Chapitre 1 (11) The despairful plot twist
(TW : inceste)
C'est Hina qui vient de parler. De hurler, plutôt, dans le tribunal. Ses joues dégoulinent de larmes, et ses yeux rougis me montrent qu'elle pleure depuis un certain temps. Peut-être dès l'instant où j'ai accusé Saki ?
« S'il te plaît, Reina, écoute-moi. Ne demande pas le vote, par pitié.
— Pourquoi ? Grommelle Michi. C'est plié, Saki est clairement la seule personne possible ! »
Hina renifle, avant de serrer les poings.
« Je vous en prie. Prenez le temps de m'écouter. Ce n'est pas Saki qui a tué Kichiro. »
Le silence se fait. Hina prend une profonde inspiration sous le regard des autres, retient un sanglot qui menaçait de sortir de sa gorge, et, enfin, tourne des yeux suppliants vers moi.
« La coupable, c'est moi. »
Je me crispe. C'est une mauvaise blague? Elle me fait marcher? Comment ça a pu arriver? Est-ce qu'elle ment pour couvrir Saki, l'hypothèse la plus probable ? Où est-ce qu'elle dit la vérité... Et je me suis trompée sur toute la ligne ?
Non. Ça ne se peut pas. Elle ment pour couvrir Saki.
Mais pourquoi elle ferait ça ?
Le silence se fait. Même Monokuma n'intervient pas. Tout le monde fixe le visage déformé par les larmes de l'Ultime Préparatrice de mariages. Et personne n'ose rien dire. Sans doute sont-ils trop occupés à réfléchir à ce qu'elle a voulu dire. Lui trouver des arguments contre. Ou des arguments pour.
« Lorsque... Lorsque Kichiro est allé la tuer, se met soudain à parler Hina, des sanglots plein la voix, il est passé... Par les laboratoires. J'avais des tas de choses à recoudre, alors j'y ai passé la nuit et... et je l'ai vu... Avec un couteau... »
Le silence continue. Tout le monde écoute Hina parler sans l'interrompre, sans rien ajouter, sans regarder ailleurs que dans sa direction. Même Saki, tellement paniquée il y a si peu de temps, la fixe en silence. Est-ce qu'elle la juge ? Est-ce qu'elle la remercie ? je ne sais pas si... Si je veux le savoir.
« Je m'inquiétais, continue-elle, alors je l'ai suivi, bien sûr. Je ne me suis même pas rendue compte que j'avais dans les mains l'épingle à chapeau de... de Saki... Elle me l'avait confiée hier, avec le chapeau, pour que je l'arrange un peu... »
Et, sur ces mots, elle sort de sous sa robe quelque chose qui me glace le sang.
Des larmes plein les yeux, de la tristesse plein la voix, et des tremblements plein les bras, Hina nous montre à tous le chapeau de Saki, dans lequel est piquée l'épingle capitale. Les autres ne peuvent sans doute pas le regarder de près, mais moi, je suis à deux places d'elle. Et il m'est ainsi aisé de distinguer la couleur de rouille qui recouvre la pointe de la longue aiguille, ou même de reconnaître la légère odeur de sang séché sur du métal qui s'en dégage encore.
Je n'arrive même plus à réfléchir à pourquoi elle a en sa possession cet objet. Je crois que je ne veux pas y réfléchir. Je ne peux que finir de l'écouter parler, et sentir mon cœur tomber dans ma poitrine.
« Il est arrivé devant... devant les chambres, et là, il a sorti son petit appareil, son déverrouilleur ! Et avec, son couteau... J'ai senti qu'il allait commettre l'irréparable, et il était devant la chambre de Saki, alors, j'ai... J'ai pas réfléchi ! Je me suis précipitée vers lui, je... j'ai essayé de lui arracher son arme, mais il s'est défendu, il a même tenté de me tuer ! Il a dit qu'au point où... Où il en était... Un meurtre de plus... Ne changerait pas grand-chose... à sa situation... »
J'imagine que.... Seule l'insonorisation totale de nos chambres a permis que nous ne captions rien de ce duel improvisé. Et si elle dit vrai... Kichiro devait être vraiment désespéré. Voyait-il seulement une issue à la situation ? Ou le Désespoir occultait-il ses pensées au point de le rendre meurtrier ?
