Chapitre 24
— J'ai crié ? demandai-je en me prenant la tête entre les mains.
— Hé, ç'est pas grave.
Je regarde mon frère et constate que je ne l'ai pas réveillé. Heureusement qu'il est toujours endormi, il a besoin de dormir.
J'ai l'impression d'être faible, de ne plus avoir de force face à Cameron, je déteste devoir montrer cette facette de moi. Pourtant, il me regarde gentiment et pose une main ma hanche.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Un cauchemar.
Ça ne servirait à rien de lui cacher, il m'a vu.
— Nessa, ce n'est pas la première fois que ça t'arrive.
— Ça m'arrive de temps en temps.
— Pourquoi ?
— C'est l'interrogatoire de police ? dis-je sèchement.
Il me foudroie du regard et commence à froncer les sourcils. Je mets mes cheveux sur le côté et plonge ma tête dans mes bras en fondant en larmes. Je ne dors plus la nuit depuis plusieurs semaines, je suis à bout de force, mais je me dois de garder ce sourire. Malgré tout ce que j'ai vécu, j'aime toujours autant rire, certains se réfugient dans l'alcool, d'autres dans la drogue et moi dans la joie. J'ai besoin de me prouver que je peux malgré tout être joyeuse.
— Nessa, regarde-moi.
Je lève les yeux et essuie mes larmes du mieux que je peux.
— Viens là.
Il m'ouvre ses bras et je me réfugie dedans. J'aime tellement cette facette de la personnalité de Cameron et je suis certaine que peu de personne l'on déjà vu se soucier des autres comme il le fait maintenant.
— J'en peux plus, dis-je légèrement secoué par mes sanglots.
— Je le sais.
Je m'écarte de lui et l'interroge du regard.
— Je ne suis pas con à ce point. Ça se voit que t'es pas bien.
— Ça c'est sûr.
J'essaye de sourire pour lui faire oublier le fait que je sois en larmes à cause d'un foutu cauchemar !
— J'ai perdu ma mère quand j'avais neuf ans ! J'ai revu sa mort pendant des années et des années chaque nuit et tu sais ce que mon connard de père me disait quand je cherchais du réconfort dans les albums photos. Il me disait qu'il fallait que je chasse ma mère de mon esprit pour moins souffrir, il m'a dit ça droit dans les yeux ! Il m'a demandé d'oublier ma mère putain ! J'avais quinze ans, je l'ai frappé en plein visage et j'ai couru dans un bar trouvé une fille au hasard, je n'ai pas réfléchi et elle m'a emmené dans son lit. Ça ne s'est jamais arrêté.
Je reste bloquer devant Cameron sans savoir quoi lui répondre. Il a vécu des choses horribles je n'en doute pas. Il n'y a pas que sa mère, j'en suis certaine. Il est hors de lui, je vois ses veines ressortir de son bras et sa mâchoire se contracter alors je pose une main rassurante sur son bras.
— Pourquoi tu me racontes ça ? demandai-je doucement.
— Parce que, je crois que j'avais besoin de raconter à quel point mon père est un bouffon. Il me présente à ses amis avec un sourire plaqués sur les lèvres et fait semblant d'être fier de m'avoir comme fils alors qu'au final, il me tient responsable de la mort de ma mère. Il sait que s'il ose m'insulter, je suis capable de l'envoyer à l'hôpital alors il se sert d'Abby. Cette pouffiasse qui est là que pour l'argent. Jess ne sait rien de ça. Personne ne le sait.
— Je... Je suis tellement désolé. Je ne savais pas. Je comprends, tu sais...
— Tu ne pouvais pas savoir. Ne me dis pas que tu comprends, tu mens ! Personne ne pourrait comprendre.
— Crois-moi, quand tu te fais frapper tous les soirs alors qu'il n'y a aucune raison, que ça te hante toutes tes nuits, que tu ne veux en parler à personne et que à chaque fois que tu croises un homme tu as envie de faire un bond en arrière. Quand tu te fais agresser sexuellement plusieurs fois et que tu es incapable d'en parler à qui que ce soit ! Crois-moi, tu comprends !
