Chapitre XV
1819. Milan, Domaine de Giulia.
L'ambiance qui régnait dans l'immense salle était très étrange. Certains étaient tristes et nostalgiques : ils devaient sûrement penser aux bals précédents durant lesquels, le maître des lieux, encore présent, dansait avec eux. Mais ces derniers étaient quand même peu nombreux.
En effet, il y avait également les autres, qui ne connaissaient ni la raison ni le but de la soirée. Ils étaient là près du banquet à festoyer joyeusement, à danser vivement comme si c'était pour honorer un nouveau né, et non un mort. La musique, fortement entraînante, était merveilleusement bien jouée par un groupe de musiciens talentueux. Giulia me dit alors en rentrant dans la salle, que c'était ce qu'aurait voulu son mari.
Nous commençâmes à avancer silencieusement vers quelques groupes d'invités pour les saluer. Je cherchai alors Milo dans la salle. De gauche à droite, mon regard essayait de le trouver quelque part.
Je ne le remarquai que quelques minutes plus tard, en train de me fixer, adossé contre une large porte-fenêtre. Sans réellement réfléchir, mes pieds commencèrent instantanément à se déplacer vers lui. Il me regardait avec un sourire si provoquant que j'avais envie de découvrir pourquoi. Lorsque je ne fus plus qu'à quelques mètres de lui, il sortit de sa poche intérieure la fameuse petite boîte noire, qui titilla d'autant plus ma curiosité.
Puis comme par magie, il ouvrit, avec sa main cachée derrière lui, la porte-fenêtre qui menait vers le jardin fortement éclairé pour la soirée. Il disparu alors, rapide comme un éclair, derrière celle-ci. Je pressai le pas pour le rejoindre. J'abaissai délicatement la poignée, avant de m'échapper discrètement dans le jardin.
D'un mouvement brusque, je sentis une main agripper mon poignet, pour me faire virevolter. Je me prêtai alors au jeu, en levant comme une danseuse étoile mon autre bras en l'air et en tendant mes jambes sur la pointe des pieds. Je savais pertinemment que c'était lui. D'un coup, il m'attira contre son torse que j'enroulais vivement avec mes bras.
Je me détachai alors rapidement, en levant ma main gauche en l'air comme signe de victoire tout en apercevant la mine surprise de Milo.
— Vous ne m'avez jamais dit que vous étiez une talentueuse voleuse... s'exclama-t-il amusé par la situation.
— Vous ne me l'avez jamais demandée non plus... répliquai-je sur le même ton.
Je cachai alors la petite boîte noire dans mon dos en remarquant qu'il commençait à s'avancer dangereusement, comme pour me la reprendre. Mais c'est avec grande surprise qu'il ne fit rien de cela. Il déposa juste tendrement ses lèvres sur les miennes pendant quelques instants. Puis, il les déplaça contre mon oreille pour murmurer ces quelques petits mots.
— Vous pouvez l'ouvrir seulement si vous devinez ce qu'il y a dedans. Que désirez-vous que cette boîte contienne?
— Je pense que j'aimerais bien une bague, un bracelet ou alors un collier vu la taille du coffret. Mais quelque chose d'extraordinaire. Quelque chose qui me permettrait de me souvenir de vous toute ma vie. Quelque chose...que je pourrais même léguer à ma mort. J'aimerais que rien qu'en touchant ou en regardant cette chose, cela me fasse me sentir vivante et heureuse comme je le suis à présent.
— Vous pourrez l'ouvrir, mais pas maintenant, dit-il en déposant un doux baiser sur mon front.
Giulia va commencer son discours. Vous devez être là pour la soutenir. Allons-y, elle va avoir besoin de vous.
En effet, j'entendis alors en rentrant dans la salle, la douce voix de Giulia qui résonnait.
«Nous sommes ici, tous ensemble ce soir, pour rendre hommage à Rodrigo. Notre cher ami, mon époux, nous a quitté dernièrement, dans un tragique accident.»
En disant cela, des murmures parcoururent l'ensemble des groupes et s'amplifièrent dans la salle.
«Mais je sais, qu'il aurait voulu qu'on fête son envol jusqu'au ciel. Malgré le fait qu'il adorait la solitude, Rodrigo, aimait également la fête.
Vous voir rire tous ensemble, danser énergiquement, crier vivement, parfois même pleurer de joie, était pour lui un magnifique cadeau.
Ce soir, vous lui rendez tous hommage en prenant du plaisir, en vous remémorant ces souvenirs, en essayant d'oublier ses blagues idiotes, en festoyant, tout en lui souhaitant un repos éternel.
Pour toutes ces petites attentions, je vous remercie tous infiniment d'être venu honorer cet homme, qui était votre frère, votre père spirituel, votre oncle, votre ami et plus cher confident.
Que Dieu le bénisse où il est.»
Des applaudissements brisèrent le silence et des sifflements retentirent dans la salle, tandis que Giulia restait sur son estrade. Elle me jeta alors un regard qui du haut des escaliers, laissait transparaître de la... peur ?
Elle descendit alors, rapidement vers moi, avant de prononcer cette phrase avec effroi.
«La police est là.»
Je commençai à légèrement paniquer. Pourquoi serait-elle là ? Je ne comprenais pas.
— Quoi? Mais pourquoi? Où sont-ils?
— Dans le jardin, regardez, ils s'approchent.
2055. Lerici, maison de Katerina.
« Ohohohoho... Ça serait vraiment Giulia?! Mais non?
Waw maman, finalement je peux te dire que tu es douée à ce petit jeu. Me faire tourner en bourrique est ta spécialité, c'est assuré! Tu vas me rendre folle! dit-elle ne pouvant retenir un éclat de rire. »
« Ah la la la... tu me fais de la peine, je vais au moins t'avancer sur une chose. Regarde, ce qu'il y avait dans la boîte de Milo, c'était ça. N'est-ce pas merveilleux, fantastique, sublime et extraordinaire?»
« Wow, donc c'était cette petite chose dont tu ne te sépares jamais, depuis tout ce temps?
Tout s'explique désormais, c'est finalement ce fameux Milo qui te l'a offert. Il avait un sacré bon goût. C'est vraiment magnifique.»
« Eh oui ma chérie! J'étais plutôt chanceuse pour une fois...
Sinon, pour tes beaux yeux, je continue.
La police était arrivée, c'était la panique...»
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