« J'avais si peur... Je sentais ma vie menacée, j'avais envie de fuir, mais si je fuyais, il allait tuer Saki, et si je me contentais de me défendre, il m'aurait tuée avant le matin ! Alors.... Alors, sanglote Hina, j'ai levé ma main, celle qui tenait l'épingle à chapeau... Et je l'ai plantée dans son cou. »
Et c'est à ce moment-là qu'elle fond complètement en larmes, incapable d'ajouter le moindre mot. D'ailleurs, nous aussi, nous sommes bien en peine de répliquer. Aveu ou tentative de couverture ? Il est impossible de discerner le vrai du faux. Même si Hina avait le chapeau de Saki, elles auraient pu s'arranger avant. Même si elles s'étaient arrangées avant, rien ne dit que ce n'est pas Hina qui a porté le coup fatal... Je ne sais pas. Je ne sais plus. Et on doit se raccrocher à la seule parole d'Hina pour démêler le vrai du faux.
Haruko est, encore une fois, la première à retrouver son calme.
« Tout ça c'est bien beau, mais maintenant, on est pas plus avancés. Hina a des preuves à son appui, mais rien ne prouve avec certitude que c'est elle, mis à part ce chapeau, et son témoignage. Personne ne les a vus, et même l'échange est passé inaperçu. Quelqu'un a des preuves qui pourraient nous orienter ?
— Oui. Moi. »
Tout le monde se tourne vers Daisuke, qui parle pour la première fois dans ce procès. Son visage est fermé, il a les bras croisés. Et c'est un regard de pur mépris qu'il balaie sur nous.
« Ooooouh, pouffe Monokuma, ça devient intéressant.
— La ferme, la loli ! Je cause ! »
Notre Juge éclate de rire à l'injonction de Daisuke, mais n'ajoute pas le moindre mot, penchée sur sa tribune. C'est la seule qui ne respecte pas la consigne lui étant pourtant adressée. Tout le monde est pendu aux lèvres de Daisuke, sauf Hina qui continue de sangloter, et Saki qui fixe le sol. Sauf nos deux suspectes.
Le Révolutionnaire Ultime prend une grande inspiration, avant de lever les yeux au ciel.
« D'abord je tiens à dire que vous êtes tous une belle bande de crânes plein d'air. »
Le silence se brise. Ceux d'entre nous qui ont le plus de coffre se mettent à hurler sur Daisuke, Michi et Ryo les premiers. Évidemment, Monokuma continue de rire, poussant même le vice jusqu'à sortir un paquet de pop-corn d'un tiroir que je n'avais même pas remarqué ; mais à part elle, tout le monde ou presque est indigné à divers degrés.
— Alors j'aime bien les insultes dans un contexte intime, lance Taichi dont la voix couvre toutes les autres, mais là je crois pas que tu nous fasses du dirty-talk, alors tu veux bien nous expliquer pourquoi tu nous insultes autant ?
— Con et dégueulasse, un sacré combo, grommelle un Daisuke ulcéré. Et je dis que vous êtes tous un putain de paquet d'imbéciles parce que vous avez vraiment pas pensé à chercher très loin. Surtout toi, princesse ! T'étais tellement contente d'avoir trouvé la solution facile que t'as pas pensé une seule minute à fouiller ailleurs ! »
C'est... C'est moi qu'il regarde avec de tels yeux plein de mépris ? Un frisson envahit mes muscles devant la froideur de son regard. Mais il a raison. Je le mérite. J'étais tellement contente d'avoir un coupable désigné que je n'ai pas hésité à condamner ma meilleure amie. Et qui sait, peut-être nous tous avec. Je savais que j'aurais dû rester à ma place...
« En attendant, continue le Révolutionnaire, voilà ma preuve irréfutable que la petite albinos n'est pas la coupable. Et vous pourrez pas me dire que je les ai fabriquées, parce qu'elles viennent tout droit de la scène de crime ! »
Et sur ces mots, il sort de sa poche... Une poignée de cheveux roses, et un morceau de tissu provenant indubitablement d'une robe à carreaux. Une légère odeur de vieux sang se dégage du tissu lorsqu'il le déplie pour le montrer à tout le monde ; et pas de doute, c'est bien une trace assez fraîche, sans doute datant de la nuit dernière, qui s'y trouve.
