Chapitre 23

Merde, merde, merde ! Je reprends peu à peu mes esprits et hurle dans toute la maison.

— PAPA ! MAMAN !

Je les entends accourir vers nous et commencer à paniquer en voyant Nate dans cet état. Il crie à ne plus en pouvoir. Je l'ai déjà vu malade, mais je ne l'ai jamais vu dans cet état. Mes larmes ne cessent de couler et mes mains tremblent. Mon père attrape son téléphone et appelle les urgences, il leur explique la situation puis raccroche pour nous expliquer.

— Il faut qu'on aille aux urgences, tout de suite.

Je m'assois à côté de Nate en essayant de le rassurer.

— Il faut que tu te lèves Nate. On va à l'hôpital.

Il s'accroche à un meuble et s'appuie dessus pour se redresser. Il est toujours plié en deux, et je le vois se retenir de crier de douleur. Je savais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Nate n'est pas du genre à faire des malaises en pleine journée et encore moins à hurler en se pliant en deux sur son lit.

Mon père le laisse s'appuyer sur lui pour marcher. Kate est tétanisée, alors que ma mère est morte de peur. Je ne réalise pas que mon frère va être emmené à l'hôpital, et qu'il a sûrement quelque chose de grave. J'attrape mon téléphone et sans réfléchir, je cours vers la maison de Jess et Cameron. La lumière est toujours allumée même à cette heure-ci. Je frappe sans m'arrêter jusqu'à ce qu'Abby vienne m'ouvrir. Je dois avoir une tête à faire peur, mon mascara à couler et mes cernes sont très voyante.

— Nessa, mais qu'est-ce que tu fais là ma belle ?

— Je... Je dois voir Cameron !

— Il est en haut dans sa chambre. Fais attention à toi.

Pourquoi est-ce qu'elle me dit ça ? Il allait très bien ce soir. Je n'en tiens pas compte et monte les marches quatre à quatre. Je croise Jess dans le couloir, elle se précipite vers moi pour savoir ce qu'il se passe.

— Nessa ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? Attend qu'est-ce qu'il se passe ?

— Nate ne va pas bien du tout ! On l'emmène d'urgence à l'hôpital. Je ne peux pas y aller seule, je ne tiendrais pas le coup.

— J'appelle Addi et on vient avec toi à l'hôpital. Ça va aller, tu vas voir !

— J'ai tellement peur. J'ai peur que ça soit une maladie grave.

— Mais non, il est fort Nate !

J'entends une porte s'ouvrir derrière moi et Cameron apparaître dans l'ombre du couloir. Je me précipite vers lui.

— Qu'est-ce que tu fous là ?

— Nate va à l'hôpital. Je... J'ai besoin que tu viennes, enfin, il a besoin que tu viennes.

Je vois la panique s'afficher sur son visage.

— Je t'emmène.

J'acquiesce et il court dans sa chambre chercher ses chaussures. Je me retourne vers Jess et la prends dans mes bras.

— On te rejoint dans 5 minutes.

— D'accord.

Je descends les escaliers et poursuis Cameron dehors. J'entends Abby rouvrir la porte après notre départ et crier sur Cameron.

— Cameron, tu restes ici !

— Tais-toi ! hurle-t-il.

— Si tu fais un pas de plus vers ta voiture, tu peux oublier la fête demain !

— La ferme putain ! T'es seulement la pétasse de service de mon père ! C'est tout ! Tu n'as aucun droit sur moi.

Il la déteste. Je ne l'ai pas souvent vu dans un état pareil devant quelqu'un. Même avec moi, il était moins agressif qu'il l'a été envers elle. Je ne rentre pas dans l'histoire et rentre dans la voiture de Cameron.

— Tu ne l'aimes pas ?

— Ne me parle pas d'elle !

Il accélère comme un fou pour réussir à passer avant le feu rouge et en profite pour regarder ma réaction. Je lui fais un demi-sourire et détourne le regard.

— Pourquoi il est à l'hôpital ?

— Tu l'aurais vu se tordre en deux en hurlant de douleur, tu n'oserais pas me poser cette question.

— Tu l'aimes énormément ton frère hein ?

— À un point démesuré. Il a toujours été là pour moi ! Comme toi, tu aimes ta sœur.

