourd. Et long, aussi. Je vois autour de moi les visages figés de certains, et les regards étonnés des autres, qui ne comprennent sans doute pas ce que nous avons à cacher. Je surprends même le regard méfiant de Kichiro dardé sur notre petit groupe. Je le comprends. Dans cette situation, il est bien mieux pour susciter la confiance de n'avoir rien à cacher... Pas vrai... ?

Je secoue la tête. Je ne pourrai jamais parler de cette histoire, et je ne pourrai pas exiger des autres qu'ils ne me fassent confiance dans ces conditions. Dans cette situation, j'imagine que je n'ai plus qu'à tenir le rôle qui me sied le mieux... Celui de médecin.

C'est Michi qui finalement brise le silence, montée sur une table pendant que je me morfondais. Son visage est fermé, ses dents serrées, mais elle nous regarde tous d'un air confiant.

« —Bon maintenant, on est gentils et on arrête de se regarder en chien de faïence ! On va vivre ensemble pendant au moins un mois, et pour s'éviter tout soucis de type cadavre dans le placard, va falloir établir quelques petites règles ! »

Kichiro, au loin, se lève, un air des plus offusqués sur son visage pâle, mais Shô le retient. D'ailleurs, je crois que Michi ne l'aurait pas laissé parler.

« —Règle une ! Tout le monde dans sa chambre au temps de nuit ! Ou dans les chambres, comme vous voulez, tant que personne ne se balade dans les couloirs ! Règle deux ! Le soir au dîner, on essaye de se retrouver vers 7h30 pour manger tous ensemble ! Règle trois, si quelqu'un trouve une clé de laboratoire, il la donne au concerné sans se faire prier ! On est tous bons ?

—Point du tout, siffle Kichiro. Premièrement, certains d'entre nous sont noctambules ou ne peuvent dormir plus de six heures par nuit. Ne me demande pas de rester piégé dans ma chambre pendant le temps de nuit car, au cas où tu n'aurais pas remarqué, elles sont verrouillées à ces horaires-là. Deuxièmement, pour insister autant sur les laboratoires, j'en conclus que tu fais partie de ces gens qui cachent un honteux secret dans leur escarcelle, et dans la situation où nous sommes, il n'est que justice d'aller fouiller tout ce qui est à notre portée. L'intimité importe peu si l'un d'entre vous est l'instigateur. Me suis-je bien fait comprendre ? »

J'en vois un ou deux qui hochent la tête derrière. Shô semble être plutôt d'accord avec Kichiro, et Taichi, bien que crispé, se tient derrière l'Ambassadeur avec la visible intention de le soutenir. Je crois que l'initiative de Michi a fait plus de mal que de bien, même si j'allais suggérer les mêmes règles. Des camps se forment déjà, et visiblement la Judoka est à deux doigts d'aller porter le premier coup à notre fragile entente... Mais Ryo ne lui en laisse pas le temps ; il se lève, soupire, monte sur la table et parle doucement à l'oreille de Michi, murmurant des mots que je n'entends pas. La Judoka finit par soupirer, et baisse les poings qu'elle avait levés.

« —Très bien, faites comme vous voulez, moi j'm'en fiche. Je retrouve ce soir dans la salle tous ceux qui voudront bien se plier à ces règles. On mettra au point une communauté histoire de se protéger contre vous, les futurs principaux suspects. »

..... Je crois qu'elle n'aurait pas dû dire ça... Provocation ou pas, elle vient encore de creuser le fossé entre eux et nous. Avec ces camps, nous ne cesseront de nous envoyer la balle de la suspicion les uns aux autres, et si l'un d'entre eux se fait tuer, leur aveuglement les conduira peut-être à ignorer un suspect évident de leur côté... Je me retiens néanmoins de parler. Je n'ai pas grand-chose à dire vu que je cache moi-même un secret. Kichiro ne voudra pas m'écouter, Satou ou pas... Et les autres suivront Kichiro, leur nouveau leader si j'en crois le regroupement qui se forme autour de lui. Je préfère me taire. Ce n'est pas mon rôle de régler les disputes. Ça ne l'a jamais été.

Je soupire et reviens au groupe qui s'est formé autour de Michi. Il y a avec moi Ryo, Akihito, Haruko, Junko, Hina, et Saki. Shizuka, sans doute très peu intéressé.e par les propositions de Michi, vient de s'éloigner dans son coin, et je vois à la place qu'iel occupait la petite figure d'une Yuuki au visage tordu par l'inquiétude. Je me tourne vers l'adolescente avec un sourire que je veux rassurant, et cette dernière soupire.

« —Vous allez pas vous faire la guerre hein ?

—Je préfèrerais éviter cette option, soupire Haruko, bien que l'idée de pouvoir écraser le visage d'Okumura par terre avec un mobile tout trouvé soit plutôt enchanteresse. Mais nous ne pouvons pas exclure cette possibilité.

—Peu importe, grommelle Michi. D'abord on trouve l'instigateur, après on lui fait sa fête. C'est la seule chose qui importe, pas les états d'âme d'une bande de purs imbéciles qui croient que leur petite liberté est plus importante que la vie en communauté.

—Mais tu as néanmoins été un peu violente, ma chère Michi, grogne Ryo. Manquer d'enfoncer la tête de Kichiro dans le sol du réfectoire n'est pas ce que je nommerais une persuasion efficace.