Mais ce n'est pas possible. Ça ne peut pas être sur la scène du crime.
Parce que lorsque je suis sortie, pile à l'heure du lever... Ces preuves n'y étaient déjà pas. Et je n'ai pas vu Daisuke enquêter avec nous. Quand les aurait-il prises ?
« Ne me dis pas, lance Michi, que tu es allé trafiquer la scène de crime, espèce de salopard ?!?
— Eh bah si. Je voulais mener ma petite enquête sans personne dans les pattes, et je me disais qu'il allait bien falloir que je ressorte ces preuves avant que vous les piétiniez et perdiez toute preuve de sa culpabilité. Parce que regardez-vous bien, vous tous, et demandez-vous qui dans l'assistance a les cheveux roses et l'habitude de porter des trucs à carreaux ? »
Nous nous tournons tous d'un bloc vers Hina, qui sanglote toujours. Ses longs cheveux rose bonbon tombent devant ses yeux, bien plus décoiffés qu'à l'ordinaire, mais toute la longueur de sa tignasse ne suffit pas à nous dissimuler le motif carrelé rose et blanc de sa longue robe bouffante.
« Hina, soupire Haruko, mets-toi au centre. J'aimerais regarder de plus près ta robe. »
Elle s'exécute sans mot dire, et dévoile une déchirure sur sa robe, en bas du jupon. Daisuke tend le morceau. Et mon cœur se fend en voyant qu'ils correspondent parfaitement.
Donc je me suis bien trompée. Donc mon orgueil a bien manqué de condamné quatorze personnes. Et si l'innocence de Saki me rassure quelque part, c'est mon autre meilleure amie qui tombe sous le couperet.
« Eh, une minute ! Lance Michi. Rien ne dit que ce bonbon sur pattes est bien la coupable, et qu'elle ment pas pour couvrir Saki ! Et comment on peut faire confiance à ce type mal embouché ? J'ai du mal à croire qu'on puisse trifouiller la scène de crime comme ça moi...
— Euh en fait, annonce Sora, si, y'a un moyen. Monokuma, dans tes règles, tu nous dis bien que tu annonces la mort de quelqu'un à tout le monde lorsque trois personnes ou plus découvrent le corps, non ?
— Exactement ! D'ailleurs ce joli kumarobot que j'ai à ma droite est resté sur place depuis le décès du petit Ambassadeur ! Il a tout enregistré des passages et je peux vous garantir que je ne me suis pas trompée en comptant ! »
Donc c'était à ça que servait le kumarobot. Je comprends mieux. Et si je suis bien le raisonnement de Sora, alors cette clause risque de s'avérer capitale dans le témoignage...
« Je crois que je vois ! reprend Akihito, éberlué. Bien joué, Sorasaki... »
L'Ecrivain Fantasy Ultime se replie aussitôt sur lui-même à peine son nom de plume entendu, une délicate teinte pivoine sur les joues, et c'est Haruko qui prend le relais.
« Est-ce que ces trois personnes incluent ou non le meurtrier ?
— Apprenez à lire, pouffe Monokuma. C'est écrit noir sur blanc. »
Je ne perds pas de temps pour sortir de mon sac à main mon Monopad. L'allumer et accéder au menu des règles ne me prend que quelques secondes. Et effectivement, c'est écrit noir sur blanc.
Une annonce de découverte de corps survient lorsque trois étudiants ou plus découvrent un corps. Meurtrier non inclus.
Michi grince des dents, et Akihito hoche la tête, avant de reprendre d'une voix douce.
« Je veux bien admettre que l'on puisse vouloir couvrir les gens qu'on aime. Et aussi que Daisuke ait envie de nous entraîner sur une fausse piste. Mais si personne d'autre ici que Sora et Reina ne peuvent confirmer avoir vu le corps avant l'annonce, nous serons forcés d'admettre qu'ils disent la vérité. On ne peut pas se mettre à quatre pour couvrir une personne, surtout au vu du risque encouru par les complices.