Je l'entends jurer et je serais capable de parier sur le fait qu'il sert les poings. Je descends de mon lit et sors de la chambre sans réaliser que je l'ai dit, que j'ai enfin réussi à le dire. Je tape contre le sol en m'écroulant par terre en larmes, j'ai envie de hurler, de tout balancer. Les souvenirs ressurgissent les uns après les autres. Je tiens ma tête entre mes mains et essaye de maîtriser cette rage qui bout en moi. Je regrette du plus profond de moi de l'avoir dit à Cameron. Je n'aurais jamais dû faire ça. Il ne sait toujours pas que c'est Dean, ni que j'ai été boulimique. Tout tourne autour de moi et ma vue est brouillée par les larmes, j'ai une respiration saccadée et bruyante. Le film de ma vie se déroule sous mes paupières closes. Je sens quelqu'un essayer de me canaliser, mais je me débats. Il me bloque plus fort, je n'ai plus de force, alors je lâche prise en continuant de frapper contre son torse. Je l'ai tout de suite reconnu. Je m'écroule dans ses bras en sanglot. Je pleure comme j'en ai envie, sans me soucier de l'avis des autres. Je vois des infirmières arriver au loin et Cameron s'empresser de leur dire de partir. Ça faisait longtemps que ses crises ne m'étaient pas arrivé. Mes sanglots sont sonores, j'ai peur de réveiller l'hôpital. Cameron me serre contre lui sans me lâcher.
— Lâche-moi !
— Non !
— Putain, mais laisse-moi tranquille ! Qu'est-ce que tu veux ?
Il ne me répond pas et continue à me bloquer. Je me calme subitement et me laisse tomber contre lui. Il me parle contre ma tempe doucement.
— Ça va aller.
— Je l'ai dit... J'ai réussi à le dire... je murmure encore sous le choc de cette crise violente.
À la mauvaise personne. Je m'éloigne de lui et vais vers mon téléphone pour envoyer un message à ma mère. Je lui dis simplement que j'ai eu une nouvelle crise. Elle me répond à la seconde près et me demande si je veux qu'elle vienne. J'en profite pour l'informer que Cameron à gérer la situation. Ma mère est du genre à être très nerveuse lorsque ses enfants ne vont pas bien, sachant que Nate est à l'hôpital, j'essaye de la rassurer. Je l'imagine totalement assise dans son lit à imaginer toutes les scènes possibles qui pourraient se passer. Mes parents ne sont pas souvent là, mais je sais qu'ils seront toujours présents pour moi lorsque j'en ai besoin. Je profite d'avoir mon téléphone dans la main pour regarder l'heure. Il est seulement 3 heures du matin.
Je me faufile sous ma couette, mais je réalise que Cameron n'est pas dans la chambre. J'attrape un gros sweat à capuche et vais le chercher sur le toit de l'hôpital. Il a les bras appuyé sur le rebord du balcon et la tête entre ses mains. Je l'entends jurer. Je n'ose pas m'approcher, car je vois à sa posture qu'il est à deux doigts d'exploser de colère. Je garde mes distances et lui demande s'il va bien.
— Ta gueule !
— T'es complètement lunatique ! Je n'arriverais jamais à te cerner ! J'en peux plus j'abandonne !
— Tu veux savoir pourquoi je suis comme ça ?!
— Oui.
— Parce que j'aimerais trouver ce connard qui a osé fracasser une fille !
— Lui il frappait, mais je suis certaine que toi tu les brise autant que lui l'a fait avec moi. Tu réalises que tu couches avec des filles et que tu les largues le lendemain, on se croirait dans un film.
— Elles savent dans quoi elle s'engage.
— Arrête de mentir. Tu ne les préviens de rien du tout ! Tu le fais, c'est tout.
— Pas avec toi.
Quoi ? Il ne me le fait pas à moi, car il sait que je ne le laisserais jamais faire.
— C'est pas pareil.
— Ces filles-là se font baiser tous les jours par des gars différents.
J'abandonne, c'est la quinzième fois que j'essaye de raisonner Cameron sur ce sujet, et il reste borné. Comme quoi ces filles ont l'habitude. Il m'énerve.
— Tu m'exaspères.
Un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres. Il adore ça m'énerver.
— Non, mais sérieusement Cameron !
— Lâche l'affaire Nessa !
Je ne lui réponds pas et descends pour retourner à la chambre. Je retrouve Nate assis dans son lit en train de regarder son téléphone. J'ouvre la porte violemment et la ferme doucement pour ne pas réveiller l'hôpital en entier.
— Ton meilleur ami est un idiot, je déclare en m'asseyant sur mon lit.
— Il est...
— Con ! Un gros con si tu veux mon avis !
Il pouffe de rire avant de me répondre. Finalement, on ne croirait pas que je viens de faire une crise de panique, il y a quelques minutes.