— Jess et moi, on a une relation spéciale. Elle va pouvoir me dire des choses que je n'accepterais de personne d'autres, mais elle sait qu'il y a des limites. Et moi, je vais être surprotecteur avec elle. La seule personne qui touche à elle en mal, il a signé son arrêt de mort et tout le monde le sais. Jess ça l'énerve.

Il sourit et se reconcentre sur moi.

— Et toi ?

— Nate aussi est surprotecteur avec moi, j'étais pareil que Jess avant, ça m'énervait de toujours l'avoir sur mon dos, qu'il surveille tous mes faits et gestes, mais j'ai vécu trop de choses et maintenant j'adore ça. Avec ma sœur, on va se comprendre mutuellement et on va surtout se taquiner.

Il hoche la tête et me lance un regard pleins de compassion. Ça me fait toujours bizarre de bien m'entendre avec Cameron. Il se gare sur le parking de l'hôpital. Et nous sortons tous les deux précipitamment. Je m'arrête pour renvoyer les souvenirs de moi venant à l'hôpital, car Dean m'avait cassé le poignet. Lorsque je reprends mes esprits, j'entends quelqu'un derrière moi me siffler. Je me retourne violemment, mais je n'ai pas le temps de répondre Cameron le fais à ma place.

— T'as fait quoi là ?

— Non rien, rien. Je croyais qu'il y avait mon chien par là-bas. Mec, c'est bon relax. C'est ta copine ?

Je manque de m'étouffer en entendant cette question et je finis par exploser de rire. Il cherche quoi au juste ?

— On n'est pas ensemble. Loin de là, répondis-je aussitôt.

— Alors c'est quoi son problème ?

Cameron continue toujours de s'approcher du gars.

— Ne me cherche pas d'accord ?!

— Je suis désolé, je ne le referais plus.

— Y'a intérêt !

— Allez c'est bon Cameron, on y va, dis-je pour relâcher la tension.

— Je peux avoir ton numéro ?

Non, non et non.

— Putain, mais lâche l'affaire ! hurle Cameron.

Je le retiens par le bras et foudroie le garçon du regard. Je ne suis pas à l'aise à ses côtés. Je sais que Cameron est là, mais ça ne suffit pas à me rassurer pleinement.

— J'ai un copain.

— Mais tu m'as dit qu'il n'y avait rien entre vous.

— Je ne suis pas en couple avec lui.

— Je peux connaître ton prénom quand même ?

Je lui réponds tout en continuant de marcher vers l'hôpital. J'attrape mon téléphone dans la poche arrière de mon téléphone et vois que j'ai trois appels manqués de mes parents et un message de ma mère me demandant où je suis. Je ne lui réponds pas et cours dans l'hôpital. Je bouscule tout le monde et fonce vers la belle fille brune qui s'occupe de l'accueil. Mes larmes ont recommencé à couler. Elle joue de l'œil à Cameron ça se voit qu'il lui plaît. Ce qui ne doit pas déplaire à Cameron.

— Mademoiselle ça ne va pas ? me demande t'elle inquiète.

— Je... si si ça va. Est-ce que je pourrais avoir la chambre de Nate Parker ?

— 623, elle est au troisième étage.

Je me retourne et croise le regard de Cameron. Je cours dans ses bras, comme j'ai l'habitude de le faire en ce moment et laisse mes larmes coulées contre son torse.

— Merci d'être venu.

— C'est mon meilleur ami, et tu n'allais pas bien.

Il a toujours son air détaché, mais je sais qu'il a peur lui aussi pour Nate. Il a besoin de montrer cette image de lui, de montrer qu'il s'en fout de tout et j'espère que c'est seulement une image.

— Chambre 623.

— On y va.

Je le lâche et me dirige vers l'ascenseur. J'appuie une centaine de fois sur le bouton de l'ascenseur, mais Cameron me bloque le poignet avec sa main.

— Calme-toi.

Je l'ignore et monte dans l'ascenseur. Je sens mon cœur bondir dans ma poitrine, je suis à bout de souffle lorsque mes sanglots redoublent. J'ai seulement envie de me mettre en boule dans un coin et de ne plus bouger. Je sens quelqu'un m'attraper les poignets et me remonter le menton. Cameron. Je n'aurais jamais cru dire ça un jour, mais il est adorable ce soir.