— Eh bien ? Lance Haruko. L'un de vous a-t-il vu le corps avant l'annonce ? »
C'est le grand silence. Personne ne se prononce, et les regards volettent d'une personne à une autre. Sora m'en jette un, un regard rassurant et doux, mais je ne peux le lui rendre. Une preuve supplémentaire.
« Je ne suis cependant pas tout à fait convaincu.e, finit par dire Shizuka, voyant que personne ne se prononce. Il y a un point que nous n'avons pas résolu. Saki Tamura est-elle, oui ou non, l'instigateur ? Car même si Hina est bien la coupable, Kichiro visait Saki avec son plan, n'est-ce pas ?
— Sur ce point, je peux t'assurer que Kichiro est juste barge, grommelle Michi. Il avait aucun fondement mis à part ses sentiments chelous envers sa propre sœur. »
Elle se tourne vers moi, et me sourit alors que son regard croise le mien. Ai-je donc une tête si horrible ?
« Reina ? C'est toi qui as le carnet de Kichiro ma puce. Tu veux bien le leur lire, du moins la fin, pour qu'ils comprennent ? »
Shizuka se tourne vers moi, et m'incite, d'un signe de tête, à m'exécuter. Monokuma se met à rire dans son coin, sans doute déjà au courant, mais ne fait rien pour m'empêcher de sortir le carnet et l'ouvrir à la bonne page.
Je sens tous les regards se fixer sur moi alors que je laisse mes yeux courir sur les derniers mots de Kichiro. Michi a raison. Ses derniers actes ont été motivés par la folie plus que par une réelle piste, et l'altercation que Hina dit avoir eue avec lui me confirme qu'il n'avait plus aucun espoir en lui. Mais quand même... Lire ces mots devant tout le monde, c'est affreusement gênant.
Je me racle la gorge et commence ma lecture.
Depuis quelques jours voilà, je pense avoir eu une bonne intuition en ce qui concerne la personne qui nous a tous jetés dans cet enfer. Qui en effet peut être plus cruel, plus joueur, plus manipulateur même que Saki Tamura, celle qui se dit être ma sœur ?
Ne pas avoir grandi à ses côtés a sans doute été le plus beau cadeau de ma vie. Je ne remercierai jamais assez mon père de m'avoir adopté seul, la laissant grandir dans cet orphelinat pourri alors que je jouissais de mille aisances. Car cette femme est un monstre et être l'instigateur d'une Tuerie ne serait que le moindre de ses méfaits.
Ces sentiments qu'elle me fait éprouver, qu'elle entretient avec l'ardeur malsaine d'une flamme dévorant un morceau de bois en sont la preuve même. Chaque jour alors que je devrais la haïr davantage, je l'aime bien plus fort. Chaque jour ces pensées impures qu'elle provoque en moi grandissent davantage et mon dégoût de moi-même avec elles. Je ne devrais pas, dit la seule part sensée de mon esprit dérangé. Mais son emprise sur moi est totale.
Je dois briser cette emprise. Je dois sauver ces quatorze personnes, qui ne sont pas encore tombés dans les pièges de son charme vénéneux. Je dois déchirer la toile qu'elle a tissée, nous piégeant tous dans un Désespoir latent qui n'attend plus qu'une tragédie pour se répandre en chacun de nous. Je dois la tuer avant qu'elle ne nous tue.
Même si je dois mourir avec elle.
Ce serait une fin appropriée pour moi, après tout.
La suite du journal ne décrit que les détails de son plan, très sommaire en fin de compte. Mais je pense que ce que j'ai lu à l'assistance suffit amplement pour donner une idée de l'ampleur du Désespoir qui habitait Kichiro. Si Désespoir est seulement le terme.
Je relève les yeux. Treize visages choqués se présentent à ma vue, se faisant le miroir de ma propre stupéfaction lorsque j'ai lu pour la première fois ces mots. Michi elle, déjà au courant, se contente de grimacer, un regard sombre porté sur la photo de deuil de Kichiro devant sa tribune.
Le silence n'est brisé que par Monokuma qui tape dans ses mains.