— Il faut le connaître.
— Je ne comprendrais jamais comment tu peux rire avec un mec pareil !
— C'est mon meilleur ami.
— Mais pourquoi ?
Il éclate de rire, alors que moi, je reste dans l'incompréhension. Comment Nate, qui est si avenant et sympa, peut être ami avec Cameron le pire des idiots.
— Il n'est pas si terrible que tu le crois.
— Oh que si ! Il est ingérable !
Je vois la porte s'ouvrir sur Cameron qui a toujours son sourire en coin.
— Je vous entends, vous savez ?
— Tant mieux, dis-je en détournant le regard.
— Ness !
J'ignore mon frère et reporte mon attention sur un cadre accroché derrière mon lit. Il y a une citation écrite dessus « aucune blessure ne peux être à la hauteur du vide que je ressens en me regardant dans le miroir », je ne saurais pas dire pourquoi, mais cette phrase me correspond à un point inimaginable. Cette phrase est accompagnée d'une photo de couple, je suppose, la fille est en pleure dans les bras d'un garçon. Pourquoi cette image est-elle dans une chambre d'hôpital ? Je ne cherche pas plus longtemps et m'allonge pour essayer de me rendormir.
*
— Nessa, bouge-toi ! m'hurle-t-il dans les oreilles pour essayer de me réveiller.
— Quoi ? je réponds en ronchonnant.
— On a un truc à faire, me dit Jaden.
— Non, mais ça ne va pas ! Fais-le tout seul ton truc !
— Nessa, me supplie-t-il avec ses yeux de chaton.
— Il est quelle heure ?
— 8h30.
Je lui balance mon oreiller en pleine figure et me cache sous la couette. On n'a pas cours aujourd'hui, pourquoi il me réveille à cette heure-là ? Je me redresse et regarde si mon frère est toujours là, mais il ne l'est pas. Jaden me rassure en me disant qu'il est parti faire des radios. Cameron n'est pas là non plus.
— Tu m'expliques cette urgence, pour avoir osé me réveiller à cette heure-là ! Je vais être de mauvaise humeur, je te préviens.
— Ne t'inquiète pas, on a l'habitude.
Mon oreiller atterrit une deuxième fois sur sa tête, je fronce les sourcils alors que lui rigole en face de moi.
— Ils sont là aussi les autres ?
— Oui oui, juste derrière la porte.
— Tu t'es dévoué ?
— C'est fait pour ça un meilleur ami.
— Ce titre reste à revoir !
Il prend un air choqué et finis par exploser de rire, je fais de même. Ça faisait un moment que je ne m'étais pas sentis aussi bien. Jaden va à la porte et l'ouvre pour laisser entrer Jess, Add, Josh et... Kyle. Qu'est-ce qu'il fait là ? Cameron va être fou, j'ai cru comprendre qu'il ne s'entendait pas bien. Je le fixe avec un air dégoûté et sors de la pièce.
— Nessa attend, essaye-t-il de m'arrêter.
— Ne m'adresse pas la parole.
J'entends Jess et Add accourir vers moi alors je m'arrête et me retourne d'un coup.
— Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?!
— Nessa... commence Addison hésitante.
— Kyle sérieusement ?
— C'est le seul qui peut nous faire accéder à la plage privée avec alcool, son propriétaire c'est son père, me dit Jess.
— Il va rester ?
— Oui.
Non, non et non ! Pas lui. Je veux bien supporter la présence de n'importe qui mais pas la sienne. Je ne me sens pas en sécurité en sa présence, j'ai l'impression qu'il va me sauter dessus a n'importe quel moment. Je retourne dans la chambre en l'ignorant. Je dis bonjour rapidement à Josh et file dans la salle de bain.
— Accueil chaleureux de Nessa, on adore, dit-il en rigolant.
— Je t'aime aussi Josh, lui répondis-je en fermant la porte à clé.
Je suis certaine que si je décide d'ouvrir la porte, je retrouve Addison et sa jalousie assise sur mon lit. J'entre dans la douche et en sort une trentaine de minutes plus tard en entendant les tambourinements à la porte. Je vais les tuer ! Il est 9h du matin laisser moi le temps. Je ne veux pas dire que je ne suis pas du matin, mais je préfère me réveiller tard quand j'en ai l'occasion.
J'attrape les affaires que ma mère a données à Jess hier soir. J'attrape une tenue au hasard dans mon sac.