— Nessa, regarde-moi.

Je lève les yeux vers lui et plonge mon regard dans le sien.

— Tout va bien. Il a peut-être seulement une gastro.

— Quand on a une gastro on vomit et on fait des malaises en se pliant en deux.

— Il est tard, tu dois être fatiguée.

— Je m'en fous ! S'il le faut, je vais rester toute la nuit avec lui !

— Tu sais que je ne te laisserais pas faire ça.

— Et pourquoi ?

— Parce que tu vas être explosé si tu ne dors pas de la nuit.

— Qu'est-ce que j'en ai à faire.

Il fronce les sourcils et lâche mes poignets brusquement. Et merde ! J'ai réussi à l'énerver plus qu'autre chose. Je m'approche de lui et lui chuchote à l'oreille que je suis désolé avant de descendre de l'ascenseur. Il me suit. J'intercepte plusieurs médecins qui m'indique sa chambre. J'ouvre la porte en grand et retrouve mon frère endormi avec mon père à ses côtés. Je cours vers mon père.

— Qu'est-ce qu'il a ?

— Les médecins ne savent pas encore, il pense à une appendicite, me répond mon père tout aussi anxieux que moi.

— Est-ce que c'est grave ?

— Ils devront l'opérer.

— Où est-ce qu'elle est maman ?

— Elle est partie avec Kate nous chercher des cafés. Je crois que Nate va dormir ici quelques jours.

— Je reste avec lui.

— Tu ferais mieux de...

— Non papa, je reste avec lui.

— On ne te fera pas changer d'avis, je suppose.

Il me connaît assez pour savoir que je suis extrêmement têtue. Je hoche la tête et me retourne en entendant la voix masculine de Cameron.

— Bonjour.

— Oh Cameron, c'est toi qui as emmené Nessa ?

— Oui.

— Merci. Est-ce que je peux te demander une faveur ?

— Ouai.

— Tu pourrais surveiller ma fille cette nuit, elle veut rester.

— Papa ! Je suis assez grande pour rester seule.

— Je ne comptais pas la laisser seule, ajoute-t-il avec un clin d'œil en ma direction.

Je le fusille du regard avant de me tourner vers mon père.

— Papa, c'est bon, je n'ai pas besoin d'un surveillant surtout pas de lui.

— Nessa, s'il te plaît ! Il est déjà gentil de te supporter alors fais un effort.

Je prends mon air choqué et croise les bras sans répondre à mon père qui éclate de rire.

— Je vais me chercher un café.

Sans attendre de réponse, je sors de cette chambre d'hôpital et vais vers la machine à café la plus proche.

— Je rêve ou il y a Cameron ? me demande ma sœur tout sourire.

— C'est le meilleur ami de Nate.

— Et ton futur copain.

Je lève les yeux au ciel et vais chercher mon café alors que Kate part vers la chambre avec ma mère. Mes mains recommencent à trembler au souvenir des machines à café. Lorsque je venais à l'hôpital à cause de Dean, je passais souvent plusieurs nuits à l'hôpital, je m'efforçais de rester éveillé toute la nuit avec du café, par peur que Dean arrive pendant la nuit. Je sens mes paupières devenir lourde alors je m'empresse de cliquer sur le bouton. J'avale mon café d'une traite pour ne pas m'endormir et en reprends un.

— Eh oh doucement avec le café.

— Tu ne fais pas connaissance avec mon merveilleux père.

— Je te rappelle que nos parents sont meilleurs amis, je le connais déjà ton père.

— Il est génial hein ?

— Je le sais qu'il te fait souffrir par son manque de présence.

— Non.

— Arrête, ne joue pas à ça avec moi.

— Je ne joue à rien du tout.

Je ne vais pas bien, j'ai l'impression d'en vouloir à tout le monde. C'est plus facile de reporter ma colère sur lui. Il me plaque contre le mur et m'attrape le poignet. Je craque devant lui et fonds en larmes.

— Tu la ferme ! me hurle-t-il dans les oreilles.

— Je...

Je ne continue pas ma phrase et fonce vers Jess et Add que j'ai vu arriver au loin. Elles m'accueillent dans leurs bras et me demandent des nouvelles de Nate.