« Bravissimo, ma petite Reina ! Quelle belle lecture expressive, je suis fière de toi ! Et hmmm, quel régal de voir ces visages si choqués... Toute l'essence des procès, concentrée en une seule page de journal... Une vraie merveille ! »
C'est comme un signal déclenché par notre juge. Taichi, sorti de sa transe choquée, pousse un énorme cri de surprise.
« Attends une minute ! T'es pas en train de me dire que Kichiro était amoureux de sa sœur ?!?
— Eh si ! Lance Monokuma avant même que je n'aie eu le temps de parler. A sa décharge, les Tamura sont séparés depuis leurs trois ans, lorsque cet Ambassadeur si connu a adopté Kichiro pour en faire son héritier... Le pauvre n'avait pas vu de visage de fille de près en quinze ans, alors quand il a vu Saki pour la première fois, après la mort de son père adoptif... ça a été le coup de foudre ! Romantique n'est-il pas ?
— Glauque, surtout, grimace Ryo. Surtout que ça a pas fait pouf après qu'il ait appris qu'ils étaient jumeaux, sinon Reina aurait pas eu à nous lire une daube pareille. »
Non, en effet. Ces pages sont la preuve effarante que le sister complex de Kichiro n'a cessé d'empirer. Jusqu'à aujourd'hui, son point de rupture.
Les murmures s'intensifient. Je vois Saki prendre son chapeau des mains d'Hina et s'enfouir dessous, pendant que cette dernière, toujours en pleurs, se met à sangloter de nouveau.
« Rien de tout ça n'est la faute de Saki ! C'est juste que... Que son frère est un gros taré qui ne se rend même pas compte qu'il s'enfonce tout seul, elle n'a rien fait du tout !
— Du calme du calme ! Intervient Yuuki, un air étonnamment sérieux sur son visage. Personne a dit que c'était sa faute !
— Elle a raison, soupire Haruko. Kichiro est le seul responsable pour ses sentiments et sa tentative de meurtre. Comme toi, tu es la seule responsable pour l'avoir tué. »
Car plus personne ne le nie maintenant, que Hina est bien la coupable. Tout le monde s'est mis d'accord pour la condamner, de toute évidence, puisque personne ne proteste. Hina hoquette, et se frotte frénétiquement les yeux, dans un vain espoir pour garder ses larmes en elle.
« On dirait que c'est bouclé, pouffe Monokuma. On va donc pouvoir passer au vote ! »
Nos tablettes s'allument. Seize noms y sont inscrits, et je ne peux m'empêcher de remarquer que celui de Kichiro est grisé et écrit dans une police lui donnant un effet ensanglanté. À regret, je détourne mon regard du nom de la victime pour cliquer sur celui d'Hina.
Seulement trente secondes à attendre. Et s'affiche sur le mur un tableau avec nos noms et photos, où doivent s'afficher les votes. Quinze barres remplissent la case en face du nom d'Hina.
« Ding ding ding ! Rigole Monokuma. Et c'est une victoire ! Je ne vous passe pas la vidéo du meurtre, Hina-Hina a eu la gentillesse de tout vous raconter, upupupupu.... »
Personne n'écoute Monokuma. Tout le monde fixe Hina avec cet affreux air de... de regret, peut-être, ou alors de dégoût. Je ne peux déchiffrer l'expression pourtant identique qui orne nos visages.
Hina a cessé de pleurer. Elle fixe le tableau avec soulagement, les mains serrées sur sa robe.
« Merci... Merci de m'avoir écoutée... »
Comment elle peut nous remercier dans un moment pareil ? Elle va mourir. Elle va mourir parce qu'on a voté pour elle. Je vais voir une de mes amies les plus chères se faire exécuter. Et le pire dans tout ça, est qu'elle vient de tous nous sauver la vie en corrigeant ma fatale erreur de jugement...
« Je suis désolée de vous laisser comme ça, continue Hina en souriant doucement. Occupez-vous bien de Reina et de Saki, d'accord ? Et puis, ajoute-t-elle à l'adresse d'une Yuuki qui renifle, je ne pourrai jamais célébrer ce mariage entre Haruko et Sora... Yuuki, tu veux bien le faire pour moi ?
