Chapitre 25

_ Comment ça se fait qu'Avril ne t'aie pas fait parvenir la nouvelle lettre par Prisca ? demanda Adrien.

Assi sur le quai, les pieds pendants au-dessus de l'eau, Octave détailla le pendentif dans sa main avant de secouer doucement la tête.

_ Aucune idée. Prisca n'avait même pas l'air d'être au courant.

_ Alors qu'est-ce qu'on fait ? Je suppose que tu ne comptes pas repartir sans, mais comment savoir où chercher ? continua Adrien.

Octave contempla les bâtiments de l'autre côté et se tourna vers son ami avec une certaine résignation :

_ On attend.

Une légère brise caressa leur nuque. Contrairement à la veille, le mois de février semblait vouloir faire remarquer qu'il était toujours présent, il avait donc fait en sorte que ce dimanche soit gris, frais, venteux... d'un caractère maussade pour bien rappeler à Octave que sa quête était loin d'être finie. Alors que chaque jour il se savait un peu plus proche d'Avril, elle paraissait rester hors de portée.

Adrien attira son attention d'un mouvement de tête. Il désignait un jeune homme, sûrement un peu plus vieux qu'eux, qui venait de s'asseoir à quelques mètres à peine. Vêtu classiquement d'un blouson noir et de jeans et n'ayant pas une mine patibulaire, les garçons se seraient désintéressés de lui rapidement s'il n'avait regardé dans leur direction à plusieurs reprises en jetant des regards appuyés vers le pendentif, pour lequel il ne cachait pas son intérêt. Instinctivement, Octave referma ses doigts sur le collier. Que leur voulait ce garçon ? Le pendentif n'avait rien de précieux, mais de loin sans doute se méprenait-il sur la nature du bijou.

Octave et Adrien se consultèrent du regard et entreprirent de se lever, ne sachant trop que penser du comportement de leur voisin. Celui-ci leur parut d'autant plus suspect lorsqu'il les imita et les rattrapa alors qu'ils s'éloignaient sur la bordure du canal.

_ Excusez-moi, vous auriez une seconde ? les héla-t-il en anglais.

_ Nous sommes pressés, répondit rudement Octave sans s'arrêter.

_ C'est au sujet du pendentif.

Ils ne ralentirent pas, mais le curieux restait à leur niveau, faisant fi des passants auxquels il manquait de se heurter à tout moment.

_ Je ne vois pas en quoi il pourrait vous intéresser, dit Octave. Ce n'est qu'une babiole.

Celui qui les suivait sourit.

_ Une simple babiole mérite-t-elle qu'on fasse le tour du monde pour elle ?

Ces mots interpelèrent Octave et Adrien et ils stoppèrent net. Stupéfaits, ils firent face au jeune homme.

_ Qu'est-ce que tu as dit ? demanda Octave dans un souffle.

_ Laissez-moi me présenter. Je m'appelle Giovanni. Giovanni Marinocontelli de Luca.

_ A tes souhaits, marmonna Adrien qui reçut une fois de plus un coup de coude par Octave.

Adrien leva les yeux au ciel. Pourquoi fallait-il toujours qu'on le rabroue dès qu'il se montrait sarcastique ? Ce type ne comprenait probablement pas un mot de français, il s'agissait d'une occasion rêvée pour exercer sa répartie et pratiquer un peu d'ironie !

_ Octave, répondit l'intéressé pour se présenter.

Le sourire de Giovanni s'élargit.

_ C'est bien toi que je cherchais. J'ai quelque chose pour toi.

L'intérêt d'Octave et Adrien était désormais piqué au vif. Ce pouvait-il que...

Giovanni sortit une enveloppe pliée en deux et la tendit à Octave, qui la saisit en balbutiant un vague « merci ».

Il était inutile de s'attarder sur le tracé qui figurait sur l'enveloppe, il savait qu'il allait reconnaître l'écriture d'Avril. D'un geste rapide, il détacha le dos de l'enveloppe et jeta un œil aux papiers qui se trouvait à l'intérieur. Sa sœur avait l'air d'avoir encore bien des choses à lui raconter.

Un regard à Giovanni qui l'observait lui fit comprendre qu'il devait en dévoiler un peu plus au délivreur du message. Octave sortit donc les feuilles de l'enveloppe et déplia la deuxième pour vérifier que le nom d'Avril y était bien inscrit. Toujours aucune surprise de ce côté-ci.

_ Donc tu connais ma sœur ? demanda-t-il à Giovanni.

_ On a eu l'occasion de se croiser, oui. Mais ça commence à dater. Elle est passée me voir il y a quelques mois pour me donner cette lettre. Elle m'a donné ton nom et m'a dit que normalement tu serais en détention d'une boussole en pendentif.

_ Tu n'as pas trouvé cette requête un peu bizarre ? demanda Octave.

_ Pas vraiment, rigola Giovanni. On ne peut pas dire que je sois très proche de ta sœur, mais de ce que je connais d'elle, toute sa personne est spéciale. Elle dégage un certain charisme, tu sais, et mêlé à sa gentillesse, c'est la recette parfaite pour obtenir la moindre chose de nous.

_ Comment as-tu su que nous étions à Venise ? s'enquit Adrien.

Giovanni se tourna vers lui.

_ Je ne le savais pas, jusqu'à ce que je te voie monter sur scène à la soirée d'hier.

_ Oh, lâcha Adrien, malin.

_ Ta technique a été plutôt efficace, puisqu'elle vous a permis de récupérer à la fois le pendentif et la lettre, mais à vrai dire je ne sais pas si j'aurais osé.

_ Elle n'est pas à la portée de tout le monde, c'est vrai, expliqua Adrien, goguenard.

Giovanni ne sut comment interpréter ces mots et se contenta d'offrir un sourire poli teinté de gêne auquel suivit un bref silence confus.

_ Alors comme ça, le voyage est presque fini ? lança finalement le jeune italien à Octave après quelques regards jetés à droite à gauche, comme si le sujet de conversation était passé à côté d'eux.

_ Oui, réponditcelui-ci, normalement la prochaine destination devrait nous mener directement àAvril. J'ai peut-être vécu dix-neuf sans elle, mais je commence à trouver le tempslong.

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