— Les médecins ne savent pas encore ce qu'il a, peut-être une crise d'appendicite.

— Et toi tu vas bien ? me demande Add inquiète par mes larmes et mon teint pâle.

— Oui moi ça va, ne vous en fait pas pour moi.

— Ça n'a pas l'air d'aller pourtant. Dean est toujours dans les parages ? m'interroge Jess.

— Non... Il est reparti à New York, il déménage en France avec sa sœur et ses parents.

— Attend, attend quoi ? Nessa, tu ne nous as pas tout dis, me dit Jess en croisant les bras.

Je me répète trois fois ma phrase dans la tête pour comprendre mon erreur. Je me revois parler de sa sœur. Ça ne peut pas arriver, pas maintenant, mes efforts pour que personne ne sache ne peuvent pas être réduit à néant comme ça.

— C'est lui qui me l'a dit, c'est tout. Je l'ai vu ce soir, il est venu au lycée pendant mon heure de colle avec Cameron, il voulait me voir.

— Il ne t'a pas fait de mal au moins ? s'inquiète Add.

— Non, je vais bien.

J'essuie l'unique larme qui roule sur ma joue et les accompagne jusqu'à la chambre de Nate. Jess se précipite à ses côtés pour lui demander comment il se sent. Je regarde Addison et nous explosons de rire toute les deux. On s'est compris. Finalement, peut-être que Jess l'a trouvé son fameux prince charmant.

— Nessa ? m'interpelle Add.

— Tu ne nous en voudras pas si on a reporté la fête de la plage à l'hôpital ?

— Non ! On va la faire à la plage cette fête !

— Tu es sûr ?

— Je ne viendrais pas aussi tôt que prévu, mais je viendrais. Cameron ne me laissera pas le choix, annonçai-je en ronchonnant.

— Il reste cette nuit ?

— Oui à cause de mon magnifique père qui lui a demandé de veiller sur moi.

Elle éclate de rire face à ma tête dépitée et me souhaite bonne chance avant d'aller saluer mes parents. Je remarque que les parents de Jess et Cameron nous ont rejoint. Cameron foudroie Abby du regard, je ne peux pas lui reprocher sa colère puisque c'est moi qui l'ai rendu plein de rage. Je m'approche de lui.

— Excuse-moi pour tout à l'heure, je ne vais pas trop bien en ce moment.

— Ouais, j'avais remarqué, me dit-il d'une voix glacial en essuyant mes joues humidifier par mes larmes.

Je regarde la pendule et remarque qu'il est déjà 23 heures, je suis plutôt du soir en général, mais je suis trop fatigué pour retenir mes paupières qui s'alourdissent. Je vois plusieurs infirmières entrer et placer un lit à côté de celui de Nate, je comprends aussitôt que ce sera mon lit. Jess rejoint ses parents alors j'en profite pour me glisser aux côtés de mon frère. Je le prends dans mes bras et pleure une nouvelle fois. Personne ne peut imaginer à quel point, j'ai peur.

— Hé Ness, je vais bien, me rassure t'il en m'entourant de ses bras.

— Non Nate tu ne vas pas bien, on est dans une chambre d'hôpital là !

— Ne pleure pas, je t'en supplie.

— Je t'aime tellement.

— Je le sais, moi aussi je t'aime plus que n'importe qui alors ne pleure pas.

— Je vais essayer.

La douleur me compresse la poitrine et m'empêche de respirer. Je vais faire une crise de panique si personne ne remarque que je ne vais pas bien. Heureusement, Cameron le remarque et s'approche de moi pour m'aider à rester en équilibre. Je reprends peu à peu mes esprits.

— Nessa on doit le laisser, ils vont lui faire des tests.

— Non je veux rester.

— On n'a pas le droit !

— Je m'en fous, je veux rester ! hurlai-je en m'écroulant dans ses bras.

Je vois Nate adresser un regard à Cameron lui disant de m'emmener. Il m'attrape par les jambes et me monte sur son dos. J'essaye de me débattre, même si je n'ai aucune chance face à lui. Il me pose hors de la chambre et me crie dessus pour me calmer.

— Nessa, calme-toi !