Je sens le regard de Kyle posé sur moi, alors je m'empresse de le contourner pour me rendre dans le couloir. J'intercepte une infirmière qui m'informe que mon frère est actuellement en train de faire différents examens. Je la remercie en lui souriant et vais m'acheter un café pour réussir à tenir le coup, je sens que si je n'ai pas mon café, je vais m'endormir rapidement. Je fais partit de ces personnes qui passent leur vie à boire du café. Je tiens ça de ma mère.
Je bois mon café lentement et je laisse mes pensées dérivées. Je fixe un point et je ne le lâche plus des yeux. Je repense à tous ces moments que je passais avec ma mère avant, toutes ces matinées à me boucher le nez pour enlever cette odeur incessante de café. À tous nos fous rires sur des choses idiotes qu'il n'y avait que nous qui pouvait comprendre. Je sens des larmes arriver, mais je les ravale, j'ai trop pleuré ces derniers jours. Je n'ai plus de larmes à verser.
Je manque de renverser mon café lorsque je sens deux mains m'agripper les épaules. Je sursaute et me retourne rapidement encore sous le choc.
— Cameron ! La prochaine fois, si je meurs d'une crise cardiaque, tu ne viendras pas te plaindre, je t'aurais prévenu.
Il a un sourire flottant sur ses lèvres, un vrai sourire comme si cette blague était à mourir de rire. Je ne peux pas m'empêcher de sourire à mon tour en voyant sa tête. Il est fier en plus.
— J'ai cru que c'était Kyle.
— Kyle ? m'interroge-t'il en fronçant les sourcils et en serrant la mâchoire
Oh merde ! Je ne pouvais pas faire pire en termes de gaffe. J'inspire profondément pour essayer de ne pas paniquer.
— Il est là ?
— Qui ça ?
— Nessa, ne joue pas à ça avec moi, je te préviens !
Oh bordel !
— Je... je ne sais pas s'il est là, dis-je en essayant de me rattraper
— La ferme ! Il est où ?
— J'en sais rien.
Il est hors de lui, et son angoisse est perceptible à des kilomètres. Je savais que la présence de Kyle dans l'hôpital allait rendre fou Cameron. Si je n'arrête pas tout de suite, je vais finir humiliée comme à chaque fois alors je lâche prise.
— Va te faire foutre Nessa.
— Il est dans la chambre avec tout le monde, je l'informe hésitante.
Il part d'un pas rapide vers la chambre avec le poing serré. J'essaye de me persuader que tout va bien se passer, qu'il va rester calme et qu'ils parleront calmement, mais je connais trop Cameron pour savoir que ça n'arrivera jamais. Je le rattrape.
— Cameron, il ne m'a rien fait, c'est bon tout va bien ! Il a compris...
— Alors qu'est-ce qu'il fout là ?!
C'est bien ça. Il ne veut pas que Kyle m'approche. Mais pourquoi ?
— On n'a pas la plage privé s'il ne vient pas...
— Ok... Je te jure que s'il touche à un de tes cheveux, je le fous à terre !
L'histoire que je lui ai racontée cette nuit l'a travaillé, je le sais. Il ne se mettrait pas dans un état pareil sinon...
— Il n'osera pas... Il te connaît.
C'est la vérité, j'ai déjà vu des garçons s'écarter de trois mètres en voyant Cameron arriver. Capitaine de l'équipe de foot, couche avec la chef des pompomgirls, caractère violent et un passé inconnu, ça me rappel vaguement tous ces clichés de livres que j'ai lus. Et dire que c'est ma vie réelle, je croyais que ça ne pouvait arriver que dans les livres ce genre de personne.
Je le dépasse et retourne vers la chambre, je sens sa présence derrière moi, mais je ne dis rien. Je foudroie Kyle du regard qui avait déjà posé son regard sur moi.
— Alors cette urgence pour que vous me réveillez à cette heure-là, c'était quoi ? dis-je avec un petit sourire sur les lèvres.
— Il faut la préparer comme il se doit cette fête ! annonce Addison en tapant des mains.
— Il faut qu'on fasse des groupes, pour ceux qui vont acheter les décos, ceux qui s'occupent de la musique et toutes les choses sur place et ceux qui achètent la nourriture, dit Jess avec un grand sourire sur ses lèvres rosés.
Je sais que son planning ça doit bien faire trois jours qu'ils étaient prévus dans sa tête et ça me fait rire.
— Je reste à la plage, j'affirme tout en souriant.