— Promis, renifle l'adolescente, à deux doigts de fondre en larmes. »
Haruko et Sora ne pensent même pas à relever. Les deux sont refermés sur eux même, emmurés dans leur silence. Je crois que je les comprends. Et je pense que ce pseudo mariage aura bien lieu, qu'on le veuille ou non. Ce sont les dernières volontés d'Hina. Ce sont les dernières volontés de notre camarade.
« Assez de bavardages, ricane Monokuma, voici le moment que vous attendiez tous ! C'est l'heure de la punitioooooooon ! »
Elle fouille dans les poches de sa robe noire bouffante. Mais avant qu'elle n'ait pu faire quoi que ce soit, Hina se tourne vers Saki, la seule à qui elle n'a pas dit de mot gentil directement. Le sourire qui se forme sur ses lèvres illumine son visage, au point d'occulter ses yeux rougis. Elle est tellement belle en ce moment... Pour ses derniers instants.
« Pardonne-moi. Je t'aime. »
~~EXECUTION~~
Hina Kawasaki, Préparatrice de Mariages Ultimes
Les Liens indestructibles
Monokuma sort un marteau de sa poche, le genre de marteau qu'on ne voit que chez les juges. Elle le lève bien haut, marque une pause le temps de se lécher les lèvres, puis l'abat dans un grand geste sur son bureau. J'entends dans le pesant silence un bouton qui clique.
Puis, le bruit d'une chaîne.
Et un large collier tombe du ciel pour se refermer autour du cou d'Hina et l'entraîner dans les airs.
Un écran s'allume. Nous ne pouvons détacher notre regard du corps de notre amie, balloté de toutes parts sur les murs par cette chaîne qui se rembobine, sans doute dans la direction d'une salle. Sa bouche est grande ouverte, elle doit hurler. De terreur ou de douleur, je ne sais pas.
Mais ce supplice ne dure pas longtemps. La chaîne la relâche dans une petite pièce sombre, qui s'illumine aussitôt sous de larges projecteurs. Nous permettant de voir les fils rouges qui traversent chaque mur de la salle.
Le premier fil se tend. Hina, encore sous le coup de son étranglement, ne peut le voir venir, et son bras pris dans le fil se retrouve entraîné vers le haut. Sa main glisse dans l'étau et pendant une affreuse seconde, je crois la voir tomber au sol, mais son poignet fini par se bloquer dans la boucle. Elle est désormais pendue par le bras par un simple fil.
Un deuxième fil se tend. Cette fois c'est sa taille qui se retrouve prisonnière.
Puis un troisième. Enfermant sa jambe droite.
Les fils se tendent les uns après les autres. Bloquant tout ce qu'ils peuvent rencontrer du corps balloté d'Hina Kawasaki. Gorge, tête, jambes, taille, torse, bientôt Hina n'est plus que poupée ballotant dans les airs. Vu sa position, la douleur doit être insoutenable.
Et puis les fils commencent à se resserrer.
Le sang perle de tous les endroits emprisonnés, goutte sur le sol, imprègne ses vêtements. Le visage d'Hina se tord, elle pleure, son corps entier est crispé par la douleur.
Et puis un dernier sourire se dessine sur son visage.
Et sa tête retombe, nous révélant ses yeux vides.
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ALORS
Combien d'entre vous j'ai réussi à brainfucker?
Eh oui, il peut arriver que les protags se trompent.... La preuve :')
Comme je le disais il y a deux chapitres, ce sera capital pour son évolution positive. Se rendre compte que la solution n'est jamais celle qu'on croit.... Que le coupable peut être n'importe qui et avoir de très bonnes raisons.
Et aussi avoir quelque chose à quoi se raccrocher car Hina, meurtrière ou pas, leur a quand même tous sauvé la vie. :')
Ça sera aussi un premier trigger pour réfléchir à parler de ses traumas, car la pauvre choute en a un certain nombre :3
Bref!
Le prochain chapitre sera très très court, moins de mille mots. Je savais tout simplement pas quoi écrire après ça. Du coup je vais le poster dans la foulée, aujourd'hui ou demain, et vous pourrez voter sur les FTE du chapitre deux!
Sur ce je vous laisse, je vais pleurer sur ma waifu MORTE. QWQ
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