— Ne me parle pas ! criai-je en le poussant.

J'ai l'impression que les rôles ont été échangés ce soir, c'est lui qui doit me calmer et pas l'inverse. Je cours vers ma mère et la prends dans mes bras. Je pleure contre elle. Les bras d'une mère sont toujours réconfortants.

— Tout va bien se passer. Je vais te chercher quelque chose à manger, tu en veux aussi Cameron ?

— Je veux bien.

— Pas de problème.

Ma mère s'écarte laissant place à une Kate désemparée.

— Nessa pourquoi tu pleures ? Il ne va rien lui arriver hein ?

Bravo Nessa, t'as réussi à lui faire peur !

— Tout va bien se passer !

Elle acquiesce et retourne aux côtés de mon père.

— Tu lui as fait peur.

— Ce n'est pas toi qui as ton frère enfermé dans une chambre d'hôpital, alors ne dis rien ça vaut mieux !

— J'ai eu ma mère ici pendant des jours et des jours, alors la ferme !

Je ne dis rien et commence à faire les cent pas devant la chambre de mon frère.

— Viens avec moi.

— Quoi ? Non.

— Viens.

Je cède à la tentation et le suis dans l'hôpital.

— Quand ma mère était ici, j'allai toujours là-bas.

C'est la troisième fois qu'il me parle de sa mère, je ne sais pas comment réagir, d'habitude, il ne m'en parle jamais. Il ne supporte pas qu'on en parle.

— Où ça ?

— Ici.

Je lève la tête et découvre la ville de Los Angeles sous mes yeux. Le toit de l'hôpital, c'était ça son fameux endroit.

— Je ne sais pas quoi dire... C'est magnifique ! Pourquoi tu me parles autant de ta mère ce soir ?

— On s'en fout.

J'abandonne sachant que ça n'avancera à rien si je continue cette discussion. Je m'assois et reste ici pendant des heures à observer la ville et les étoiles. 


Je rejoins la chambre de Nate et dis bonne nuit à tout le monde avant d'aller me coucher. Add et Jess sont partis, elles sont venues me voir en haut pour me prévenir de leur départ. J'attrape la couverture posé sur mon lit et enlève l'emballage pour me la mettre dessus. Je ne sais pas où va dormir Cameron... Surement sur le canapé dépliable. Je suppose qu'il a dû retrouver la femme de l'accueil, mais au moment où cette pensée me traverse l'esprit, il entre dans la chambre deux croissants à la main. Il m'en donne un et mange le sien.

— Merci.

— Ça va ?

— Un peu mieux.

— Tu aimes les croissants au moins ?

— J'adore !

Il acquiesce et va déplier le canapé-lit. Je vois Nate ouvrir les yeux et se redresser, on a dû parler trop fort.

— Vous dormez là tous les deux ?

— Ouais, enfin c'est ton père qui voulait que je reste là.

— Oui oui bien sûr.

— Quoi ?

— Rien.

Je connais mon frère et je comprends tout de suite son arrière pensé.

— N'y penses même pas Nate ! Tu veux qu'on parle de Jess ? Et je te rappelle que je suis en couple.

— Ah oui je l'oubliais lui.

Je sais qu'il a très bien entendu ma question sur Jess alors je fronce les sourcils.

— C'est une amie.

— Quoi ? Il y a un truc entre ma sœur et toi ?

— On dirait bien, dis-je en fixant mon frère.

— Mais non ! La ferme Nessa ! Occupe-toi plutôt de ton couple à toi.

— Il va très bien mon couple !

Je les vois tous les deux me dévisager d'une manière bizarre. Ils savent quelque chose que je ne sais pas...

— Quoi ?!

— Rien rien, me répond mon frère en levant les mains au ciel, et toi, Tiffany peut-être ?

— Ferme la mec, tu sais très bien que j'aime les filles pour le coup d'un soir.

J'explose de rire, c'est plus fort que moi.

— Dit-il alors qu'il passe toutes ses soirées enfermées dans sa chambre avec Tiffany à faire je ne sais quoi.

— Ta gueule Nessa !

— Je me trompe peut-être ?

Mon sourire a disparu et le sien aussi. C'est rare de voir Cameron sourire.

— Putain, mais lâche l'affaire Nessa bordel !