— Vous êtes sûr que c'est une bonne idée de laisser Ness à la plage ? demande Josh en explosant de rire, ce qui provoqua l'hilarité générale.
Je prends un air offensé et croise les bras devant ma poitrine. Je sais qu'il fait allusion à ma maladresse, mais aussi au fait que je sois tête en l'air, ce qui m'a valu de rencontrer Cameron à l'aéroport...
— Josh ! m'écriai-je en essayant de retenir mon fou rire.
— Non, mais je dis ça comme ça...
— Je vais à la plage ! déclarai-je toujours morte de rire face à la tête innocente de Josh.
— Je vais aux décos avec Jess moi, déclare une voix derrière moi que je reconnaîtrais entre mille.
— Nate ? je dis en me retournant vers cette voix.
— Oui ?
— T'as le droit de sortir ?
Mon cœur bat à tout rompre. J'ai envie de lui sauter au cou et de lui dire à quel point je suis contente.
— Les médecins me laissent ma journée, ils m'ont donné des médocs pour que je tienne la journée et je me fais opérer demain.
Je ne me retiens plus, je lui saute dans les bras.
— Une appendicite ? demande Cameron derrière nous.
Je m'écarte de lui et laisse passer Cameron.
— Ouais.
— C'est cool que tu viennes mec.
— Yes !
Jess a les joues d'un rouge vif, je vais la voir et lui chuchote doucement à l'oreille pour éviter qu'elle ne tombe dans les pommes.
— Jess, tu nies toujours tes sentiments pour mon frère ?
— Je... je ne ressens rien.
— Oui, oui ça se voit, je déclare avant de m'éloigner vers Addi en pouffant de rire ce qui me vaut un regard assassin.
J'attrape Add par le bras et lui explique la situation entre Nate et Jess.
— On a du travail à faire ! m'informe t'elle surexcitée.
— En attendant, tu veux faire quoi pour la fête ?
— Je vais avec Josh et Kyle à la nourriture.
Je l'avais oublié lui, il n'a pas prononcé un mot depuis le départ. Nous rejoignons les autres et continuons à nous mettre d'accord sur qui fait quoi.
— Jaden, tu viens avec moi, j'annonce à tout le monde sans lui demander son avis, mais connaissant mon meilleur ami il aurait voulu aller avec Jess et Nate.
Il m'assassine du regard.
— Cam tu va où ? l'interroge Jaden.
— Je m'en fous.
— Bon tu vas avec Ness et Jaden, déclare Addi en me regardant pour voir ma réaction.
Génial. Je sens qu'on va s'éclater. Ça va être incroyablement génial ! J'ouvre la bouche en grand, mais Addi me plaque sa main sur ma bouche. Ah oui d'accord sympa l'amitié. Cameron se dirige vers Kyle toujours avec son poing serré. Je retiens mon souffle et attends que ça éclate.
— Tu nous passes la clé ?
— Euh... oui tiens.
Il attrape la clé en disant un petit merci qui a en croire l'expression de son visage lui brûle la gorge. Il nous rejoint et lance en chuchotant :
— Abruti.
— Mec, c'est bon passe à autre chose, dit Jaden en essayant de la calmer.
— Ouais ouais.
Il ne dit pas ça sincèrement, mais je sais qu'il ne fera rien à Kyle si lui non plus ne fais rien.
Je profite du trajet en voiture pour envoyer un message à Hayden.
Tu comptes arriver vers quelle heure ?
Il ne me répond pas tout de suite, ce n'est pas dans ses habitudes, mais lorsque je regarde l'heure sur la voiture de Cameron, je me rends compte qu'il est seulement dix heure. Il dort sûrement.
— Qu'est-ce qu'il y a ? me demande Cameron.
— Non non rien.
— On t'a déjà dit qu'on pouvait lire en toi comme dans un livre ouvert ?
— Hum... c'est possible.
— Aller, qu'est-ce qu'il y a ?
— Hayden ne me répond pas, mais je viens juste d'envoyer le message, il n'a peut-être pas son téléphone ou alors il dort tout simplement.
— Ouais c'est sûrement ça.
Il appuie un grand coup sur l'accélérateur et sert le volant à un tel point que le bout de ses doigts devient blanc. Qu'est-ce qu'il a encore ? Nous ne parlons plus du trajet. Il gare sa voiture sur le sable devant l'entrée de la plage et mous rejoignons Jaden. Cameron ouvre la barrière et fonce sur la grande plage privatisé sans nous adresser un regard.