—Ouais ben il l'aurait mérité ce con ! »

Saki éclate de rire, vite suivie par Hina, puis Akihito. Même Junko s'accorde un sourire. Je crois que nous sommes tous d'accord sur ce point...

En attendant, je dois aller en vitesse faire un premier tour d'horizon, histoire de chercher ma clé de laboratoire. Monokuma va la cacher dans les prochains jours, c'est évident. Pourquoi il s'en priverait ? Mais avant que je ne puisse sortir du laboratoire, je sens une main sur mon épaule, et le visage d'Haruko apparaît dans mon champ de vision.

« —Excuse-moi Reina, mais est-ce que tu veux bien m'accompagner voir Sora ? Je pense que nous ne serons pas trop de deux pour lui expliquer tout ce qu'il s'est passé... »

Je... Peux difficilement refuser. Je lui avais promis, après tout, à Sora. Et l'idée de passer un peu de temps avec Haruko est quand même assez plaisante. Même maintenant, alors que je la sens tendue, elle a cette aura de calme qui me met en confiance.

Un hochement de tête lui fait comprendre mon état d'esprit, et un sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'elle se dirige vers la porte du réfectoire. Personne ne me suit ; je crois qu'ils vont tous rester à discuter un petit moment, manger et faire leurs plans... Bah, je n'ai rien à y gagner à les écouter, je me contenterai de suivre le mouvement. Cette pensée en tête, je suis Haruko dans les couloirs du réfectoire.

Cette dernière parle doucement, de choses et d'autres. C'est dur de me contraindre à l'écouter avec le stress qui monte, mais j'essaye d'enregistrer ses paroles, plutôt que de me concentrer sur sa voix. L'exercice est contraignant, mais une phrase attire mon attention alors qu'elle me parlait de quelque chose tournant autour des tenues.

« —Evidemment, je n'ai plus jamais porté quelque chose d'aussi contraignant que cette tenue de bal...

—Un bal ? Tu... ; Désolée de demander, mais tu es originaire de la haute société ?

—J'étais. »

Elle pousse un profond soupir, et avant que je n'aie le temps de lui demander ce qu'elle entend par là, braque ses yeux vers le fond du couloir.

« —Je suis née dans une famille extrêmement riche, qui avait sans doute des liens quelconques avec la vieille noblesse ou je ne sais trop quoi. Jusqu'à mes sept ans environ, j'ai été assaillie de galas, de bals, de cours de toutes sortes, de toutes les langues, de toutes les sciences, de la meilleure manière de faire parler les gens. Je crois que mes parents voulaient que je devienne avocate. Peut-être auraient-ils souhaité que je devienne l'Ultime Avocate si...

—Si quoi ? »

Son regard se fait encore plus lointain, et elle se stoppe en plein milieu du couloir.

« —Ils sont morts à mes sept ans. Assassinés, très probablement. J'ai eu la chance d'être recueillie tout de suite après par l'homme qui est devenu mon tuteur, mais... à part lui, je n'ai aucune famille. »

Je me sens gênée. Est-ce qu'elle en parle aussi facilement d'habitude ? Enfin théoriquement, on vient de se rencontrer, même si je l'ai déjà croisée à Hope's Peak et vue dans le journal... Voyant mon visage perplexe, elle me sourit, un sourire rassurant qui brise aussitôt toutes mes incertitudes.

« Ne t'en fais pas Reina. Je ne ressens rien à leur égard, ce n'est pas un secret honteux. Mon tuteur est devenu mon père pour moi. Il m'a même donné son nom de famille, en un sens la preuve officielle que j'ai été adoptée par lui... Quant à mes parents, je doute qu'ils soient fiers de moi dans l'état actuel des choses et cela ne me fait rien depuis très longtemps. Je ne suis même pas sûre de garder leur nom en mémoire. »

Tout de même... c'est très personnel, ce qu'elle vient de me dire. J'imagine qu'elle devait répondre à ma question, mais tout de même... Enfin, ce n'est pas vraiment ça qui me fait tiquer. C'est l'idée que j'aurais pu la croiser, lors des réceptions de papa et maman, et l'avoir oubliée ensuite. Comme Kichiro que je voyais de loin. Comme pas mal d'enfants de la haute...

Mes parents étaient très en vogue dans le Japon, je le sais, j'entends encore trop souvent parler de leur notoriété. Il est impossible qu'ils n'aient pas invité au moins une fois toutes les familles de haut rang de notre pays. Je me sens presque coupable de l'avoir oubliée, maintenant, même si son sourire m'assure qu'elle ne m'en voudrait pas.

Je secoue la tête. Je m'en préoccuperai plus tard. Pour l'instant, le plus important, c'est de parler à Sora, de chercher ma clé de laboratoire, et peut-être... Essayer d'organiser notre salut.

__________

Ouaf, ça fait vraiment un mois que j'ai pas écrit ? Mince alors !

Enfin bon je fais pas cette note d'auteur pour m'excuser. Juste pour prévenir que vous aurez le compte des FTEs faits à la fin de chaque chapitre (j'entends par là les gros chapitres à la Danganronpa et pas les parties d'histoire), que je pense que ce chapitre va compter dix parties en plus de celles-ci et que si jamais les fans de Danganronpa veulent une info sur à quel point ils ne doivent pas me spoiler, j'ai fini Trigger Happy Havoc hier donc vous pouvez y aller sur les références !

Voilà, je crois que j'ai tout dit. Bye-bye !

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