— Et t'es toujours obligé d'insulter pour te défendre ou c'est comment.

— Bon c'est bon, t'as fini ?

Il sait qu'il a tort, c'est pour ça qu'il ne m'envoie pas balader. Il a parlé tellement sèchement que je baisse les yeux, mais la main rassurante de mon frère passe derrière mon dos.

— Vous êtes insupportable ! Toujours là l'un pour l'autre, mais incapable d'être amis !

Amis ? Cameron et moi ? Je n'y crois pas ! J'y ai déjà pensé, mais je me suis toujours dit que c'était impossible. Je le pense toujours. On peut s'entendre de temps en temps et comme dit Nate, on est souvent là l'un pour l'autre, mais la plupart du temps, c'est la guerre.

— Impossible ! déclare Cameron avant moi.

Je hoche la tête pour confirmer son affirmation. Mon frère lève les yeux au ciel et se couche. Il a l'air à bout de force et je déteste le voir comme ça.

— Allez bonne nuit !

— Ça va ton ventre ? lui demandai-je.

— Oui ils m'ont donné des tonnes de médoc pour que je puisse dormir.

Je lui souris et m'allonge à mon tour. J'entends la respiration de Cameron s'accélérer tandis que celle de Nate ralentit. Je me relève d'un coup et retrouve un Cameron en sueur avec ses muscles contractés. Qu'est-ce qu'il lui arrive ? Je me précipite à ses côtés et essaye de le calmer. Il fait sûrement une crise d'angoisse comme ma sœur.

— Cameron écoute le son de ma voix ! Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Maman !

Et merde ! Il ne fait pas une crise d'angoisse, il a seulement des souvenirs qui resurgissent au pire moment.

— Cameron... calme-toi, ça va aller. Tout va bien.

Je répète tout simplement ce que je dis à ma sœur pour la calmer en espérant que ça marche aussi sur lui. Je prends le menton de Cameron pour l'obliger à fixer son regard dans le mien. Il frappe de toutes ses forces plusieurs fois dans le mur en évitant mon regard, j'ai peur que les infirmières viennent dans la chambre pour voir ce qu'il se passe.

— Calme-toi !

Sa respiration ralentit et je le vois se détendre.

— Elle est où Abby ?

— Euh... chez toi.

— Qu'est-ce qu'elle fout ?!

— Elle dort, dis-je en haussant les épaules.

— Dans le putain de lit de ma mère.

Je l'oblige à me regarder et essaye de calmer sa crise de nerfs sans que ça ne finisse en drame. S'il commence à exploser et vouloir retrouver ses amis dealer en plein hôpital, ça ne va pas le faire.

— Ça va ?

— Et toi ?

— Pourquoi moi ?

— Est-ce que je t'ai fait du mal ?

Il pose sa question avec tellement de douceur que je n'arrive pas à reconnaître le Cameron d'il y a quelques secondes. Je sais qu'il ne se maîtrise pas dans ces moments-là.

— Tu ne m'as rien fait.

Il respire de nouveau comme si c'était plus important que quoique ce soit.

— J'ai besoin de dormir... lui dis-je.

— Ça fait combien de nuit que tu n'as pas dormis, me demande t'il en touchant mes cernes.

— J'ai dormi, mais seulement la moitié.

— Réponds ! Ça fait combien de nuits ?

— Je ne sais pas vraiment... Peut-être une vingtaine.

— Putain Nessa ! Il faut que tu dormes.

— J'ai l'habitude.

Je retourne vers mon lit et avant de m'endormir, je chuchote de manière à ce qu'il ne l'entende pas, mais à son intention :

— Merci d'être toujours là...

Je sais qu'il l'a entendu car je l'entends lui aussi chuchoter.

— Dors.

Je souris et laisse le sommeil m'envahir. Je laisse mes pensées divaguer et ma tête au repos. Je repense à tout ce qui s'est passé aujourd'hui et mon rêve arrive aussitôt vers Dean. Je me revois lui hurler dessus comme je l'ai tant fait, et essayer de me débattre pour l'empêcher de m'embrasser. Je me débats dans mes draps et me réveille en sursaut haletante et en hurlant. J'ouvre les yeux et découvre Cameron assis sur mon lit à mes côtés.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top