— Mais qu'est-ce qu'il lui prend ? dis-je à voix haute.
— J'en sais rien, mais c'est Cam quoi.
Nous nous regardons en nous adressant un regard pleins de compréhension avant de rejoindre Cameron.
La plage est immense, il y a une petite crique et l'eau est transparente, on peut apercevoir les poissons à vue de nez. C'est une plage au sable blanc, elle est magnifique. Il y a déjà des tables en verre placées un peu partout sur la plage. Elle beaucoup plus grande que celle d'Addi.
— Waw ! je lâche époustouflée par la beauté de cette plage.
— Ça tu peux le dire ! s'émerveille Jaden.
— Bon, c'est bon, on peut commencer qu'on ne dure pas trois heures ?!
Je vais le frapper, je vous jure que je vais le frapper.
— Kyle a dit que toutes les choses de musique et tout ça, c'était dans un petit local plus loin, nous informe Jaden, mais il y a déjà des nappes et tout ça ici donc aller chercher les trucs, je m'occupe de ça.
— Ok, j'y vais, j'annonce en partant vers la sortie de la plage.
— J'y vais aussi, elle n'y arrivera jamais toute seule.
Je lève les yeux au ciel et attends que Cameron me rattrape. Nous marchons sur le sable chaud en silence. On va bientôt arriver en décembre et le soleil tape comme si nous étions au mois de juin. La mer est calme, et le bruit des vagues qui s'échouent sur la plage m'apaise. Le soleil est levé depuis très peu de temps, on voit nettement son reflet dans l'eau turquoise de la mer.
— À quoi tu penses ?
Sa voix est calme, je n'aurais pas cru le voir comme ça après la crise de nerf qu'il a eu pendant le trajet en voiture, mais je ne le fais pas remarquer sinon ça va mal finir.
— Seulement à la mer, ça m'apaise, il y avait des plages à New York, mais jamais comme celle-ci. Ça me fait du bien...
— Lorsque mon père s'est mis en couple avec Abby, je venais toujours ici, je m'asseyais sur ce rocher et je ne bougeais plus ou alors je frappais contre tout ce que je voyais.
— Lorsque Dean arrêtait enfin de me frapper, je ne rentrais pas chez moi car j'avais peur que mes parents voient que j'ai pleuré alors j'allais faire la grande roue à Brooklyn.
— Dean ? Tu te fous de ma gueule Nessa ! C'est Dean qui t'a frappé pendant huit mois ?
Oh non ! J'ai dit son prénom... Je suis morte, enterré moi vivante ça sera moins douloureux et plus rapide...
— Je voulais le dire à personne à la base ! Je m'en veux toutes les heures de te l'avoir dit, j'ai peur que t'ailles le répéter à je ne sais qui. Alors ne commence pas à péter un câble parce que je ne t'ai pas dit que c'était Dean.
— Tu me voies vraiment comme ça ?
Sa voix est triste. Ça me brise le cœur de le voir dans cet état.
— Je... je ne sais pas... je n'arrive pas à te suivre Cameron. Un coup, tu es adorable avec moi, l'autre, tu es une vraie ordure.
— Mais putain Nessa ! Dean, il était là ! J'aurais pu lui refaire le portrait ! Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
— Je t'ai dit que je voulais que personne ne le sache à la base ! Surtout pas toi !
Je m'arrête net lorsque je vois qu'il regarde derrière moi quelque chose fixement. Je tente de me retourner à mon tour, mais Cameron m'en empêche.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Non rien rien, c'est bon, j'ai cru voir quelqu'un, mais ce n'était pas la bonne personne.
Je ne le crois pas du tout. Il est nerveux et danse d'un pied sur l'autre.
— On retourne voir Jaden et on lui dit qu'on n'a pas trouvé le cabanon.
— Cameron, il est juste derrière moi le cabanon. Qu'est-ce qu'il y a ? Laisse-moi me retourner.
— Je t'aurais prévenu Ness.
Je me retourne et ce que je vois me coupe le souffle. Je n'ose plus bouger, ma tête tourne dans tous les sens, et je sens mes jambes trembler. J'entends à peine la voix de Cameron qui essaye de me ramener à la réalité, il me tient contre lui alors que je pleure à chaude larme. Mon corps n'arrive plus à répondre aux ordres de mon cerveau. Je lâche prise et hurle en tapant contre le torse de Cameron. Il me sert contre lui en me caressant les cheveux.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top