Chapitre 10

Octave et Adrien atterrirent aux alentours de dix-neuf heures à Johannesburg, où ils patientèrent deux heures de plus avant qu'un avion de moindre taille les emmène jusqu'à Maun, au Botswana.

La chaleur était étouffante, bien que le soir eût déjà commencé. Les deux garçons avaient revêtu pour l'occasion des shorts et des T-shirts, tenues légères mais nécessaires. Octave sortit de son sac le programme de voyage plastifié que son père lui avait fourni et repéra sur le plan l'adresse de l'hôtel dans lequel ses parents leur avaient réservé une chambre. Ils s'y rendirent et lorsque l'hôtelier leur montra le lieu où ils passeraient la nuit, Octave remarqua que tout avait réellement été prévu : la pièce était petite, mais deux lits se trouvaient contre les murs. Epuisés, ils s'étalèrent sur les lits et s'endormirent quasi instantanément.

*

Les deux amis avaient cependant déjà passé de plus agréables nuits que celle-ci. Malgré les moustiquaires entourant leurs lits, les garçons découvrirent sur leurs bras quelques traces de piqures de moustiques, insectes contre lesquels Adrien jura durant de nombreuses minutes.

Après un bon petit-déjeuner, les garçons sortirent de l'hôtel, leurs sacs d'habitude en bandoulière désormais bien calés sur leurs épaules. Octave ne cessait de tourner la tête dans tous les sens.

_ On cherche qui, déjà ? lui demanda Adrien.

_ Alex, répondit Octave en continuant de scruter les alentours. Il est français. Il ne devrait plus tarder. Il m'a dit qu'il porterait une chemise colorée pour qu'on puisse le reconnaître.

_ Quoi, tu vas faire confiance à un type qui porte une chemise folklorique pour t'emmener dans la savane ? s'étonna Adrien.

_ Oui, répliqua Octave, toujours concentré.

_ Super, c'est un coup à se faire dévorer par un lion ! Tu ne viendras pas te plaindre, après, quand nos familles se recueilleront, en pleurs, devant des tombes vides parce que nos corps auront servi de repas pour des fé...

_ Il est là, l'interrompit Octave, tout en attirant son attention d'un coup de main.

Ils se dirigèrent vers un homme d'une cinquantaine d'années, à la barbe blanche fournie, aux cheveux parsemés de gris, et portant une chemise... très colorée. Ils se tenait debout, de l'autre côté de la rue où se trouvaient les garçons, à côté d'un vieux 4X4 à la couleur douteuse, une pancarte comportant les noms des garçons inscrits en épaisses lettres noires.

_ Euh, Octave, tes parents ne t'ont jamais appris que quand tu pars pour un voyage inhabituel, tu dois l'effectuer dans des conditions qui assurent un minimum ta survie ? s'époumona Adrien en chuchotant.

_ C'est Avril qui l'a choisi. Et je ne vois pas où est le problème.

_ Tu ne vois pas le... Octave ! Ce gars-là ressemble à un aventurier fou !

_ Il a l'air d'avoir de l'expérience, répondit calmement Octave.

Ils se rapprochaient toujours de l'homme, qui les avait repérés et leur souriait.

_ Et son 4X4 ? Octave, tu as vu la tête de son... Bonjour monsieur !

L'homme posa sa pancarte et accueillit les garçons en ouvrant les bras.

_ Bonjour à vous !

Il les salua tour à tour, en posant avec force ses deux mains sur les leurs.

_ Je m'appelle Alex. Vous devez être Octave et Adrien ?

Octave lui sourit :

_ C'est bien nous.

_ Mettez vos bagages dans le coffre de la voiture et installez-vous sur les sièges, un à l'avant et un à l'arrière.

Il faisait le tour de la voiture pour ouvrir la portière du conducteur en disant cela.

_ Je ne suis pas un chauffeur privé, mais un guide tout de même ! plaisanta-t-il, avant de s'asseoir en face du volant.

Octave eut un sourire devant l'excentricité de leur guide, et offrit une moue amusée à Adrien, avant d'enlever son sac pour le mettre dans le coffre du 4X4. Adrien grommela avant de souffler et d'imiter son ami.

Mais lorsque le moment fut venu de s'installer dans le véhicule, les deux amis posèrent en même temps la main sur la poignée de la portière avant. Ils échangèrent un regard, sourcils froncés, et soudain fermèrent chacun leur poing droit en le secouant.

_ CHI-FOU-MI !

Octave avait gagné. Adrien étouffa un juron, exaspéré, et monta donc à l'arrière. Il ferma la portière, Alex démarra tout de suite, et le jeune homme passa sa main au-dessus de son épaule, à la recherche de la ceinture de sécurité... qu'il ne trouva pas. Effaré, il se pencha vers le siège du guide.

_ Excusez-moi, hum... Alex, je ne trouve pas de ceinture de sécurité.

_ Ah, mais ça c'est normal ! rigola Alex. C'est un singe qui est passé par la fenêtre alors qu'on avait fait une pause pendant un safari, et il est reparti avec ! Quel chenapan !

Adrien se redressa et avisa ce qui se trouvait sur sa gauche. Il n'y avait pas de siège central, et le siège d'à côté, bien qu'étant doté d'une ceinture de sécurité, était si lacéré que les ressorts n'avaient eu aucun mal à se frayer un chemin vers la surface.

Alex regarda Adrien à travers son rétroviseur intérieur.

_ Ne vous en faites pas, ça, c'est à cause d'une chauve-souris qui s'est retrouvée coincée là, une fois ! Elle était complètement paniquée, la pauvre !

Adrien hocha la tête, peu convaincu. Au point où il en était, il choisit de risquer sa vie sans mettre de ceinture, plutôt que risquer d'avoir des douleurs partout, faute d'avoir droit à un fauteuil digne de ce nom.

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